Élections régionales de 2023 en Hesse

Élections régionales de 2023 en Hesse
133 sièges du Landtag
(Majorité absolue : 67 sièges)
Type d’élection Élections législatives régionales
Corps électoral et résultats
Inscrits 4 331 942
Votants 2 858 093
65,98 % en diminution 1,3
Votes exprimés 2 812 560
Blancs et nuls 45 533
CDU – Boris Rhein
Voix 972 595
34,58 %
en augmentation 7,6
Députés élus 52 en augmentation 12
AfD – Robert Lambrou (de)
Voix 518 674
18,44 %
en augmentation 5,3
Députés élus 28 en augmentation 9
SPD – Nancy Faeser
Voix 424 487
15,09 %
en diminution 4,7
Députés élus 23 en diminution 6
Grünen – Tarek Al-Wazir
Voix 415 888
14,79 %
en diminution 5
Députés élus 22 en diminution 7
FDP – Stefan Naas
Voix 141 608
5,03 %
en diminution 2,5
Députés élus 8 en diminution 3
Résumé cartographique des résultats
Carte
Ministre-président
Sortant Élu
Boris Rhein
CDU
Boris RheinVoir et modifier les données sur Wikidata
Résultats officielsVoir et modifier les données sur Wikidata

Les élections régionales de 2023 en Hesse (en allemand : Landtagswahl in Hessen 2023) se tiennent le , afin d'élire les 110 députés de la 21e législature du Landtag, pour un mandat de cinq ans.

Le scrutin est une victoire pour l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) qui connaît une nette progression, ainsi que pour l'AfD (AfD), qui se hisse à la deuxième place pour la première fois en Hesse. A l'inverse, le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), l'Alliance 90/Les Verts (Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP) subissent un recul dans ce qui est perçu comme un revers pour la coalition qu'ils forment à eux trois au niveau fédéral.

Fort de la victoire de la CDU, le Ministre-président Boris Rhein décide de mettre fin à la coalition l'unissant aux Verts, et négocie un accord pour un nouveau gouvernement régional avec le SPD.

Contexte modifier

Élections de 2018 modifier

Les élections précédentes en 2018 sont marquées par de très importantes pertes pour la CDU au pouvoir et le SPD, alors premier parti d'opposition mais allié de la CDU au niveau fédéral au sein du Cabinet Merkel IV. Le désaveu des électeurs envers ces deux formations, qui s'ajoute à celui quinze jours plus tôt en Bavière, pousse la chancelière Angela Merkel a annoncer son futur retrait de la vie politique, effectif en 2021[1].

Partenaires de la coalition gouvernementale depuis cinq ans, les Grünen prennent de très peu la deuxième place tandis que l'AfD entre dans le dernier Parlement allemand où elle ne siégeait pas encore. Près de trois mois après la tenue des élections, le ministre-président Volker Bouffier est reconduit à la tête d'une nouvelle coalition noire-verte réunissant CDU et Grünen[2].

Changement de ministre-président modifier

Le , Volker Bouffier annonce, à l'occasion d'une réunion de la fédération de la CDU de Hesse qu'il préside, son intention de démissionner de ses fonctions le suivant. Le président du Landtag, Boris Rhein, fait figure de favori à sa succession, bien que le ministre de l'Éducation, Ralph Alexander Lorz (de), ait fait part dans le passé de sa disponibilité face à un tel cas de figure[3].

Effectivement choisi par la CDU pour prendre la succession de Bouffier, Rhein se soumet au vote d'investiture des députés le , et l'emporte par 74 voix pour et 62 contre, soit cinq voix de plus que le total de la coalition qui le soutient[4].

Mode de scrutin modifier

Le Landtag est constitué de 110 députés (en allemand : Mitglied des Landtags, MdL), élus pour une législature de cinq ans au suffrage universel direct et suivant le scrutin proportionnel de Hare.

Chaque électeur dispose de deux voix : la première (Wahlkreisstimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le Land comptant un total de 55 circonscriptions ; la seconde voix (Landesstimme) lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau du Land.

