Élection présidentielle abkhaze de 2019

élection du président de la République d'Abkhazie

Élection présidentielle abkhaze de 2019
(1er tour)
(2d tour)
Corps électoral et résultats
Inscrits 129 421
Votants au 1er tour 82 791
63,97 %
Blancs et nuls au 1er tour 4 770
Votants au 2d tour 83 883
65,98 %
Blancs et nuls au 2d tour 2 246
Raul Khadjimba – Forum pour l'Unité nationale de l'Abkhazie
Voix au 1er tour 20 544
26,33 %
Voix au 2e tour 39 741
48,68 %
Alkhas Kvitsinia – Amtsakhara
Voix au 1er tour 18 929
24,26 %
Voix au 2e tour 38 742
47,46 %
Oleg Arshba – Indépendant
Voix au 1er tour 18 665
23,92 %
Président
Sortant Élu
Raul Khadjimba
FUNA
Élection annulée

L'élection présidentielle abkhaze de 2019 a lieu les et afin d'élire le président de l'Abkhazie, une république sécessionniste de la Géorgie non reconnue par la majorité de la communauté internationale.

Le président sortant Raul Khadjimba, candidat à sa réélection, est mis en ballotage par Alkhas Kvitsinia. Khadjimba l'emporte finalement de justesse avec 999 voix d'avance sur son concurrent.

Des accusations de fraude électorale à l'encontre de Khadjimba conduisent cependant à un soulèvement populaire suivi de sa démission le . Une nouvelle élection présidentielle est par conséquent organisée le .

Contexte modifier

L'opposant Aslan Bjania en 2014.

Initialement prévue pour le [1], l'élection est repoussée à cause de l'empoisonnement du candidat d'opposition Aslan Bjania, hospitalisé en Russie dans un état grave[2]. Ses partisans parviennent ainsi à faire repousser la date du scrutin afin de lui permettre d'y participer à son rétablissement[3]. Bjania finit cependant par annoncer le son abandon de la course à la présidence du fait de son état de santé. Le candidat est alors sous assistance respiratoire, et souffre de troubles de la parole[4].

Système électoral modifier

Le président est élu au suffrage universel direct uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans. Les votes blancs étant pris en compte dans les votes valides sous la forme de bulletin "aucun d'entre eux", les candidats peuvent être élus au second tour sans avoir atteint la majorité absolue. La participation doit cependant obligatoirement franchir le quorum de 25 % des inscrits pour que le scrutin soit reconnu valide, une pratique courante dans les ex républiques soviétiques. À défaut, une nouvelle élection est organisée, avec des candidats différents[5],[6],[7].

Résultats modifier

Présidentielle abkhaze de 2019[8],[9]
Candidats
et colistiers
Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Raul Khadjimba
Aslan Bartsits
FUNA 20 544 26,33 39 741 48,68
Alkhas Kvitsinia
Dmitri Dbar
Amtsakhara 18 929 24,26 38 742 47,46
Oleg Arshba
Oleg Bartsyts
Indépendant 18 665 23,92
Astamur Tarba
Tamazi Ketsba
Indépendant 5 695 7,30
Leonid Dzapshba
Vianor Ashba
Akzaara 4 935 6,33
Shamil Adzinba
Rafael Ampar
Indépendant 3 579 4,59
Almas Japua
Vadim Smyr
Indépendant 1 753 2,25
Artur Ankvab
Soslan Salakaya
Indépendant 1 403 1,80
Astamur Kakalia
Astamur Ayba
Indépendant 841 1,08
Aucun d'entre eux 1 677 2,15 3 154 3,86
Votes valides 78 021 94,24 81 637 97,32
Votes nuls 4 770 5,76 2 246 2,68
Total 82 791 100 83 883 100
Abstention 46 630 36,03 43 253 34,02
Inscrits / participation 129 421 63,97 127 136 65,98

Représentation des résultats du second tour :

Raul
Khadjimba
(48,68 %)
Alkhas
Kvitsinia
(47,46 %)
Majorité absolue

Réactions modifier

Dès le premier tour, le scrutin provoque un communiqué de la Géorgie dénonçant la « prétendue élection présidentielle » comme « un nouvel acte illégal dirigé contre la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Géorgie ». Le ministère des Affaires étrangères géorgien dénonce une tentative de légitimation de l'épuration ethnique et de l'occupation d'une partie du pays, qui n'aurait pour but que de faire avancer davantage la région vers une annexion pure et simple par la Russie[10].

