Édouard Pierre Marie André Cleeren est un officier de l'armée belge, résistant et Agent Renseignement et Action (ARA) durant la seconde guerre mondiale.

Il fut parachuté en France près de Lens, en compagnie de Jean Cornez. Il est arrêté en novembre 1942, condamné à mort et envoyé en camp de concentration d'où il sera libéré le .

Biographie modifier

Edouard Cleeren est né à Bruxelles le . Son père est Joseph Cleeren (1881-1950) caporal régiment de grenadier, et sa mère Philomène Albertine Vrebos (1889-).

Edouard Cleeren était diplômé de l'institut d'agronomie de Gembloux (1935). Profession qu'il exerça en Afrique (ancien Congo Belge).

Edouard Cleren était marié à Marie Augustine Victorine Dehousse (née 1913, Bruxelles), un enfant (fille).

Carrière militaire modifier

1935-1936, service militaire à Malines.

Sous lieutenant de réserve au 8 régiment d'artillerie, nommé le 26 mars 1939.

Seconde Guerre Mondiale modifier

Le 10 mai 1940, la Belgique est envahie par les armées allemandes : cette "guerre éclaire" dure 18 jours et prend fin avec la capitulation soudaine du roi des Belges le 28 mai 1940.

L'Armée Belge est alors, démobilisée.

En mars 1941, ils sont 4 amis à vouloir quitter la Belgique pour rejoindre Londres. Édouard Cleeren, Jean Cornez, Lucien Goffaux et Paul Muhl quittent le 14 mars 1941 la Belgique occupée, pour rejoindre la lutte armée à Londres[1].

Paul Muhl s’arrêtera en France, tandis que les 3 autres arrivent à Argelès sur mer, et passent la frontière espagnole le 8-9 avril 1941 jusqu'à Figueras.

Ils sont arrêtés ensemble dans un train à destination de Gérone, le 10 avril 1941. Ils sont incarcérés à la prison Model de Barcelone jusqu'au 27 avril. Puis transférés vers le camp de concentration de Miranda del Ebro, où ils sont internés le 30 avril 1941 [2] .

Auprès des autorités du camp, ils se font passer pour citoyens canadiens, ils sont libérés le 25 août 1941 et gagnent Gibraltar. Le 2 octobre 1941, ils embarquent sur le navire S/S Leinster qui arrive à Liverpool le 12 octobre 1941[2].

Parvenus à Londres, Édouard Cleeren et Jean Cornez se mettent au service des Forces Belges en Angleterre. Du 1er novembre 1941 au 15 février 1942, ils suivent un entrainement intensif pour être parachuté en territoire occupé.

La Résistance modifier

Edouard Cleeren est parachuté en France prés de Lens le 2 mars 1942. Il est réceptionné par "Sabot" le 3 au matin, avec Jean Cornez [3].

Édouard Cleeren alias Bravery doit se mettre au service du réseau "Brave". En fait, il fut le principal responsable de ce réseau, après l'arrestation , le 11 mars 1942 de Albert Stainier alias "Brave" fondateur du réseau [4].

Cleeren eu l'occasion de rencontrer une fois Stainier juste avant son arrestation le 11 mars 1942 à son domicile de Louvain. Stainnier sera fusillé le 2 avril 42.

Courageusement Edouard Cleeren reprend la succession de Stainnier pour éviter le démantèlement du réseau. Huit jours plus tard, il rétablit le contact avec Londres. Cleeren occupe à la fois les fonctions de radio et chef de réseau.

A Bruxelles, Cleeren a besoin d'un lieu de réunion clandestin. Ce sera l'appartement de Elise Ambach et de ses deux filles Madelon et Charlotte Ambach . Plus tard, Charlotte Ambach collaborera pour le service de Cleeren notamment en transportant des courriers.

Une note de renseignement de "Marius", 28 novembre 1942, indique "Bravery serait de son côté assez imprudent et serait souvent en compagnie de femmes"[5].

