Aït Touzine
Aït Touzine ou Beni Touzine (en amazighe : ⴰⵢⵜ ⵜⵓⵣⵉⵏ, en arabe: بني توزين) est une tribu berbère rifaine zénète localisée au nord-est du Maroc, dans le Rif oriental et central.
ⴰⵢⵜ ⵜⵓⵣⵉⵏ
بني توزين
Nom arabe |
Beni Touzine |
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Nom berbère |
Ayt Tuẓin |
Échelon |
tribu |
Région principale | |
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Région secondaire | |
Province principale | |
Autre province | |
Territoire |
Fait partie du groupe tribal | |
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Nombre de fractions |
5 |
Fractions |
• Aït Akki • Aït Beräiez • Aït Tsaft • Aït Taaban • Igharbiyen |
Langue principale |
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Implantation géographique
modifierLa zone des Aït Touzine est principalement constituée de montagnes et de plaines. L'intérieur se compose de montagnes vierges, les plaines peuvent être trouvées autour de la ville Midar, Ijarmaouas près du barrage Mohammed Ben Abdelkrim El Khattabi.
Ces tribus riveraines des Aït Touzine sont Aït Ouriaghel (à l'Ouest), Ibdarsen (à l'Est), Tafersit (au nord-est), Temsamane (au Nord) et Igzenayen (au Sud-Central et Sud-Ouest).
Sa région est connue pour ses belles plaines (du côté de Kassita et autour du barrage Mohamed El Khattabi) et pour ses belles montagnes vierge. Les principales villes du Cercle Aït Touzine sont le chef-lieu Midar (18 000 habitants), Kassita (2 800 habitants) et Azlaf (4 919 habitants).
Avec l'urbanisation, les Aït Touzine frontalier d'autres tribus comme les Aït Ouriaghel ou les Ibdarsen (Mtalsa) se sont installés à Beni Bouayach, Imzouren, Driouch voire Nador et ses alentours.
D'autres ont immigrés en Europe principalement en Espagne, en France, en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas et d'autres ont immigrés dans des grandes villes marocaines comme Tanger, Tétouan et leurs alentours ou plus rarement Fès et Meknès afin de trouver du travail.
Aujourd'hui, on estime que plus de la moitié des rifains vivent en Europe ou dans des grandes villes marocaines frontalière du Rif. Ce qui explique cette massive immigration est le fait que le Rif est la région la moins développée du Maroc, ce problème de développement est également expliqué par le fait que la région du Rif est enclavé par ses chaînes de montagnes ce qui rend difficile la construction d'infrastructures routière importantes comme les autoroutes.
Histoire
modifierAu début du XIIIe siècle, les Mérinides, berbères zénètes qui nomadisaient entre Figuig et Sijilmassa[1], s'installèrent dans le nord-est du Maroc. Selon Ibn Khaldoun, le chef mérinide Abd al-Haqq Ier épousa une femme de la tribu Tafersit, mais selon Luis del Marmol Carvajal, elle était de la tribu Ait Touzine. Cette femme rifaine est devenue la mère du sultan mérinide Abu Yusuf Yaqub ibn Abd al-Haqq, ce qui permit aux Ait Touzine, apparentés au sultan, de ne avoir à payer d'impôts ni de tribut, enrichissant d'autant, par opportunité, la tribu berbère.
Les Mérinides / Ait Mrin (dynastie ayant régné sur le Maroc et une grande partie du Maghreb de 1269 à 1465) traitaient « fort-bien » les tribus rifaines Touzine et Igzenayen « parce qu'ils étaient comme eux Zénètes ». Le fief des Mérinides est le Rif oriental[2].
La première fois que l'on a pu noter le nom de la tribu Abd al-Haqq al-Badisi (en) dans un écrit, hors de la tradition orale, relève d'un passage du texte d'Al-Badisi, publié en 1311, dans son texte Al-Maqsad al-sharif wa-al-manza al-latif fi tarif bi sulaha al-rif.
