Église de l'Invention-de-la-Sainte-Croix de Saint-Dalmas

église française située à Valdeblore

L'église de l'Invention-de-la-Sainte-Croix, aussi appelée église de la Sainte-Croix, est une église catholique située à Saint-Dalmas du plan dans le village de Saint-Dalmas de Valdeblore dans les Alpes-Maritimes en France[1].

Église de l'Invention-de-la-Sainte-Croix de Saint-Dalmas
Présentation
Type
Destination initiale
Diocèse
Paroisse
Paroisse Saint-Bernard-de-Menthon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Dédicataire
Invention-de-la-Sainte-Croix
Style
Construction
Religion
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Localisation
Département
Commune
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Localisation

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L'église est située dans le département français des Alpes-Maritimes, dans le village de Saint-Dalmas, sur la commune de Valdeblore.


Historique

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L'église est mentionnée en 1060. Elle est alors un ancien prieuré de l'abbaye San Dalmazzo da Pedona, située à Borgo San Dalmazzo, en Italie. L'église était alors dédiée à saint Dalmas.

Saint Dalmas[2] fait probablement référence à Dalmace de Pavie, né dans une famille païenne, à Monza en Italie, qui se convertit au christianisme. Vers 235, il part avec son disciple Saturnin évangéliser les habitants des Alpes. D'après Marguerite Roques, il aurait été martyrisé vers 255 à Pedona, devenu Borgo San Dalmazzo, pendant les persécutions de Valérien. D'après le site des Archives de Nice Côte d'Azur, il aurait été tué par des brigands alors qu'il venait évangéliser la haute vallée de la Tinée en passant par le col de Fenestre. Ils l'auraient décapité au bord du Gesso. Il prit alors sa tête, traversa la rivière et mourut sur l'autre rive. Les brigands terrifiés auraient placé son corps sur un chariot tiré par deux génisses qui se seraient arrêtées à Pédona. Son corps est conservé dans la crypte de l'église. Il aurait choisi son disciple Bassus comme évêque de Cimiez. C'est l'évêque de Cimiez Valérien (455-462) qui a rédigé le récit des miracles de saint Dalmas[3].

À la fin du VIe siècle, Théodelinde de Bavière, veuve d'Authari, roi des Lombards, se remarie avec Agilulf, duc de Turin, qui devient roi d'Italie de 590 à 616. Elle le détermine à se convertir au catholicisme. Théodelinde demande au pape Grégoire le Grand de faire venir des Bénédictins à Pedona pour qu'ils y fondent une abbaye en l'honneur de saint Dalmas. L'abbaye est fondée vers 610 et 614. Elle possède le territoire entre les Alpes-Maritimes, la Stura et la Vermenagna. Elle a créé des filiales dans les vallées de la Tinée, de la Roya et de la Taggia. La situation change quand les Sarrasins dévastent les Alpes-Maritimes. Ils franchissent le col de Tende en 904. Les reliques de saint Dalmas sont transportés à Quargnento en 906. Les Sarrasins s'installent ) Pedona. Les chrétiens réagissent en 942 en les délogeant progressivement des Alpes. Après le dernier combat, en 985, les Bénédictins peuvent reconstruire l'abbaye et une petite cité peut se reconstruire autour. Les prieurés dépendant de l'abbaye sont progressivement relevés.

La première mention de l'église Saint-Dalmas de Valdeblore se trouve dans une donation « ad ecclesiam sancti Dalmacii » aux environs de 1060 faite par Rostaing et sa femme Adelaïde, seigneurs du Val, dont l'original a disparu mais dont il subsiste une copie. Le Valdeblore fait partie du diocèse de Nice. Le , les mêmes Rostaing, Adélaïde et leurs enfants restituent la dîme de Saint-Dalmas de Valdeblore et de plusieurs villages à l'église de Nice[4].

Dans une bulle du , le pape Innocent IV confirme la possession de Saint-Dalmas à l'abbaye de Pedona.

Des découvertes archéologiques ont permis de dégager, dans les absidioles et la nef, des vestiges de peintures murales semblant dater du XIIe siècle[5],[6].

Protection

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L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1943[1].

Les cloches sont classées monuments historiques au titre des objets mobiliers.

  • Deux cloches : l'une de 1452 et l'autre de 1500[7], classées le 02 .
  • La cloche Salvatore Mundi est de 1764[8] classée le .

