Élections parlementaires polonaises de 2005

élections de la diète et du sénat

Les élections législatives polonaises de 2005 (en polonais : Wybory parlamentarne w Polsce w 2005 roku) se tiennent le afin d'élire les 460 députés de la Ve législature de la Diète et 100 sénateurs de la VIe législature du Sénat pour un mandat de quatre ans.

Élections parlementaires polonaises de 2005
460 députés de la Diète
(majorité absolue : 231 sièges)
100 membres du Sénat
(majorité absolue : 51 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 30 229 031
Votants 12 244 903
40,57 % en diminution 5,7
PiS – Jarosław Kaczyński
Voix 3 185 714
26,99 %
en augmentation 17,5
Députés élus 155 en augmentation 111
Sénateurs élus 49 en augmentation 49
PO – Donald Tusk
Voix 2 849 259
24,14 %
en augmentation 11,5
Députés élus 133 en augmentation 68
Sénateurs élus 34 en augmentation 32
SRP – Andrzej Lepper
Voix 1 347 355
11,41 %
en augmentation 1,2
Députés élus 56 en augmentation 3
Sénateurs élus 3 en augmentation 1
SLD – Wojciech Olejniczak
Voix 1 335 257
11,31 %
en diminution 29,7
Députés élus 55 en diminution 161
Sénateurs élus 0 en diminution 75
LPR – Roman Giertych
Voix 940 762
7,97 %
en augmentation 0,1
Députés élus 34 en diminution 4
Sénateurs élus 7 en augmentation 5
PSL – Waldemar Pawlak
Voix 821 656
6,96 %
en diminution 2
Députés élus 25 en diminution 17
Sénateurs élus 2 en diminution 2
Carte électorale
Carte
Ve législature de la Diète
Diagramme
Président du Conseil des ministres
Sortant Élu
Marek Belka
PD
Kazimierz Marcinkiewicz
PiS

Le scrutin a été remporté, à la majorité relative, par le parti conservateur Droit et justice (PiS), et les partis de droite et de centre droit dans l'ensemble.

Contexte

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Le président du Conseil des ministres, Marek Belka.

Lors des élections législatives de 2001, l'Alliance de la gauche démocratique (SLD), formation sociale-démocrate fondée en 1999 sur la base d'une coalition créée en 1991 par d'anciens communistes, avait raté de peu la majorité absolue à la Diète, avec 41 % des voix et 216 députés sur 460. Afin de se placer au pouvoir, elle avait formé une coalition gouvernementale avec le Parti paysan polonais (PSL), plus vieux parti du pays et titulaire de 42 parlementaires, grâce à ses 9 % des voix.

La droite, désormais représentée par la Plate-forme civique (PO) et Droit et justice (PiS), avait totalement chuté par rapport aux 261 élus obtenus, en 1997, par l'Alliance électorale Solidarité (AWS) et l'Union pour la liberté (UW), deux partis totalement discrédités et n'ayant pas atteint les 5 % nécessaires. La PO, deuxième parti du pays, devait se contenter de 12,7 % des suffrages et 65 sièges, tandis que le PiS, arrivé quatrième, rassemblait 9,5 % des voix et 44 élus. En troisième position, l'Autodéfense de la république de Pologne (SRP) réalisait le meilleur résultat pour une formation populiste, avec 10,2 % des voix et 53 députés. Enfin, une formation nettement classée à l'extrême droite, la Ligue des familles polonaises (LPR), avait réussi une forte percée avec 7,9 % des suffrages, soit 38 parlementaires à la Diète.

Investi président du Conseil des ministres le 19 octobre, le social-démocrate Leszek Miller remet sa démission environ deux ans et demi plus tard, le , soit au lendemain de l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne. La SLD, alors frappée par les scandales de corruption, le remplace par Marek Belka, qui n'obtient la confiance des députés que lors de sa seconde tentative.

