L'enquête ARC3 (pour Administrator-Researcher Campus Climate Collaborative) est un modèle d'enquête développé pour analyser les actes et les victimations d'infraction sexuelle sur les campus étudiants aux États-Unis. L'ARC3 permet de mesurer la fréquence des agressions sexuelles et recueille aussi des données sur les auteurs de ces agressions[1].

Historique

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Aux États-Unis, les agressions sexuelles à l'université sont courantes. Des estimations montrent qu'environ 15 à 20 % des étudiantes signalent des faits de viol ou de tentative de viol pendant leur passage à l'université et que plus de 50 % des étudiantes ont subi une variante de sollicitations sexuelles importunes[2],[3],[4],[5],[6]. Les rescapées des violences sexuelles sont davantage exposées aux risques de développer de l'anxiété, des dépressions, des troubles de stress post-traumatiques, des abus de psychotropes et d'autres problèmes de santé ; en outre, leurs performances universitaires peuvent s'en ressentir[7],[8]. Par ailleurs, d'après le rapport sur les agressions sexuelles de l'American Association of University Professors (en), les répercussions peuvent aussi conduire la victime à une baisse de ses progrès scolaires, à l'incapacité de gérer la charge de travail dans son cursus, à l'érosion de ses aptitudes à participer à la communauté étudiante ; les victimes risquent même de rater des cours, de décrocher ou de déménager[9].

Les étudiants américains peuvent se prévaloir du Titre IX des Education Amendments of 1972 pour assigner en justice les universités qui se montrent « indifférentes à des signalements de problèmes sur le harcèlement »[10]. Le Titre IX peut servir d'appui pour le financement d'initiatives de prévention contre les agressions sexuelles dans les campus[11]. En raison de diverses enquêtes fédérales, de nombreuses universités ont recouru à des sondages ou des applications, souvent très onéreux, dépensant « un montant à six chiffres pour un produit annonçant offrir la solution au problème »[12].

Initiative de la Maison-Blanche : It's on Us

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Comme les violences sexuelles à l'université inspirent un intérêt croissant, la Maison-Blanche présente le le lancement de la campagne It's on Us, pour aborder le problème de ces agressions[13].

C'est dans ce cadre qu'est développé ACR3 : un instrument pour mieux mesurer les comportements sexuels abusifs à l'université. Ce modèle vise aussi à éliminer toute motivation commerciale dans les sondages sur les campus, car beaucoup de prestations de cet ordre proposées aux établissements étaient très onéreuses[14]. La chercheuse Jennifer Freyd (en) a été la cheville ouvrière de cette initiative[12].

Un groupe de chercheurs sur les agressions sexuelles et de professionnels des affaires étudiantes ont développé cet instrument dans le cadre de la White House Task Force to Protect Students from Sexual Assault[15]. Les établissements d'enseignement supérieur peuvent l'utiliser gratuitement[12]. Le modèle peut s'appliquer aux étudiants en maîtrise comme à ceux en licence[16].

Notes et références

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  1. Jeremy Craig, « Climate Survey to Aid in Preventing Campus Sexual Assaults », Georgia State University News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. C. Kirkpatrick et E. J. Kanin, « Male Aggression in Dating-Courtship Relations », American Journal of Sociology, vol. 63, no 2,‎ , p. 197–204 (DOI 10.1086/222177, JSTOR 2773906)
  3. M. P. Koss, C. A. Gidycz et N. Wisniewski, « The scope of rape: Incidence and prevalence of sexual aggression and victimization in a national sample of higher education students », Journal of Consulting and Clinical Psychology, vol. 55, no 2,‎ , p. 162–170 (PMID 3494755, DOI 10.1037/0022-006x.55.2.162, lire en ligne [archive du ])
  4. JA Humphrey et JW White, « Women's vulnerability to sexual assault from adolescence to young adulthood », Journal of Adolescent Health, vol. 27, no 6,‎ , p. 419–424 (DOI 10.1016/S1054-139X(00)00168-3, lire en ligne)
  5. S. Lawyer, H. Resnick, V. Bakanic, T. Burkett et D. Kilpatrick, « Forcible, drug-facilitated, and incapacitated rape and sexual assault among undergraduate women », American College Health, vol. 58, no 5,‎ , p. 453–60 (PMID 20304757, DOI 10.1080/07448480903540515)
  6. K. A. Parks, Y.-P. Hsieh, C. Taggart, Parks et C. M. Bradizza, « A Longitudinal Analysis of Drinking and Victimization in College Women: Is There a Reciprocal Relationship? », Psychology of Addictive Behaviors, vol. 28, no 4,‎ , p. 943–951 (PMID 25134028, PMCID 4274186, DOI 10.1037/a0036283)
  7. L. M. Cortina, S. Swan, L. F. Fitzgerald et C. Waldo, « Sexual harassment and assault: Chilling the climate for women in academia », Psychology of Women Quarterly, vol. 22, no 3,‎ , p. 419–441 (DOI 10.1111/j.1471-6402.1998.tb00166.x)
  8. E. Van Roosmalen, S. A. McDaniel et Frsc, « Sexual Harassment in Academia: A Hazard to Women's Health », Women & Health, vol. 28, no 2,‎ , p. 33–54 (PMID 10067805, DOI 10.1300/J013v28n02_03)
  9. AAUP Report on Campus Sexual Assault http://www.aaup.org/report/campus-sexual-assault-suggested-policies-and-procedures
  10. « Title IX And Sexual Assault », sur ACLU (consulté le )
  11. Jeanna Mastrodicasa, « Campus Climate Surveys and Public Policy », sur NASPA, (consulté le )
  12. a b et c Tyler Kingkade, « A Supergroup of Academics Is Trying To Stop People Who Profit From Campus Rape », HuffPost,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « President Obama Launches the "It's on Us" Campaign to End Sexual Assault on Campus : National Archives », sur whitehouse.gov, (consulté le )
  14. Suzannah Weiss, « Jennifer Freyd and The Administrator Researcher Campus Climate Consortium Are Helping Schools Reduce Rape For Free, Because Nobody Should Have To Pay For Prevention », Bustle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Home », sur ARC3 (consulté le )
  16. « UO Survey on Sexual Victimization Issues Highlights Need to Increase Awareness of Available Services », Medical News,‎ (lire en ligne, consulté le )