Léon l'Africain explique dans son ouvrage, Description de l'Afrique, commandé par le Pape Léon X, que les Aït Touzine étaient une tribu installée dans une région assez prospère, où les habitants travaillaient leur terre en toute liberté. De plus, l'un des conseillers du roi était un savant d'Aït Touzin, apportant à la tribu une visibilité et une protection royale.
XXe siècle (Guerre du Rif)
modifierLes membres de la tribu Ait Touzine ont joué un rôle important pendant la guerre du Rif dans les années 1920. Ils ont combattu les espagnols aux côtés des Iqer'iyen ,Aït Ouriaghel, Aït Tafersit, Aït Oulichek, Ibaqouyen et les Aït Temsamane, notamment lors de la bataille d'Anoual.
Une alliance immédiate entre les tribus Ibaqouyen et Ait Ouriaghel a été formée pour remporter la bataille de Dhar Ubarran, suscitant un élan d'unité parmi les Rifains. La victoire a eu un impact significatif dans tout le Rif, conduisant la plupart des Rifains à rejoindre naturellement la résistance. La bataille d'Anoual , cette bataille demeure inoubliable, marquée par l'apparition soudaine des Rifains, qui ont écrasé les Espagnols et récupéré leurs armes.
Les hommes enfilaient leur djellaba et avaient autour d'eux un sac en cuir contenant un morceau de pain ou des fruits secs et de l'eau. Sur leur épaule, ils avaient un simple fusil ou une épée dans son fourreau. Avec ce type d’armes, ils affrontèrent la plus grande armée espagnole. Ils disposaient d’artillerie composée de mitrailleuses, de grenades, de canons, de chars, d’avions, etc. Les membres de la tribu se rendirent ensemble à Dhar Obaran où ils rencontrèrent les Rifains des autres tribus : les Ibaqouyen et les Ait Waryagher (ces deux tribus avaient alors conclu une alliance avec les Ait Touzine). Cela devint un moment fort de la résistance rifaine contre les Espagnols, à savoir la bataille de Dhar Obaran. Ici, les Espagnols furent traités de manière spectaculaire.
Les efforts de tous ces hommes ont eu une influence majeure sur la création de la République du Rif. Après cette grande victoire du trio Ait Touzine-Ibeqoyen-Ait Waryagher, toutes les autres tribus de la région du Rif ont décidé de soutenir la résistance. Les tribus ont pris confiance dans la résistance. Le nombre de bénévoles a continué d'augmenter. En rejoignant tous ces volontaires de toutes les autres tribus, une unité rifaine fut créée. Ce groupe uni de Rifains, avec Ait Waryaghar et Ait Touzine comme noyau, a étonnamment vaincu à nouveau les Espagnols lors de la bataille d'Annual 50 jours après la bataille de Dhar Obaran. Cette bataille est mieux connue des Espagnols sous le nom de el desastre de Annual.
Après la bataille d'Annual, la République du Rif est proclamée grâce aux efforts de tous les Rifains unis.
Fqih Muhamed n-Ari Bu Rihyan (ou : Bu Lahya) n Aith Tsafath n'Ait Touzine, ministre des Affaires religieuses de la République du Rif dirigée par Mohammed Abdelkrim El Khattabi.
Fqih Muhamed n-Ari Bu Rihyan (ou : Bu Lahya) était également le plus haut commandant sur le terrain au rang de Mohammed Abdelkrim El Khattabi. Il dirigea entre autres la bataille de Dhar Obaran, la bataille d'Annual et il dirigea également l'entrée dans la Ghomara dans le but de les convaincre de participer au procès de liberté contre les Espagnols. Cela ne s’est pas déroulé sans accroc.
Bu Lahya a finalement dû intervenir militairement pour amener toutes les tribus Jbella à rejoindre la résistance. Bu Lahya croyait fermement au combat jusqu’au dernier moment. Outre ses responsabilités militaires, Bu Lahya occupait également un poste administratif. Il devait, entre autres, mettre en œuvre la charia.