Les élections européennes du 13 juin 2004 confirment l'effondrement de la SLD, qui n'obtient que 9,4 % des voix, arrivant ainsi en cinquième position, derrière la PO, la LPR, le PiS et la SRP, tandis que la Social-démocratie de Pologne (SDPL), dissidence de l'Alliance dont elle soutient le gouvernement, réussit son entrée au Parlement européen avec 5,3 % des voix. Avec les 6,3 % du PSL, la coalition au pouvoir ne réunit donc que 21 % des suffrages.

Ayant décidé de rejoindre le Parti démocrate (PD), Belka remet sa démission, refusée par le président de la République, Aleksander Kwaśniewski, le .

Forces en présence

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Force politique Idéologie Chef de file Score en 2001
Alliance de la gauche démocratique (SLD)
Sojusz Lewicy Demokratycznej
Centre gauche
Social-démocratie, social-libéralisme, troisième voie
Wojciech Olejniczak 41 % des voix
216 députés
75 sénateurs
Plate-forme civique (PO)
Platforma Obywatelska
Centre droit
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne
Jan Rokita 12,7 % des voix
65 députés
2 sénateurs
Autodéfense de la république de Pologne (SRP)
Samoobrona Rzeczpospolitej Polskiej
Gauche
Étatisme, agrarisme, populisme, nationalisme
Andrzej Lepper 10,2 % des voix
53 députés
2 sénateurs
Droit et justice (PiS)
Prawo i Sprawiedliwość
Droite
Conservatisme, nationalisme, euroscepticisme
Jarosław Kaczyński 9,5 % des voix

44 députés
0 sénateurs
Parti paysan polonais (PSL)
Polskie Stronnictwo Ludowe
Centre droit
Démocratie chrétienne, conservatisme, agrarisme
Waldemar Pawlak 9 % des voix
42 députés
4 sénateurs
Ligue des familles polonaises (LPR)
Liga Polskich Rodzin
Extrême droite
Conservatisme national, social, catholicisme, populisme
Roman Giertych 7,9 % des voix
38 députés
2 sénateurs

Résultats

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Résultats des législatives polonaises de 2005[1]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Droit et justice (PiS) 3 185 714 26,99 en augmentation 17,49 155 en augmentation 111
Plate-forme civique (PO) 2 849 259 24,14 en augmentation 11,46 133 en augmentation 68
Autodéfense de la république de Pologne (SRP) 1 347 355 11,41 en augmentation 1,21 56 en augmentation 3
Alliance de la gauche démocratique (SLD) 1 335 257 11,31 en diminution 29,73 55 en diminution 161
Ligue des familles polonaises (LPR) 940 762 7,97 en augmentation 0,10 34 en diminution 4
Parti paysan polonais (PSL) 821 656 6,96 en diminution 2,02 25 en diminution 17
Social-démocratie de Pologne (SDPL) 459 380 3,89 Nv. 0 en stagnation
Parti démocrate (PD) 289 276 2,45 Nv. 0 en stagnation
Plateforme de Janusz Korwin-Mikke (PJKM) 185 885 1,57 Nv. 0 en stagnation
Mouvement patriotique (RP) 124 038 1,05 Nv. 0 en stagnation
Parti travailliste polonais (PPP) 91 266 0,77 Nv. 0 en stagnation
Minorité allemande (MN) 34 469 0,29 en diminution 0,07 2 en stagnation
Parti national polonais (PPN) 34 127 0,29 Nv. 0 en stagnation
Terre ancestrale (DO) 32 863 0,28 Nv. 0 en stagnation
Autres 73 369 0,62 0
Suffrages exprimés 11 804 676 96,40
Votes nuls 440 227 3,60
Total 12 244 903 100 460 en stagnation
Abstention 17 984 128 59,49
Inscrits/Participation 30 229 031 40,51
Résultats des sénatoriales polonaises de 2005[1]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Droit et justice (PiS) 5 020 704 20,80 N/A 49 en augmentation 49
Plate-forme civique (PO) 4 090 497 16,94 N/A 34 en augmentation 32
Alliance de la gauche démocratique (SLD) 3 114 118 12,90 en diminution 25,84 0 en diminution 75
Ligue des familles polonaises (LPR) 2 990 092 12,39 en augmentation 8,33 7 en augmentation 5
Autodéfense de la république de Pologne (SRP) 2 016 858 8,35 en augmentation 4,06 3 en augmentation 2
Parti paysan polonais (PSL) 1 413 872 5,86 en diminution 7,57 2 en diminution 2
Parti démocrate (PD) 683 799 2,83 Nv. 0 en stagnation
Social-démocratie de Pologne (SDPL) 573 556 2,38 Nv. 0 en stagnation
Plateforme de Janusz Korwin-Mikke (PJKM) 375 037 1,55 Nv. 0 en stagnation
Parti du centre (PC) 246 143 1,02 Nv. 0 en stagnation
Autres 824 723 3,42 0
Indépendants 2 792 572 11,57 en diminution 1,83 5 en augmentation 3
Total des voix 24 141 971 100
Suffrages exprimés 11 812 965 96,52
Votes blancs et nuls 426 054 3,48
Total 12 239 019 100 100 en stagnation
Abstention 17 990 012 59,51
Inscrits/Participation 30 229 031 40,49

