Élections législatives danoises de 2022

Élections législatives danoises de 2022
179 sièges du Folketing
(majorité absolue : 90 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 4 269 048
Votants 3 592 822
84,16 % en diminution 0,4
Blancs et nuls 58 871
Social-démocratie – Mette Frederiksen
Voix 971 995
27,50 %
en augmentation 1,6
Sièges obtenus 50 en augmentation 2
Parti libéral – Jakob Ellemann-Jensen
Voix 470 546
13,32 %
en diminution 10,1
Sièges obtenus 23 en diminution 20
Modérés – Lars Løkke Rasmussen
Voix 327 699
9,27 %
Sièges obtenus 16 en augmentation 16
Parti populaire socialiste – Pia Olsen Dyhr
Voix 293 186
8,30 %
en augmentation 0,6
Sièges obtenus 15 en augmentation 1
Démocrates danois – Inger Støjberg
Voix 286 796
8,12 %
Sièges obtenus 14 en augmentation 14
Alliance libérale – Alex Vanopslagh
Voix 278 656
7,89 %
en augmentation 5,6
Sièges obtenus 14 en augmentation 10
Parti populaire conservateur – Søren Pape Poulsen
Voix 194 820
5,51 %
en diminution 1,1
Sièges obtenus 10 en diminution 2
Liste de l'unité – Direction collective
Voix 181 452
5,13 %
en diminution 1,8
Sièges obtenus 9 en diminution 4
Premier ministre
Sortant Élu
Mette Frederiksen
Social-démocratie
Mette Frederiksen
Social-démocratie

Les élections législatives danoises de 2022 ont lieu le afin de renouveler pour quatre ans les 179 membres du Folketing, le parlement danois.

Initialement prévues pour , les élections sont organisées de manière anticipée en raison du retrait du soutien du Parti social-libéral au gouvernement minoritaire de la Première ministre Mette Frederiksen, dans le cadre de l'« affaire des visons ».

Le parti Social-démocratie de Frederiksen connait ses meilleurs résultats depuis deux décennies, mais le cumul des forces de gauche connait un léger recul l'amenant tout juste au-dessus de la majorité absolue des sièges. Le Parti libéral, principale force d'opposition à droite, connait un net recul dans le contexte d'une scission de son aile centriste, l'ancien Premier ministre Lars Løkke Rasmussen l'ayant quitté pour former les Modérés. Le scrutin voit par ailleurs l'effondrement du Parti populaire danois, confirmant la recomposition de l'extrême droite amorcée lors du précédent scrutin.

Dans la continuité de son discours de campagne, la Première ministre sortante forme un large gouvernement de coalition réunissant Social-démocratie, les Modérés et le Parti libéral.

Contexte modifier

Élections législatives de 2019 modifier

Mette Frederiksen en 2021

Les élections législatives de sont remportées par le principal parti d'opposition, Social-démocratie, qui conserve la première place. Si le Parti libéral du Premier ministre sortant Lars Løkke Rasmussen progresse de la troisième à la seconde place et totalise un quart des sièges, le rapport de force général est renversé au profit des partis de gauche du « Bloc rouge », qui remporte la majorité absolue au Parlement face au « Bloc bleu » des partis de droite[1].

Les élections de 2019 sont par ailleurs marquées par l'effondrement du Parti populaire danois[2]. Celui-ci est ainsi jugé « victime de son succès » du fait de sa « victoire idéologique »[3], ses positions anti-immigrationnistes ayant été adoptées par une large part de la classe politique danoise, menant à un virage à droite sur le sujet par le principal parti de gauche, Social démocratie, et à l'apparition d'une concurrence sur sa droite de la part de La Nouvelle Droite et Ligne dure, des petits partis d’extrême droite aux positions plus extrêmes encore sur l'immigration[4],[5],[6]. La dirigeante de Social-démocratie, Mette Frederiksen, mène ainsi une campagne alignée sur des positions à gauche sur l'économie et à droite sur l'immigration[7],[8]

En position de force à l'issue du scrutin, Mette Frederiksen choisit de ne pas former un gouvernement de coalition, préférant la constitution le d'un gouvernement minoritaire composé uniquement de Social-démocratie, avec le soutien sans participation du Parti social-libéral, du Parti populaire socialiste et de la Liste de l'unité[9].

