Élise Voïart

auteur d’ouvrages d’éducation et de romans moraux

Élise Petitpain, dite Voïart, née le à Nancy où elle est morte le , est une écrivaine française, traductrice, romancière et auteure d'ouvrages pour la jeunesse.

Élise Voïart
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 79 ans)
NancyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Anne Elisabeth Petitpain
Pseudonyme
Élise PetitpainVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Rédactrice à
Journal des Dames, Journal des Demoiselles, Journal des jeunes personnes (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Parentèle
Amable Tastu (belle-fille)
Marcel Voïart (d) (beau-fils)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Membre de
Genres artistiques
Prononciation

Biographie

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Anne Élisabeth Petitpain est l’aînée d’une fratrie nombreuse. Elle reçoit une éducation rousseauiste et expérimente précocement le rôle d'éducatrice en aidant sa mère à élever ses frères et sœurs, après la mort de son père, organiste à la cathédrale de Nancy, laissant trois enfants en bas âge. Elle apprend l'allemand en secondant son beau-père M. Wouters, manufacturier à Nancy, dans son négoce[1]. En 1807, Antoine Eustache d'Osmond, conçoit la pensée de la faire admettre à la cour de Joséphine, où l’on songeait à créer des dames d'annonce, projet qui n'a pas eu de suite mais pour la dédommager, l'impératrice lui donne, avec une pension de 500 francs, l'espoir d'être admise dame à la maison d’Écouen[2].

Portrait de madame Élise Voïart (1814) par Constance Mayer, (musée des beaux-arts de Nancy).

Élise se destinait à entrer à Écouen, lorsqu'elle rencontre un veuf de trente ans son aîné, Jacques-Philippe Voïart, administrateur des vivres aux Invalides, amateur d'art, déjà père de deux filles dont la future poétesse Amable Tastu. Élisabeth Voïart (v. 1814-1875), qui devient pastelliste, naît de leur union. Les Voïart élisent domicile à Choisy-le-Roi où Élise tient un salon d'esprit libéral fréquenté par Adélaïde-Gillette Dufrénoy, « la Sapho française », le chansonnier Béranger, ou le couple d'artistes Pierre-Paul Prud'hon[3] et Constance Mayer qui réalise un portrait de madame Élise Voïart exposé au musée des Beaux-Arts de Nancy .

Élise Voïart obtient ses premiers succès littéraires sous la Restauration, comme traductrice d'œuvres allemandes et anglaises. Une trentaine de volumes sont ainsi publiés entre 1817 et 1821, des romans sentimentaux d'August Lafontaine pour l'essentiel, qu'elle n'hésite pas à remanier, s'appropriant ainsi l'écriture. Pour Fridolin de Friedrich von Schiller, elle opte au contraire pour une fidélité rigoureuse au texte, seul moyen de rendre « la simplicité touchante et naïve inhérente au caractère et à l'idiome allemand ». Elle s'affranchit de la rime, contribuant ainsi à l'invention du vers libre[4].

Son premier roman historique, La Vierge d'Arduène, dont la toile de fond est le règne d'Auguste, décrit le passage de la Gaule sous la domination romaine. Il s'inscrit dans le mouvement romantique de redécouverte du passé national. Paraissent ensuite des œuvres de commande destinées à l'Encyclopédie des dames (Lettres sur la toilette des dames (1821), Essai sur la danse antique et moderne (1823) puis La Femme et les six amours, primé par l'Académie française.

Elle est associée-libre de la Société linnéenne de Paris dès 1822[5].

Au début des années 1830, Voïart écrit dans la presse éducative et féminine en plein essor, contribuant au Journal des Dames, au Journal des Demoiselles et au Journal des jeunes personnes. Elle soutient Amable Tastu que la faillite de l'imprimerie de son mari contraint à des travaux alimentaires : ensemble, elles collationnent des contes de fées. Désireuse de promouvoir les cultures nationales, elle traduit les Chants populaires des Serviens (1834). Sa notoriété est alors attestée par sa participation à des keepsakes et recueils collectifs tels que le Livre des Cent et un de Pierre-François Ladvocat[6], dans lequel son nom côtoie celui des littérateurs les plus en vue, et par son élection comme membre associé à l'Académie de Stanislas. Elle est la première femme à y être admise. À la même époque époque, les Voïart offrent leur hospitalité à l'auteur de la Marseillaise, Rouget de Lisle[7], âgé et ruiné[8].