Analyse

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Le discrédit qui frappait, depuis 2004, la SLD se traduit dans les urnes, avec un recul de presque trente points. Avec 11,3 % des voix et la quatrième position, la formation connaît le plus mauvais résultat de son histoire. Cet effondrement, similaire à celui connu quatre ans plus tôt par l'Alliance électorale Solidarité (AWS), ne profite pas réellement aux autres forces du centre gauche et du centre, la SDPL et le PD échouant à entrer à la Diète, tandis que le PSL connaît un léger repli.

La victoire revient, en effet, aux forces du centre droit et de la droite, ainsi qu'aux populistes nationalistes, dans une moindre mesure étant donné la progression très modérée, voire le recul, de la SRP et de la LPR. En revanche, le progrès est manifeste pour la PO et surtout pour PiS, qui passe de quatrième à premier parti du pays, tout en devant se contenter d'une majorité relative. Dans l'ensemble, ce scrutin est un échec pour les formations pro-européennes et libérales, les partis nationalistes, conservateurs et étatistes remportant 46,4 % des voix et 235 députés, soit la majorité absolue.

La situation est accentuée au Sénat, où les sièges sont pourvus au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Les sociaux-démocrates, qui avaient les trois quarts des sièges de l'assemblée sortante, en sont totalement évincés, tandis que les conservateurs ratent de deux sièges la majorité absolue. C'est la première fois, depuis les élections sénatoriales libres de 1989, qu'aucun parti de gauche n'est présent à la chambre haute. Là encore, dans l'ensemble, les forces nationalistes s'imposent nettement, avec 59 sénateurs, contre 36 aux formations europhiles.

Conséquences

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Alors que, tout au long de la campagne, Droit et justice et la Plate-forme civique avaient affirmé leur volonté de former un gouvernement de coalition, qui aurait donc disposé d'une forte majorité de 288 députés et 83 sénateurs, les deux formations sont incapables de trouver un accord. PiS choisit alors de former un gouvernement minoritaire et désigne, le 27 septembre, le député Kazimierz Marcinkiewicz, ancien président du groupe à la Diète, comme candidat aux fonctions de président du Conseil des ministres.

Ce dernier est officiellement nommé le 19 octobre par le président de la République, Aleksander Kwaśniewski. Son gouvernement, constitué de membres du parti et d'indépendants, prête serment douze jours plus tard devant le chef de l'État. Le 10 novembre, il remporte le vote de confiance à la Diète par 272 voix contre 187, grâce au soutien de la SRP, de la LPR et du PSL.

Références

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  1. a et b Elections in Europe: A Data Handbook, Dieter Nohlen & Philip Stöver

Voir aussi

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