Accident ferroviaire de Larissa

collision ferroviaire en Grèce

Accident ferroviaire de Larissa
Une locomotive série 120 tractant une rame de voitures Siemens Viaggio à Thessalonique.
Une locomotive série 120 tractant une rame de voitures Siemens Viaggio à Thessalonique.
Caractéristiques de l'accident
Date28 février 2023 à 23h24 (UTC+2)
TypeChoc frontal entre deux trains
CausesDéfaillances dans le système d'aiguillage[1]
SiteDème de Tempé, Larissa
Thessalie, Grèce [2]
Coordonnées 39° 50′ 54″ nord, 22° 31′ 00″ est
Caractéristiques de l'appareil
CompagnieHellenic Train
Passagers342
Morts57
Blessés85
Survivants285

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(Voir situation sur carte : Grèce)
Accident ferroviaire de Larissa
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Accident ferroviaire de Larissa

L'accident ferroviaire de Larissa est la collision le entre un train de voyageurs et un train de fret dans le dème de Tempé en Thessalie, dans le centre-est de la Grèce, à quelques kilomètres au nord de la ville de Larissa. Il provoque la mort d'au moins 57 personnes et en blesse au moins 85 autres[3],[4],[5],[6], ce qui en fait l'accident ferroviaire le plus meurtrier en Grèce[Note 1].

Contexte modifier

Le train de voyageurs part d'Athènes à destination de Thessalonique (les deux plus grandes villes de Grèce) avec à son bord environ trois cent cinquante passagers[7] dont de nombreux étudiants[8] qui ont profité du long week-end, ce lundi étant férié en Grèce[8]. Concomitamment, le train de marchandises se rend de Thessalonique à Larissa[5], transportant des conteneurs et des tôles d'acier. Le train de voyageurs est remorqué par une locomotive électrique de la série E 120 ; celui de marchandises par deux machines similaires. La collision se produit sur la ligne Athènes-Thessalonique (en), exploitée par la compagnie Hellenic Train, une filiale de Ferrovie dello Stato Italiane, la compagnie ferroviaire publique italienne[5],[9]. La section sur laquelle s'est déroulé l'accident est à double voie et équipée de la commutation et signalisation électriques bien qu'elles n'aient pas encore été mises en œuvre. Les deux trains circulaient sur la même voie.

Collision modifier

Le train de voyageurs et le train de marchandises se sont percutés frontalement près d’Evangelismós (el) juste avant minuit[10],[11], entraînant la mort d'au moins cinquante-sept personnes[12]. Le bilan fait également état d'au moins soixante-six blessés dont vingt-cinq le sont grièvement[3],[5].

Conséquences modifier

Dans la collision, les deux premières voitures sont intégralement détruites[8]. La voiture-restaurant[8] et d'autres wagons ou voitures ont aussi pris feu à la suite de la collision. Dix-sept camions de pompiers et cent cinquante pompiers sont dépêchés sur place pour maîtriser les flammes. Des opérations de sauvetage sont rapidement mises en place, déployant quarante ambulances et plus de trente policiers sur le site[13],[14]. L'accident est si grave que des camions-grues sont utilisés pour aider aux opérations de sauvetage[15]. Deux cent cinquante passagers survivants sont évacués du lieu de la collision par des bus vers Thessalonique, y compris ceux avec des blessures mineures[16],[17],[18]. La police a interrogé deux agents des chemins de fer après l'accident[19]. L'armée hellénique a été appelée pour aider[20]. Une réunion d'urgence a été organisée au sein du gouvernement grec à la suite de l'accident et le ministre de la Santé Thános Plévris s'est rendu sur les lieux[21].

Au niveau politique, le ministre des Transports Konstantínos Karamanlís annonce sa démission à la suite de l'accident. Le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis décrète trois jours de deuil national[22].

Le président du syndicat des conducteurs de train OSE dénonce le manque de sécurité sur cette ligne : « Toute [la signalisation] est faite manuellement. C’est depuis l’an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas ». Le gouvernement grec reconnait par la suite « des faiblesses chroniques » dans le système ferroviaire grec. « Les retards [pris dans la modernisation des chemins de fer] trouvent leur origine dans les pathologies chroniques du secteur public grec, dans des décennies de faiblesse[23]. »

Certains y voient le résultat de la vétusté d’un réseau ferroviaire délaissé depuis des décennies, surtout après la crise économique (2010-2018) et les mesures d’austérité qui ont conduit, en 2017, à la privatisation de la compagnie grecque de chemins de fer, TrainOSE, devenue Hellenic Train[24]. Les représentants syndicaux avaient régulièrement averti le gouvernement sur les défaillances du réseau mais n'ont pas été écoutés[25].

