Émile Ollivier (écrivain)

écrivain haïtien

Émile Ollivier, né le à Port-au-Prince et mort le à Montréal, est un écrivain d’origine haitienne. Sa vie est entre le Québec et Haîti, dont il part, où il revient et dont il repart. Il est considéré comme un auteur haïtien discret mais important.

Biographie modifier

Il est né à Port-au-Prince le 19 février 1940[1]. Dernier enfant d'un père avocat des droits de l'homme, qui en a eu onze, tous de mères différentes : il est élevée par sa mère (fille-mère) qui avait chuté, selon l'expression de l'époque[2]. Il était à la fois très important pour cette mère et portant témoignage de sa faute[2].

Émile Ollivier se forme à la sociologie, faisant suite à des études de philosophie à l’École Normale Supérieure d’Haïti et des études de lettres et de psychologie en France[1]. Fréquentant ensuite les cercles littéraires à Port-au-Prince, il milite au sein de l’Union Nationale des Étudiants Haïtiens[1]. En 1964, il est contraint à l’exil, sous le régime de François Duvalier[1]. Après un séjour en France, en 1965 Ollivier et sa femme Marie-José Glémaud s’installent d’abord à Amos en Abitibi, ensuite en 1968 à Montréal[1].

C'est l'époque dite de la révolution tranquille au Québec[1]. Pendant vingt-cinq ans, Ollivier est professeur à l’Université de Montréal dans la Faculté des sciences de l’éducation. Il reste très attentif à la communauté haïtienne immigrée, et actif pour cette communauté[1], tout en se consacrant à l'écriture : il est considéré comme « l'un des auteurs haïtiens contemporains les plus profonds »[2]. Il publie, à partir de 1976 des essais puis des nouvelles[1]. Son premier roman est publié en 1983 en France, par Albin-Michel, Mère-Solitude (inspirée de l'histoire familiale maternelle)[2]. Dès la chute du régime Duvalier, en 1986, il quitte Montréal pour revenir en Haïti. Mais, dit-il, après l'ère Duvalier « J'ai trouvé une société déchirée. La haine flottait dans l'air ». Il renonce[1]. Mille-Eaux, publié en 1999 (en France, chez Gallimard) est un récit autobiographique, consacré à son enfance à Port-au-Prince[1].

Il meurt soudainement le 10 novembre 2002 à Montréal, alors qu’il achève un nouveau roman, La Brûlerie[1], publié en novembre 2004[3]. La première phrase de ce roman est : « Je ressuscite depuis des décennies dans Côte-des-Neiges » (Côte-des-Neiges est un quartier, un ancien village intégré à la ville de Montréal)[3].

Œuvres publiées modifier

Essais modifier

  • 1946/1976: Trente ans de Pouvoir Noir en Haïti. (avec Cary Hector et Claude Moïse) Montréal: Collectif Paroles, 1976.
  • Haïti, quel développement? (avec Charles Manigat et Claude Moïse). Montréal: Collectif Paroles, 1976.
  • Analphabétisme et alphabétisation des immigrants haïtiens à Montréal. Montréal: Librairie de l'Université de Montréal, 1981.
  • Penser l'éducation des adultes, ou fondements philosophiques de l'éducation des adultes. (avec Adèle Chené). Montréal: Guérin, 1983.
  • La Marginalité silencieuse. (avec Maurice Chalom et Louis Toupin). Montréal: CIDHICA, 1991.
  • Repenser Haïti; grandeur et misères d'un mouvement démocratique. (avec Claude Moïse). Montréal: CIDIHCA, 1992.
  • Repérages. Montréal: Leméac, 2001.

Nouvelles modifier

  • Paysage de l'aveugle. Montréal: Pierre Tisseyre, 1977.
  • Regarde, regarde les lions. (avec des photographies de Mohror) Paris: Myriam Solal, 1995.
  • La supplique d'Élie Magnan. Nouvelles d'Amérique (Maryse Condé et Lise Gauvin, éds.). Montréal: Hexagone, 1998: 153–162.
  • Port-au-Prince ma ville aux mille visages. À peine plus qu'un cyclone aux Antilles. (Textes réunis sous la direction de Bernard Magnier). Rochefort: Le temps qu'il fait, 1998: 45–56.
  • Regarde, regarde les lions. (recueil de 15 nouvelles). Paris: Albin Michel, 2001.
  • L'Enquête se poursuit (nouvelle). Montréal: Plume & Encre, 2006.

Romans modifier

  • Mère-Solitude. Paris: Albin Michel, 1983
  • La Discorde aux cent voix. Paris: Albin Michel, 1986
  • Passages. Montréal: l'Hexagone, 1991
  • Les Urnes scellées. Paris: Albin Michel, 1995.
  • Mille Eaux. Paris: Gallimard (Haute Enfance), 1999.
  • La Brûlerie. Montréal: Boréal, 2004

Honneurs modifier

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j et k « Émile Ollivier », sur Île en île
  2. a b c et d Catherine Béradina, « Emile Ollivier », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Caroline Montpetit, « Émile Ollivier - Le déracinement », Le Devoir,‎ (lire en ligne)

Bibliographie modifier

  • Christiane Ndiaye (dir.), Émile Ollivier, revue Études littéraires, vol.34, no 3, été 2002 [lire en ligne]

Liens externes modifier