Architecture

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L'église est un témoin du premier art roman lombard. Elle a adopté un plan basilical. Aucun document ne permet de préciser sa date de construction. C'est le rapprochement avec d'autres églises de plan identique qui permet de placer sa construction. Jacques Thirion place sa construction dans le deuxième tiers du XIe siècle en comparant les piliers à colonnes engagées de la basilique Santa Maria Maggiore de Lomello construite entre 1025 et 1040 ou l'église de San Paragorio de Noli construite vers 1020. Ce type d'architecture unique en France, existe encore en Italie, à la basilique Saint-Michel d'Oleggio, Noli, ...

La nef de l'église comprend le vaisseau central flanqué de deux collatéraux de sept travées. Chaque vaisseau était couvert par une charpente apparente comme le montre la faible épaisseur des murs. Cette charpente est à deux pentes au-dessus du vaisseau central, à un niveau supérieur à celui des voûtes actuelles pour permettre un éclairage de l'église par des petites fenêtres dont subsistent les traces dans les combles côté sud. Les collatéraux étaient couverts par une toiture en appentis prenant appui au-dessous des fenêtres. Cette charpente a été lambrissée au XVe siècle. Elle se termine par trois chœurs surélevés placés au-dessus des trois cryptes souterraines. La façade des trois cryptes est haute de 2 m. Quatre portes permettent un accès direct aux cryptes à partir des nefs. La crypte centrale a été construite en même temps que l'église. Les deux cryptes latérales ont dû être construite quand le culte des reliques s'est développé entre 1100 et 1150 lorsque le prieuré reçoit la relique insigne de la Sainte Croix. L'église a alors pris le nom « d’église dédiée à l’Invention de la Sainte Croix ».

Des séismes se sont produits en 1494, 1556 et 1564 ont fragilisé la structure de l'édifice et provoqué des glissements de terrain. On suppose qu'un séisme a provoqué une coulée de terre qui a comblé partiellement la crypte nord et une partie de l'église. La crypte est alors transformé en ossuaire. Les éboulements ont entraîné un rehaussement du terrain autour de l'église nécessitant le percement d'une nouvelle porte dans la façade occidentale et la réalisation d'un escalier de quatre marches pour descendre jusqu'au niveau de l'intérieur de l'église. Le culte des reliques étant tombé en désuétude au XVIIIe siècle, la nef est remblayée sur environ 1,50 m de hauteur pour mettre le sol de la nef à un niveau permettant un accès direct au chœur. La crypte centrale n'est plus accessible que par la crypte sud. Le clocher s'est effondré lors du séisme de 1564. Il a été reconstruit en 1569 dans la première travée du collatéral nord[9].

En 1644, un nouveau séisme entraîne des dégâts importants sur le mur gouttereau nord et la façade. Des voûtes d'arêtes en moellonnage maintenues par des tirants de fer sont établies en 1738. Les toitures des bas-côtés sont mises à peu près dans le prolongement de la toiture du vaisseau central. Le poids supérieur des voûtes a nécessité la réalisation des contreforts à l'extérieur. Le clocher est restauré en 1740[10].

Des fouilles faites depuis 1978 ont permis de dégager la crypte située dans le prolongement du collatéral nord. À la suite de la décision de la Commission supérieure des monuments historiques, le sol de l'église a été réhabilité dans son niveau initial, les accès aux cryptes sont restitués et la crypte nord est reconstituée. Les travaux de restauration ont été faits sous la direction de Jean-Claude Yarmola (1933-1998), architecte en chef des Monuments historiques[11].