Le 14 mars 2023, George Gerapetritis, nouveau ministre des transports, annonce une reprise graduelle du transport ferroviaire grec à partir du 22 mars 2023[26].

Le 9 mai 2023, un accord franco-grec est signé par les ministres des transports Clément Beaune et George Gerapetritis[27]. « Cet accord politique entre la France et la Grèce est une vraie coopération technique, technologique » et « opérationnelle », selon Clément Beaune[28]. L'accord vise à « la réévaluation régulière » des systèmes de fonctionnement ferroviaire, « l'application des pratiques internationales » en matière de sécurité et le « transfert du savoir-faire » afin d'« améliorer » les chemins de fer grecs, selon Giorgos Gerapetritis[29].

Le 2 juin 2023, le Parquet européen, met en cause Konstantínos Karamanlís et son prédécesseur Christos Spirtzis (PASOK). Le Parquet européen enquête en effet sur le mésusage des fonds européens, mésusage impliqué dans le désastre. K. Karamanlís est mis en cause pour malversations financières, tandis que C. Spirtzis est inquiété pour incurie. Toutefois, la loi grecque prévoit que l'assentiment du Parlement grec est nécessaire ppoursuiteser de telles poursuite contre des ministres. Or la majorité absolue détenue au Parlement par la Nouvelle démocratie, parti de Karamanlís, a rejeté en novembre 2023 la création d'une commission d'enquête proposée par le PASOK et n'a donc pas donné suite aux demandes du Parquet européen[30].

Réactions modifier

Une manifestation en Grèce de jeunes le 8 mars 2023 pour protester contre les défaillances du système ferroviaire.

Les drapeaux à l'extérieur du bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles sont mis en berne le matin suivant l'accident[31]. L'Albanie déclare le un jour de deuil national et les drapeaux sont mis en berne dans le pays[32].

Dans un communiqué, le diadoque Paul de Grèce se dit « brisé face à la douleur indicible des parents qui ont perdu leurs enfants si injustement »[33].

Le président du Conseil européen, Charles Michel, exprime ses condoléances aux familles des victimes sur Twitter, tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président français Emmanuel Macron déclare que « la France se tient aux côtés des Grecs »[34]. Les médias d'État de la république populaire de Chine rapportent que le président Xi Jinping a envoyé une lettre de condoléances à Ekateríni Sakellaropoúlou[35]. Le ministère turc des Affaires étrangères publie une déclaration de condoléances à la suite de l'accident, souhaitant un prompt rétablissement aux personnes blessées dans la collision[36].

Des manifestations se produisent dans plusieurs villes grecques pour protester contre les défaillances du système ferroviaire et l'incurie des autorités[25],[37]. La privatisation du transport ferroviaire, exigée par l'Union européenne en 2017, est mise en cause par la gauche[38].

Le 15 mars 2023, les journalistes de Grèce annoncent se mettre en grève par solidarité après la catastrophe ferroviaire de Larissa, dans le but de « réclamer l’attribution réelle des responsabilités »[39]. Aucun bulletin d'information radiotélévisé n'est donc diffusé lors de cette journée.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Précédemment, l'accident ferroviaire de Corinthe d'octobre 1968 où deux trains de voyageurs s'étaient percutés était l'accident ferroviaire le plus meurtrier de Grèce avec trente-quatre morts.