Lors du dépouillement, l'intégralité des 110 sièges est répartie proportionnellement aux secondes voix entre les partis ayant remporté au moins 5 % des suffrages exprimés au niveau du Land. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci.

Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, il conserve ces mandats supplémentaires et la taille du Landtag est augmentée par des mandats complémentaires distribués aux autres partis pour rétablir une composition proportionnelle aux secondes voix.

Campagne modifier

Lors d'un congrès régional réuni à Melsungen le , le président du groupe parlementaire et coprésident régional de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), Robert Lambrou (de), est investi chef de file électoral par 78 % des voix. La deuxième place de la liste revient à l'autre coprésident, Andreas Lichert (de), ancien membre du courant radical officiellement dissous Der Flügel[5].

Le , le congrès régional du Parti libéral-démocrate (FDP) désigne le porte-parole parlementaire pour l'économie et les transports, Stefan Naas, chef de file électoral. Il recueille 93 % des voix parmi les 300 délégués, rassemblés à Wetzlar. Il annonce vouloir faire de l'économie et l'éducation les axes centraux de son discours, et annonce qu'il ne concentrera pas sa campagne uniquement sur l'obtention de secondes voix. Il est soutenu dans cette stratégie par la présidente régionale du parti et ministre fédérale de l'Éducation, Bettina Stark-Watzinger[6].

Lors d'une réunion à Friedewald le , le comité exécutif et le comité directeur du Parti social-démocrate (SPD) de Hesse investissent, à l'unanimité, la présidente régionale du parti et ministre fédérale de l'Intérieur, Nancy Faeser comme cheffe de file électorale. Celle-ci indique, s'appuyant notamment sur l'exemple de Manfred Kanther en 1995, qu'elle continuera de siéger au gouvernement fédéral en cas de défaite. Elle déclare vouloir axer sa campagne sur les salaires et le développement du secteur industriel[7].

L'Alliance 90/Les Verts (Grünen) réunit le à Wetzlar un congrès pour désigner son chef de file électoral. Les quelque 1 000 délégués choisissent le vice-ministre-président Tarek Al-Wazir, mais celui-ci occupe la deuxième place sur la liste régionale. Les statuts réservant en effet les places impaires à des femmes, la première position est confiée à la ministre de la Science, Angela Dorn (de)[8].

Le comité exécutif régional de Die Linke propose le , à l'unanimité, que la campagne électorale du parti soit conduite par les coprésidents du groupe parlementaire au Landtag, Elisabeth Kula (de) et Jan Schalauske (de)[9]. Le congrès régional, réuni à Flörsheim am Main, ratifie cette proposition le  : Elisabeth Kula obtient 86,4 % des voix pour occuper la première place, écrasant sa concurrente Anja Kerstin Meier Lercher, tandis que Jan Schalauske recueille 85,2 % des suffrages pour la deuxième[10].

Le congrès régional de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) désigne le le ministre-président sortant, Boris Rhein, comme candidat aux élections régionales. Réunis à Darmstadt, les délégués lui accordent leur investiture avec 100 % des suffrages exprimés[11].

Principaux partis et chefs de file modifier

Parti Idéologie Chef de file Résultats de 2018
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
Christlich Demokratische Union Deutschlands
Centre droit
Démocratie chrétienne, libéral-conservatisme
Boris Rhein
(Ministre-président)
27 % des voix
40 députés
Alliance 90/Les Verts
Bündnis 90/Die Grünen
Centre gauche
Écologie politique, progressisme
Tarek Al-Wazir
(Ministre de l'Économie)
19,8 % des voix
29 députés
Parti social-démocrate d'Allemagne
Sozialdemokratische Partei Deutschlands
Centre gauche
Social-démocratie, troisième voie, progressisme
Nancy Faeser
(Ministre fédérale de l'Intérieur)
19,8 % des voix
29 députés
Alternative pour l'Allemagne
Alternative für Deutschland
Droite à extrême droite
Euroscepticisme, national-conservatisme, populisme
Robert Lambrou (de) 13,1 % des voix
19 députés
Parti libéral-démocrate
Freie Demokratische Partei
Centre droit à droite
Libéralisme, libéralisme économique
Stefan Naas 7,5 % des voix
11 députés
Die Linke
La Gauche
Extrême gauche à gauche
Socialisme démocratique, anticapitalisme, populisme
Elisabeth Kula (de) et
Jan Schalauske (de)
6,3 % des voix
9 députés

