Élections cantonales genevoises de 2023

Élections cantonales genevoises de 2023
100 sièges du Grand Conseil
(majorité absolue : 51 sièges)
7 sièges du Conseil d'État
(1er tour)
(2e tour)
Type d’élection Élections cantonales
Parti libéral-radical
Voix 17 281
19,02 %
en diminution 6,2
Sièges obtenus 22 en diminution 6
Parti socialiste
Voix 13 257
14,65 %
en diminution 0,7
Sièges obtenus 18 en augmentation 1
Les Verts
Voix 11 798
12,93 %
en diminution 0,2
Sièges obtenus 15 en stagnation
Mouvement citoyens genevois
Voix 10 603
11,72 %
en augmentation 2,3
Sièges obtenus 14 en augmentation 3
Union démocratique du centre
Voix 9 677
10,69 %
en augmentation 3,4
Sièges obtenus 12 en augmentation 4
Libertés et justice sociale
Voix 7 823
8,45 %
en augmentation 8,5
Sièges obtenus 10 en augmentation 10
Le Centre
Voix 7 057
7,88 %
en diminution 2,8
Sièges obtenus 9 en diminution 3
Grand Conseil
Diagramme

Les élections cantonales genevoises ont lieu les 2 et afin de renouveler les 100 membres du Grand Conseil et les 7 membres du Conseil d'État du canton de Genève[1],[2].

Mode de scrutin modifier

Parlement cantonal modifier

Le Grand Conseil exerce le pouvoir législatif[3]. Il est composé de 100 députés élus directement au suffrage universel par le corps électoral au scrutin proportionnel ; la loi prévoit depuis 1912[4] un seuil électoral (appelé quorum) fixé à 7 %[5]. Le mandat des députés dure 5 ans depuis l'instauration de la nouvelle constitution du canton en 2013. Il était auparavant de 4 ans (3 ans jusqu'en 1957). Il est renouvelable indéfiniment, bien qu'en pratique des règles internes au sein de certains partis limitent la possibilité de se représenter au-delà d'un certain nombre de mandats.

Organe exécutif modifier

Depuis 2013, la majorité absolue est nécessaire pour être élu au Conseil d'État, ce qui implique de facto un 2e tour[6]. La législature dure cinq ans[7], conformément à la modification de constitution.

Contrairement à la majorité des cantons suisses, le gouvernement n'est pas élu sur une liste de candidats, mais sur un bulletin unique avec des cases à cocher. Ce système introduit en 2013 réduit l'impact des alliances et incite les électeurs à voter pour sept candidats au lieu des seuls candidats qui figureraient sur leur liste de prédilection[8].

Résultats modifier

Grand Conseil modifier

Chaque électeur disposant de plusieurs voix, le total de ces dernières est largement supérieur au nombre de votants.

Résultats des élections du grand conseil genevois de 2023[9]
Parti Sigle Voix % +/- Sièges +/-
Parti libéral-radical PLR 17 281 19,02 en diminution 6,16 22 en diminution 6
Parti socialiste PS 13 257 14,65 en diminution 0,65 18 en augmentation 1
Les Verts PES 11 798 12,93 en diminution 0,23 15 en stagnation
Mouvement citoyens genevois MCG 10 603 11,72 en augmentation 2,29 14 en augmentation 3
Union démocratique du centre UDC 9 677 10,69 en augmentation 3,37 12 en augmentation 4
Libertés et justice sociale LJS 7 823 8,45 Nv 10 en augmentation 10
Le Centre LC 7 057 7,88 en diminution 2,83 9 en diminution 3
Vert'libéraux PVL 6 017 6,62 en augmentation 5,02 0 en stagnation
Ensemble à gauche EàG 3 200 3,55 en diminution 4,28 0 en diminution 9
Liste d'union populaire LUP 2 680 3,08 Nv 0 en stagnation
Civis - Tous concernés Civis 976 1,09 Nv 0 en stagnation
Élan Radical ERAD 256 0,31 Nv 0 en stagnation
Total des voix 90 625 100
Votes valides 95 779 96,03
Votes invalides 2 954 2,96
Votes blancs 1 009 1,01
Total 99 742 100 100 en stagnation
Abstention 176 151 63,85
Inscrits / participation 275 893 36,15

