Élections législatives allemandes de mars 1933

Les neuvièmes élections fédérales allemandes de la république de Weimar ont lieu le . Elles sont la dernière consultation électorale libre en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale. En raison du succès du Parti national-socialiste des travailleurs allemands, son dirigeant et chancelier de l'Allemagne, Adolf Hitler, est alors en mesure de recourir à la loi du 24 mars 1933, qui lui donne des pouvoirs équivalents à ceux d'un dictateur.

Élections législatives allemandes de mars 1933
647 sièges du Reichstag
(Majorité absolue : 324 sièges)
Type d’élection législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 44 685 764
Votants 39 655 029
88,74 % en augmentation 8,2
Votes exprimés 39 343 331
Parti national-socialiste – Adolf Hitler
Voix 17 277 180
43,91 %
en augmentation 10,8
Sièges obtenus 288 en augmentation 92
Parti social-démocrate – Otto Wels
Voix 7 181 629
18,25 %
en diminution 2,2
Sièges obtenus 120 en diminution 1
Parti communiste – Ernst Thälmann
Voix 4 848 058
12,32 %
en diminution 4,5
Sièges obtenus 81 en diminution 19
Zentrum – Heinrich Brüning
Voix 4 424 905
11,25 %
en diminution 0,7
Sièges obtenus 74 en augmentation 4
Parti populaire national allemand – Alfred Hugenberg
Voix 3 136 760
7,97 %
en diminution 0,4
Sièges obtenus 52 en stagnation
Carte des résultats
Carte
Composition de l'assemblée
Diagramme
Chancelier du Reich
Sortant Élu
Adolf Hitler
NSDAP
Adolf Hitler
NSDAP

Contexte

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Les élections ont lieu peu de temps après le 27 février 1933, date de l'incendie du Reichstag, le parlement allemand, qui aurait été commis par un communiste conseilliste néerlandais, Marinus van der Lubbe. Cependant, certains historiens tels que Jacques Delarue[1] et Pierre Milza[2] affirment que cet incendie a été commandité par Hitler afin de discréditer les militants du Parti communiste d'Allemagne (KPD) et perpétré par des hommes appartenant à un groupe d'environ 10 membres de la SA qui seraient venus par un souterrain, à partir de l'hôtel de la résidence du ministre Goering, qui était située très proche du Reichstag. Il est à noter que le jugement condamnant Van der Lubbe a été déclaré illégal par la justice allemande en 2008 et qu'il a été procédé aux actes de réhabilitation.

Cet événement a l'effet conjoint de réduire la popularité des communistes allemands et du KPD, tout en permettant à Hitler de persuader le président Paul von Hindenburg de signer un décret spécial, intitulé Reichstagsbrandverordnung ou Décret de l'incendie du Reichstag. Ce décret-loi d'urgence supprime effectivement la plupart des libertés politiques et civiles ; il permet également l'arrestation arbitraire des dirigeants du KPD peu avant les élections, entraînant la baisse du vote communiste et la consolidation du régime nazi. Cet événement a, pour nombre d'historiens, un impact majeur sur le résultat des élections[3],[4].

Mode de scrutin

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Le scrutin de la république de Weimar est un scrutin de listes par circonscription. La distribution des sièges est faite à la proportionnelle. De plus, la Constitution de Weimar prévoit un petit nombre de sièges de députés à répartir, sur la base du nombre total de voix exprimées aux partis politiques (sièges dits de " liste nationale ").

Résultats

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Résultats des élections législatives allemandes de [5]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) 17 277 180 43,91 en augmentation 10,82 288 en augmentation 92
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) 7 181 629 18,25 en diminution 2,18 120 en diminution 1
Parti communiste d'Allemagne (KPD) 4 848 058 12,32 en diminution 4,54 81 en diminution 19
Zentrum (Z) 4 424 905 11,25 en diminution 0,68 73 en augmentation 3
Parti populaire national allemand (DNVP) 3 136 760 7,97 en diminution 0,37 52 en augmentation 1
Parti populaire bavarois (BVP) 1 073 552 2,73 en diminution 0,36 19 en diminution 1
Parti populaire allemand (DVP) 432 312 1,10 en diminution 0,76 2 en diminution 9
Service populaire chrétien-social (CSVD) 383 999 0,98 en diminution 0,16 4 en diminution 1
Parti allemand d'État (DStP) 334 242 0,85 en diminution 0,10 5 en augmentation 3
Parti des fermiers allemands (DBP) 114 048 0,29 en diminution 0,13 2 en diminution 1
Ligue agricole (DL) 83 839 0,21 en diminution 0,09 1 en diminution 1
Parti allemand hanovrien (DHP) 47 743 0,12 en diminution 0,06 0 en diminution 1
Autres partis 5 064 0,01 0
Suffrages exprimés 39 343 331 99,21
Votes invalides 311 698 0,79
Total 39 655 029 100 647 en augmentation 63
Abstentions 5 030 735 11,26
Inscrits / participation 44 685 764 88,74

Conséquences

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Dans les zones à l'est de l'Elbe, les nazis obtiennent plus de 50 % des voix. À Berlin et Hambourg, ils en obtiennent moins de 35 %.

En dépit de la forte progression des nazis par rapport aux élections de , ces derniers, avec 43,9 % des suffrages, n'ont pas atteint les 50 % comme Hitler l'avait espéré. En conséquence, celui-ci a été contraint de maintenir sa coalition avec le Parti populaire national allemand pour contrôler la majorité au parlement. En outre, Hitler a besoin d'une majorité des deux tiers pour obtenir le vote de la loi des pleins pouvoirs (une loi lui permettant d'en promulguer d'autres sans consulter le Reichstag), qu'il a acquise après avoir persuadé le Parti du centre de voter en sa faveur. Le projet de loi a été voté le et est datée de sa publication un jour après. Seuls les sociaux-démocrates se sont opposés à la mesure, qui est entrée en vigueur le , en tenant compte du fait que certains députés sociaux-démocrates ont été empêchés de siéger[Comment ?] par les SA.

Les députés communistes, représentant 17 % des effectifs du Reichstag, ont été arrêtés avant le vote sous le prétexte de leur rôle prétendu dans l'incendie du Reichstag. Bien que la loi du 24 mars 1933 ne fût censée être effective que pendant quatre ans, elle a été officiellement prolongée à deux reprises. Le SPD et le KPD ont rapidement été déclarés hors-la-loi entre avril et juin 1933 et l'Allemagne s'est fermement établie comme une dictature avec le parti nazi ou NSDAP comme parti unique à compter du 14 juillet 1933, marquant ainsi l'avènement du Troisième Reich.

Notes et références

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  1. Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Fayard, (ISBN 9782213659091).
  2. Pierre Milza, Les Fascismes, Éditions du Seuil, (ISBN 9782020128636).
  3. Jean-Philippe Mathieu, « L’incendie du Reichstag, « acte de naissance du régime nazi » », l'Humanité,‎ vendredi, 22 février, 2013 (lire en ligne).
  4. Gilbert Badia, Feu au Reichstag, l'acte de naissance du régime Nazi, Éditions sociales, (ISBN 978-2209055197).
  5. « Das Deutsche Reich Reichstagswahl 1933 », sur www.gonschior.de (consulté le )

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