La défaite du Parti libéral provoque des tensions internes qui finissent par pousser Lars Løkke Rasmussen à démissionner de la présidence du parti fin . L'ancien ministre de l'Environnement, Jakob Ellemann-Jensen, est élu pour lui succéder le en l'absence d'opposants[10]. Par la suite, Løkke Rasmussen fonde son propre parti, les « Modérés »[11]. Le Parti libéral est durement affecté par cette crise interne : dans un sondage Gallup organisé en octobre 2022, il est ainsi donné à 13,2 % d'intentions de vote, soit une chute de dix points de pourcentage, tandis que les Modérés y sont crédités de 6,1 %[12].

Affaire des visons modifier

Vison d'Amérique, l'espèce utilisée pour l'élevage.

Le pays est touché à partir de par la pandémie de Covid-19. Si la bonne gestion de la pandémie par le gouvernement Mette Frederiksen est saluée, celle ci est à l'origine courant 2020 de l'« affaire des visons » qui aboutit fin 2022 à la convocation d'élections anticipées[13].

Confrontée à l'apparition de variants du SARS-CoV-2, la communauté scientifique soupçonne le vison d'être un porteur sain constituant un réservoir épidémiologique pouvant favoriser la propagation à l'Humain de variants résistants aux vaccins. Une telle éventualité rendrait alors inefficace la politique sanitaire mondiale basée sur la vaccination[14],[15]. Cette possibilité est prise très au sérieux par les autorités danoises, le pays constituant alors le premier exportateur mondial de vison. Appliquant le principe de précaution, Mette Frederiksen ordonne en leur abattage complet, soit un total de plus de quinze millions d'animaux[13].

L'affaire des visons éclate deux semaines plus tard, lorsqu'il apparait que le gouvernement ne disposait en fait d'aucune base légale pour imposer cet abattage aux éleveurs. Le ministre de l'Agriculture, Mogens Jensen, présente ses excuses et démissionne le [16],[17]. La Première ministre conserve une bonne popularité, mais ce scandale juridique la poursuit pendant plus d'un an avant d'être remis sur le devant de la scène par le rapport d'une commission parlementaire en . Si cette dernière reconnait que Frederiksen n'a pas délibérément enfreint la loi, son rapport conclut néanmoins à l'absence de justification légale à l’abattage massif en des termes très critiques envers le gouvernement, accusé de s'être « grossièrement trompé » sur cette question. Fragilisée, la Première ministre voit le Parti social-libéral lui retirer son soutien, ce qui permet à l'opposition de disposer de la majorité absolue au Folketing. Devant la perspective de l'adoption d'une motion de censure programmée pour le , elle décide la veille de convoquer des élections anticipées pour le suivant[18],[19],[20].

Poursuite de la recomposition de l’extrême droite modifier

Les résultats en nette baisse du Parti populaire danois (DF) aux législatives se voient confirmés par des échecs répétés aux élections municipales et régionales de 2021. Son président, Kristian Thulesen Dahl, annonce sa démission dans la foulée[21]. Morten Messerschmidt lui succède mais est rapidement contesté au sein de sa propre formation politique en raison d'une affaire judiciaire concernant une éventuelle fraude aux fonds européens, ainsi que pour une centralisation du pouvoir au sein du parti jugée trop importante[21]. Au , le DF est donné à 2,1 % d'intentions de vote dans un sondage[12].

En parallèle, Inger Støjberg fait la Une de l'actualité en décembre 2021 en raison de sa condamnation à 60 jours de prison par un tribunal spécial. En tant que ministre de l'Immigration dans le gouvernement libéral sortant lors de la crise migratoire de 2015, Støjberg avait en effet ordonné la séparation des couples mariés de migrants lorsqu'un des époux a moins de 18 ans, l'âge légal pour se marier au Danemark[22]. Quelques jours plus tard, le Folketing vote la levée de son immunité parlementaire, seuls les députés du Parti populaire danois, de La Nouvelle Droite et quelques députés libéraux s'y opposant[23].

