Élizé de Montagnac
André Joseph Élizé de Montagnac (Pouru-aux-Bois, - Charleville, ) est un industriel et homme politique français.
Élizé de Montagnac | |
Fonctions | |
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Député des Ardennes au Corps législatif | |
– (10 ans, 4 mois et 13 jours) |
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Législature | Corps législatif |
Biographie | |
Nom de naissance | André Joseph Élizé de Montagnac |
Lieu de naissance | Pouru-aux-Bois, France |
Date de décès | |
Lieu de décès | Charleville, France |
Nationalité | Français |
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Il développe et perfectionne la fabrication des draps de Sedan. Il invente notamment une nouvelle étoffe, le velours Montagnac, qui fait connaître son nom dans le monde entier.
Il est successivement membre du conseil municipal de Sedan, conseiller général des Ardennes, puis député des Ardennes.
Biographie
modifierAndré Joseph Élizé de Montagnac est né à Pouru-aux-Bois, dans les Ardennes et le pays sedanais le [1],[Note 1]. Il est issu d’une ancienne famille du Limousin, une famille de tradition militaire. Il est ainsi le fils d'un capitaine de dragons, et le frère d’officiers, dont Lucien de Montagnac, mort en 1845 sur le champ de bataille de Sidi-Brahim[2].
À 18 ans, en 1826, Élizé de Montagnac s'écarte de la carrière des armes, traditionnelle dans sa famille, et se lance dans les affaires en créant une manufacture de textile, au 31 Grand'Rue à Sedan, reprenant à son compte la maison de commerce d'un cousin germain. Il innove sur l'approvisionnement, et sur les procédés de fabrication. Il crée ainsi un apprêt velouté applicable aux étoffes drapées et foulées en 1852, puis un velours de laine en 1855, ayant l'aspect et la douceur des plus beaux velours[3]. Copié malgré le dépôt de brevets, il n'hésite pas à multiplier les procès contre les concurrents se prêtant à des contrefaçons, et il les gagne[4]. En 1858, il rachète une filature à Lamécourt puis acquiert sur la même commune, en 1860, le château[5]. Sur le total de ses deux sites de production, à Sedan et à Lamécourt, il emploie au début des années 1860 plus de 400 ouvriers[6].
Dans la même période, il crée, avec deux autres industriels sedanais, une société spécialisée dans la récupération de déchets de laine, à toutes les étapes de fabrication, pour fabriquer des étoffes à moindre coût[4].
Il se passionne également pour la politique locale et nationale. Membre du conseil municipal de Sedan, rallié au second empire, il est élu député au Corps législatif par la première circonscription des Ardennes, le , en remplacement de Jules François Riché nommé conseiller d'État. Son élection est confortable, puisqu'il reçoit sur son nom 31 217 voix sur 31 578 votants, et 47 738 inscrits, mais il est l'unique candidat, soutenu par l'administration préfectorale. Il est réélu le , puis le . Il devient également membre du conseil général des Ardennes en 1861. Il se retire de la scène politique après l’effondrement du Second empire en 1870[7].
Il se retire également des affaires dans les années 1870, confiant la manufacture de Sedan à son fils et la filature de Lamécourt à son gendre[4]. Les deux entreprises vont progressivement s'engourdir, ne réussissant pas à maintenir un rythme d'innovations et d'investissements adéquat. Vingt ans auparavant, répondant avec Charles Cunin-Gridaine à une enquête industrielle comparant l'industrie textile en France et en Angleterre, Élizé de Montagnac constatait déjà, avec lucidité : « l'industrie se perpétue en Angleterre. En France, elle est viagère. Tandis que les capitaux s'immobilisent dans les établissements anglais en s'y accumulant, en France, ils se divisent par le partage, et le capital vient à manquer ou à être insuffisant. »[8].
Il décède à Charleville le , quelques mois après le décès de son épouse, et est inhumé à Sedan[3].
Distinctions
modifierIl fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1840, puis officier, en 1865[9].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Le prénom se rencontre sous différentes orthographes. Élizé est l'orthographe des deux pièces jointes contenues dans son dossier, en tant que détenteur de la Légion d'honneur, dans la base Léonore. Mais dans les ouvrages citées en bibliographie, par exemple, Bruno Lasseaux a adopté : Élysée de Montagnac. Gérard Gayot l'orthographie Élyzée de Montagnac. Il semble que son père dont c'était un des prénoms également l'ait fait orthographier Élizé pour lui et pour son fils dans l'acte de naissance de son fils.
Références
modifier- Archives départementales des Ardennes, registre d'état-civil de Pouru-au-Bois
- Dorel-Ferré, McKee et Lassaux 2006, p. 49.
- Dorel-Ferré, McKee et Lassaux 2006, p. 50.
- Dorel-Ferré, McKee et Lassaux 2006, p. 51.
- Mabillon 1998, p. 9.
- Dorel-Ferré, McKee et Lassaux 2006, p. 53.
- Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny
- Gayot 1998, p. 471.
- Base Léonore, décret du 30 août 1865.
Voir aussi
modifierBiographie
modifier- Gracia Dorel-Ferré (dir.), Denis McKee (dir.) et Bruno Lassaux, Les patrons du Second Empire : Champagne-Ardenne, Paris/Le Mans, Éditions Picard & Éditions Cénomane (no 8), , 250 p. (ISBN 2-7084-0755-4), « André Joseph Élysée de Montagnac », p. 49-53.
- Gérard Gayot, Les draps de Sedan : 1646-1870, Paris, éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, , 578 p. (ISBN 2-7132-1241-3).
- Jean-Marie Mabillon, « L'industrie à Rubécourt-et-Lamécourt », Terres Ardennaises, no 63, , p. 1-11.
- Pierre Congar, Jean Lecaillon et Jacques Rousseau, Sedan et le pays sedanais, vingt siècles d’histoire, Éditions F.E.R.N., , 577 p..
- « Élizé de Montagnac », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Sources web
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- Ressource relative à la vie publique :
- « Registre d'état-civil de Pouru-au-Bois (l'acte de naissance est dans la vue 38/249 en haut à droite) », sur le site des Archives départementales des Ardennes.