Conseil d'État modifier

Résultats[10],[11]
Candidats Partis Premier tour Second tour
Voix Élu Voix Élu
Nathalie Fontanet[a] PLR 49 218 Non 70 628 oui
Thierry Apothéloz[a] PS 38 232 Non 57 369 oui
Antonio Hodgers[a] PES 35 490 Non 52 950 oui
Anne Hiltpold PLR 35 147 Non 58 487 oui
Fabienne Fischer[a] PES 31 403 Non 47 104 non
Pierre Maudet LJS 31 315 Non 48 345 oui
Carole-Anne Kast PS 31 289 Non 47 956 oui
Philippe Morel MCG 29 575 Non 42 006 non
Delphine Bachmann LC 27 566 Non 51 379 oui
Xavier Magnin LC 23 656 Non
Lionel Dugerdil UDC 23 263 Non 39 281 non
Michael Andersen UDC 20 904 Non
Marie-Claude Sawerschel PVL 17 493 Non
Marc Wuarin PVL 16 663 Non
Luc Barthassat Civis 14 732 Non
Françoise Nyffeler Batou EàG 12 651 Non
Stefania Prezioso Batou LUP 11 350 Non
Jean Burgermeister LUP 11 187 Non
Teo Frei EàG 9 507 Non
Alexander Eniline EàG 7 699 Non
Roland-Daniel Schneebeli ERAD 4 943 Non
Philippe Oberson RP 4 348 Non 12 988 non
Olivier Pahud ES 3 338 Non 11 202 non
Votes valides 99 983 97,90 114 832 98,89
Votes blancs[b] 1 292 1,26 996 0,86
Votes nuls 852 0,83 291 0,25
Total 102 127 100 116 119 100
Abstention 173 766 62,98 160 051 57,95
Inscrits / participation 275 893 37,02 276 170 42,05

Analyse des résultats modifier

Grand Conseil modifier

Les élections voient un net renforcement de la droite, la gauche ne comptant plus que 33 sièges sur 100, soit moins d'un tiers des députés[12]. Les gagnants de l'élection sont les partis populistes ou protestataires[13].

Dans le détail, le recul du PLR (- 6 sièges) et du Centre (- 3) est compensé par l'arrivée de dix représentants du parti de Pierre Maudet Libertés et justice sociale (LJS), qui crée la surprise[12], et par la progression de l'UDC (+ 4) et du MCG (+ 3), d'autant qu'Ensemble à gauche, affaiblie par une liste concurrente d'extrême-gauche[12], perd ses neuf mandats faute d'atteindre le quorum fixé à 7 % des voix[14]. Avec 6,62 %, les Vert'libéraux échouent également, mais de peu, à atteindre le quorum[12].

Le MCG perd son rôle de pivot entre la gauche et la droite, le PLR, Le Centre, LJS et l'UDC disposant d'une majorité de 53 sièges[12] ; largement minoritaire, la gauche ne peut plus former de majorités de circonstance avec le MCG comme lors de la précédente législature[13]. Le succès de l’UDC, du MCG et de LJS, qui totalisent à eux trois davantage de sièges que la gauche ou que le PLR et Le Centre[13], signifie également un rejet par les électeurs des partis historiques de droite (Le Centre et PLR)[12].

Le taux de participation, qui s'élève à 37 %, recule de 2 points par rapport aux élections de 2018[14] (plus bas taux de participation depuis 1930, à l'exception des 35,4 % des élections de 1993[13]). Cette forte abstention, en particulier chez les jeunes, pèserait selon le politologue Pascal Sciarini sur les résultats des partis écologistes[12].

Le nombre de femmes, près de 30 sur 100 sièges, est stable[12].