Cryptes

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Mobilier

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Notes et références

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  1. a et b « Église Saint-Dalmas-du-Plan », notice no PA00080903, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Cyril Isnart, « Insignifiance et vertu des saints légionnaires », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, t. 32, nos 3-4,‎ , p. 49-68 (lire en ligne)
  3. Archives Nice Côte d'Azur : Saint Dalmas. Un saint martyr et son abbaye
  4. Cais de Pierlas 1889, p. 28-29
  5. Coordination générale : René Dinkel, Élisabeth Decugnière, Hortensia Gauthier, Marie-Christine Oculi. Rédaction des notices : CRMH : Martine Audibert-Bringer, Odile de Pierrefeu, Sylvie Réol. Direction régionale des antiquités préhistoriques (DRAP) : Gérard Sauzade. Direction régionale des antiquités historiques (DRAH) : Jean-Paul Jacob directeur, Armelle Guilcher, Mireille Pagni, Anne Roth-Congés Institut de recherche sur l'architecture antique (Maison de l'Orient et de la Méditerranée - IRAA)-Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Suivez le guide : Monuments Historiques Provence Alpes Côte d’Azur, Marseille, Direction régionale des affaires culturelles et Conseil régional de Provence – Alpes - Côte d’Azur (Office Régional de la Culture), 1er trimestre 1986, 198 p. (ISBN 978-2-906035-00-3 et 2-906035-00-9)
    Guide présentant l'histoire des monuments historiques ouverts au public en Provence – Alpes – Côte - d'Azur, avec cartes thématiques (traduit en allemand et anglais en septembre 1988). Valdeblore : Église de l'Invention-de-la-Sainte-Croix, p. 80
  6. * (la) Pietro Gioffredo, « Niciensibus Antiquitas Episcopatus Niciensis, & Cemenelensis, Quis Primus Niciensis Episcopus ? », dans Nicaea civitas sacris monumentis illustrata, Augustæ Taurinorum (Turin), typis Io. Iacobi Rustis, (lire en ligne), p. 162
  7. Notice no PM06001201, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture 2 cloche
  8. Notice no PM06002260, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture cloche : Salvatore Mundi
  9. Luc F. Thévenon, « L'art religieux dans le Valdeblore : église priorale de l'Invention de la Sainte-Croix, Saint-Dalmas de Valdeblore », Nice historique, t. 115, nos 2-3 Le Val de Blore,‎ , p. 121-122 (lire en ligne)
  10. Thévenon 2012, p. 122
  11. Archives des monuments historiques et de l'archéologie : Travaux sur les édifices de Provence-Alpes-Côte d'Azur, de Corse, d’Ile-de-France, et de Chandernaggor par Jean-Claude Yarmola

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Philippe de Beauchamp, « Vallées de la Tinée : Saint-Dalmas-de-Valdeblore, L'église dédiée à l'Invention de la Sainte Croix », dans L'art religieux dans les Alpes-Maritimes, architecture religieuse, peintures murales et retables, Aix-en-Provence, Édisud, , 143 p. (ISBN 2-85744-485-0), p. 29-34, 75-76
  • Eugenio Cais di Pierlas, « XXIV-Prieurs bénédictins du monastère de Val de Bloure et prieurs commandeurs », dans Le XIe Siècle dans les Alpes-Maritimes, études généalogiques, Turin, Hermann Loescher, (lire en ligne), p. 107-109
  • Joseph Levrot, « Fresques à Saint-Dalmas-de-Valdeblore. Peintures murales du comté de Nice », Nice Historique, t. 13, no 15,‎ , p. 293-296 (lire en ligne)
  • Paul Roque, Les peintres primitifs niçois. Guide illustré, p. 117, Serre Éditeur, Nice, 2006 (ISBN 2-86410-458-X)
  • Marguerite Roques, « L'église de Saint-Dalmas-de-Valdeblore », Nice-Historique, no 207,‎ , p. 48-54 (lire en ligne)
  • Luc F. Thévenon, L'art du Moyen Âge dans les Alpes méridionales, p. 35-36, Éditions Serre (collection patrimoines), Nice, 1983 (ISBN 2-86410-047-9)
  • Jacques Thirion, « L'église Saint-Dalmas de Valdeblore », Bulletin Monumental, t. 111, no 2,‎ , p. 157-171 (lire en ligne)
  • Jacques Thirion, « L'influence lombarde dans les Alpes françaises du Sud », Bulletin Monumental, t. 128, no 1,‎ , p. 7-40 (lire en ligne)
  • Jacques Thirion, Alpes romanes, La Pierre-qui-Vire, Édition Zodiaque, coll. « la nuit des temps » (no 54), , p. 69-76
  • Jacques Thirion, « Découvertes récentes à l'église Saint-Dalmas de Valdeblore (Alpes-Maritimes) », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France. 1989,‎ , p. 291-293 (lire en ligne)
  • Georges Trubert, « Saint-Dalmas-Valdeblore (Alpes-Maritimes). Église de l'Invention de la Sainte-Croix », Archéologie médiévale, no 15,‎ , p. 249 (lire en ligne)
  • Georges Trubert, « Valdeblore (Alpes-Maritimes). Église Sainte-Croix-de-Saint-Dalmas », Archéologie médiévale, no 18,‎ , p. 344 (lire en ligne)
  • Baron Verhaegen, « Église de Saint-Dalmas (Alpes-Maritimes) », Bulletin Monumental, t. 108,‎ , p. 186-188 (lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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