Après avoir purgé sa peine, Støjberg fonde le son propre parti, les Démocrates danois (Æ), qui vise à mettre en place des politiques migratoires plus strictes, combattre l'islamisation du Danemark, maintenir le modèle social danois et protéger les entreprises danoises contre la concurrence internationale et les normes européennes[24]. Le nouveau parti monte rapidement dans les sondages d'intentions de vote — où il est donné à plus de 10 % d'intentions de vote dans trois sondages différents quelques semaines après sa fondation —, et trouve écho au sein du Parlement, où huit députés le rejoignent quelques mois après. Les Démocrates danois acquièrent par ailleurs une représentation dans neuf municipalités[25],[26],[27],[28].

Système électoral modifier

Hémicycle du Folketing au château de Christiansborg.

Le Danemark est doté d'un parlement unicaméral, le Folketing, dont les 179 sièges sont pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal dans le cadre d'un système mixte associant des circonscriptions régionales et une répartition par compensation au niveau national avec seuil électoral de 2 %.

135 sièges sont ainsi répartis dans 10 circonscriptions régionales pour y être pourvus à la proportionnelle avec listes ouvertes selon une version modifiée de la méthode de Sainte-Laguë et à l'aide du quota de Hare. Les électeurs ont la possibilité de voter pour un parti, ou d'effectuer un vote préférentiel directement pour un candidat figurant dans la liste d'un parti. Auquel cas le vote pour le candidat compte pour un vote pour la liste du parti, et lui permet également de faire monter sa place dans celle-ci. Après décompte des suffrages, les sièges sont répartis dans chaque circonscription aux candidats des différents partis dans l'ordre de leur position dans la liste, en prenant compte des votes préférentiels[29]. Les partis peuvent néanmoins forcer une répartition selon l'ordre prédéterminé de leurs listes, en le déclarant au préalable[30].

À ces 135 sièges s'ajoutent 40 autres destinés à lisser un éventuel décalage entre la part des voix des partis et leurs parts de sièges, afin d'atteindre une meilleure représentativité de l'électorat. Les sièges sont ainsi répartis en priorité aux listes ayant recueilli plus de 2 % des suffrages exprimés et dont la part des sièges est inférieure à celle des voix[29]. Enfin, aux 175 sièges élus dans le Danemark proprement dit s'ajoutent deux sièges pour les Îles Féroé et deux autres pour le Groenland[29].

Pour pouvoir participer au scrutin, un nouveau parti doit recueillir le soutien d'un nombre d'électeurs au moins égal à 1/175e du total des votes valides exprimés lors des précédentes élections[31]. En 2022, ce chiffre équivaut ainsi à 20 182 déclarations de soutien. Trois nouveaux partis parviennent à réunir ce montant, et deviennent éligibles aux élections[32].