Références modifier

  1. Marina Rafenberg, « En Grèce, après un accident de trains meurtrier, la vétusté du réseau ferroviaire pointée du doigt », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. (en-US) The Guardian, « Greece train crash: at least 40 killed and dozens injured in collision », sur The Guardian, (consulté le ).
  3. a et b (en-US) B. N. O. News, « 2 trains collide in northern Greece, at least 36 killed », sur BNO News, (consulté le ).
  4. (en-GB) « Greece train crash: Dozens killed after two trains collide near Larissa », sur BBC News (consulté le ).
  5. a b c et d (en) Giannis Floulis et Karolina Tagaris, « Two trains collide in Greece, at least 36 killed, dozens injured », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « En Grèce, un accident de train fait au moins trente-deux morts et des dizaines de blessés », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (el) « Ανακοίνωση 1/3/2023 », sur Hellenic Train (consulté le ).
  8. a b c et d Le Monde avec AFP, « Grèce : la collision frontale entre un train de passagers et un convoi de marchandises fait au moins 36 morts », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Chris Liakos,Elinda Labropoulou,Heather Chen,Eleni Giokos,Mohammed Tawfeeq,Jennifer Hauser,Allegra Goodwin, « At least 36 dead, scores injured as trains collide in Greece », sur CNN, (consulté le ).
  10. (en-US) « Fiery train crash in Greece kills 29, injures at least 85 », www.cbsnews.com (consulté le ).
  11. Carey, « Dozens dead after two trains collide in Greece », Courier Mail, .
  12. Le Monde avec AFP, « En Grèce, le bilan de l’accident de train s’alourdit à 57 morts, le chef de gare « avoue une erreur » », sur Le Monde, .
  13. (en-GB) « Greece train crash: Survivors describe 'nightmarish seconds' », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) « Greece train collision updates: At least 29 dead, 85 injured », ABC News (consulté le ).
  15. (en-US) « At least 36 dead, 85 injured after trains collide in northern Greece », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en-US) « 36 people dead and 85 injured in a train collision in Greece », The Jerusalem Post | JPost.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en-US) « Fiery Greece train collision kills 32, injures at least 85 », Associated Press, (consulté le ).
  18. (en) Hauser, Chen, Liakos et Tawfeeq, « At least 29 dead, 85 injured as trains collide in Greece », CNN, (consulté le ).
  19. (en-US) The Associated Press, « Train Crash Kills at Least 32 in Greece », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) « Fiery Greece train collision kills 29, injures at least 85 », AP NEWS, (consulté le ).
  21. « Train accident in Greece kills at least 29 », Philstar.com (consulté le ).
  22. « Collision ferroviaire en Grèce : démission du ministre des Transports, les syndicats dénoncent le manque d’investissement dans la sécurité depuis la privatisation », sur RTBF (consulté le ).
  23. « Accident de trains en Grèce : le chef de gare « avoue une erreur », le gouvernement fait son mea culpa », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  24. « En Grèce, après un accident de trains meurtrier, la vétusté du réseau ferroviaire pointée du doigt », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  25. a et b « Après la catastrophe ferroviaire, les excuses du premier ministre n’apaisent pas la colère des Grecs », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  26. « Accident de train en Grèce: reprise «graduelle» du transport ferroviaire à partir du 22 mars », sur LEFIGARO, (consulté le )
  27. « Accident ferroviaire en Grèce : accord de coopération signé, la France apporte son savoir-faire », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  28. « Accident ferroviaire en Grèce : la France apporte son aide pour améliorer le réseau ferroviaire grec », sur Europe 1 (consulté le )
  29. « Accident ferroviaire en Grèce : la France apporte son savoir-faire », sur LEFIGARO, (consulté le )
  30. (en) « Greece rejected EU prosecutor’s call for action against 2 ex-ministers after rail crash », sur POLITICO, (consulté le )
  31. (en) « Lowered European flags following the train accident in Greece », sur newsroom.consilium.europa.eu, (consulté le ).
  32. (sq) « Tragjedia me 57 viktima në Greqi, Shqipëria shpall të dielën ditë zie », sur top-channel.tv, (consulté le ).
  33. Nicolas Fontaine, « Le prince héritier Pavlos est « brisé face à la douleur » des parents après l’accident ferroviaire en Grèce : première réaction du diadoque en tant que chef de la famille royale », (consulté le ).
  34. « Catastrophe ferroviaire – la Grèce en deuil national jusqu’au 3 mars 2023 », sur Ambassade de France en Grèce, (consulté le ).
  35. (en) « At least 38 dead, scores injured as trains collide in Greece », sur CNN, (consulté le ).
  36. (en) « No: 62, 1 March 2023, Press Release Regarding the Train Crash in Greece », sur mfa.gov.tr, (consulté le ).
  37. (en) Derek Gatopoulos et Theodora Tongas, « Tens of thousands march in Greece to protest train disaster », sur www.ekathimerini.com, (consulté le ).
  38. Gaël De Santis, « Accident de train en Grèce. La privatisation du rail dénoncée par la gauche .| L'Humanité », sur www.humanite.fr, .
  39. « Accident de train en Grèce: les journalistes en grève », sur La Tribune, (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier