Adolfo Celi

acteur italien (1922-1986)
Adolfo Celi
Description de cette image, également commentée ci-après
Adolfo Celi dans L'Empire du crime (1972).
Naissance
Messine, Sicile
Italie
Nationalité Drapeau de l'Italie Italienne
Décès (à 63 ans)
Sienne, Toscane
Italie
Profession Acteur
Réalisateur
Films notables L'Homme de Rio
Opération Tonnerre
Danger : Diabolik !
L'Empire du crime
Mes chers amis

Adolfo Celi [aˈdolfo ˈt͡ʃeːli][1] est un acteur italien né le à Messine, en Sicile, et mort le à Sienne, en Toscane.

Il passe quinze ans de sa vie au Brésil, où il commence sa carrière théâtrale. À son retour dans le cinéma européen, il incarne souvent des personnages maléfiques et puissants, notamment dans L'Homme de Rio (1964) de Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo, Opération Tonnerre (1965), de Terence Young avec Sean Connery en James Bond, Danger : Diabolik ! (1968) de Mario Bava avec Michel Piccoli et John Phillip Law en Diabolik ou L'Empire du crime (1972) de Fernando Di Leo avec Luciana Paluzzi, Henry Silva et Woody Strode. Il fait également partie de la bande de la comédie à l'italienne Mes chers amis (1975) et ses deux suites, à l'instar de Duilio Del Prete, Gastone Moschin, Philippe Noiret et Ugo Tognazzi.

Biographie modifier

En 1960.

Né à Messine, il est le fils de Giuseppe Celi (préfet de Grosseto et de Padoue, sénateur du royaume d'Italie et président de la province de Catane) et de Giulia Mondello. Adolfo Celi a grandi entre la Sicile et l'Italie du Nord[2] ; Padoue a été l'une de ses résidences[2]. Grâce à une caméra amateur offerte par son père, il commence à se familiariser avec le cinéma. Ses premiers pas sur les planches ont lieu à Stretto par l'intermédiaire des Gruppi universitari fascisti[3],[4]. En 1942, il s'inscrit à l'Académie nationale d'art dramatique de Rome[4], où il obtient son diplôme en 1945 en mettant en scène The Time of Your Life de William Saroyan[5]. Pendant ses années à l'Académie, il rencontre, entre autres, Vittorio Gassman[5], Mario Landi et Vittorio Caprioli, qui lui transmettent leur passion pour le théâtre et le cinéma. Il était un grand ami de Renato Baldini.

Adolfo Celi, Valentina Cortese et Leo Dale dans Un Américain en vacances (1946).

En 1946, il joue dans le film Un Américain en vacances de Luigi Zampa[2], suivi de Noël au camp 119 (1947) de Pietro Francisci et de De nouveaux hommes sont nés (1948) de Luigi Comencini. La même année, Aldo Fabrizi lui fait une proposition qui changera sa vie : participer au film Emigrantes (1949), tourné en Argentine[4].

Le Brésil modifier

Après s'être installé au Brésil, il s'y est tellement attaché qu'il décide d'y rester pendant quinze ans. L'inauguration du nouveau théâtre de la ville de São Paulo, le Teatro Brasileiro de Comédia (pt), a lieu le , avec deux représentations : La Voix humaine, de Jean Cocteau, et A mulher do próximo, d'Abílio Pereira de Almeida (pt)[6]. Peu après, plusieurs représentations de divers groupes d'amateurs de São Paulo ont eu lieu. Le , le TBC inaugure sa phase professionnelle avec la pièce : Nick Bar, de William Saroyan, mise en scène par Adolfo Celi[6]. Celi devient le premier directeur artistique du TBC. Il a été invité par Franco Zampari, créateur du TBC et de la Companhia Cinematográfica Vera Cruz (pt)[7], une société de production qui confiera également à Celi la réalisation des films Caiçara (1950) et Tico-Tico no Fubá (1952), deux succès publics et critiques[8].

Celi est toujours considéré comme l'un des plus importants réalisateurs brésiliens : on lui attribue en effet la définition de nouveaux canons d'expérimentation théâtrale, cinématographique et télévisuelle, alors naissante[9]. Au Brésil, il entame également une carrière d'acteur de cinéma, en jouant dans les films L'Homme de Rio (1964) de Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo et Opération Tonnerre (1965), de Terence Young avec Sean Connery. Dans le premier, Adolfo Celi interprète le richissime Mario Di Castro, un archéologue ayant fait fortune dans la construction de la nouvelle capitale brésilienne. Dans le second, il joue le milliardaire borgne Emilio Largo où il impose son physique de rapace face à James Bond. Ces deux films lui confèrent une notoriété internationale et l'encouragent à retourner en Italie[4],[3].

Retour en Italie modifier

Adolfo Celi, Duilio Del Prete, Gastone Moschin et Philippe Noiret dans Mes chers amis (1975).

De retour au début des années 1960, il trouve un cinéma très différent de celui qu'il a quitté et en plein développement. Il se spécialise dans les rôles de méchants, aussi bien dans des westerns spagettis comme Yankee (1965) de Tinto Brass, des parodies de films d'espionnage comme Opération frère cadet (1967), des gialli tels que Qui l'a vue mourir ? (1972) d'Aldo Lado ou des films d'action comme Danger : Diabolik ! (1968) de Mario Bava[10] que, avec une certaine autodérision, dans les comédies françaises (Un monsieur de compagnie (1964) ou Le Roi de cœur (1967) de De Broca) ou à l'italienne, dans lesquels il incarne souvent des personnages maléfiques ou puissants. Il est l'un des rares acteurs italiens à pouvoir jouer également en français, en allemand, en portugais, en anglais et en espagnol, même s'il est doublé la plupart du temps — également en italien — à cause de son fort accent sicilien[11] : grâce à sa formation professionnelle, il a été choisi comme acteur secondaire dans de nombreux films internationaux comme Par un beau matin d'été (1965) de Jacques Deray et de nouveau avec Belmondo, L'Extase et l'Agonie (1965) de Carol Reed avec Charlton Heston, Grand Prix (1966) de John Frankenheimer avec Yves Montand, ou Le Fantôme de la liberté (1974) de Luis Buñuel avec Jean-Claude Brialy, Adriana Asti et Monica Vitti[12].

En 1969 sort le seul film italien qu'il ait réalisé, avec ses collègues universitaires Vittorio Gassman et Luciano Lucignani, l'autobiographique L'Alibi[13]. En Italie, il atteint l'apogée de son succès lorsqu'il rejoint la distribution de la trilogie à succès Mes chers amis (1975), Mes chers amis 2 (1982) et Mes chers amis 3 (1985), où il joue le rôle du professeur Alfeo Sassaroli, un brillant médecin-chef d'hôpital ennuyé par son travail, qui rejoint les joyeux « zingarate (it) » d'un groupe d'amis florentins, interprétés par Duilio Del Prete, Gastone Moschin, Philippe Noiret et Ugo Tognazzi[14],[15]. Il est aussi un acteur régulier de film de mafieux et de poliziotteschi à succès tels que L'Empire du crime (1970) de Fernando Di Leo et Deux Flics à abattre (1976) de Ruggero Deodato[16].

Télévision modifier

Dans le rôle de Joe Petrosino dans le feuilleton homonyme (1972).

Sous la direction de Daniele D'Anza, il incarne en 1972 le médecin nazi dans le feuilleton de la Rai Il sospetto ; il joue également le policier italo-américain Joe Petrosino dans le feuilleton homonyme[17], tandis que trois ans plus tard, il incarne Don Mariano D'Agrò dans le téléfilm L'amaro caso della baronessa di Carini (it) (1975).

Dans la mémoire du public italien, son visage reste lié au rôle de Lord James Brooke, ennemi juré du Tigre de Mompracem, interprété par Kabir Bedi, dans la série télévisée Sandokan (1976), réalisée par Sergio Sollima. En 1976, il joue le rôle de Giampiero Albertini dans le carosello Gli incontentabili pour Ignis, une célèbre marque d'électroménager[18],[19],[20].

En 1981, il participe au feuilleton épique de la télévision britannique The Borgias, dans lequel il joue (après avoir imité divers prélats et cardinaux) le rôle de Rodrigo Borgia, qui monte sur le trône papal en tant que pape Alexandre VI[21].

Dernières années et mort modifier

Revenu au théâtre dans les années 1980, il est hospitalisé pour une douleur au cœur le soir de la représentation des Annales de Pétersbourg de Dostoïevski au théâtre de Sienne. Vittorio Gassman le remplace sur scène[4]. Le , Celi meurt, à l'âge de 63 ans, d'un infarctus, exactement 40 ans après la mort de son père, survenue le [4],[22]. Il est enterré au cimetière monumental de Messine[3].