Forces en présence modifier

Parti politique Positionnement Dirigeant Résultats
en 2019
Social-démocratie
Socialdemokratiet (A)
Centre gauche
Social-démocratie
Mette Frederiksen 25,90 % des voix
47 sièges
Parti libéral
Venstre, Danmarks Liberale Parti (V)
Centre droit
Libéral-conservatisme, libéralisme économique, agrarisme
Jakob Ellemann-Jensen 23,39 % des voix
43 sièges
Parti populaire danois
Dansk Folkeparti (O)
Droite à extrême droite
National-conservatisme, conservatisme social, euroscepticisme
Morten Messerschmidt 8,74 % des voix
16 sièges
Parti social-libéral
Radikale Venstre (B)
Centre à centre gauche
Social-libéralisme, fédéralisme européen, radicalisme
Sofie Carsten Nielsen 8,63 % des voix
16 sièges
Parti populaire socialiste
Socialistisk Folkeparti (F)
Gauche
Socialisme, écologisme, féminisme
Pia Olsen Dyhr 7,71 % des voix
14 sièges
Liste de l'unité
Enhedslisten (Ø)
Gauche à extrême gauche
Socialisme démocratique, euroscepticisme, anticapitalisme
Direction collective 6,94 % des voix
13 sièges
Parti populaire conservateur
Det Konservative Folkeparti (C)
Droite
Conservatisme, conservatisme sociétal
Søren Pape Poulsen 6,62 % des voix
12 sièges
L'Alternative
Alternativet (Å)
Centre gauche
Écologie politique, europhilie
Franciska Rosenkilde 2,95 % des voix
5 sièges
La Nouvelle Droite
Nye Borgerlige (D)
Droite à extrême droite
National-conservatisme, libertarianisme, anti-immigration, anti-islam
Pernille Vermund 2,36 % des voix
4 sièges
Alliance libérale
Liberal Alliance (I)
Centre droit à droite
Libéralisme, libertarianisme
Alex Vanopslagh 2,33 % des voix
4 sièges
Modérés
Moderaterne (M)
Centre à centre droit
Social-libéralisme, fédéralisme européen, libéralisme économique
Lars Løkke Rasmussen Nouveau
Démocrates danois
Danmarksdemokraterne (Æ)
Droite à extrême droite
Nationalisme danois, anti-immigration, euroscepticisme, social-démocratie, protectionnisme, conservatisme sociétal
Inger Støjberg Nouveau
Groenland
Inuit Ataqatigiit
Inuit Ataqatigiit (IA)
Gauche
Indépendantisme, socialisme démocratique
Múte Bourup Egede 34,35 % des voix
1 siège
Siumut
Siumut (S)
Centre gauche
Indépendantisme, social-démocratie
Erik Jensen 30,33 % des voix
1 siège
Les Démocrates
Demokraatit (D)
Centre
Unionisme, social-libéralisme
Jens Frederik Nielsen 11,30 % des voix
0 sièges
Nunatta Qitornai
Nunatta Qitornai (NQ)
Centre gauche
Indépendantisme, décentralisation
Vittus Qujaukitsoq 8,11 % des voix
0 sièges
Partii Naleraq
Partii Naleraq (PN)
Centre
Indépendantisme, populisme
Pele Broberg 7,82 % des voix
0 sièges
Atassut
Atassut (A)
Centre droit
Unionisme, libéral-conservatisme
Aqqalu Jerimiassen 5,49 % des voix
0 sièges
Îles Féroé
Parti de l'union
Sambandsflokkurin (B)
Centre droit
Libéralisme, unionisme danois
Bárður á Steig Nielsen 28,32 % des voix
1 siège
Parti social-démocrate
Javnaðarflokkurin (C)
Centre gauche
Social-démocratie, unionisme danois
Aksel V. Johannesen 25,55 % des voix
1 siège
Parti du peuple
Hin føroyski fólkaflokkurin (A)
Centre droit
Indépendantisme féroïen, libéral-conservatisme
Jørgen Niclasen 23,79 % des voix
0 sièges
République
Tjóðveldi (E)
Centre gauche
Indépendantisme féroïen, socialisme démocratique
Høgni Hoydal 18,60 % des voix
0 sièges

Sondages modifier

Intentions de votes en vue des élections législatives danoises de 2022.
Intentions de votes en vue des élections législatives danoises de 2022.

Campagne modifier

La détérioration du système de santé devient l'un des principaux thèmes de la campagne électorale. Le nombre d’infirmiers des hôpitaux publics a baissé de 6 % entre 2021 et 2022 en raison des conditions de travail difficiles et des salaires peu élevés. Cette situation amène des services entiers des hôpitaux à fermer, conduisant à une forte dégradation de la prise en charge des patients[33].

Les Sociaux-démocrates de la Première ministre sortante font une campagne tournée vers le centre. Ils proposent notamment une taxe carbone sur l’agriculture et une hausse des salaires dans le secteur public. Plus à gauche, le Parti populaire socialiste et la Liste de l'unité insistent en particulier sur la protection de la biodiversité et des mesures pour l’aide à l’enfance et aux plus vulnérables[34].

À droite, le Parti libéral et le Parti populaire conservateur font campagne sur les baisses d’impôts et le renforcement du système de santé. Les Modérés, scission du Parti libéral fondés par l'ancien premier ministre Lars Løkke Rasmussen, veulent notamment réformer le système de soins et les retraites pour s’orienter vers un système par capitalisation[35].

