Ö

graphème de l'alphabet latin

Ö, ou O tréma, est un graphème utilisé dans divers alphabets. Il s'agit de la lettre O diacritée d'un tréma. Dans plusieurs langues, comme en allemand, cette lettre est un o umlaut.

O tréma
Image illustrative de l’article Ö
Graphies
Capitale Ö
Bas de casse ö
Utilisation
Alphabets Allemand, azéri, cakchiquel, carélien, dinka, estonien, finnois, hongrois, islandais, kʼicheʼ, nuer, pemon, ouïghour, suédois, tatar de Crimée, turc, turkmène, wendat
Ordre 19e (turc et turkmène)
20e (tatar de Crimée)
22e (azéri)
26e (hongrois)
27e (carélien et ouïghour)
28e (finnois)
29e (estonien et suédois)
32e (islandais)
Variante de la lettre « O » dans les autres cas.
Phonèmes principaux [œ], [ɶ], [ø], [ɔ], [ʌ]

Histoire

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La lettre Ö (de même que Ü et Ä), est issue d'un changement progressif dans l'écriture de la langue allemande durant le moyen Âge : initialement, elle est écrite oe. Afin de gagner de la place, les moines copistes ajoutent un petit e au-dessus de la lettre O pour indiquer le changement de son (umlaut). Progressivement, ce e s'est transformé en deux points[1].

Utilisation

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Dans la plupart des langues où la lettre Ö est utilisée, elle se prononce /ø/ ou /œ/, soit des sons transcrits ‹ eu › en français[2].

En français, ‹ ö › est uniquement utilisé dans certains mots d’emprunt et n’est pas traditionnellement considéré comme faisant partie de l’alphabet.

Langues germaniques

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Allemand

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Détail du clavier d'une machine à écrire allemande ; sont visibles le Ä, le Ö et le Ü.

En allemand, le o umlaut représente la forme métaphonique du « o » et se prononce [œ] (brève) ou [øː] (longue)[3]. À l'origine, la métaphonie était représentée en écrivant la lettre « e » à la suite du « o » ; ce « e » devint suscrit au « o », puis progressivement simplifié par deux barres et finalement deux points[1].

Dans l'ordre alphabétique allemand, « Ö » n'est pas considérée comme une lettre à part entière : elle est classée avec le O.

Langues scandinaves

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Détail du clavier d'un ordinateur portable scandinave ; le Ö est visible, ainsi les lettres Å, Æ, Ø et Ü.

Dans les alphabets islandais et suédois, la lettre ‹ ö › dérive historiquement du o umlaut allemand. Initialement, cette lettre était écrite oe, puis vers 1500 le E commence à être placé au-dessus du O, jusqu'à devenir deux points (un tréma) au-dessus de la lettre O[4].

En suédois, elle est prononcée [øː] (par exemple, öl), [œ] (kött) ou [ɶ] (dörr). Ö est un mot suédois à part entière et signifie «île »[5]. Le nom de la lettre est Ö (prononcé [øː]). Elle est considérée comme une lettre à part entière et est placée à la fin de l'alphabet, après Z, Å et Ä[4].

En islandais, « Ö » se prononce [ø] et se nomme simplement Ö[6]. Là aussi, il s'agit d'une lettre à part entière placée à la fin de l'alphabet, après Y, Ý, Þ et Æ[7].

Panneau en suédois à Orsa, 2013. : Turistkaféet älvhöjden - öppet

Les expressions islandaise frá A til Ö[8] et suédoise från A till Ö[9], signifiant toutes deux « de A à Ö », sont les équivalents de l'expression française « de A à Z ».

Dans les autres langues scandinaves (danois, norvégien), la lettre Ø est l'équivalent du Ö suédois et islandais[10]. En féroïen, dans les premières orthographes proposées en 1891, une distinction est faite entre Ö et Ø pour refléter la distinction du vieux norrois entre, respectivement, la voyelle u umlaut et la voyelle i umlaut. Cette distinction est abandonnée en 1927, les deux sons ayant fusionné en féroïen[11].

Langues finno-ougriennes

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Détail du clavier d'un ordinateur hongrois ; le Ö est visible, ainsi les lettres Á, É, Ó, Ő, Ú et Ü.
Jobbra hajts. óvatosan közlekedjünk (en hongrois, « tournez à droite, roulez prudemment ») sur un tramway à Budapest en 1941.

En carélien, estonien, finnois, hongrois et võro, la lettre Ö représente le son [ø].

Elle est considérée comme une lettre indépendante et est placée à la fin de l'alphabet en estonien et en finnois, et entre le O et le P en hongrois[12].

Langues nuer-dinka

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Dans les alphabet nuer et dinka, ‹ ö › représente une voyelle mi-ouverte postérieure non arrondie [ʌ].

Langues turques

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La lettre Ö présente sur un clavier Qwerty en Turquie.

Ö est l'une des huit voyelles dans de nombreuses langues turciques (comme le turc)[13]. Dans les années 1920, le Yanalif, un alphabet latin est développé pour écrire les langues turciques parlées en Union Soviétique ; la lettre ö représente le son [ɵ][14]. Le Yanalif est rapidement abandonné au profit de l'alphabet cyrillique ; ce n'est qu'après la chute de l'URSS que ces langues réutilisent un alphabet latin, la plupart du temps basé sur une translittération de leur ancien alphabet cyrillique[14].