Edouard Cleeren est arrêté le 29 novembre 1942, en compagnie de Joseph Horotte à Liège (Guillemins). Ils furent trahi par Holemans, un agent double à la solde de l'Abwehr, que Cleeren avait recruté .

Circonstances de l'arrestation modifier

Edouard Cleeren a besoin de rencontrer Joseph Horotte. Il donne rendez-vous à ce dernier le 29 novembre 1942, à la gare de Guillemins, au moment de l'arrivée du train pour Bruxelles, vers 9H30. Cleeren arrive avec le train et se fait cueillir à la sortie de la gare par deux civils, plus une demi-douzaine qui l'encerclent. C'est un traquenard ! Ils ont été trahis. Horotte fut arrêté quelques minutes avant[6].

Cleeren est conduit à la prison St Léonard de Liège. Malheureusement, Cleeren a, avec lui, une mallette contenant son poste de radio, les codes, fréquences, indicatifs et heures d'émission. Et une carte d'identité au nom de Massart. La Gestapo sait qu'il est "Bravery" mais ignore sa véritable identité qu'il ne découvriront pas.

Certains historiens pensent que Edouard Cleeren a été "retourné" par l'Abwehr [7]. Et selon le témoignage de Charlotte Ambach, il y eut plusieurs arrestations dans le réseau de résistants après son arrestation[8] .

Cependant pour "sauver sa tête" Cleeren accepte de collaborer avec les Allemands. En fait, comme le montrera l’instruction judiciaire, ouverte contre lui le 28 septembre 1945, Cleeren feint de collaborer, il ne révèle que 3 des 4 secrets de codage, ce qui permet aux Alliés de reconnaitre que les émissions sont sous contraintes.


Épilogue modifier

Le 4 juin 1943, E Cleeren est condamné à mort, par la cour de l'Oberfeldkommandantur 589 de Liège, mais il sera finalement déporté, et interné successivement dans les camps de Rheinbach, Kassel et Straubing.

Edouard Cleeren revient de la déportation vivant le 14 mai 1945.

Joseph Horotte, arrêté en même temps que Cleeren, sera exécuté en août 1943.

Lettre adressée à Emilie Horotte, le 10 juillet 1945, par Edouard Cleeren . Il évoque les derniers jours de Joseph Horotte, époux d'Emilie[9].

A son retour de déportation, une instruction judiciaire pour collaboration avec l'ennemi est ouverte contre Cleeren (28/9/1945), elle conclura à l'innocence de Cleeren concernant ces accusations[1].

Edouard Cleeren est élevé au grade de Lieutenant ARA.

Il émigre au Canada.

"le devoir impérieux de perpétuer les noms des héros et des martyrs pour une postérité trop souvent oublieuse et ingrate".

Livre d'Or de la Résistance Belge, Bruxelles, Éditions Leclercq, 1948.

Notes et références modifier

  1. a et b CegeSoma, dossier Cleeren 8124, AA1333/367.
  2. a et b selon rapport debriefing de E Cleeren et J Cornez, novembre 1941, à la Sureté de l'Etat à Malvern .
  3. CEGESOMA, Dossier Cornez Jean Auguste Jules Norbert.rapport de Sabot du 14 mars 1943.
  4. JL Charles et Ph Dasnoy, Les dossiers secrets de la police allemande en Belgique, Brussels, Arts et Voyages Lucien de Meyer Brussels, , 215 p., p204; T1
  5. CEGESOMA, Dossier Cornez Jean Auguste Jules Norbert. rapport N°3 MARIUS, 28 novembre 1942.
  6. CegeSoma, dossier Cleeren 8124, AA1333/367. interrogatoire de Cleeren, juin 1945.
  7. Emmanuel Debruyne, La guerre secrète des espions belges: 1940-1944, Lannoo Uitgeverij, (ISBN 978-2-87386-524-5, lire en ligne)
  8. (en-US) « Charlotte Ambach Interview », sur Air Forces Escape & Evasion Society, (consulté le )
  9. Cegesoma AA 2213 Legros-Horotte.