Alors qu'aucun des deux blocs ne semble en mesure d'obtenir une majorité à l'issue des élections, les sociaux-démocrates proposent de créer une large coalition gouvernementale. Conduite par Søren Pape Poulsen (conservateur) et Jakob Ellemann-Jensen (libéral), qui convoitent tous deux le poste de premier ministre, la droite rejete cette idée[35].

Le thème de l'immigration occupe une place centrale dans la campagne, bien qu'il fasse consensus auprès des principaux partis. Tous refusent de faire du pays une terre d'asile et veulent externaliser la procédure d'asile danoise au Rwanda, une politique dénoncée par les associations de défense des droits humains. Le Danemark multiplie depuis plusieurs années les législations visant à compliquer la vie des étrangers, même ceux qui y sont nés, et à rendre la naturalisation difficile. Cette politique rencontre l'opposition du patronat, qui réclame un assouplissement de ces règles face au manque de main d’œuvre dans certains secteurs[34]. Un sondage de la chaîne de télévision TV2 ne donne cependant le thème de l'immigration qu'en cinquième position des préoccupations des électeurs après le système de santé, l’économie, l’environnement et la politique étrangère, et à égalité avec la politique énergétique et l'éducation. Les débats concernent par ailleurs le coût de la vie —  dans le contexte d'une inflation à 11 % —, la détérioration du système de santé et la question énergétique. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, les grands partis défendent également tous une hausse des dépenses militaires[36].

Résultats modifier

Danemark modifier

Résultats des législatives danoises de 2022[37]
Parti Votes % +/- Sièges +/-
Social-démocratie (A) 971 995 27,50 en augmentation 1,60 50 en augmentation 2
Parti libéral (V) 470 546 13,32 en diminution 10,07 23 en diminution 20
Modérés (M) 327 699 9,27 Nv. 16 en augmentation 16
Parti populaire socialiste (F) 293 186 8,30 en augmentation 0,59 15 en augmentation 1
Démocrates danois (Æ) 286 796 8,12 Nv. 14 en augmentation 14
Alliance libérale (I) 278 656 7,89 en augmentation 5,56 14 en augmentation 10
Parti populaire conservateur (C) 194 820 5,51 en diminution 1,11 10 en diminution 2
Liste de l'unité (Ø) 181 452 5,13 en diminution 1,81 9 en diminution 4
Parti social-libéral danois (B) 133 931 3,79 en diminution 4,84 7 en diminution 9
La Nouvelle Droite (D) 129 524 3,67 en augmentation 1,31 6 en augmentation 2
L'Alternative (Å) 117 567 3,33 en augmentation 0,38 6 en augmentation 1
Parti populaire danois (O) 93 428 2,64 en diminution 6,10 5 en diminution 11
Verts Indépendants (Q) 31 787 0,90 Nv. 0 en stagnation
Chrétiens démocrates (K) 18 276 0,52 en diminution 1,21 0 en stagnation
Indépendants 4 288 0,12 en augmentation 0,04 0 en stagnation
Sièges du Groenland 2 en stagnation
Sièges des îles Féroé 2 en stagnation
Votes valides 3 533 951 98,36
Votes blancs 46 272 1,29
Votes nuls 12 599 0,35
Total 3 592 822 100 179 en stagnation
Abstentions 676 226 15,84
Inscrits / participation 4 269 048 84,16

Détaillé modifier

Résultats par blocs (Danemark seulement) modifier

Groenland modifier

Le député de Siumut tout comme celui d'Inuit Ataqatigiit siègent avec le Bloc rouge.

Résultats au Groenland[39]
Parti Votes % +/- Sièges +/-
Siumut (S) 7 424 38,58 en augmentation 8,25 1 en stagnation
Inuit Ataqatigiit (IA) 4 852 25,21 en diminution 9,14 1 en stagnation
Les Démocrates (D) 3 656 19,00 en augmentation 7,70 0 en stagnation
Partii Naleraq (N) 2 416 12,55 en augmentation 4,73 0 en stagnation
Atassut (A) 720 3,74 en diminution 1,75 0 en stagnation
Parti de la Coopération (SA) 176 0,91 en diminution 1,68 0 en stagnation
Votes valides 19 244 97,52
Votes blancs 293 1,48
Votes nuls 197 1,00
Total 19 734 100 2 en stagnation
Abstentions 21 571 52,22
Inscrits / participation 41 305 47,78

Îles Féroé modifier

Le député du Parti de l'union siège avec le Bloc bleu, et le député social-démocrate avec le Bloc rouge.

