Élections municipales françaises de 1945

élections en France

Élections municipales françaises de 1945
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Postes à élire 35 838 maires

Les élections municipales se déroulent les et . Ce sont les premières élections depuis la libération de la France et les premières où les femmes peuvent voter.

Ces élections n'ont toutefois pas eu lieu dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle et du territoire de Belfort des combats trop récents ayant empêché la constitution des listes électorales[1]. Elles furent donc reportées aux 23 et en même temps que les cantonales.

Contexte modifier

Alors que la guerre n'est pas encore officiellement terminée (la capitulation allemande du 8 mai 1945 sera signée entre les deux tours), les élections se déroulent dans une situation politico-sociale difficile : la situation économique reste très précaire, les prisonniers de guerre ne sont pas tous revenus et de nombreux règlements de compte émaillent la vie politique locale.

Ces élections constituent le premier test pour la validité des institutions provisoires issues de la Résistance.

Le système électoral en vigueur est le système majoritaire à deux tours, sauf à Paris où les élections ont lieu au système proportionnel. Ce scrutin est marqué également par la participation des femmes, pour la première fois en France. Le , le droit de vote avait été accordé aux femmes en France par le Comité français de la Libération nationale, et confirmé par l’ordonnance du 5 octobre sous le Gouvernement provisoire de la République française. Étant donné l'absence de 2,5 millions de prisonniers de guerre, des déportés, des travailleurs du STO et de l'interdiction aux militaires de carrière de voter, le corps électoral est lors de ce scrutin composé d'un pourcentage de femmes allant jusqu'à 62 % (même si le chiffre de 53 % est aussi cité). Malgré le côté inédit de cette participation des Françaises à un scrutin, il n'y a pas d'émotion médiatique particulière sur ce sujet, en partie en raison des difficultés liées à l'immédiat après-guerre qui préoccupent davantage (retour des camps de déportés et prisonniers, rationnement alimentaire, etc.)[2].

Résultats modifier

Au premier tour, les comités de Libération enregistrent un échec cuisant. Le parti communiste français est bien placé, tandis que les modérés et les radicaux s'effondrent. Enfin, le nouveau mouvement républicain populaire (MRP) fait une percée inattendue.

Au second tour, le MRP - attaqué de toutes parts et rejeté à droite - s'écroule par rapport au premier tour. Il n'obtient que 477 communes, revirement qui permet aux modérés de gagner finalement 15 600 communes et aux radicaux 6 400. À gauche, la SFIO atteint les 4 100 communes et le PCF 2 000.

À droite, l'Alliance démocratique est majoritaire dans 5 499 communes et la Fédération républicaine dans 5 809 communes[3].

À Paris, où les élections ont eu lieu au système proportionnel, le Parti communiste devient le premier parti de la ville avec 27 sièges sur 90, mais reste loin d'obtenir une majorité.

Liste des maires des grandes villes
Ville Appartenance politique
Paris Pas de maire à Paris à l'époque
Lyon Radical
Marseille SFIO
Lille SFIO
Nantes PCF
Bordeaux SFIO
Toulouse SFIO
Montpellier LJR / MRP
Nice SFIO
Strasbourg Radical
Nancy Radical
Le Havre PCF
Toulon PCF
Grenoble SFIO
Saint-Étienne Radical
Dijon CNIP
Metz Droite
Rouen CNIP
Aix-en-Provence SFIO
Nîmes PCF
Perpignan SFIO
Pau Radical
La Rochelle SFIO
Limoges PCF
Clermont-Ferrand SFIO
Villeurbanne PCF
Besançon SFIO
Orléans Radical
Tours SFIO
Angers SFIO
Le Mans SFIO
Rennes Coalition droite-gauche
Brest PCF

L'élection dans les grandes villes modifier

Résultats dans les villes de plus de 70 000 habitants (recensement 1946).

Angers modifier

Il y a eu six listes au premier tour.

Résultats
Liste Tête de liste 1er tour 2d tour
Voix % Voix %
SFIO
Section française de l'internationale ouvrière
Auguste Allonneau Non-présente
Républicaine d’union et d’action municipale
Divers
Union démocratique et antifasciste
Section française de l'internationale ouvrière (PCF)
Louis Imbach[4] Non-présente


Argenteuil modifier

Résultats
Tête de liste Liste 1er tour
Voix
Victor Dupouy Union Républicaine et Antifasciste (PCF-SFIO-MRP) 90%
10%

Arras modifier

Résultats
Tête de liste Liste 1er tour 2d tour
Voix Voix Sièges
PCF 18,5 % 55,4 % 7
Guy Mollet SFIO 32,4 % 12
PRRRS % 6
MRP % 44,5 % 2
Modérés/CNIP % Retiré

Asnières modifier

Résultats
Liste Tête de liste 1er tour 2d tour
Voix % Voix %
MRP
Mouvement républicain populaire
Charles-Louis Froideval


Aubervilliers modifier

Résultats
Tête de liste Liste 1er tour
Voix %
Charles Tillon Union républicaine et antifasciste (PCF-SFIO) 15 274 71,98
Armand Lavie Liste d'action démocratique et sociale (MRP) 5 945 28,01
Inscrits 28 812 100
Abstention 5 641 19,58
Votants 23 171 80,42
Blancs et nuls 1 190 5,14
Exprimés 21 981 94,86

