Élection présidentielle panaméenne de 2024

élection au Panama

L'élection présidentielle panaméenne de 2024 se déroule le afin d'élire le président de la république du Panama pour un mandat de cinq ans. Des élections législatives et municipales ont lieu simultanément. La constitution du Panama ne permettant pas d'exercer deux mandats consécutifs, le président sortant Laurentino Cortizo n'est pas candidat à sa réélection.

Élection présidentielle panaméenne de 2024
Corps électoral et résultats
Inscrits 3 004 083
José Raúl Mulino – RM
Colistier : Sans colistier[a]
José Gabriel Carrizo – PRD
Colistier : Camilo Alleyne
Président de la République
Sortant
Laurentino Cortizo
PRD

Grand favori du scrutin, le candidat d'opposition José Raúl Mulino l'emporte avec une large avance sur ses concurrents.

Contexte modifier

Le président sortant Laurentino Cortizo

L'élection présidentielle de mai 2019 donne lieu à une alternance avec la victoire du candidat du Parti révolutionnaire démocratique (PRD), Laurentino Cortizo, face notamment à celui du Changement démocratique (CD), Rómulo Roux. La défaite de ce dernier intervient néanmoins à l'issue d'un scrutin serré, Cortizo l'emportant avec une avance en deçà de celle attendue au vu des sondages d'opinion. Le nouveau président bénéficie cependant des très bon résultats de son parti aux élections législatives organisées simultanément[1],[2].

La constitution de 1972 interdisant les mandats présidentiels consécutifs, Laurentino Cortizo soutien la candidature de José Gabriel Carrizo, lui aussi membre du PRD. Le scrutin est cependant surtout marqué par la condamnation en juillet 2023 de Ricardo Martinelli — ancien président de 2009 à 2014 — à dix ans de prison pour blanchiment d'argent[3]. En tant que candidat désigné du parti Réaliser les objectifs (RM), issu d'une scission de Changement démocratique, Martinelli se trouvait régulièrement en tête des sondages, loin devant Carrizo. Sa condamnation étant assortie d'une peine d'inéligibilité, il est contraint de se retirer au profit de son colistier, José Raúl Mulino, avant de trouver refuge dans l'ambassade nicaraguayenne qui lui offre l'asile politique[4],[5],[6],[7]. Devenu à son tour favori des sondages, Mulino fait notamment campagne en promettant de fermer la région du Darién au passage des migrants d'Amérique du Sud en route vers les États-Unis[8].

Rómulo Roux se porte quant à lui à nouveau candidat sous la bannière de Changement démocratique. Fin septembre 2023, il reçoit le soutien du candidat du Parti panamiste, José Isabel Blandón, qui se désiste en sa faveur et devient son colistier pour la vice-présidence[9].

Mode de scrutin modifier

Le président panaméen est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, mais pas de manière consécutive. Chaque candidat à la présidence se présente avec un colistier, lui même candidat à la vice-présidence. En cas de décès ou d'empêchement du président, son vice-président le remplace jusqu'au terme de son mandat.

Pour être président ou vice-président de la république du Panama, il est nécessaire de posséder la nationalité panaméenne de naissance et d'être âgé de trente-cinq ans minimum.

Sondages modifier

Moyenne lissée des sondages

Résultats modifier

Résultats préliminaires nationaux[10]
(dépouillés à 97,88 %)
Candidats
et colistiers
Partis Voix %
José Raúl Mulino
Sans colistier[a]
RM 769 107 34,35
Ricardo Lombana
Michael Chen
MOCA 554 818 24,78
Martín Torrijos
Rosario Turner
PP 358 608 16,02
Rómulo Roux
José Isabel Blandón
CD 252 856 11,29
Zulay Rodríguez
Athenas Athanasiadis
Indépendante 144 022 6,43
José Gabriel Carrizo
Camilo Alleyne
PRD 130 500 5,83
Maribel Gordón
Richard Morales
Indépendante 24 073 1,08
Melitón Arrocha
Aida Michelle de Maduro
PAIS 4 772 0,21
Votes valides 2 238 756 97,56
Votes nuls 37 700 1,64
Votes blancs 18 406 0,80
Total 2 294 862 100
Abstention 709 221 23,61
Inscrits / participation 3 004 083 76,39