Résultats aux îles Féroé[40]
Parti Votes % +/- Sièges +/-
Parti de l'union (B) 8 198 30,19 en augmentation 1,87 1 en stagnation
Parti social-démocrate (C) 7 659 28,20 en augmentation 2,65 1 en stagnation
République (E) 4 927 18,14 en diminution 0,46 0 en stagnation
Parti du peuple (A) 4 222 15,55 en diminution 8,24 0 en stagnation
Parti du Centre (H) 1 217 4,48 N/A 0 en stagnation
Progrès (F) 936 3,45 en augmentation 0,99 0 en stagnation
Votes valides 27 159 99,20
Votes blancs 146 0,53
Votes nuls 73 0,27
Total 27 378 100 2 en stagnation
Abstentions 11 009 28,68
Inscrits / participation 38 387 71,32

Total par blocs modifier

Dans le seul Danemark, le Bloc de gauche manque la majorité absolue d'un seul siège (87 sur 175), mais il obtient tout juste cette majorité absolue (90 sur 179) avec les députés élus dans les autres pays constitutifs. En effet, trois des partis féroïens et groenlandais ayant remporté des sièges au Folketing sont des soutiens du Bloc rouge : le Parti social-démocrate féroïen, et les partis Inuit Ataqatigiit et Siumut du Groenland.

Total par blocs
Blocs Sièges +/-
Bloc rouge (A, B, F, Ø, Å, JF, IA, S) 90 en diminution 9
Bloc bleu (V, O, C, D, I, Æ, SF) 73 en diminution 7
Modérés (M) 16 en augmentation 16
Total 179 en stagnation

Cartes modifier

Parti en tête par zones de bureau de vote
Parti en tête par districts des circonscriptions régionales
Sièges par partis par circonscriptions régionales
Parti en tête par zones de bureau de vote aux Îles Féroé

Analyse modifier

La gauche enregistre un recul, mais parvient de justesse à garder la majorité absolue des sièges : grâce à l'apport des sièges du Groenland et des îles Féroé, les forces de gauche totalisent 90 sièges sur 179, soit une majorité d'un seul siège. Au sein de la gauche, le parti Social-démocratie de la Première ministre, Mette Frederiksen, obtient son meilleur résultat depuis vingt ans[41],[42],[43].

À l'opposé, le Parti libéral de Jakob Ellemann-Jensen connait un net recul. Victime de ses conflits internes et de la scission des Modérés de l'ancien Premier ministre Lars Løkke Rasmussen, il perd près de la moitié de ses sièges tandis que les Modérés se hissent à la troisième place pour leur première participation électorale. Ces derniers, qui n'appartiennent à aucun des deux blocs, ne parviennent cependant pas à obtenir la position de faiseur de rois espérée par leur fondateur dans le cas où aucun des deux blocs n'atteignait la majorité absolue. Mette Frederiksen s'étant déclarée favorable tout au long de la campagne à un gouvernement d'union élargi au centre, des négociations sont cependant attendues avec les Modérés, voire une partie du bloc Bleu. Jakob Ellemann-Jensen s'y déclare ouvert, tout en faisant part de son scepticisme[41],[44],[45].

À l'origine de la convocation des élections anticipées, le Parti social-libéral est désavoué par les électeurs et perd plus de la moitié de ses sièges, un résultat qui conduit sa dirigeante Sofie Carsten Nielsen à annoncer au lendemain du scrutin son retrait de la direction du parti. À l'inverse, l'Alliance libérale triple ses sièges et devient l'un des grands gagnants du scrutin[46],[47].

L'extrême-droite se retrouve quant à elle divisée en trois formations. Les Démocrates danois s'établissent comme la principale d'entre elles en arrivant cinquièmes, tandis que La Nouvelle Droite progresse légèrement et que le Parti populaire danois s'effondre, franchissant à peine le seuil électoral lui permettant de conserver des sièges[41].