Bordeaux modifier

Résultats
Liste Tête de liste 1er tour 2d tour
Voix % Voix %
Républicaine d’Unité Française
Section française de l'internationale ouvrière (UDSR - Rad - PCF - Alliance démocratique (France))
Fernand Audeguil


Boulogne-Billancourt modifier

Brest modifier

Clermont-Ferrand modifier

Dijon modifier

Évreux modifier

Résultats
Tête de liste Liste 1er tour 2d tour
Voix Voix
Georges Chauvin Union de la Résistance (PRRRS-PCF) 44,7 % %
SFIO 22,2 %
Modérés 29,7 % %

Grenoble modifier

Le Creusot modifier

Résultats
Tête de liste Liste 1er tour
Voix Sièges
Marcel Jacquemin DVG-PCF-SFIO 100 % 27 (17 DVG et Ind, 5 PCF, 5 SFIO)

Lens modifier

Tête de liste Liste 1er tour 2d tour
Voix % Voix %
Communiste
Parti communiste français
Auguste Lecœur

Le Havre modifier

Lille modifier

Le Mans modifier

Résultats
Liste Tête de liste 1er tour 2d tour
Voix % Voix %
SFIO
Section française de l'internationale ouvrière
Henri Lefeuvre[5] 61


Metz modifier

Montpellier modifier

Mulhouse modifier

Nancy modifier

Nantes modifier

Nice modifier

Résultats
Liste Tête de liste 1er tour 2d tour
Voix Voix
Virgile Barel PCF % 42 %
Jacques Cotta Liste républicaine et socialiste (SFIO-PRRS) % 57 %
MRP %
Jean Médecin Radicaux indépendants-Modérés/CNIP 18 % Retiré

Nîmes modifier

Orléans modifier

Paris modifier

Résultats
Liste Résultats
Voix Sièges
PCF 32 % 27
SFIO 11,5 % 12
UDSR 10,59 % 8
PRRRS 4,96 % 6
MRP 15,83 % 14
Modérés/CNIP 23,61 % 23

Perpignan modifier

Rennes modifier

Reims modifier

Roubaix modifier

Rouen modifier

Saint-Brieuc modifier

Résultats
Tête de liste Liste 1er tour
Voix
Charles Royer Union de la Résistance (SFIO-PCF-MRP-DVG) 73,5 %
Modérés/CNIP 26,4 %

Saint-Étienne modifier

Strasbourg modifier

Toulon modifier

Résultats
Liste Tête de liste 1er tour 2d tour
Voix % Voix %
Union Patriotique Républicaine Antifasciste
Parti communiste français
Jean Bartolini ~5 000 19 769 48,72
Socialiste
Section française de l'internationale ouvrière
Joseph Risterucci ~3 000 11 260 27,75
Mouvement Répulicain Populaire
Mouvement républicain populaire
Jean Labrosse 7 539 18,58
Mouvement de Libération Nationale
MLN
Elie Lagier 4 229 10,42
Inscrits 60 365 100,00 60 365 100,00
Abstentions 18 958 31,41
Votants 41 407 68,59
Blancs et nuls 827 2
Exprimés 40 580 98
Source : Archive du Var - Article du journal "La Lberté du Var" du 2 mai 1945

Toulouse modifier

Tourcoing modifier

Résultats
Liste Tête de liste 1er tour 2d tour
Voix % Voix % Sièges
Fernand Lamblin PRRRS-PCF 15 262 37,78 21 751 55,90 37
MRP 12 459 30,84 17 153 44,09
SFIO 6 265 15,51 Retiré
« Entente républicaine et démocratique » (Modérés/CNIP) 5 945 14,72 Retiré
Divers 456 1,12
  • Premier tour : Exprimés : 40 301
  • Second tour : Exprimés : 39 896

Tours modifier

Versailles modifier

Villeurbanne modifier

Notes et références modifier

  1. Les élections n'ont pas lieu non plus dans les communes faisant partie, ou proches, des poches occupées par les Allemands.
  2. Sylvie Chaperon, Les années Beauvoir, 1945-1970, Fayard, 2000, pages 11-16.
  3. Jean Vavasseur-Desperriers, « L’hiver 1945-1946 : les droites en miettes », dans Le moment PRL : Le Parti républicain de la liberté. 1946-1951, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6958-4, DOI 10.4000/books.pur.115688, lire en ligne), p. 15–29
  4. Résistant et prisonnier du camp de Mauthausen, il est cependant déjà décédé mais l'information n'est pas encore arrivée.
  5. Henri Lefeuvre avait été désigné par le préfet à la Libération comme maire alors qu'il est encore déporté en Allemagne. Cependant, en avril 1945, il a été exécuté par des SS avec d'autres prisonniers à Gardelegen, l'information ne parvenant que la semaine suivant les élections.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-Pierre Rioux, La France de la Quatrième République, tome 1, Seuil, Paris, 1980, p.90

Article connexe modifier