Conseil d'État modifier

Le Centre, le PLR, l'UDC et le MCG forment au second tour une « Alliance genevoise » inédite allant du centre-droit à la droite, sans la liste de Pierre Maudet Libertés et justice sociale[15]. Cette alliance, qui profite principalement au Centre et au PLR[16] (une partie de l'électorat de gauche vote également pour ces deux partis au second tour[8]), et l'élection de Pierre Maudet entraînent le basculement de la majorité du gouvernement au centre-droit : la gauche, plus précisément Les Verts, perd un siège, tandis que le PLR récupère son deuxième siège au détriment du MCG, qui perd lui son seul représentant[17].

À la tête d'un nouveau parti voulant dépasser les clivages politiques classiques et se voyant comme le pivot du nouveau collège entre trois élus de gauche et trois élus de droite, Pierre Maudet retrouve ainsi le gouvernement deux ans après sa démission et son échec lors de l'élection complémentaire face à la représentante des Verts Fabienne Fischer. Cette dernière n'est pas réélue, terminant pour quelques centaines de voix derrière la candidate socialiste Carole-Anne Kast[17]. L'élue du Centre Delphine Bachmann est le candidat qui gagne le plus de voix par rapport au premier tour, en particulier dans les zones votant majoritairement pour le PLR, passant de la neuvième à la cinquième place[18].

Le gouvernement est composé pour la première fois d'une majorité de femmes[19].

Par rapport au premier tour, le taux de participation progresse de quasiment 5 points[18].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a b c et d Conseiller sortant
  2. Comptent dans le calcul de la majorité absolue, au premier tour uniquement.

Références modifier

  1. (en) « Election du Grand Conseil et premier tour de l'élection du Conseil d'Etat du 2 avril 2023 », sur www.ge.ch (consulté le ).
  2. « Elections cantonales genevoises des 2 et 30 avril 2023 », sur Le Courrier, https:fr-fr.facebook.comquotidienlecourrier (consulté le ).
  3. Loi portant règlement du Grand Conseil de la République et canton de Genève
  4. Felix Hafner, Andreas Kley, Victor Monnier, Commentationes historiae iuris helveticae, Berne, Stämpfli, (ISBN 978-3-7272-7983-6, lire en ligne), p. 21
  5. CH, GE. « Loi du 15 octobre 1982 sur l'exercice des droits politiques », art. 158. (version en vigueur : 26.6.2021) [lire en ligne]
  6. Extrait de la constitution http://www.ge.ch/conseil_etat/pouvoir_executif.asp.
  7. « Résultats de l'élection du 6 octobre 2013 », sur ge.ch (consulté le ).
  8. a et b Sami Zaïbi, « Comment les électeurs genevois ont ressuscité l’Entente », Le Temps,‎ , p. 3 (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  9. « Élection du Grand Conseil du 2 avril 2023 - République et canton de Genève - GE.CH », sur www.ge.ch (consulté le )
  10. « Élection du Conseil d'Etat (premier tour) du 2 avril 2023 - République et canton de Genève - GE.CH », sur www.ge.ch (consulté le ).
  11. « Second tour de l'élection du Conseil d'Etat du 30 avril 2023 - République et canton de Genève - GE.CH », sur www.ge.ch (consulté le ).
  12. a b c d e f g et h Sami Zaïbi, « Au Grand Conseil genevois, un grand coup de barre à droite », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  13. a b c et d Éric Budry, « Élections cantonales à Genève – Le Grand Conseil met la barre à droite et accentue sa note populiste » Accès payant, sur 24 heures, (consulté le )
  14. a et b Chams Iaz et Duc-Quang Nguyen, « En graphiques: les résultats des élections cantonales genevoises », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  15. « La droite genevoise partira unie pour le 2e tour du Conseil d'Etat, sans Pierre Maudet », sur rts.ch, (consulté le )
  16. Fati Mansour, « Andrea Pilotti: « À Genève, l’alliance aura surtout profité au centre droit » », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  17. a et b Marc Guéniat, « A Genève, la droite reprend les commandes du Conseil d'État », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  18. a et b Marc Bretton, « Élections cantonales genevoises – Une droite divisée reprend la majorité au Conseil d’État » Accès payant, sur 24 heures, (consulté le )
  19. Émilien Ghidoni, « Une première à Genève – Historique: les femmes prennent la majorité au Conseil d’État » Accès payant, sur 24 heures, (consulté le )