La 5e armée de chars de la Garde (en russe : 5-я гвардейская танковая армия, parfois traduit « 5e armée de tanks de la Garde ») est une grande unité blindée de la Garde soviétique qui combattit lors de nombreux affrontements militaires durant la Grande Guerre patriotique, ou Seconde Guerre mondiale.

5e armée de chars de la Garde
Image illustrative de l’article 5e armée de chars de la Garde
L'insigne de la Garde soviétique (modèle 1942).

Création
Dissolution 1992
Pays Drapeau de l'URSS Union soviétique
Drapeau de la Biélorussie Biélorussie
Allégeance Armée rouge,
Armée soviétique,
puis Armée biélorusse
Branche Armée de terre
Type troupes blindées et mécanisées
Rôle exploitation dans la profondeur
Ancienne dénomination 5e armée mécanisée (1948-1957)
Surnom « La Garde d'acier »
Guerres Seconde Guerre mondiale
Batailles bataille de Prokhorovka,
bataille de Tcherkassy,
opération Bagration,
offensive de Vilnius,
offensive de la Baltique,
bataille de Memel,
encerclement d'Heiligenbeil
Commandant Pavel Rotmistrov
Vassili Volsky (ru)

Historique

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Formation

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La 5e armée de chars de la Garde est formée le sur ordre de la Stavka du , avec le 3e corps de chars de la Garde, le 29e corps de chars, le 5e corps mécanisé de la Garde et le 994e régiment de bombardiers légers[1]. Son organisation militaire varia à travers son histoire, mais en général elle fut composée de deux corps blindés et d'un corps mécanisé. Le , le lieutenant-général Pavel Rotmistrov est nommé commandant de l'armée de chars[2].

Cette armée de chars était considérée comme une formation d'élite. Selon la doctrine militaire des opérations en profondeur prônée par l'Armée rouge (théorisée par Triandafillov et Toukhatchevski), une armée de chars (Танковая армия, abrégée en TA) est destinée à être engagée après une percée effectuée par une autre armée combinée (composée d'infanterie largement soutenue par des divisions d'artillerie et des brigades de tanks d'accompagnement) ; le rôle de l'armée de chars étaient de servir d'« échelon de frappe opérative » en s'enfonçant le plus loin possible en territoire adverse (jusqu'à 150 à 400 km), si possible ses corps d'armée avançant en parallèle, pour déstructurer tout le système ennemi[3]. Les deux (3e et 5e dès mai-) puis six armées de chars furent les fers de lance des principales offensives soviétiques de la seconde partie de la Grande Guerre patriotique.

1943 : Koursk

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En 1943, la 5e armée de chars joua un rôle significatif lors de la bataille de Koursk, étant l'une des formations engagées dans la contre-attaque de Prokhorovka. Initialement subordonnée au front de la steppe (qui sert de réserve en prévision de la contre-offensive soviétique), la 5e armée est transférée au front de Voronej qui n'arrive pas à repousser les attaques allemandes ; en plus de ses trois corps d'armée (10e corps de chars, 2e corps de chars et 5e corps mécanisé de la Garde), l'armée est renforcées avec deux corps des réserves du front : les 18e et 29e corps de chars, lui donnant une force totale d'environ 850 blindés. Malgré cela, ses assauts frontaux le furent tous repoussés avec de très lourdes pertes : le 13, seuls 150 à 200 chars étaient encore opérationnels[4].

L'armée, partiellement remise sur pied, est engagée en août 1943 dans la quatrième bataille de Kharkov (opération Roumiantsev), s'y faisant de nouveau étriller et perdant 420 de ses chars[5].

1944 : Bagration

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En , l'armée prit part à l'offensive de Kirovograd, puis en février à la réduction de la poche de Korsoun-Tcherkassy. Au printemps 1944, elle est engagée dans l'offensive Ouman-Botoșani (Umansky-Botoshansky, du au , dans le cadre de l'offensive Dniepr-Carpates).

En préparation de la reconquête de la Biélorussie, la 5e armée de chars de la Garde est retirée d'Ukraine le pour retourner dans la réserve de la Stavka. Début , elle est recomplétée en véhicules et en personnel dans les forêts au nord de Smolensk. Elle est alors composée du 3e corps de chars de la Garde (ex 7e corps de chars avant la fin 1942, équipé de M4A2)[6], du 29e corps de chars de la Garde et d'une brigade mécanisée, soit environ 450 blindés et 3 000 fantassins. Elle est intégrée au troisième front biélorusse d'Ivan Tcherniakhovski, cachée à partir du à 30 km de la ligne de front, entre Liozno et Roudnia[7].