Sondages modifier

Sondages en vue des élections régionales de 2023 en Hesse[12]
Institut Date CDU SPD Grünen FDP Linke AfD FW
Forschungsgruppe Wahlen 05/10/2023 32 % 17 % 17 % 5 % 3 % 16 % 4 %
INSA 04/10/2023 31 % 16 % 16 % 5 % 4 % 16 % 5 %
Forschungsgruppe Wahlen 29/09/2023 32 % 17 % 17 % 5 % 3 % 16 % 4 %
Infratest dimap 28/09/2023 31 % 16 % 17 % 6 % 4 % 15 % 4 %
Infratest dimap 14/09/2023 31 % 18 % 17 % 5 % 3 % 17 % 3 %
INSA 13/09/2023 29 % 20 % 19 % 6 % 3 % 15 % 4 %
Forschungsgruppe Wahlen 08/09/2023 30 % 19 % 19 % 6 % 3 % 16 %
Forschungsgruppe Wahlen 25/08/2023 31 % 20 % 18 % 6 % 3 % 15 %
INSA 16/06/2023 29 % 22 % 18 % 7 % 4 % 13 % 3 %
INSA 04/05/2023 30 % 21 % 20 % 7 % 4 % 12 % 3 %
Infratest dimap 14/03/2023 32 % 20 % 22 % 5 % 3 % 11 %
Infratest dimap 19/10/2022 27 % 22 % 22 % 6 % 3 % 12 %
INSA 12/04/2022 24 % 24 % 19 % 8 % 5 % 10 % 3 %
Infratest dimap 04/03/2022 27 % 24 % 20 % 9 % 5 % 7 %
INSA 22/10/2021 20 % 26 % 20 % 11 % 5 % 11 % 3 %
Infratest dimap 25/02/2021 32 % 17 % 21 % 7 % 6 % 10 %
Infratest dimap 09/12/2020 34 % 19 % 22 % 7 % 5 % 8 %
INSA 03/11/2020 30 % 18 % 19 % 6 % 9 % 11 %
Infratest dimap 14/05/2020 36 % 18 % 20 % 7 % 4 % 10 %
Infratest dimap 17/02/2020 26 % 16 % 25 % 7 % 8 % 12 %
INSA 24/12/2019 26 % 16 % 23 % 8 % 9 % 13 % 3 %
Infratest dimap 26/04/2019 27 % 19 % 21 % 9 % 6 % 13 %
Dernières élections 28/10/2018 27,0 % 19,8 % 19,8 % 7,5 % 6,3 % 13,1 % 3,0 %

Résultats modifier

Voix et sièges modifier

Résultats préliminaires des élections régionales de 2023 en Hesse[13]
Partis Circonscriptions Liste Total
sièges
+/-
Votes % Sièges +/− Votes % +/− Sièges
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) 997 602 35,55 52 en augmentation 12 972 595 34,58 en augmentation 7,62 0 52 en augmentation 12
Alternative pour l'Allemagne (AfD) 490 828 17,49 0 en stagnation 518 674 18,44 en augmentation 5,30 28 28 en augmentation 9
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) 512 229 18,26 0 en diminution 10 424 487 15,09 en diminution 4,71 23 23 en diminution 6
Alliance 90/Les Verts (Grünen) 397 532 14,17 3 en diminution 2 415 888 14,79 en diminution 4,98 19 22 en diminution 7
Parti libéral-démocrate (FDP) 137 268 4,89 0 en stagnation 141 608 5,03 en diminution 2,46 8 8 en diminution 3
Électeurs libres (FW) 130 987 4,67 0 en stagnation 98 256 3,49 en augmentation 0,53 0 0 en stagnation
Die Linke (Linke) 90 529 3,23 0 en stagnation 86 821 3,09 en diminution 3,20 0 0 en diminution 9
Parti de protection des animaux (Tierschutz) 5 181 0,18 0 en stagnation 43 339 1,54 en augmentation 0,56 0 0 en stagnation
Volt Allemagne (Volt) 13 707 0,49 0 en stagnation 27 576 0,98 Nv 0 0 en stagnation
Die PARTEI (PARTEI) 18 598 0,66 0 en stagnation 23 651 0,84 en augmentation 0,20 0 0 en stagnation
Autres 10 490 0,37 0 en stagnation 57 430 2,04 0 0 en stagnation
Votes valides 2 805 895 98,17 2 812 560 98,41
Votes blancs et nuls 52 198 1,83 45 533 1,59
Total 2 858 093 100 55 en stagnation 2 858 093 100 78 133 en diminution 4
Abstentions 1 473 849 34,02 1 473 849 34,02
Inscrits/Participation 4 331 942 65,98 4 331 942 65,98