En azéri, ouïghour, tatar de Crimée[15], turc et turkmène[16], la lettre Ö représente le son [ø].

Dans les translittérations universitaires des langues turciques depuis l'alphabet cyrillique, la lettre ö y est utilisée pour remplacer la lettre Ө[17].

Langues iroquoiennes

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Dans certaines langues iroquoiennes, le ‹ ö › est utilisé pour reproduire le son d'une des deux voyelles nasalisées, notamment en seneca[18].

Autres langues

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Dans certaines langues océaniennes telles que le rotuman[19] et le vurës[20], ‹ ö › se prononce [ø]. En hiw et en lo-toga, deux langues du Vanuatu, cette lettre est utilisée pour [ɵ][21].

En volapük, ‹ ö › se prononce aussi [ø].

Dans les alphabets des langues mayas cakchiquel et kʼicheʼ, le ‹ ö › représente une voyelle mi-ouverte postérieure arrondie [ɔ].

Représentations informatiques

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Le O tréma peut être représenté avec les caractères Unicode suivants :

forme représentation chaîne
de caractères
point de code description
capitale Ö ÖU+00D6 U+00D6 lettre majuscule latine o tréma
minuscule ö öU+00F6 U+00F6 lettre minuscule latine o tréma
forme représentation chaîne
de caractères
point de code description
capitale OU+004F◌̈U+0308 U+004F
U+0308
lettre majuscule latine o
diacritique tréma
minuscule oU+006F◌̈U+0308 U+006F
U+0308
lettre minuscule latine o
diacritique tréma

Cette lettre peut aussi être représentée dans d’autres codages :

Entités HTML :

  • Capitale Ö : Ö
  • Minuscule ö : ö

Références

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  1. a et b (en) Roger Lass, Old English: A Historical Linguistic Companion, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-45848-1, lire en ligne), p. 66
  2. (en) Bernard Tranel, The Sounds of French: An Introduction, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-58231-2, lire en ligne), p. 6
  3. Gérard Cauquil et François Schanen, Bescherelle - Allemand : la grammaire: Ouvrage de référence sur la grammaire allemande, Hatier, (ISBN 978-2-401-09407-9, lire en ligne), p. 54
  4. a et b (en) Ian Hinchliffe et Philip Holmes, Basic Swedish: A Grammar and Workbook, Routledge, (ISBN 978-1-351-16966-0, lire en ligne), p. 26
  5. (en) Elaine Stratford, Godfrey Baldacchino et Elizabeth McMahon, Rethinking Island Methodologies, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1-5381-6520-1, lire en ligne), p. 44
  6. (en) Kristján Árnason, The Phonology of Icelandic and Faroese, OUP Oxford, (ISBN 978-0-19-922931-4, lire en ligne), p. 57
  7. (en) Daisy L. Neijmann, Icelandic: An Essential Grammar, Routledge, (ISBN 978-1-317-55082-2, lire en ligne), p. 22
  8. (en) « Everything you ever wanted to know about being queer », sur GayIceland, (consulté le ) : « Hinsegin frá A til Ö (loosely translated as: Queer from a to z) is a new website that‘s about to be launched »
  9. (en) Benjamin Maximilian Eisenhauer, The Great Dictionary Swedish - English: 60.000 Entries, Benjamin Maximilian Eisenhauer (lire en ligne), p. 1120
  10. (en) Bernard Comrie, The Major Languages of Western Europe, Routledge, (ISBN 978-1-136-89775-7, lire en ligne)
  11. (en) Ana Deumert et Wim Vandenbussche, Germanic Standardizations: Past to Present, John Benjamins Publishing, (ISBN 978-90-272-1856-8, lire en ligne), p. 187
  12. (en) Alan Cruttenden, Writing Systems and Phonetics, Routledge, (ISBN 978-1-000-33404-3, lire en ligne), p. 44
  13. (en) Lars Johanson et Éva Á Csató, The Turkic Languages, Routledge, (ISBN 978-1-136-82534-7, lire en ligne), p. 50
  14. a et b (en) Lars Johanson, Turkic, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-009-03821-8, lire en ligne), p. 502-504
  15. (ru) Imre Baski, Crimean Tatar Folktales: As Collected by Ignác Kúnos (1860-1945), Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-3-11-144289-1, lire en ligne), p. 11
  16. Philippe-Schmerka Blacher, Parlons turkmène: Langue et culture, Harmattan, (ISBN 978-2-7475-2683-8, lire en ligne), p. 22
  17. (en) Martine Robbeets et Alexander Savelyev, The Oxford Guide to the Transeurasian Languages, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-880462-8, lire en ligne), p. 371
  18. (en) Darya Kavitskaya et Alan C. L. Yu, The Life Cycle of Language: Past, Present, and Future, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-284581-8, lire en ligne), p. 319
  19. (en) Marit Kana Vamarasi, Rotuman, LINCOM Europa, (ISBN 978-3-89586-303-5, lire en ligne)
  20. (en) Catriona Malau, A Grammar of Vurës, Vanuatu, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-1-5015-0364-1, lire en ligne), p. 47
  21. (en) Isabelle Bril, Clause Linking and Clause Hierarchy: Syntax and Pragmatics, John Benjamins Publishing, (ISBN 978-90-272-0588-9, lire en ligne)

Annexes

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