Le est déclenchée l'opération Bagration. Le troisième front biélorusse est chargé de l'offensive Vitebsk-Orcha, comprenant une attaque sur l'axe de la route Moscou-Minsk (défendue par la 78e division d’assaut allemande), sur 15 km de large (sur la rive droite du Dniepr) par la 11e armée de la Garde, renforcée par des brigades d’artillerie, par le 2e corps de chars de la Garde Tatinskaïa et par deux régiments d’IS-2[8]. Le , le 2e corps de chars de la Garde est engagé plus au nord, par Boguchevsk, dans le secteur de l'armée voisine, et perce jusqu’à Tolotchine, coupant la route à l'ouest d'Orcha ; l’armée de chars est enfin introduite, avec plusieurs jours de retard sur les prévisions ; mais seulement 120 km sont parcourus en trois jours, à la même vitesse que les armées voisines, subissant des attaques par Heinkel 177[9]. Le 28, Rotmistrov reçoit la remontrance suivante : « La Stavka est mécontente de l’action lente et indécise de la 5e armée de chars de la Garde et considère que le camarade Rotmistrov exerce mal son commandement. La Stavka exige des actions décisives qui correspondent à la situation du front[10]. » Le , le 29e corps arrive à Studenka (où la Grande Armée a franchi la Bérézina en 1812), tandis que le 3e corps est à Lochniza (à l’est de Borissov, sur la route)[10]. L'armée est alors arrêtée par le « groupe von Saucken » (la 5e Panzer, le 505e bataillon de Tigre et des détachements de police SS) ; Saucken, encerclé par le nord et le sud, repasse la Bérézina le 30, faisant sauter les ponts de Borissov, ville reprise par les Soviétiques le à l’aube[11].

Le , La 5e armée de chars de la Garde passe au nord-est de Minsk, bouclant l'encerclement des restes de la 4e armée allemande[12] ; puis les 4 et 5, elle passe au nord de la forêt de Naliboki et est freinée dans des combats autour de Molodetchno[13]. L'armée y perd 295 blindés en une semaine contre le 39e panzerkorps (ex groupe von Saucken)[14],[15].

La formation fut ensuite employée dans l'opération visant à libérer Vilnius. Le , l'armée est engagée au sud de Vilnius[16], mais dès le 8, elle doit encaisser des contre-attaques allemandes. Le 10, la percée est acquise, l’armée fonce sur Alytus sur le Niémen et établit une tête de pont. Le 15, l'armée est retirée du front : elle est trop diminuée, tandis que la logistique est déficiente. Le 19, l'armée est engagée une nouvelle fois près de Kaunas[17], avec peu d'efficacité. La lenteur et les lourdes pertes subies amènent à relever Rotmistrov de ses fonctions le , remplacé par le lieutenant-général Mikhaïl Solomatine (ru) (Михаил Дмитриевич Соломатин), puis dès le par le lieutenant-général Vassili Volsky (ru) (Василий Тимофеевич Вольский)[2].

1944 : Baltique

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À la fin de l'année 1944, la 5e armée de chars de la Garde fut engagée contre la 3. Panzerarmee dans le cadre de l'offensive de la Baltique, et repoussa les forces allemandes, les forçant à se replier dans une poche de résistance à Memel. Ensuite, elle se déplaça vers le sud et prit part à l'offensive de Prusse-Orientale en étant intégrée au 2e front biélorusse alors sous le commandement de Constantin Rokossovski ; elle continua son offensive à partir de la ville d'Elbing, ce qui isola avec succès les forces de la Wehrmacht du reste de son armée en province de Prusse-Orientale, dans une poche désormais connue sous le nom de poche d'Heiligenbeil.

Guerre froide

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Après la guerre, Pavel Rotmistrov écrivit ses mémoires et l'histoire de cette unité que fut la 5e armée de chars de la Garde à travers l'ouvrage La Garde d'acier[18].

L'armée est renommée 5e armée mécanisée le [19]. Elle est composée de quatre divisions : la 8e division de chars de la Garde (ru), la 29e division de chars (en), la 12e division mécanisée et la 15e division mécanisée de la Garde (ru)[20]. Le , l'armée est réduite à la taille d'une division et prend le nom de 5e division cadre de chars de la Garde. Ses quatre divisions deviennent des régiments[19].

