Othon Friesz

peintre et graveur français (1879-1949)
(Redirigé depuis Émile Othon Friesz)

Achille-Émile Othon Friesz, dit Othon Friesz, né le au Havre et mort le à Paris (6ème)[2], est un peintre et graveur français.

Othon Friesz
Othon Friesz vers 1930.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 69 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Achile-Émile Othon FrieszVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Mouvement
Maîtres
Genre artistique
Influencé par
Distinction
Archives conservées par
Œuvres principales
Portrait de Karin (d), Le Port d'AnversVoir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

modifier

Fils d’un capitaine, Othon Friesz est, avec Georges Braque, Raimond Lecourt, Jules Ausset, René de Saint-Delis et Raoul Dufy, l’élève de Charles Lhuillier à l’École municipale des beaux-arts du Havre[3]. Maximilien Gauthier cite cette évocation de son maître par Othon Friesz : « Lhuillier avait horreur du dessin bâclé, au modelé mou. Quand il dessinait, il usait d'un tortillon, comme un peintre de son pinceau. Il nous apprenait à écarter le détail inutile, à rechercher les traits essentiels, ceux qui forment la synthèse de l'objet à reproduire. Il cherchait sans cesse à faire se dégager la personnalité de ses élèves, seul moyen, estimait-il, d'apprendre la peinture »[4],[5].

Une bourse lui permet d’entrer à l’École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Léon Bonnat en 1897[6], mais il préfère se former en fréquentant le musée du Louvre[7].

D’abord influencé par les impressionnistes[7], puis par Vincent van Gogh et Paul Gauguin[8], quelques-unes de ses toiles sont exposées au Salon d'automne de 1905[9], avec des œuvres d'Henri Matisse, Albert Marquet et Henri Manguin. Les aplats de couleurs éclatantes et la nervosité du dessin donnent la sensation au spectateur de pénétrer dans une « cage aux fauves[4] ». C’est le début du fauvisme, dont il va devenir l’un des représentants[10].

À l’été 1906, il effectue un séjour à Anvers avec Georges Braque, travaillant sur les mêmes sujets[11], puis, l’année suivante, à l’Estaque et La Ciotat, transposant sur leurs toiles la lumière du Midi[12]. De retour à Paris, tandis que Braque élabore avec Pablo Picasso qu’il vient de rencontrer, les fondements du cubisme[13], Friesz poursuit un naturalisme influencé par Cézanne[14] et réalise des paysages, des natures mortes et des marines plus traditionnels, tout en conservant de sa période fauve l’énergie du trait et le goût affirmé pour la couleur et les contrastes forts.

Atelier d'Othon Friesz, rue Notre-Dame-des-Champs à Paris, de 1914 à 1949.

En 1912, il ouvre son premier atelier en Normandie[15] puis, de retour à Paris en 1919, il voyage dans le Jura et en Italie et commence à enseigner le dessin à l'Académie de la Grande Chaumière en 1921[16], et à l'atelier de peinture A de l'Académie scandinave. En 1937, il réalise la décoration du palais de Chaillot avec Raoul Dufy[17].

Outre ses peintures, il produit un grand nombre de dessins, de gravures et de lithographies. Il a eu, entre autres, pour élèves Marcel Parturier, Jacques Bouyssou, Jacques Busse, Gabriel Dauchot, Jean Cortot, Pierre Dejean et Michael Loew (en) à l’Académie de la Grande Chaumière[18].

De 1914 à son décès en 1949, il occupe un atelier au 73, rue Notre-Dame-des-Champs à Paris qui sera repris par Emmanuel Mané-Katz puis Henri Morez. Il joue son propre rôle dans le film Donne-moi tes yeux de Sacha Guitry en 1943.


Pendant l'Occupation, il est vice-président de la section arts plastiques du Groupe Collaboration. En juin 1946, le Comité national d'épuration des artistes peintres, dessinateurs, sculpteurs et graveurs institué par les pouvoirs publics le frappe d'une interdiction professionnelle d'exposer, de vendre et de publier pendant un an à compter, rétroactivement, du 1er septembre 1944[19].

Othon Friesz est inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse (27e division)[20]. Sa tombe est ornée de son portrait en médaillon en bronze par Paul Belmondo. Son épouse est décédée en 1961.

Collections publiques

modifier

Quelques œuvres

modifier

Expositions

modifier

Expositions personnelles

modifier

Expositions collectives

modifier
  • La jeune peinture française, Galerie Manzi-Joyant, Paris, juin-juillet 1920[24].
  • Exposition internationale d'art moderne, palais épiscopal, Genève, décembre 1920 - janvier 1921[25].
  • Trésors du Petit Palais de Genève - De Renoir à Kislong, palais de la Bourse, Chambre de commerce et d'industrie de Marseille, juin-octobre 1990.
  • Les petits maîtres et la Seine-Maritime (1850-1980), jardin des sculptures - château de Bois-Guilbert, juillet-novembre 2020[26].

