Affaire Bruno Joushomme

L'affaire Bruno Joushomme est une affaire criminelle française dans laquelle Évelyne Laborde, 62 ans, aurait été assassinée à Chaville le par son mari Bruno, 22 ans.

Affaire Joushomme
Titre Affaire Bruno Joushomme
Fait reproché Homicide
Chefs d'accusation Assassinat
Pays Drapeau de la France France
Date
Nombre de victimes 1 : Évelyne Joushomme
Jugement
Statut Affaire jugée
Date du jugement

Bruno Joushomme est condamné en 1998 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat de sa compagne de l'époque. Il clame son innocence depuis plus de 20 ans, affirmant que son ex-femme est morte dans un accident de voiture involontaire.

Biographie modifier

Bruno Joushomme est né le à Saint-Jean-de-Maurienne. Il a un frère prénommé Patrick, de deux ans son aîné[1].

Les faits et l'enquête modifier

Bruno et Évelyne se marient le . Leur mariage était régi sous le régime de la séparation de biens mais les époux avaient contracté devant un notaire, le , une donation au dernier vivant[2]. Et moins de deux mois plus tard, Bruno Joushomme se retrouve veuf, Évelyne ayant perdu la vie dans un accident de la route. Le en fin d'après-midi, sur une petite route de la forêt de Meudon, à la sortie de Chaville, à bord d'une 2 CV appartenant aux parents de Bruno[3]. Il fait nuit, et même si elle n'a pas conduit depuis trente ans, c'est elle qui a voulu prendre le volant. La voiture percute un talus, s'arrête à quelques centimètres d'un arbre, et s'embrase presque aussitôt. Bruno Joushomme réussit à sortir de la voiture. Il n'arrive pas à ouvrir la portière d'Évelyne, bloquée à l'intérieur. Elle meurt carbonisée. Quatre jours après, Bruno Joushomme est convoqué au commissariat pour un témoignage de routine. Ce dernier aboutit à la fermeture de l'enquête cinq jours après l'accident. Ainsi, Bruno Joushomme hérite du patrimoine immobilier de sa défunte épouse, d'une valeur totale de quatre millions de francs ( soit 1 240 000 € en 2024).

Mais à la suite d'investigations réalisées par la famille Laborde, de nouveaux éléments sont apportés. Le , le parquet ouvre une information judiciaire pour recherche des causes de la mort. Une autopsie d'Évelyne et une expertise de la voiture sont ordonnées (le rapport concernant la voiture est rendu en ). La famille d'Évelyne dépose alors plainte pour meurtre. Au fil des mois, la police place sur écoute Bruno Joushomme, ainsi que sa mère et son frère Patrick. Ils interceptent une discussion suspecte entre les deux frères : Bruno demande à Patrick s'il connaît un meurtrier français, et ce dernier lui répond qu'il en connaît un dont les initiales commencent par B et J. De plus, la première autopsie du corps d'Evelyne Laborde montre une fracture du larynx, ce qui semble accréditer l'hypothèse du meurtre. Toutefois, la fracture du larynx pourrait être due à une mauvaise manipulation des médecins légistes et a donc été logiquement invalidée.

Une instruction longue de 10 ans modifier

Le , les Joushomme sont interpellés à leur domicile et placés en garde à vue. Durant les 48 heures d'audition, le jeune Bruno ne se laissera pas intimider, ce qui a fortement irrité l'inspecteur divisionnaire Bernard Laithier (qui voulait, selon Bruno Joushomme, lui faire avouer le meurtre).

Le , Bruno Joushomme est mis en examen pour assassinat et incarcéré, alors que sa mère et son frère ressortent libres du commissariat.

Bruno Joushomme crie son innocence, et le , la justice le remet en liberté, car la fracture du larynx de Mme Laborde était en réalité survenue lors de l'autopsie. L'instruction se poursuit, et la 2 CV est détruite en 1987.

En , alors que le corps d'Evelyne est sur le point d'être exhumé, l'un des médecins légistes oublie de signer son rapport. L'exhumation est donc annulée. Les années passent, et Bruno Joushomme poursuit ses études de philosophie, avant d'obtenir un DEA en 1989. Il rencontre une femme nommé Marie-Claude, à l'université.

En , la juge d'instruction transmet le dossier à la chambre de l'instruction en vue de la mise en accusation de Bruno Joushomme devant une cour d'assises. Mais le , la chambre d'accusation lui renvoie le dossier, en considérant au contraire qu'il n'y a pas assez d'éléments à son encontre. La juge d'instruction quitte le tribunal en .