La 5e armée mécanisée de la Garde est recréée le , ainsi que ses quatre divisions constitutives[19]. La 15e division mécanisée de la Garde quitte la division au début des années 1950 et est remplacée par le 22e division mécanisée (en)[21].

Elle reprend son nom de 5e armée de chars de la Garde le [19]. La 22e division mécanisée est renommée 3e division de chars et la 12e division mécanisée 5e division de chars lourds. Cette dernière est dissoute en 1960 et la 3e division de chars est renommée 193e division de chars en 1965[21].

Par décret du Præsidium du Soviet suprême de l'Union soviétique du , l'armée a reçu l'ordre de la Bannière rouge[22]. De la fin de la guerre à la dislocation de l'Union soviétique en 1991, la 5e armée de chars de la Garde stationna au sein du district militaire biélorusse, avec son état-major à Bobrouisk (Babrouïsk en biélorusse).

La Biélorussie se proclamant indépendante le , les unités soviétiques présentes sur son territoire forment les forces armées biélorusses. En , la 5e armée de la Bannière rouge de la Garde est réduite à la taille d'un corps d'armée, le 5e corps d'armée de la Garde[19], intégré à la 5e armée de la Garde (elle-même dissoute plus tard).

Références

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  1. (en) David Glantz, Marc J. Rikmenspoel, Scott R. McMichael, Hugh Foster, Steven Myers, Uri Khonko, Natalya Khonko et Keith E. Bonn (dir.), Slaughterhouse : The Handbook of the Eastern Front, Bedford, The Aberjona Press, (ISBN 0-9717650-9-X), p. 334.
  2. a et b (ru) « 5-я гвардейская танковая армия », sur tankfront.ru.
  3. Jean Lopez, « Armée de tanks soviétique : l'autre solution », dans Infographie de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-06825-7), p. 56-59.
  4. (en) David Porter, Order of Battle : the Red Army in World War II, Londres, Amber Books, , 192 p. (ISBN 978-1-906626-53-2), p. 112-114.
  5. Porter 2009, p. 115.
  6. (en) Claude Gillono et Leife Hulbert (ill. Dennis Oliver), Comrade Emcha : Red Army Shermans of WW2, Keiraville, The Oliver Publishing Group, coll. « Firefly collection », (ISBN 978-0-9806593-7-5), p. 23.
  7. Jean Lopez, Opération Bagration : La revanche de Staline (été 1944), Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 110), , 409 p. (ISBN 978-2-7178-6675-9), p. 136.
  8. Lopez 2014, p. 135-136.
  9. Lopez 2014, p. 205.
  10. a et b Lopez 2014, p. 206.
  11. Lopez 2014, p. 225-226.
  12. Lopez 2014, p. 232-233.
  13. Lopez 2014, p. 255-258.
  14. (en) David Porter, Order of Battle : the Red Army in World War II, Londres, Amber Books, , 192 p. (ISBN 978-1-906626-53-2), p. 135.
  15. (de) Anton D. Plato, 5.Panzer-Division 1938-1945, Reutlingen Preußischer Militär-Verlag, (ISBN 978-3-927292-20-8), p. 343-348.
  16. Lopez 2014, p. 271.
  17. Lopez 2014, p. 280.
  18. (ru) Pavel Rotmistrov, Стальная гвардия [« La Garde d'acier »], Moscou, Вече,‎ , 381 p. (ISBN 978-5-4444-3047-7).
  19. a b c d et e Feskov et al. 2013, p. 455.
  20. Feskov et al. 2013, p. 451.
  21. a et b Feskov et al. 2013, p. 456.
  22. (ru) « 5‑я гвардейская танковая армия: славная страница нашей истории », sur bobruisk.ru,‎ .

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (ru) Владимир Оттович Дайнес [Vladimir Daĭnes], Советские танковые армии в бою [« Les armées de chars soviétiques dans la bataille »], Moscou, Яуза/Эксмо,‎ , 797 p. (ISBN 978-5-699-41329-4).
  • (en) David Porter, Fifth Guards Tank Army at Kursk : 12 July 1943, Londres, Amber Books, , 192 p. (ISBN 978-1-907446-61-0).
  • (ru) V.I. Feskov, V.I. Golikov, K.A. Kalachnikov et S.A. Slouguine, Вооруженные силы СССР после Второй Мировой войны: от Красной Армии к Советской [« Les forces armées de l'URSS après la Seconde Guerre mondiale : de l'Armée rouge à l'Armée soviétique »], Tomsk, Издательство научно-технической литературы,‎ (ISBN 9785895035306, lire en ligne).

Lien externe

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Articles connexes

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