Il meurt en 1941 à Safi, où il etait exilé par les autorités française.
Moeh na'ma n Tanout, membre clé de la tribu des Aït Touzine (Ijarmaouas), joua un rôle crucial dans la guerre du Rif. Il était le bras droit de Mohammed Abdelkrim El Khattabi, leader de la résistance, et également un commandant sur le terrain. Lors de la célèbre bataille d'Annual, Moeh na'ma n Tanout élimina le général Manuel Fernández Silvestre. Les rapports espagnols affirmèrent qu'il l'avait assassiné, tandis que les proches du général furent informés de son suicide. Cependant, le corps du général Manuel Fernández Silvestre n'a jamais été retrouvé ni enterré, marquant ce conflit comme le désastre d'Anoual pour les Espagnols.
Après la reddition de la République du Rif et la chute de Peñón de Alhucemas au large d'Al Hoceima, Moeh na'ma n Tanout fut capturé par les Espagnols. Condamné à 10 ans de prison, il fut finalement autorisé à retourner sur le continent après 29 mois de captivité sur l'île. De retour à Tanout, il se tint à l'écart du gouvernement. Durant le soulèvement des années 1950 contre l'occupant espagnol, Moeh na'ma n Tanout combattit aux côtés d'anciens commandants de terrain et de groupes rebelles au Maroc contre les occupants coloniaux.
Les Ait Touzine ont rendu service aux Gzenaya (tribu Igzenayen) en 1958 en leur offrant refuge à Ait Touzine pendant l'année des casques (Assegwas iqebarren) . Cette année-là, les tribus du Rif ont été punies par le gouvernement marocain (La répression de 1958-1959) pour leurs soulèvements cette année-là. Par exemple, de nombreux Igzennayen ont fui vers la ville de Kassita, située dans la région d’Ait Touzine.
De nos jours, un grand nombre d'Ait Touzine vivent en Europe à la suite de la migration des années 1970. La plupart d'entre eux ont ensuite migré vers le Pays-Bas ou la Belgique.
Géographie
modifierLe sol était très fertile et permettait une agriculture florissante. Les habitants cultivaient des légumes et des fruits en abondance. Les animaux étaient également présents dans la région, comme des vaches, des chèvres, des moutons des poules, les renards, les loups, les sangliers, les hyènes…
Folklore
modifierL'Aarfa est une forme d'art guerrier traditionnel originaire des montagnes rifaines centrales et orientales, situées dans le nord-est du Maroc. Ce folklore est également connu sous les noms d'Imediyazen ou Regadda. Son berceau initial se trouve parmi les tribus Ait Touzine, Temsamane, Ait Waryagher, et Igzennayen.
L'Aarfa est une danse guerrière qui a évolué au fil du temps pour devenir une expression artistique profondément ancrée dans la culture des tribus rifaines.
Composition ethnique
modifierLa tribu Aït Touzine est divisée en cinq fractions « tarfict » en Tarifit :
- Les Igharbiyen installés à Midar et ses environs, jusqu'à Ifarni ;
- Les Aït Akki installés dans la vallée de Nekor ;
- Les Aït Beräiez, qu'on retrouve vers Ijarmaouas et Ifarni ;
- Les Aït Tseft, géographiquement répartis entre Ighzar et Nekor ;
- Les Aît Taaban, à l'Est du territoire des Aït Touine, vers l'Ouelad Ali Ben Issa, une zone pourtant majoritairement contrôlée par les Igzenayen.
Liens externes
modifier- « الإدارة الاستعمارية الفرنسية », sur attarikh-alarabi.ma via Internet Archive (consulté le )
- (en) « الجزء الثالث : تاريخ قبيلة آيت توزين -midar.info » [vidéo], sur YouTube (consulté le )
Notes et références
modifier- Ahmed Khaneboubi, Les premiers sultans mérinides: 1269-1331 : histoire politique et sociale, L'Harmattan, (ISBN 978-2-85802-773-6, lire en ligne)
- Luis del Màrmol, l'Afrique de Màrmol Tome II