Vie privée modifier

Celi a été marié trois fois : avec Tônia Carrero (pt) de 1951 à 1963[23], avec Marília Branco (it) de 1964 à 1965 et avec Veronica Lazăr de 1966 à 1986. De cette dernière, il a eu deux enfants, Alessandra (it) (1966), actrice, et Leonardo (1968), auteur du documentaire Adolfo Celi, un uomo per due culture, réalisé en 2006 à la mémoire de son père vingt ans après sa mort[24] et présenté en 2008 au Festival du film de Rome dans le cadre de la rétrospective Adolfo Celi e i ragazzi tornati dal Brasile organisée par la Fondazione Ente dello Spettacolo[25].

Filmographie modifier

Acteur modifier

Années 1940 modifier

Années 1950 modifier

Années 1960 modifier

Années 1970 modifier

Années 1980 modifier

Réalisateur modifier

Notes et références modifier

  1. Prononciation en italien standard retranscrite selon la norme API.
  2. a b et c Danilo Loria, « Reggio Calabria: il Circolo Culturale “L’Agorà” ricorda Adolfo Celi », sur strettoweb.com
  3. a b et c (it) Marco Olivieri, « Da Messina al cinema internazionale: Adolfo Celi, un “cattivo” di classe », sur tempostretto.it
  4. a b c d e et f (it) « Adolfo Celi è morto », sur laprovinciacr.it,
  5. a et b (en) David George, The Modern Brazilian Stage, University of Texas (ISBN 9780292729766, lire en ligne), p. 37
  6. a et b (pt) Gabrielle Risso, « Teatro Brasileiro de Comédia – TBC », sur teatroemescala.com
  7. Naief Haddad, « Teatro Brasileiro de Comédia, o TBC, vai virar uma unidade do Sesc »
  8. (pt) Carlos Augusto Brandão, « O italo-brasileiro Adolfo Celi », sur italiamiga.com.br
  9. (it) « Adolfo e Luciano, i ragazzi tornati dal Brasile », sur candiani.comune.venezia.it (version du sur Internet Archive)
  10. Jean-Emmanuel Deluxe, Cinépop : Dictionnaire du rock au cinéma, Camion blanc (ISBN 9782357796409, lire en ligne) :

    « Casting international oblige, Michel Piccoli, dans son plus grand rôle, représente la France avec le personnage du commisaire Ginko, l'ennemi juré de Diabolik ; Adolfo Celi, habitué des séries B aux faux airs de Raffarin, symbolise l'Italie. »

  11. « Adolfo Celi » ((en) anecdotes), sur l'Internet Movie Database
  12. Raymond Lefèvre, Bunuel, Edilig, (ISBN 9782856010839), p. 153
  13. (it) Enrico Giacovelli, La commedia all'italiana, Gremese, (ISBN 9788876058738, lire en ligne), p. 87
  14. (it) Giorgia Terranova, « Amici miei e quell’inevitabile cambio di regia frutto di una sincera e profonda amicizia », sur cinemtographe.it
  15. (it) « Cinema, "Amici miei" compie 45 anni: le curiosità sul film cult », sur tg24.sky.it
  16. (en) Roberto Curti, Italian Crime Filmography : 1968-1980, McFarland, , 332 p. (ISBN 978-0-7864-6976-5 et 0-7864-6976-5, lire en ligne), p. 63-182
  17. (it) Salvo Toscano, Joe Petrosino. Il mistero del cadavere nel barile, Newton Compton Editori, (ISBN 9788822728616, lire en ligne)
  18. (it) Marco Giusti, Il grande libro di Carosello. E adesso tutti a nanna..., Sperling & Kupfer, (ISBN 88-200-2080-7), p. 274
  19. (it) Gianni Spartà, Mister Ignis. Giovanni Borghi, un sogno Americano nell'Italia del miracolo, in Oscar Mondadori, Milan, Arnoldo Mondadori Editore, (ISBN 978-88-04-59161-0, lire en ligne), p. 71
  20. (it) Enzo Mauri, « 1972. Gli Incontentabili conquistano Carosello. Giampiero Albertini e Adolfo Celi, adorabili presuntuosi, raccontano l’Italia del consumismo », sur 70-80.it
  21. (en) Jerry Roberts, Encyclopedia of Television Film Directors, Scarecrow Press, (ISBN 9780810863781, lire en ligne), p. 162
  22. (it) Roberto Poppi, Dizionario del cinema italiano, I registi, Gremese, , p. 104
  23. (pt) Tania Carvalho, Tônia Carrero: movida pela paixão, Imprensa Oficial Do Estado, (ISBN 9788570606884, lire en ligne)
  24. (it) « Adolfo Celi, un uomo per due culture », sur rai.it
  25. (it) « L'uomo di Rio - Adolfo Celi e i Ragazzi tornati dal Brasile », sur 060608.it

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