Élections législatives françaises de 1799

Les élections législatives françaises de 1799 ont lieu les 20 et 27 germinal an VII (9 et ). Ce sont les dernières élections sous le Directoire mais également les dernières élections législatives libres avant 1815.

Élections législatives françaises de 1799
500 députés
et
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Votants ?
Montagnards[réf. nécessaire] – Jean Antoine Debry
Voix ?
48,00 %
Députés élus 240 en augmentation 134
Clichyens[réf. nécessaire] – François Barthélemy
Voix ?
30,00 %
Députés élus 150
Royalistes[réf. nécessaire] – Jean-Claude Fabre de l'Aude
Voix ?
16,00 %
Députés élus 80
Extrême-Gauche[réf. nécessaire]
Voix ?
6,00 %
Députés élus 30
Représentation de l'assemblée
Diagramme
  • Extrême-gauche : 30 sièges
  • Montagnards : 240 sièges
  • Clichyens : 150 sièges
  • Royalistes : 80 sièges
Président du Conseil des Cinq-Cents
Sortant Élu
Jean-Pierre Chazal
Clichyens
Lucien Bonaparte
Clichyens

1/3 des sièges du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens doit être pourvue, ainsi que les sièges vacants. L'élection se déroule au suffrage censitaire, conformément à la constitution de l'an III.

Le contexte politique

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Après le coup d'État du 22 floréal an VI (), la minorité jacobine, emmenée par Jean-Antoine Marbot et Jean-Baptiste Jourdan, harcèle le Directoire, avec l'appui ponctuel de députés directoriaux excédés par les empiètements de l'exécutif. L'opposition se renforce quand la situation militaire se détériore. En messidor, ils parviennent à constituer une majorité aux Cinq-Cents pour refuser au Directoire de compléter le tribunal de cassation, même si les Anciens lui votent cette prérogative[1],[2].

Après la perte de l'Italie, le ministre de la Guerre, Barthélemy Louis Joseph Schérer, est accusé d'avoir profité des marchés d'État et traduit devant une commission d'enquête. À cette occasion, Lucien Bonaparte s'affirme comme le chef de file des opposants de gauche, même s'il n'est pas lui-même réellement jacobin[1],[2].

Dans ce contexte, le Directoire n'ose pas organiser le même système de contrôle et de pression qu'en l'an VI. S'il envoie aux commissaires des consignes visant à favoriser l'élection des candidats agréés par le gouvernement, il tente de jouer la carte de l'apaisement et de la continuité. Quand le ministre de l'Intérieur, Nicolas François de Neufchâteau, appelle, dans sa circulaire du 14 ventôse an VII, les possédants à repousser « les assassins portant la pique surmontée de la tête ensanglantée de Féraud » et à « abattre l'hydre à deux têtes, l'infâme royalisme et le vil terrorisme », les Conseils condamnent cette « intervention inadmissible et attentatoire »[1],[2].

L'élection

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Lors des opérations électorales, 27 départements connaissent des scissions, contre 25 en l'an VI[2], et les assemblées sont moins troublées qu'en l'an VI[1]. La participation chute à 11,5 % au niveau national, contre 20 % en 1798[3] ; elle tombe de 30 à 15 % en Alsace. Sur les 79 sortants recommandés par le gouvernement, 43 sont battus. C'est également le cas de 39 des 64 nouveaux candidats officiels. Par ailleurs, sur 44 candidats recommandés par l'un ou l'autre des directeurs, seuls 6 sont élus[1],[2].

Contrairement au 22 floréal an VI, les Conseils valident les assemblées majoritaires (les « assemblées-mères »), dans les départements qui ont connu une scission, sauf dans les Deux-Nèthes (où les élections sont annulées) et dans les Bouches-du-Rhône, où de nombreuses irrégularités avaient été constatées dans les deux assemblées. Les Anciens font traîner les opérations de validation, qui ne sont toujours pas achevées, lors du coup d'État du 18 brumaire[1],[2].

Si cette défaite des directoriaux fait croire abusivement à une victoire des jacobins, les nouveaux élus ayant des opinions très différentes, en dehors de leur opposition du Directoire[1],[2]. Ces élections sont suivies par le coup d'État du 30 prairial an VII ().

Résultats

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Selon l'historien Jean-Clément Martin, aucun groupe ne sort vainqueur des élections : les élus se répartissent à peu près à part égale entre néo-jacobins, anciens robespierristes ou hébertistes[4] ; républicains « révisionnistes », souhaitant changer le régime ; républicains gouvernementaux, partisans du système en place ; et les indéterminés[5]. Cependant, le rapprochement opéré par les révisionnistes vis-à-vis des néo-jacobins donne à ceux-ci un poids déterminant au lendemain de l'élection[5].

Résultats des élections législatives françaises de 1799[réf. nécessaire]
Parti Voix % Sièges +/-
Montagnards 48,00 240 en augmentation 134
Clichyens 25,00 150 Nv.
Royalistes 16,00 80 Nv.
Extrême-Gauche 6,00 30 Nv.
Total 100 500 en augmentation 350

Bibliographie

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  • Jean-René Suratteau et Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, PUF, coll. « Quadrige », , « Coups d'État du directoire (Les) », p. 300-306.
  • Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, , 636 p. (ISBN 978-2-262-02596-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références

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  1. a b c d e f et g Denis Woronoff, La République bourgeoise de Thermidor à Brumaire 1794-1799, Seuil, coll. « Points histoire », , p. 207-208.
  2. a b c d e f et g Jean-René Suratteau (2005), p. 300-306
  3. Michel Biard, Les Lilliputiens de la centralisation : des intendants aux préfets, les hésitations d'un modèle français, Éditions Champ Vallon, , 410 p. (lire en ligne), p. 261.
  4. Martin 2012, p. 552.
  5. a et b Martin 2012, p. 564-565.