Élections législatives syriennes de 2024

Les élections législatives syriennes de 2024 ont lieu le afin de renouveler l'intégralité de l'Assemblée du peuple de la Syrie.

Élections législatives syriennes de 2024
Corps électoral et résultats
Inscrits 19 200 325
Votants 7 326 844
38,16 % en augmentation 5
Front national progressiste – Bashar el-Assad
Sièges obtenus 185 en augmentation 8
Indépendants
Sièges obtenus 65 en diminution 8
Premier ministre de Syrie
Sortant
Hussein Arnous
Parti Baas

Tous les partis politiques autorisés sont membres du Front national progressiste et subordonnés à l'autorité du parti Baas du président Bachar el-Assad. A la tête d'un régime dictatorial, ce dernier conserve la mainmise sur le parlement à l'issue d'un scrutin dépourvu de caractère démocratique.

Contexte

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Bachar el-Assad

Comme lors des précédentes élections quatre ans plus tôt, le scrutin intervient dans le sillage de la guerre civile ayant éclatée en 2011, bien que cette dernière soit gelée depuis plusieurs années[1]. Les élections de 2020 avaient vu la victoire attendue des soutiens du président Bachar el-Assad, dans le contexte d'un régime autoritaire où seuls sont autorisés à concourir les partis politiques membres du Front national progressiste, subordonné à l'autorité du parti Baas[2].

Si le système politique syrien reste ainsi cloisonné aux candidats du Parti Baas, une certaine compétition intervient en 2024 au sein de ce dernier. Alors que le régime s'appuie depuis ses origines sur les Alaouites, l'aide apportée au gouvernement par des milices non-alaouites au cours de la guerre civile a conduit à l'entrée de leur dirigeants dans le cercle fermé de l'élite dirigeante. En récompense de leur aide, Bachar el-Assad les autorisent ainsi à participer aux primaires du parti, officiellement pour le « revitaliser » via l'entrée de nouvelles personnalités. Pour la première fois, le président syrien ordonne à ses services de sécurité de ne pas intervenir pour filtrer les primaires, faisant de ces dernières un « baromètre » de l'influence des différentes factions de cette élite élargie[2]. Bachar el-Assad présente également ces changements comme une ouverture envers l'opposition, notamment dans la région de Deraa, dont les forces rebelles se sont rendue aux forces gouvernementales. Le pouvoir peine cependant à convaincre les opposants de participer à un scrutin largement qualifié de non-libre et non-démocratique, dépourvu de l'espoir d'un réel changement[3],[4]. La nouvelle assemblée devrait ainsi avoir pour principale tâche d'amender la Constitution de 2012 afin de permettre au président sortant de se présenter pour un mandat supplémentaire lors de l'élection présidentielle de 2028[5].

Système électoral

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L'Assemblée du peuple est un parlement unicaméral doté de 250 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin de liste majoritaire dans 15 circonscriptions plurinominales. Les électeurs d'une circonscription choisissent une liste fermée de candidats qu'ils ne peuvent modifier parmi celles proposées, et celle remportant le plus de suffrage remporte l'ensemble des sièges en jeu dans la circonscription. Chaque liste est composée d'un minimum de deux tiers de candidats du Parti Baas et pour moitié d'ouvriers et de paysans, de telle sorte que le total de ces derniers soit de 127 sur le total de 250 députés élus[6].

En pratique, le pouvoir exerce une pré-sélection et une censure qui rend impossible tout début de pluralisme. Des comités nommés par une commission dont les membres sont eux-mêmes choisis par le président décident de la validité des candidatures des « ouvriers et paysans », tandis que les partis pouvant concourir à la moitié restante des sièges à pourvoir sont soumis à des lois draconiennes interdisant toute critique du pouvoir sous couvert d'une interdiction de « fragiliser le sentiment national », sous peine d'interdiction du parti. Les petits partis politiques autres que le Parti Baas, tous membres du Front national progressiste, lui sont ainsi tous subordonnés[7].

Résultats

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Résultats nationaux préliminaires[8]
Parti Voix % Sièges +/-
Front national progressiste 185 en augmentation 8
Indépendants 65 en diminution 8
Suffrages exprimés
Votes blancs et invalides
Total 7 326 844 100 250 en stagnation
Abstentions 11 873 481 61,84
Inscrits / participation 19 200 325 38,16

Analyse

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Le Front national progressiste mené par le parti Baas conserve sans surprise sa prédominance sur l'assemblée, en l'absence cette fois encore d'opposition[8]. Le scrutin n'est par ailleurs organisé que sur environ 70 % du territoire du pays, le reste échappant au contrôle du gouvernement du président Bachar el-Assad, tandis que plus de cinq millions de syriens vivent encore en exil à l'étranger. S'il sort théoriquement renforcé avec une progression du nombre de sièges détenus par le parti Baas, le régime échoue de fait dans sa tentative de normalisation et de légitimisation tout en se maintenant par le biais de ses forces de sécurité, une situation qui lui vaut d'être comparé à l'Irak de Saddam Hussein[9],[10].

Notes et références

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  1. « Syrie: treize ans après le début de la guerre, «il n’y a plus d’espoir, il n’y a plus de pays» ».
  2. a et b (en) Khaled Yacoub Oweis, « Syria to elect parliament in July after Assad makes changes in ruling Baath party », sur The National, TheNationalNews, (consulté le ).
  3. (en) publish, « Syrians believe parliamentary elections offer no prospects of change », sur North press agency, NPA.SYR, (consulté le ).
  4. (en) enab10 Ula, « Protesters in As-Suwayda call for boycott of People's Assembly elections », sur Enab Baladi, EnabBaladi.English, (consulté le ).
  5. (en) Holly Dagres, « The Syrian parliamentary elections are coming up. Should anyone care? », sur Atlantic Council, (consulté le ).
  6. Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: REPUBLIQUE ARABE SYRIENNE (Majlis Al-Chaab), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  7. (en) « Assad’s Sham Election », sur www.huffpost.com (consulté le ).
  8. a et b « Syria’s ruling Baath party wins parliamentary vote as expected ».
  9. « Les Syriens appelés à voter pour des élections législatives sans suspense ».
  10. « Législatives en Syrie: le scrutin devrait renforcer le parti Baas du président Bachar el-Assad ».

Voir aussi

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