Conséquences modifier

Chute du gouvernement féroïen modifier

Les propos homophobes du ministre des affaires étrangères des Îles Féroé Jenis av Rana tenues en octobre au cours de la campagne électorale danoise provoquent la tenue d'élections anticipées dans l'archipel. Au cours d'une émission de radio, le ministre déclare en effet ne pas pouvoir soutenir le dirigeant du Parti populaire conservateur, Søren Pape Poulsen, en raison de son homosexualité. Il déclare ainsi que « Le fait de vivre en tant que soi-disant homosexuel est contraire à la loi fondamentale que moi, mon parti et je pense les îles Féroé suivent »[48].

Les propos homophobes du ministre provoquent l'indignation et conduisent l'opposition à appeler au vote d'une motion de censure[49]. Le 8 novembre, le Premier ministre féroïen Bárður á Steig Nielsen réagit en démettant Jenis av Rana de ses fonctions. En réponse, ce dernier annonce le retrait du Parti du centre de la coalition gouvernementale. Face à la perte de sa majorité absolue au Løgting, le Premier ministre entreprends des consultations avec les différents chefs de partis puis, le lendemain 9 novembre, annonce la convocation d'élections anticipées pour le 8 décembre[50],[51].

Formation du gouvernement danois modifier

Comme elle l'avait annoncée, Mette Frederiksen remet sa démission à la reine Marguerite II le 2 novembre, et reçoit dans la foulée le mandat de formatrice royale en vue de la constitution d'un gouvernement de coalition[52],[53],[54].

Les négociations réunissent initialement l'ensemble des partis ayant obtenus des sièges, avant le départ successifs de plusieurs formations. Les Démocrates danois et La Nouvelle Droite quittent ainsi les négociations à la mi novembre, suivis de la Liste de l'unité et de L'Alternative le 23 novembre, puis du Parti populaire conservateur le 3 décembre, et enfin du Parti social-libéral danois le 13 décembre[55],[56],[57]

Le 13 décembre, Frederiksen annonce un accord sur un gouvernement de coalition réunissant son parti Social-démocratie, le Parti Libéral et les Modérés, qu'elle présente à la reine Margrethe II le jour même. C'est la première fois depuis 1978 qu'un gouvernement réunit Social-démocratie et le Parti Libéral. Frederiksen est reconduite au poste de Premier ministre, tandis que Jakob Elleman-Jensen devient ministre de la Défense, Lars Løkke Rasmussen devenant quant à lui ministre des Affaires étrangères[58],[59].

Notes et références modifier

  1. « Les forces de gauche l'emportent aux élections législatives au Danemark », sur www.robert-schuman.eu (consulté le ).
  2. « Une année 2019 décevante pour le Parti populaire danois », sur perspective.usherbrooke.ca (consulté le ).
  3. Au Danemark, la victoire idéologique de l'extrême droite
  4. Danish far-right party calling for Muslim deportation to stand in election
  5. Denmark's Biggest Populist Party Takes a Beating in Latest Poll
  6. The 2019 Danish general election: What you should know about the parties on the right
  7. Elections européennes: le Danemark en ordre de marche
  8. Mette Frederiksen: the anti-immigration left leader set to win power in Denmark
  9. « Le Danemark se dote d’un gouvernement social-démocrate », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  10. (da) « Jakob Ellemann-Jensen er valgt som Venstres nye formand », sur Politiken, (consulté le )
  11. (da) « Lars Løkke: Mit nye parti skal hedde Moderaterne », sur Politiken, (consulté le )
  12. a et b (da) « Måling: Folketingsvalg, Gallup (6. oktober 2022) – Politologi » (consulté le )
  13. a et b « Danemark : élections législatives anticipées sur fond d’une affaire de visons », sur Libération, Libération (consulté le ).
  14. Reporterre, « EXCLUSIF - Les élevages de visons sont-ils la source du Covid en Europe ? », sur reporterre.net, https:reporterre.net (consulté le ).
  15. « Propagation du Sars-CoV-2 en Europe : les visons en questions », sur Libération, Libération (consulté le ).
  16. (da) « Danish Agriculture Minister Resigns Amid Criticism For Ordering Mink Cull », sur NPR.org, (consulté le ).
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