Après son veuvage en 1842, Élise Voïart retourne à Nancy où elle compose des romans historiques lorrains qui lui valent d'être considérée comme le « Walter Scott de la Lorraine[9] ». Elle signe aussi une série de romans pour la collection de la Bibliothèque des petits enfants créée par l'éditeur catholique Alfred Mame, en 1845. Dans une littérature enfantine dominée par « une production massive d'histoires morales mièvres et fades »[10], ses récits se distinguent par une observation précise du monde de l'enfance et la mise en scène de personnages féminins autonomes.

Sainte-Beuve a évoqué avec condescendance Élise Voïart comme « une jeune personne, douée du goût et du talent d'écrire, connue par plusieurs agréables ouvrages »[11]. Qui soupçonnerait en la lisant que l'œuvre de Voïart occupe vingt colonnes dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France[12] et surtout l'intérêt littéraire et la charge subversive de ses écrits ? Celle-ci a été d'emblée sous-estimée et rapidement occultée, comme c'est souvent le cas pour les femmes de lettres stigmatisées comme des bas-bleus[13]. Pourtant, Élise Voïart, traductrice inspirée, fine connaisseuse de la littérature allemande, romancière érudite, intellectuelle engagée dans les débats de son temps, est aussi une penseuse de la condition féminine, capable de subvertir les normes imposées aux femmes[14].

Publications partielles

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Traductions

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Notes et références

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  1. Gustave Vapereau, « Élise Voïart », Dictionnaire des contemporains, p. 1086.
  2. Joseph Duplessy, Trésor littéraire des jeunes personnes : choix de morceaux de prose et de poésie, Tours, Alfred Mame, (lire en ligne), p. 393.
  3. Stéphanie Deschamps, « Pierre-Paul Prud’hon (1758-1823) », sur Musée et beaux-arts de Dijon, (consulté le ).
  4. Christine Lombez, La Traduction de la poésie allemande en français dans la première moitié du XIXe siècle, Tübigen, Niermeyer, 2009, p. 119-120.
  5. Marc C. Philippe, « Les associées-libres de la Société linnéenne de Paris (1821-1827) », Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, vol. 89, nos 7-8,‎ , p. 179-195
  6. Élise Voïart, L'Église des Petits Pères à Paris, Paris, le Livre des cent-et-un, Ladvocat, t. VI, p. 157-184.
  7. « Claude Joseph Rouget de Lisle », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  8. Gindre de Mancy, « Madame Élise Voïart », Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1868, p. 307-334.
  9. Académie de Stanislas, Mémoires de l’Académie de Stanislas, t. xxxv, Nancy, Sordoillet et fils, , 329 p. (lire en ligne), clvi.
  10. Mathilde Lévêque, « Élise Voïart, petit écrivain modèle », Cahiers séguriens, t. IX, 2010, p. 64.
  11. Sainte-Beuve, « Madame Tastu. Poésies nouvelles », Revue des deux Mondes, février 1835, p. 356.
  12. « Notice Élise Voïart », sur data.bnf.fr, (consulté le ).
  13. Martine Reid, Des femmes en littérature, Paris, Belin, , 331 p., 22 cm (ISBN 978-2-7011-5566-1, OCLC 789653803, lire en ligne).
  14. Nicole Cadène, Élise Voïart, une femme de lettres romantique, de la lumière à l'ombre.

Bibliographie

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  • Félix Bourquelot, La Littérature française contemporaine, Paris, Delaroque aîné, , p. 581-2.
  • François Le Guennec (dir.) et Nicole Cadène, « Élise Voïart, une femme de lettres romantique, de la Lumière à l’ombre », Femmes des Lumières et de l’ombre. Un premier féminisme (1774-1830), Orléans, Vaillant, vol. Mar 2011,‎ , p. 163-172 (lire en ligne, consulté le ).
  • François Le Guennec, Le Livre des femmes de lettres oubliées, Paris, Mon Petit éditeur, , 250 p. (ISBN 978-2-342-00467-0, lire en ligne), p. 231-234.

Liens externes

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