Le gouvernement géorgien appelle cette dernière à respecter l'accord de cessez-le-feu issu de la médiation de l'Union européenne et à revenir sur sa décision de reconnaître l'indépendance des régions sécessionnistes géorgiennes.

Un groupe de quinze pays — Bulgarie, Canada, Estonie, États-Unis, Finlande, Irlande, Lettonie, Lituanie, Norvège, Pologne, Roumanie, Royaume Uni, Suède, République tchèque et Ukraine — rendent publique le une déclaration commune dans laquelle ils déclarent conjointement ne pas reconnaître la légitimité de l'élection ni ses résultats. Les quinze pays réitèrent leurs plein soutien à l'intégrité territoriale et à la souveraineté de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues. Ils rejoignent également son appel fait à la Russie, qu'ils enjoignent de retirer ses troupes et de fournir un accès sans restriction aux secours humanitaires dans la région[10]. L'Azerbaïdjan voisin publie un communiqué similaire, réaffirmant son soutien à la Géorgie, de même que le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU dans le Caucase et l'Asie centrale, James Appathurai[10].

Suites modifier

Alkhas Kvitsinia fait appel des résultats, sans succès. En , cependant, les accusations de fraude électorale donnent lieu à des manifestations de grande ampleur contre Khadjimba, culminant le en un soulèvement populaire qui voit les manifestants s'emparer d'un stock d'armes à feu avant de prendre le contrôle des principales institutions du pays dont le parlement et la Cour suprême, dans ce qui est qualifié de « quasi coup d’État ». L'Assemblée nationale vote le soir même une résolution appelant Khadjimba à quitter le pouvoir, soutenue par son propre parti, tandis que la Cour suprême déclare le résultat de l'élection présidentielle invalide. Khadjimba refuse cependant de démissionner, le conflit s'enlisant pendant deux jours entre les deux camps retranchés dans les bâtiments de la capitale, en attente de la réaction du gouvernement russe[11],[12]. La visite de Vladislav Surkov, conseiller de Vladimir Poutine, deux jours plus tard est suivie le jour même de l'annonce par Khadjimba de sa démission[13],[14]. Celle-ci ouvre la voie à une nouvelle élection présidentielle, fixée au [13].

Notes et références modifier

  1. (en) « Abkhazia announces date of presidential elections », sur jam-news.net, (consulté le )
  2. (en) « Abkhaz parliament confirms opposition leader was poisoned, presidential elections may be rescheduled », sur jam-news.net, (consulté le )
  3. (en) « Abkhaz presidential elections to take place 25 Aug., parliament confirms move », sur jam-news.net, (consulté le )
  4. (ru) « Лидер оппозиции Бжания снялся с выборов президента Абхазии из-за болезни », sur www.kommersant.ru,‎ (consulté le )
  5. « Élections en Abkhazie : le président sortant arrive en tête au premier tour », sur lecourrierderussie.com (consulté le )
  6. (en) « Georgia's Separatist Abkhazia Holds 'Presidential Vote’ Denounced By Tbilisi », sur RadioFreeEurope/RadioLiberty (consulté le )
  7. Incumbent president Raul Khadzhimba ‘wins Abkhazia poll’
  8. Raul Khazhimba and Alkhas Kvitsiniya entered the second round of electionsИсточник
  9. The head of the CEC: the elected President of Abkhazia is Raul Khadzhimba!Источник
  10. a b et c (en) « Abkhazia to Hold Repeat Polls; Tbilisi, Intl Community Call It 'Illegitimate' », sur civil.ge, (consulté le )
  11. « Quasi coup d'Etat en Abkhazie », sur Libération.fr, Libération, (consulté le ).
  12. (en) RFE/RL's Georgian Service, « 'Presidential Election' Results In Georgia's Breakaway Abkhazia Annulled », sur RadioFreeEurope/RadioLiberty, rferl (consulté le ).
  13. a et b « Abkhazie: le président démissionne après des protestations de l'opposition », sur Le Figaro.fr, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  14. (en) RFE/RL, « Abkhaz Leader Resigns Amid Ongoing Election-Fraud Protests In Breakaway Region », sur RadioFreeEurope/RadioLiberty, rferl (consulté le ).