Analyse et conséquences modifier

Le scrutin est une victoire pour l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) qui connaît une nette progression, ainsi que pour l'AfD (AfD), qui se hisse à la deuxième place pour la première fois en Hesse. Fort de la victoire de la CDU, le Ministre-président Boris Rhein annonce le 10 novembre mettre fin à la coalition l'unissant aux Verts, et le début de négociations avec le SPD, auxquelles le comité du lander vote son accord à l'unanimité[14],[15].

Le scrutin est une lourde défaite pour les partis composant le cabinet Scholz au niveau fédéral, soit le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), l'Alliance 90/Les Verts (Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP), qui connaissent tous les trois un net recul, le FDP franchissant de justesse le seuil électoral[16]. La défaite de ces partis intervient en parallèle d'une hausse de la popularité de l'AfD (AfD), arrivée deuxième, qui se hisse depuis plusieurs mois en seconde place des sondages d'opinion au niveau fédéral[17],[18],[19].

Notes et références modifier

  1. « Merkel annonce son retrait de la vie politique pour 2021 », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (de) « Neuauflage von Schwarz-Grün wird wahrscheinlicher », Hessenschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (de) « Ministerpräsident Bouffier kündigt Rücktritt an », Der Tagesschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (de) « Rhein zum Ministerpräsidenten von Hessen gewählt », Hessenschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (de) « Eindeutige Wahl und bitterböse Abrechnung bei der AfD », hessenschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (de) « Naas führt FDP in die Landtagswahl », hessenschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (de) « SPD-Landesvorstand nominiert Faeser einstimmig für die Landtagswahl », hessenschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (de) « Grüne nominieren Al-Wazir zum Spitzenkandidaten für Landtagswahl », Deutschlandfunk,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (de) « Kula und Schalauske Spitzenkandidaten für „Die Linke“ », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (de) « Linke in Hessen: Mit Spitzenduo und Ex-Grüner gegen drohendes Landtags-Aus », hessenschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. (de) « Landesparteitag: CDU in Hessen wählt Boris Rhein zum Spitzenkandidaten für Landtagswahl », Die Zeit,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (de) « Sonntagsfrage – Hessen (Wahlumfrage, Wahlumfragen) », sur wahlrecht.de (consulté le ).
  13. (de) « Landesergebnis », sur wahlen.hessen-ltw23.23degrees.eu (consulté le ).
  14. (de) DER SPIEGEL, « Hessen: Wahlsieger Rhein und CDU planen Koalitionsgespräche mit SPD », sur spiegel.de, (consulté le ).
  15. (de) « Polit-Beben in Hessen: SPD einstimmig für Koalitionsverhandlungen mit der CDU », sur fr.de (consulté le ).
  16. « Élections en Bavière et en Hesse : les partis du gouvernement largement battus, la coalition d’Olaf Scholz sanctionnée », sur L'Humanité (consulté le ).
  17. (en) « German voters move further to the right – DW – 10/09/2023 », sur dw.com (consulté le ).
  18. « Allemagne: percée de l'extrême droite lors d'élections régionales, défaite pour la coalition d'Olaf Scholz », sur BFMTV (consulté le ).
  19. elenam, « En Allemagne, l’AfD progresse fortement aux régionales. Le gouvernement Scholz au défi de l’extrême-droite. Une analyse », sur Le Grand Continent, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier