Édouard Ier (roi de Portugal)

Édouard Ier (Duarte I en portugais, où l'équivalent habituel du prénom est Eduardo), onzième roi de Portugal, nait à Viseu le et meurt de la peste à Tomar le [1]. Il est le fils de Jean Ier de Portugal, auquel il succède le .

Édouard Ier
Illustration.
Le roi Édouard Ier
Titre
Roi de Portugal et des Algarves

(5 ans et 26 jours)
Prédécesseur Jean Ier de Portugal
Successeur Alphonse V de Portugal
Biographie
Dynastie Dynastie d'Aviz (branche directe)
Date de naissance
Lieu de naissance Viseu (Portugal)
Date de décès (à 46 ans)
Lieu de décès Tomar (Portugal)
Père Jean Ier de Portugal
Mère Philippa de Lancastre
Conjoint Éléonore d'Aragon
Enfants Jean
Philippa
Alphonse V
Marie
Ferdinand
Éléonore
Édouard
Catherine
Jeanne

Signature de Édouard Ier

Édouard Ier (roi de Portugal)
Rois de Portugal

Passionné de culture, de droit et de philosophie, Édouard Ier est surnommé « l’Éloquent » ou « le Roi-Philosophe », et laisse une importante œuvre littéraire. Son traité de philosophie politique, Leal Conselheiro, figure à la première place dans la catégorie Essais de la Liste des 50 œuvres essentielles de la littérature portugaise établie en 2016 par le très prestigieux Diário de Notícias[2]. Son traité d'équitation, Livro da ensinança de ben cavlager toda sela, est considéré comme le plus ancien traité d'équitation post-antique et le premier traitant de la psychologie appliquée aux sports équestres. Dans le monde équestre, il demeure connu sous son nom d'auteur, Dom Duarte[3].

Biographie

modifier
Le royaume du Portugal de 1410 à 1450

Il est le troisième enfant du roi Jean Ier de Portugal et de Philippa de Lancastre [4].

Très tôt, il accompagne son père dans les affaires du royaume et est donc un héritier bien préparé (en 1412, il est associé au gouvernement avec son père devenant ainsi son bras droit) [5],[6]. Contrairement à son père Jean Ier, il recherche le consensus et durant son court règne, convoque cinq fois les Cortes pour discuter des affaires de l’État. Il fait reconnaître héritier de la couronne dès son avènement son fils Alphonse, alors âgé de vingt mois[7].

Édouard Ier continue à favoriser les explorations maritimes et les conquêtes en Afrique. Durant son règne, son frère Henri finance plusieurs expéditions sur ce continent, dont celle de Gil Eanes qui dépasse le Cap Bojador en 1434.

En 1437, ses frères Henri le Navigateur ainsi que Ferdinand le convainquent d'attaquer le Sultanat Mérinide afin de consolider la présence portugaise au Maghreb et d'en faire une base pour l’exploration de l’Atlantique. L’idée n’est pas partagée par tous : Pierre de Portugal, duc de Coimbra, et le connétable Jean y sont opposés. La campagne se termine en désastre, avec les Portugais encerclés devant Tanger. Lors de négociations, les Portugais promettent de restituer Ceuta aux Marocains et de laisser le prince Ferdinand en otage afin de pouvoir rentrer chez eux. Finalement, le prince Henri s'opposant à la restitution de la ville conquise en 1415, l'infant Ferdinand meurt en captivité à Fès en 1443.

Le roi lui-même meurt de la peste, comme son père, sa mère et sa grand-mère le [8].

À part la politique, Édouard Ier est un homme intéressé par la culture et les connaissances. Il écrit des livres de poésie, sur la chasse et aussi un traité politique, Leal Conselheiro. À sa mort, il allait préparer une révision du code civil portugais, achevée pourtant durant le règne de son fils Alphonse V. Il est le seul roi de Portugal à avoir été enterré dans les chapelles du panthéon octogonal du Monastère de Batalha qui sont restées inachevées.

Traité d'équitation

modifier
Statue du roi Édouard Ier à Viseu.

Son traité d'équitation, Livro da ensinança de ben cavlager toda sela, est composé vers 1434, acquis par la Bibliothèque royale de Paris sous Colbert, copié en 1830, puis publié à Paris en 1842. Cet ouvrage est destiné aux écuyers amenés à former les jeunes chevaliers à l'art de l'équitation et est le premier ouvrage à aborder de manière approfondie l'enseignement de l'équitation, la préparation mentale du cavalier et la pédagogie des sports équestres[3].

La préoccupation principale d'Édouard Ier est de savoir comment transmettre un savoir-faire ou un art aux générations futures. Selon lui, un jeune cavalier ne peut atteindre les hautes sphère de l'art équestre sans une préparation mentale et spirituelle. Ayant étudié le problème de l'émotivité à cheval, il se focalise sur la psychologie du cavalier. Celui-ci doit maîtriser ses émotions pour atteindre une parfaite harmonie avec le cheval. S'il recense douze solutions pour vaincre la peur à cheval, il n'en traite que onze. Le seul moyen pour surmonter cette peur est la raison qui doit être associée au savoir, à la volonté et à l'entrainement. Les autres moyens potentiellement efficaces mais moins nobles, sont l'ignorance, la colère, la présomption et le fait d'avoir un avantage particulier. Il mentionne que certaines personnes, touchées par la grâce divine, sont protégées de ce type d'émotions[3].

Il s'oppose à l'équitation pratiquée par les vieux maîtres qui forment les jeunes cavaliers de manière brutale, avec des chevaux non adaptés aux débutants. Les cavaliers se découragent et sont rebutés par l'aspect militaire de la discipline. Les cavaliers téméraires, agissant avec ignorance, montent à cheval brutalement mais sont appréciés en étant rapidement aptes à aller à la guerre. Dom Duarte (Édouard Ier de Portugal) explique que l'ignorance mène à une équitation médiocre. Que ce soit avec le cavalier ou le cheval, le tact est le principe fondamental de sa pédagogie[3].

Cet ouvrage est aussi le premier traité d'équitation gineta et la première codification de la tauromachie équestre. Selon Édouard Ier, la monte à la gineta doit être pratiquée sur une selle adaptée, dite sela gineta, avec des étriers chaussés courts. Assis au milieu de la selle, le cavalier ne prend pas appui sur les arçons. Cette équitation requiert l'utilisation d'un mors spécifique, le mors taris. Cette monte propre à la Péninsule Ibérique s'explique par un mode spécifique de combat dans lequel la stratégie de l'escarmouche a été développée et utilisant de petits javelots. Les cavaliers se déplacent par petites unités, avec des chevaux parfaitement soumis et d'une mobilité extrême pour réaliser des voltes, des pirouettes ainsi que des arrêts brusques. Les chevaux doivent être capables de passer du galop rassemblé au galop le plus vif [3].

Dom Duarte décrit aussi la forme d'équitation en usage au Nord de l'Europe qui toutefois subsiste au Portugal. Les cavaliers montent dans ce cas des chevaux plus lourds capables de supporter le poids de lourdes armures. Les combats s'effectuent avec des lances qui peuvent, au XIVe siècle, mesurer 4m50. Pour pouvoir les manier, les cavaliers doivent se dresser sur leurs étriers qu'ils chaussent très longs[3].

Édouard Ier place le taureau dans la catégorie des gros gibiers comme l'ours et le sanglier. Il désigne une manière unique de tuer ces animaux agressifs quand ils se sentent menacés, soit en les touchant entre les épaules car à cet endroit central, on touche le cœur ou les poumons. Le blesser au collet, ou cacha en portugais, est un principe qui marque le début de la tauromachie équestre classique. Auparavant, les cavaliers se contentent de le blesser là où ils le peuvent[3].

Descendance

modifier

Édouard Ier de Portugal épouse la princesse Éléonore d'Aragon (1402-1445), fille du roi Ferdinand Ier d'Aragon et d'Éléonore d'Albuquerque, le . Elle décède le et a avec le roi portugais plusieurs enfants dont:

Titre complet

modifier

Par la grâce de Dieu, Roi de Portugal et de l'Algarve[9] et seigneur de Ceuta.

Ascendance

modifier

Articles connexes

modifier

Sources

modifier
  • L’encyclopédie Britannica
  • Les Cahiers de l’Histoire no 12
  • Joaquim Ferreira, História de Portugal

Notes et références

modifier
  1. L'Univers: histoire et description ... - Google Livres
  2. (pt) « As 50 obras essenciais da literatura portuguesa », sur dn.pt, Diário de Notícias, (consulté le )
  3. a b c d e f et g sous la direction de Patrice Franchet-d'Espèrey et de Monique Chatenet, en collaboration avec Ernest Chenière, Les Arts de l'équitation dans l'Europe de la Renaissance, Arles, Actes Sud, , 447 p. (ISBN 978-2-7427-7211-7), Le traité du roi D. Duarte (page140)
  4. O Portal da História
  5. (pt) António Marques, História de Portugal, Lisbonne, Portugal, Palas Editores, , p. 189
  6. (pt) José Mattoso, História de Portugal — A Monarquia Feudal, vol. 2.º volume, Círculo de Leitores, (ISBN 972-42-0636-X)
  7. L'Art de vérifier les dates - Google Livres
  8. (en) Giovanni Battista Tomassini, The Italian Tradition of Equestrian Art, Franktown, Virginia, USA, Xenophon Press, , 288 p. (ISBN 978-0-933316-38-6), The equestrian treatise by Dom Duarte, King of Portugal (page 58)
  9. le titre de Roi des Algarves (pluriel) sera seulement utilisé après 1471, avec la conquête de Tanger

Liens externes

modifier