En , une nouvelle expertise sur le corps d'Evelyne Laborde n'apporte rien de nouveau, car l'état du corps s'est dégradé.

Bruno Joushomme obtient son doctorat de philosophie en 1993. Il voyage souvent, puis devient père d'un petit garçon en 1994. Son couple commence à se dégrader par la suite, et Marie-Claude le quitte peu après.

Le a lieu la reconstitution.

Bruno Joushomme est finalement renvoyé devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine à l'automne 1995.

La durée de l'instruction est exceptionnelle puisqu'un suspect y est identifié et mis en examen pendant 10 ans, voire 13 ans à la date d'ouverture du procès.

Procès et condamnation modifier

Le , le procès de Bruno Joushomme s'ouvre devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine. À 36 ans, il est un homme fatigué et dépressif, depuis que sa compagne l'a quitté.

Le , Bruno Joushomme est condamné à perpétuité sans appel après 14 ans de procédure. Il clame son innocence : « Je suis une banale victime d'un détournement d'héritage orchestré par la famille de celle qui a voulu la déshériter en m'épousant ... »[4] M. Joushomme dénonce le fonctionnaire de police chargé de l'affaire, l'inspecteur Laithier, indiquant que celui-ci a été vexé par son incapacité à le faire avouer.

Laithier accuse en effet Bruno Joushomme avec virulence lors du procès, de façon manifestement partiale, aucune preuve matérielle n'étant versée au dossier d'instruction[5]. Son frère, Patrick Joushomme, déclarera quant à lui qu'il a des soupçons sur Bruno, soupçons résultant en partie des résultats d'une autopsie d'Évelyne Laborde que les enquêteurs lui ont présentés (Patrick étant médecin), notamment la fracture du larynx, consistante avec l'hypothèse d'un étranglement, qui a cependant été récusée ultérieurement[5].

Pour son avocat Jean-Marc Florand, qui a réhabilité Patrick Dils et a repris le dossier en 2002, « c'est un accident et nous le prouverons »[6].

Les suites modifier

Les preuves (ou leur absence) sont au cœur des débats autour de cette affaire : aucune preuve matérielle ne permet en effet d'incriminer Bruno Joushomme. Le verdict de la cour d'assises des Hauts-de-Seine est basé sur l'intime conviction des jurés[6].

L'affaire conserve donc, notamment dans la presse et une partie de l'opinion, une part de mystère. Parmi les éléments troublants, l'écart d'âge : quand ils se marient, il a 22 ans, elle 62. Quelques semaines après le mariage est signé le testament avec transmission au dernier vivant. Bruno Joushomme est veuf à peine 3 mois après son mariage, à la suite d'un tragique accident de voiture.

La famille d'Évelyne Laborde était semble-t-il préoccupée avant tout par l'héritage qu'elle voulait récupérer. Sa famille avait en effet vertement critiqué Évelyne Laborde après avoir appris qu'elle avait tout légué à son époux (si elle décédait avant lui). Dans une lettre, elle les remercia ironiquement de se préoccuper de son « après, alors qu'ils ne se sont jamais occupés de [s]on présent »[6].

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1998, Bruno Joushomme formule une demande de liberté conditionnelle, après 20 ans d'incarcération, qui lui est refusée par la justice. Il sort néanmoins de prison en liberté conditionnelle en 2020 et clame toujours son innocence[7].

Notes et références modifier

  1. « Bruno Joushomme né en 1962 - Recherche Google », sur www.google.fr (consulté le )
  2. « Affaires criminelles : épisode 0 - Magazine - Télé-Loisirs » (consulté le )
  3. « Affaire Joushomme : L'heure du doute ! », sur RTL.fr (consulté le )
  4. « [Affaire Daniel Massé - Erreur Judiciaire] Presume-Coupable.com - Nouvelles: Bruno Joushomme, un autre « innocent gênant » », sur www.presume-coupable.com (consulté le )
  5. a et b « Faites entrer l'accusé : Bruno Joushomme - S6 - Ep5 (FELA 54) » (consulté le )
  6. a b et c « Prison à vie pour le jeune veuf », sur Libération.fr, (consulté le )
  7. « "38 ans que ça dure" : condamné pour le meurtre de sa femme, Bruno Joushomme clame toujours son innocence », sur Femme Actuelle (consulté le ).

Documentaires télévisés modifier

Émission radiophonique modifier

Article connexe modifier