Affaire Mathieu Haulbert

disparition d'un enfant en 1983

Affaire Mathieu Haulbert
Pays Drapeau de la France France
Ville Peyroules (Alpes-de-Haute-Provence)
Date
Nombre de victimes 1 (Mathieu Haulbert)
Jugement
Statut Affaire non résolue

L'affaire Mathieu Haulbert est une affaire judiciaire concernant un enfant de dix ans, Mathieu Haulbert, disparu le au Peyroules près de Castellane, dans les Alpes-de-Haute-Provence (France).

Victime modifier

Mathieu est le fils aîné de Lise et Philippe Haulbert, domiciliés à Peyroules. C'est un garçon brun, âgé de dix ans lors de sa disparition le [1].

Circonstances modifier

Le , un samedi après-midi, Mathieu quitte le hameau de la Bâtie, près de Castellane, pour aller participer avec un ami à sa première transhumance, chez un berger que ses parents connaissent, à environ deux kilomètres de là, par la route nationale 85, la fameuse route Napoléon. Il est vêtu d'un tee-shirt blanc et d'une salopette en jean, bob sur la tête[1].

À 14 h 30, il dit bonjour en passant à deux camarades de son âge puis à la sortie du village à une amie de la famille. Un automobiliste de passage l'aperçoit[1]. Mais les trois marchands de fossiles et boissons installés toute la journée sur le bord de la route , 300 mètres après le col de Luens, ne le verront jamais passer[1].

Au cours des mois qui suivent la disparition, deux femmes disent avoir aperçu le petit garçon en compagnie d'un homme. Mais ce témoignage ne donnera rien[2].

Un jour, les parents de Mathieu reçoivent un appel téléphonique : « Allô ici c'est Mathieu », mais la communication se coupe[2].

Enquêtes modifier

Gendarmerie de Castellane modifier

La brigade de gendarmerie de Castellane a été saisie dès que la disparition de Mathieu Haulbert a été signalée, le 25 juin 1983 à 23 heures. Les recherches sur le terrain ont immédiatement commencé. Un chien pisteur a été mis en oeuvre en plus d'importants effectifs. Le lendemain matin il y avait selon la presse 300 personnes sur le terrain pour les recherches. Les toutes premières auditions de témoins seront par la suite d'une importance déterminante.

Gendarmerie de Digne modifier

Le 1er juillet 1983 la brigade de recherches gendarmerie de Digne-les-Bains est saisie par commission rogatoire de M. Tchalian, le premier juge d'instruction du dossier, et chargée de poursuivre l'enquête sous sa direction.

Police nationale modifier

Le 17 mai 1985, Jean-Louis Herail, deuxième juge d'instruction, confie l'affaire à l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains, dépendant de la direction nationale de la Police judiciaire à Paris. Ce service va entre autres procéder à des recherches sur l'ensemble du territoire national ainsi qu'à des rapprochements de dossiers et à l'examen d'individus connus des services. Plusieurs personnes seront pour la première fois placées en garde à vue et remises en liberté à l'issue.

Gendarmerie d'Aix-en-Provence modifier

Aucune de ces trois premières enquêtes ne dégage de véritable piste, les premières hypothèses de travail restent inchangées : enlèvement, accident ou fugue.

Début mars 1987, 4 ans après la disparition, Jean-Louis Herail saisit la section de recherches de la gendarmerie d'Aix-en-Provence. Il sera remplacé par Catherine Muller.

Les nouveaux enquêteurs, un binôme composé du maréchal des logis chef Leclerc et du gendarme Dol reprennent l'enquête à zéro. L'hypothèse criminelle est à ce stade priorisée, mais une fugue qui aurait bifurqué sur autre chose reste envisagée, ainsi que celle d'un accident causé par un automobiliste de passage qui aurait emmené l'enfant aussi, bien que peu probable. En fait aucune hypothèse n'est exclue. ( A noter, le 1er juin 1988 le mdl/chef Leclerc promu adjudant est muté dans une autre unité, il ne participera plus à la suite de l'enquête. Le gendarme Dol se voit désigné pour prendre en compte un autre dossier, il ne participera plus qu'épisodiquement aux investigations. Celles-ci sont cependant poursuivies par d'autres O.P.J. de la même section de recherches.)

L'hypothèse d'une fugue a été retenue en raison d'éléments concrets actés en procédure. En effet, Mathieu, lorsqu'il a rencontré les 3 personnes au début de son itinéraire, 2 camarades et une amie de la famille, n'a jamais dit qu'il se rendait en transhumance. Par contre il a entre autres parlé de l'anniversaire d'un copain. Mais aucun anniversaire compatible n'a été identifié. Le fouet qu'il avait confectionné pour la transhumance a été retrouvé 150 mètres après la maison parentale, bien avant l'embranchement sur la route nationale 85 ou l'enfant a été vu par des témoins.

Le 30 juillet 1983 une tentative d'enlèvement d'un enfant hollandais, âgé de 9 ans est signalée à Trigance (Var). L'auteur sera identifié et entendu par les gendarmes de la brigade de recherches de Draguignan en région parisienne. L'enquête en crime flagrant ( Procès-verbal 190 du 30 juillet 1983 ) est poursuivie sur commission rogatoire du 10 août 1983 de Monsieur Georges Maman juge d'instruction au T.G.I. de Draguignan chargé d'informer contre X inculpé de tentative d'enlèvement d'enfant de 15 ans.

Un rapprochement est fait sans résultat positif, avec la disparition d'un autre garçon de 13 ans, John Berthe, en date du 3 novembre 1982 à Théoule-sur-Mer (Alpes maritimes )

Le 29 décembre 1988 un procès-verbal de synthèse n° 332/1 signé par le commandant de la section de recherches clôture l'enquête. Il y est indiqué en conclusion qu'un faisceau de présomptions existe contre deux personnes nominativement désignées.

Procès d'un suspect modifier

En mai 1988, un habitant de Peyroules, Georges Laugier, qui avait produit un faux alibi, est placé en détention provisoire. Lors de son procès, en 1992, les charges sont jugées trop faibles et il est acquitté[3],[2],[4]

Reprise des investigations. modifier

La chambre d'accusation de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence ordonne dans un arrêt n° 579 du 30 juin 1993 la réouverture de l'information suivie du chef d'enlèvement par fraude ou violence d'un mineur de 15 ans, crime prévu et puni par les articles 354 et suivants du Code pénal[5]. Dit qu'il sera également instruit des chefs de séquestration de personne et complicité, crimes prévus et punis par les articles 341 et 342 du Code pénal, ainsi que du chef de recel de cadavre article 359 du même code. Désigne Monsieur Mistral, Président de la chambre d'accusation, pour procéder à l'information par toutes voies de droit et prescrire tous actes d'instruction nécessaires.

La section de recherches de Marseille est saisie du dossier sur la disparition de Mathieu Haulbert.

En 2022, après l'ouverture du pôle « cold cases », le parquet de Nanterre décide de reprendre les investigations.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-Yves Thélène, Crimes sans châtiment, p. 137 et suivantes. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Affaire Mathieu Haulbert, notamment déroulement des débats tenus devant la cour d'assises de Digne.
  • Marie-Noël Paschal, Les grandes affaires criminelles des Alpes-de-Haute-Provence, Éditions De Borée, , « Disparu quelque part sur le chemin des bergers - Affaire George L... Peyroules - Cour d'assises des Alpes-de-Haute-Provence, 14 - 17 janvier 1992 », p. 296 et suivantes. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Emission radiophonique modifier

L'heure du Crime : L'affaire Mathieu Haulbert : une disparition mystérieuse depuis 40 ans - Présentation par Jean-Alphonse Richard[6]

Références modifier

  1. a b c et d « Cold case : le disparu de la route Napoléon, Mathieu Haulbert, 10 ans, volatilisé le 25 juin 1983 », sur www.rtl.fr, (consulté le )
  2. a b et c « Près de quarante ans plus tard, le dossier de la disparition du petit Mathieu Haulbert repris en main », sur BFMTV (consulté le )
  3. Claude Maubon, « Assises de Digne : Laugier acquitté ! », Journal Le Méridional,‎
  4. Renaud Vincent, « Devant les Assises des Alpes de Haute Provence Ce fut le procès de tous les mensonges », Journal France soir,‎
  5. Denis Trossero, « Mathieu : La justice rouvre le dossier », Journal Le Méridional,‎
  6. Jean-Alphonse Richard, « L'heure du Crime : L'affaire Mathieu Haulbert : une disparition mystérieuse depuis 40 ans » [" audio " https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=1do6ScHgtaw%5D,