L'affaire Púnica, parfois aussi appelée l'opération Púnica, est une affaire politico-financière espagnole. Cette affaire commence avec l'opération effectuée par l'Unité centrale opérationnelle de la Garde civile le à la demande du juge de l'Audience nationale d'Espagne, à l'encontre de 51 personnes, élus, fonctionnaires et chefs d'entreprises, qui sont arrêtés. Ils sont supposément impliqués dans un système de corruption qui aurait attribué des contrats publics d'une valeur de 250 millions d'euros en deux ans en échange de paiements et de commissions illégales –soit 2 à 3 % du montant du contrat– qui auraient été ensuite blanchis à travers un réseau sociétaire.

Francisco Granados, ancien secrétaire général et numéro deux du Parti populaire de la Communauté de Madrid, est un des principaux concernés, indirectement à l'origine du nom de l'affaire.

Historique modifier

L'affaire Púnica commence le lorsque le juge de l'Audience nationale d'Espagne, Eloy Velasco (es)[1],[2] demande à l'Unité Centrale Opérationnelle (UCO) de la Garde civile de déclencher une opération à l'encontre de 51 personnes, politiques, fonctionnaires et chefs d'entreprises. Arrêtés le jour même, ils sont supposément impliqués dans un système de corruption qui aurait attribué des contrats publics d'une valeur de 250 millions d'euros en deux ans en échange de paiements et de commissions illégales –soit 2 à 3 % du montant du contrat– qui auraient été ensuite blanchis à travers un réseau sociétaire[3],[4].

Selon le parquet anti-corruption espagnol (es), il s'agit d'un «  réseau de corruption municipale et régionale infiltrée dans diverses municipalités et organismes des communautés autonomes, principalement dans les provinces et communautés autonomes de Madrid, Murcie, León et Valence »[5].

Le nom d'« Opération Púnica » attribué à cette opération par une part de la Guardia civil provient du nom scientifique du grenadier, Punica granatum, faisant ainsi référence à Francisco Granados (Granados signifiant grenadiers en espagnol)[6],[7],[8].

Parmi les personnes arrêtées, en plus de Francisco Granados, apparemment le numéro un du réseau et secrétaire général du Parti Populaire de Madrid entre 2004 et 2011, ancien sénateur, et qui a assumé les charges de conseiller de la Présidence, de la Justice et de l'Intérieur, ainsi que des Transports de la Communauté de Madrid, se trouvent six maires de la communauté de Madrid, ceux de Parla, Valdemoro, Torrejón de Velasco, Casarrubuelos, Collado Villalba et Serranillos del Valle), le secrétaire de l'Institut de Tourisme de la région de Murcie, l'ancien maire de Carthagène, José Antonio Alonso[9] et le président de la députation provinciale de León, Cadres Martínez Barazón[1],[10],[2]. Divers chefs d'entreprise, accusés d'être les corrupteurs, sont aussi arrêtés et divers sièges d'entreprises sont perquisitionnés[11]. Parmi les entreprises impliquées dans ce réseau, la plus impliquée serait Cofely, une filiale de la multinationale française GDF Suez, qui aurait accaparé 160 des 250 millions d'euros de contrats publics[12]. Après l'arrestation de José Martínez Nicolás, conseiller délégué de l'Agence de l'Informatique et des Communications de la communauté de Madrid, le , le nom de l'entreprise d'informatique Indra Sistemas est aussi apparu comme une des bénéficiaires[13].

Personnes concernées modifier

Le , 35 personnes sont arrêtées, et 15 sont inculpées[14],[15],[16].

Le le juge décrète l'incarcération de Francisco Granados, décision qui a été confirmée par l'Audience Nationale un mois et demi après, face au risque de fuite et de destruction de preuves qui a cependant pu déjà se passer au cours de ce mois et demi. Dans l'arrêté d'incarcération il rappelle qu'il est attribué à Granados de “ faire partie d'une organisation criminelle dédiée à perpétrer des délits de blanchiment, contre le Trésor public, de faux documents, de corruption et de trafic d'influence ”. L'Audience Nationale a aussi rejeté le recours sur la supposée illégalité de son arrestation[17].

Le , Antonio Sánchez Fernández, ancien maire de Serranillos del Valle est surpris par la Garde civile en train d'emporter des caisses de documents de la mairie, après avoir été alertée par un fonctionnaire local de la possibilité du délit en cours[18]. Lors de cet événement, Sánchez, déjà inculpé faisait l'objet d'une enquête pour prévarication, fraude, corruption et malversation. Au préalable, il avait prétexté un problème de santé pour ne pas avoir à se présenter devant le juge.

En , la défense de Francisco Granados présente au juge un document demandant d'élargir l'enquête à d'autres élus de la Communauté de Madrid, tels qu'Ignacio González, Cristina Cifuentes et Esperanza Aguirre[19]. En , les enquêteurs remettent au juge d'instruction plusieurs rapports dans lesquels ils demandent d'étendre l'enquête à Eduardo Zaplana[20].

Le , Francisco Granados allègue devant le juge l'existence d'une « relation » entre Ignacio González et Cristina Cifuentes[21]. Le lendemain Ignacio González est mis en examen[22].

En 2018, les enquêteurs cherchent notamment à clarifier les liens présumés entre l’entrepreneur et informaticien Alejandro de Pedro Llorca et des personnalités du monde politique et économique, notamment dans la région de Carthagène[23],[24].

En , le parquet anticorruption demande au juge instruisant l'affaire Púnica de mettre en examen Cristina Cifuentes, Esperanza Aguirre et Javier Monzón, actuel président du conseil d’administration du groupe de presse Prisa, pour leur implication présumée dans le financement illégal du PP de Madrid[25].

Parmi les personnes citées dans l'affaire se trouvent :

Personnalités politiques
Nom Parti Mandat ou fonction Statut
Antonio Borrego[14] Directeur de cabinet de José María Fraile (maire de Parla) Arrêté le
José Carlos Boza[14] PP Maire de Valdemoro (2011 - 2014) Arrêté le
Elena María Fernández[14] Ingénieure municipale de Parla Arrêté le
José María Fraile[14] PSOE Maire de Parla (2008 - 2014) Arrêté le
Francisco Granados[16],[26] PP Maire de Valdemoro (1999 - 2003)

Membre du gouvernement de la Communauté de Madrid (2003 - 2011)

Sénateur (2011 - 2014)

Secrétaire général du Parti populaire de la Communauté de Madrid (2004 - 2011)

Arrêté le . En détention préventive du au , date de sa libération sous caution.
José Javier Hernández Nieto[14] PP Adjoint au maire de Valdemoro, José Carlos Boza, chargé des Finances Arrêté le
Agustín Juárez[27] PP Maire de Collado Villalba Arrêté le
Marcos Martínez[15] PP Président de la députation provinciale de León (mai - )

Maire de Cuadros (depuis 1991)

Président du Parti populaire de León (2014)

Arrêté le . En détention préventive du au , date de sa libération sous caution[28],[29].
José Martínez Nicolás[30] Conseiller délégué de l'Agence d'Informaticienne et Communications de la Communauté de Madrid Arrêté le
David Marjaliza[31],[32] PP Chef d'entreprise et ancien président des Nouvelles Générations du PP à Valdemoro Arrêté le
José Luis Navarro Architecte municipal de Valdemoro Arrêté le
Alfredo Ovejero[14] Directeur de cabinet de José Carlos Boza (maire de Valdemoro) Arrêté le
Alejandro de Pedro Llorca[33] Chef d'entreprise et consultant Arrêté le
Avelino Pérez Pallares[14] Responsable des travaux publics à Parla Arrêté le
Alejandro Utrilla[34] PP Conseiller municipal chargé de l'Environnement à Móstoles Arrêté le
David Pérez García[35] PP Maire d'Alcorcón Arrêté le
David Rodríguez Sanz PP Maire de Casarrubuelos Arrêté le
Gonzalo Cubas PP Maire de Torrejón de Velasco Arrêté le
Antonio Sánchez Fernández[36] Union démocrate madrilène Maire de Serranillos del Valle Arrêté le

Références modifier

  1. a et b «Detenido Francisco Granados en una macro redada contra la corrupción.
  2. a et b «Medio centenar de detenidos en una gran operación contra la corrupción.
  3. (en) « JUSTICIA 'Operación Púnica' La trama de Granados habría cobrado comisiones de hasta el 2% y el 3% de cada contrato », El Mundo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. «Francisco Granados y media docena de alcaldes, entre los 51 detenidos por corrupción.
  5. (es) « Detenido Francisco Granados en una macrorredada contra la corrupción », sur politica.elpais.com,
  6. « Operación Púnica: los principales implicados », El País,
  7. (es) « Granados es púnica », El País,
  8. (es) « De Gürtel a Púnica: cómo se bautizan las operaciones policiales », sur eldiariomontanes.es,
  9. «51 detenidos en cuatro comunidades en una macrorredada anticorrupción.
  10. «Arrestados seis alcaldes, entre ellos los de Parla, Valdemoro y Villalba.
  11. (en) A. Caparrós, « Operación Púnica: la Guardia Civil detiene a un segundo empresario en Valencia », ABC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) J.A. J.M Hernández, Romero, « Una firma de la trama acaparó 160 millones en contratos amañados », El País,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (es) « Detenido el jefe de informática de la Comunidad de Madrid », El País,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. a b c d e f g et h (es) Pedro Águeda, « Lista completa de los 35 detenidos en la operación Púnica », el diario,‎ 28/1072014 (lire en ligne, consulté le )
  15. a et b (es) « Listado de los principales detenidos en la operación Púnica », La Vanguardia,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b (es) J. A.R., « Granados es púnica », El País,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. "La Audiencia confirma la prisión de Granado por la 'Operación Púnica'", El País, 18 de diciembre de 2014.
  18. (en) Manuel Marraco, « Dimite el alcalde de Serranillos del Valle, después de que le pillaran llevándose 'cajas' de documentos », El Mundo, elmundo.es,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. (es) « Granados pide al juez que impute a Aguirre, Cifuentes y González », sur abc, (consulté le )
  20. « La UCO atribuye a Zaplana tráfico de influencias por mediar para que Botella contratara con empresas de la Púnica », sur La Vanguardia, (consulté le )
  21. (es) Heraldo de Aragón, « Granados enciende el ventilador: implica a Aguirre y apunta a una relación entre Ignacio González y Cifuentes », sur heraldo.es (consulté le )
  22. (es) « Ignacio González también pasa a estar imputado en el caso Púnica », sur abc, (consulté le )
  23. (es) « Eduardo, el «querido compañero» », sur La Verdad, (consulté le )
  24. (es) « Zaplana & Alonso & Cia Business », sur La Verdad, (consulté le )
  25. (es) Marcos Pinheiro, « Anticorrupción pide imputar a Aguirre y Cifuentes por la financiación ilegal del PP de Madrid », sur eldiario.es, (consulté le )
  26. (en) « 51 detenidos, entre ellos Francisco Granados, por formar parte de una trama de cobro de comisiones », El diario,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. Esther Sánchez, « El alcalde de Collado Villalba dimite tras su imputación en la trama Púnica », El País,
  28. (es) « Prisión incondicional y sin fianza para Marcos Martínez, que ingresará en Soto del Real », sur elnortedecastilla.es, (consulté le )
  29. (es) « La Fiscalía pide entre ocho y diez años de prisión para Marcos Martínez por la Operación Púnica », sur abc, (consulté le )
  30. Carlos Segovia, « Detenido el jefe informático de la Comunidad de Madrid dentro de la 'operación Púnica' », El Mundo,
  31. Alberto Pozas y Pedro Jiménez, « El empresario detenido: "El hombre que no tiene precio no vale nada" », Cadena Ser,
  32. « David Marjaliza, el constructor amigo de Granados que espió (presuntamente) a Ignacio González », ABC,
  33. H. Sanjuan, M. G. Ivars y Juan Nieto, « Un contratista de alcaldes del PP ligado a otra gran trama corrupta », El Mundo,
  34. F. Javier Barroso, « Dimite el concejal de Móstoles imputado en la Operación Púnica », El País,
  35. http://portaldelsur.es/not/26311/un-conocido-diario-apunta-a-que-david-perez-alcalde-en-funciones-de-alcorcon-podria-ser-investigado-por-la-trama-ldquo-punica-rdquo-/
  36. « Jefes de gabinete, arquitectos y abogados, entre detenidos en la trama Púnica », sur La Vanguardia (consulté le )