Analyse modifier

Comme attendu dans les sondages, le scrutin aboutit à une alternance avec la large victoire de José Raúl Mulino. Ce dernier déclare accueillie les résultats « avec responsabilité et humilité ». S'il se rend immédiatement après le vote à l'ambassade nicaraguayenne où il retrouve avec embrassades Ricardo Martinelli, le président élu se défend de tout lien de subordination à son ancien colistier, déclarant n'être « la marionnette de personne »[11]. Il reçoit rapidement les félicitations de Ricardo Lombana, suivi de celles de Martín Torrijos et Rómulo Roux. Sa prise de fonction est fixée au 1er juillet[12],[13].

José Raúl Mulino l'emporte ainsi malgré ses liens très resserrés avec un ancien président condamné pour corruption, ce dernier ayant conservé une popularité élevé du fait d'une bonne gestion de l'économie et l'élargissement du canal de Panama achevé sous son mandat. Martinelli garde ainsi l'image d'un président « qui a triché mais qui a agi »[3]. Son obtention d'une grâce présidentielle est ainsi largement attendue, celui-ci s'était pleinement engagé en la faveur de Molino lors d'une campagne menée sous le slogan « Mulino est Martinelli »,[14].

L'élection marque par ailleurs le déclin des deux partis historiques, le Parti révolutionnaire démocratique et Parti panamiste, aucun des deux ne voyant son candidat l'emporter[15]. Le parti Réaliser les objectifs (RM) de José Raúl Mulino arrive ainsi en tête des élections législatives organisées le même jour, mais ne dispose avec son allié, le Parti de l'alliance (A), que de 15 sièges sur 71. Alors que le PRD était parvenu en 2019 à décrocher seul la majorité absolue des sièges, la nouvelle Assemblée nationale élue fait ainsi l'objet d'un important morcellement parlementaire, doublé de l'élection de nombreux candidats indépendants.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a et b Lui même initialement candidat à la vice-présidence en tant que colistier de Ricardo Martinelli, José Raúl Mulino devient automatiquement candidat à la présidentielle lors de la condamnation de ce dernier.

Références modifier

  1. Présidentielle au Panama: courte victoire du candidat social-démocrate
  2. Un social-démocrate favori de la présidentielle au Panama
  3. a et b FRANCE24, « Présidentielle : les Panaméens votent après une campagne électorale chaotique », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  4. (es) Alberto Pinto, « Ricardo Martinelli confirma sus aspiraciones a la Presidencia de la República en el 2024 », sur Panamá América, (consulté le )
  5. (en) « Panama Ex-President Martinelli is sentenced to 10 years in prison for money laundering », sur ABC News (consulté le )
  6. (en) « Panamanian electoral court bars former president Martinelli’s candidacy in May elections », sur Associated Press, (consulté le )
  7. (en) Alma Solís, « Panama ex-President Ricardo Martinelli receives political asylum from Nicaragua », sur Associated Press, (consulté le )
  8. « Panama: le favori à la présidentielle «fermerait» la jungle de Darién », sur libre-media.com (consulté le ).
  9. (es) « Rómulo Roux recibe el respaldo de San Miguelito para ganar la presidencia », sur En Segundos Panama, (consulté le ).
  10. (es) « TE presenta Padrón Electoral Final ».
  11. « Panama : le conservateur José Raul Mulino remporte largement la présidentielle », sur Franceinfo, (consulté le ).
  12. « Panama's Mulino wins presidency with support from convicted former leader ».
  13. (so) « Stand-in Jose Raul Mulino wins Panama presidential race », sur www.aljazeera.com (consulté le ).
  14. « Panama: José Raul Mulino, de fermier à président », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  15. « Au Panama, le prochain président a promis de fermer la route des migrants dans le Darien », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).