Réception critique

modifier
  • « La force, l'abondance de Friesz jaillissent de ces toiles heureuses comme le flot d'une source intarissable. Du sujet le plus banal, le plus terre-à-terre, l'artiste sait extraire ce qu'il y a d'épique. On sent que Friesz est parvenu à ce point de maturité où la création artistique lui est aussi naturelle que l'acte de respirer. » - François Fosca[22]
  • « Après 1908, Friesz peint des paysages et des portraits réagissant contre ce qu'il appelait "l'envahissement désordonné de la couleur" : un art plus grave, plus réaliste dans son écriture cézannienne ; puis, après 1920, il inaugure un graphisme baroque et une palette plus lâchée, aux dominantes ocre. » - Gérald Schurr[27]

Élèves

modifier

Notes et références

modifier
  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom FRIESZ Othon (consulté le )
  2. Son acte de décès (n°44) dans les registres de décès du 6ème arrondissement de Paris pour l'année 1949
  3. Gilberte Martin-Méry, Évelyne Baroux, Béatrice Touton, Raoul Dufy 1877-1953 : exposition, Galerie des Beaux-Arts, Bordeaux, 2 mai-1er septembre 1970, Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, 1970, 73 p.
  4. a et b Maximilien Gauthier, Othon Friesz : avec une biographie, une bibliographie et une documentation complète sur le peintre et son œuvre, Genève, Pierre Cailler, 1957, 160 p., p. 140, (OCLC 3569190).
  5. Youngna Kim, The early works of Georges Braque, Raoul Dufy and Othon Friesz : The Le Havre group of fauvist painters, Ohio State University, 1980
  6. Bruno Gaudichon, Joséphine Matamoros, Annette Haudiquet, Othon Friesz : le fauve baroque, 1879-1949 : exposition présentée du 17 février au 20 mai 2007, à Roubaix, à la Piscine-musée d’art et d’industrie André Diligent, du 23 juin au 30 septembre 2007 ; à Céret, au Musée d’art moderne, du 20 octobre 2007 au 27 janvier 2008 ; au Havre, au Musée Malraux, Paris, Gallimard, 2007, 295 p., p. 24, (ISBN 9782070118762).
  7. a et b Maïthé Vallès-Bled, Dufy en Méditerranée, Souyri, Éditions Au fil du temps ; Sète : Musée Paul Valéry, 2010, 211 p., p. 172, (ISBN 9782918298038).
  8. Jean Jacques Lévêque, De l'impressionnisme à l'art moderne, les années de la Belle Epoque: 1890-1914, Courbevoie, ACR Édition, , 728 p. (ISBN 978-2-867-70048-4, lire en ligne), p. 474.
  9. Nathalia Brodskaya, Les Fauves, New York, Parkstone International, 2012, 200 p., p. 125, (ISBN 9781780427843).
  10. Sylvie Douche, Correspondances inédites à des musiciens français : 1914-1918, Paris, L'Harmattan, 2012, 304 p., p. 213, (ISBN 9782296996885).
  11. Isabelle Monod-Fontaine, Braque : œuvres de Georges Braque, 1882-1963, Paris, Centre Georges Pompidou, Musée National d'Art Moderne, 1982, 223 p., p. 18, (ISBN 9782858501489).
  12. Suzanne Pagé, Le Fauvisme ou « l'épreuve du feu » : éruption de la modernité en Europe, Paris, Musée d'art moderne de la ville de Paris, Éditions des musées de la Ville de Paris, 1999, 491 p., p. 18, (ISBN 9782879004631).
  13. Nicole Worms de Romilly, Georges Braque, Jean Laude, Braque, le cubisme : fin 1907-1914, Paris, Maeght, 1982, 308 p., p. 34, (OCLC 9283561).
  14. René Huyghe, Germain Bazin, Histoire de l’art contemporain : la peinture, New York, Arno Press, 1968, 536 p., p. 167, (OCLC 1143644).
  15. Jean Cathelin, Gabrielle Gray, Hommes et cités de Normandie, Paris, Éditions du Sud et A. Michel, 1965, 264 p., p. 227, (OCLC 491376272).
  16. Russell T. Clement, Les Fauves, Westport, Greenwood Publishing Group, 1994, 683 p., p. 561, (ISBN 9780313369551).
  17. Marc Gaillard, Paris, les années folles au temps de Colette, Étrepilly, Presses du village, 2004, 216 p., p. 146, (ISBN 9782914700160).
  18. Adrian M. Darmon, Autour de l’Art Juif, Encyclopédie des peintres, photographes et sculpteurs, Carnot, 2003, p. 258, 336 p.
  19. France-Soir, 27 juin 1946, p.1
  20. Marie-Laure Pierard, Le Cimetière Montparnasse : son histoire, ses promenades, ses secrets, Paris, M. Dansel, 1983, 286 p., p. 220, (ISBN 9782903547103).
  21. Karl Kiersmeier, « La peinture française à Copenhague - La collection Rump », L'Amour de l'Art, n°5, pp. 165
  22. a et b François Fosca, « Chroniques - Othon Friesz, Galerie Georges Bernheim », L'Amour de l'art, n°8, août 1929, p. 302.
  23. François Fosca, « Chroniques - Friesz, Galerie Bernier », L'Amour de l'art, n°7, juillet 1930, p. 309.
  24. J. M., « L'actualité », L'Art et les Artistes, tome I, 1920, p. 351.
  25. René Arcos, « L'exposition internationale de Genève », L'Amour de l'art, 1921, pp. 85-93.
  26. Le jardin des sculptures - château de Bois-Guilbert, Les petits maîtres et la Seine-Maritime (1850-1980), dossier de presse, 2020
  27. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, p. 331.

Annexes

modifier

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :