Affrontements de 2023 en région Amhara

Affrontements de 2023 en région Amhara
Description de cette image, également commentée ci-après
Situation du conflit au 11 août 2023
Informations générales
Date depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu Région Amhara (Éthiopie)
Casus belli Décision du gouvernement fédéral éthiopien d'intégrer les forces spéciales de la région Amhara dans l'armée fédérale[1].
Issue Résultat indécis
Reprise par l'armée éthiopienne de plusieurs villes de la région Amhara, dont Baher Dar, Gondar ou Lalibela le 8 août[2].
Belligérants
Milice Fano
Déserteurs des forces spéciales amharas
Drapeau de l'Éthiopie Forces de défense nationale éthiopiennes
Drapeau de la région Amhara Gouvernement de la région Amhara
Commandants
Inconnus Drapeau de l'Éthiopie Abiy Ahmed
Drapeau de l'Éthiopie Sahle-Work Zewde
Drapeau de l'Éthiopie Birhanu Jula
Drapeau de l'Éthiopie Abebaw Tadesse
Drapeau de la région Amhara Yilkal Kefale
Pertes
Inconnues Inconnues

Le 6 avril 2023, le gouvernement du premier ministre Abiy Ahmed prend la décision d'intégrer les "forces spéciales régionales" (forces paramilitaires commandées par les gouvernements régionaux éthiopiens) à l'armée fédérale[3]. Cette décision provoque de vives tensions en région Amhara où une partie de la population considère cette dissolution comme, entre autres, une atteinte à l'autonomie de leur région[4]. Le , après plusieurs mois de tensions[5], les affrontements opposant des miliciens nationalistes amharas, appelés Fano, et les Forces de défense nationale éthiopiennes (FDNE) augmentent en intensité dans plusieurs endroits de la région Amhara, en Éthiopie. Les principales villes du pays, comme Debre Tabor ou Gondar, sont le théâtre de combats. Les campagnes amharas sont dans leurs grandes majorités contrôlées par les miliciens Fano[6]. Cette situation amène le gouvernement fédéral éthiopien à déclarer le 4 août un état d'urgence de 6 mois dans la région[7] et à mener, sur demande du gouvernement régional, une opération militaire[8] qui a pour but de reprendre le contrôle de la majorité des villes de la région ainsi que des principaux axes de communications[9].

Contexte modifier

Le , le gouvernement fédéral éthiopien déclare l'intégration de toutes les « forces spéciales régionales » à l'armée fédérale[10]. Cette décision est particulièrement mal accueillie dans la région Amhara où elle est considérée comme une trahison, notamment en raison de l'aide cruciale qu'avait auparavant apporté ces unités paramilitaires à l'armée éthiopienne dans sa guerre contre la région voisine du Tigré[11]. De plus cette dissolution se produit dans un contexte de tensions ethniques très importantes résultant entre autres de l'occupation par la région Amhara de la zone de Mi'irabawi appartenant juridiquement au Tigré[12]. Dans ce contexte beaucoup d'amharas considèrent les forces spéciales régionales comme indispensables pour défendre leur région. D'autant plus que beaucoup n'ont pas confiance en la capacité et en la volonté du gouvernement fédéral à garantir la sécurité et à protéger les intérêts de la région Amhara[13].

Peu de temps après l'annonce de leur démantèlement, de nombreux membres des forces spéciales amharas désertent et rejoignent la milice Fano[5]. Dans le même temps, de grandes manifestations dégénérant parfois en affrontement avec la police ont lieu dans la plupart des villes de la région[14].

Déroulement modifier

Offensive de la milice Fano modifier

Juste après la décision du gouvernement éthiopien d'intégrer les forces spéciales à l'armée fédérale, des affrontements d'intensité variable éclatent dans toute la région Amhara[15]. Ces affrontements gagnent en intensité durant les mois suivant jusqu'à prendre une nouvelle dimension en août. Le 2 août, la milice Fano prend le contrôle de Lalibela. Le vice-Premier ministre fédéral Demeke Mekonnen déclare que les problèmes de sécurité dans différentes zones de la région Amhara deviennent « préoccupants »[16]. Le lendemain, les autorités loyalistes de la région Amhara demandent une intervention militaire fédérale. Le président de la région Yilkal Kefale déclare que, « si les combats continuent, ce sera l’anarchie dans notre province »[8].

Durant les jours suivant, les principales villes de la région, comme Gondar ou Debre Tabor, sont le théâtre de violents combats entre l'armée fédérale et les Fanos. La majorité des zones rurales de la région Amhara semblent progressivement échapper au contrôle de l'armée éthiopienne qui se retranche dans les villes où, d'après plusieurs témoins, elle n'hésite pas à utiliser des armes lourdes comme de l'artillerie pour repousser les insurgés[17]. Le 4 août, le gouvernement décrète l'état d'urgence pour 6 mois dans la région Amhara. Le premier ministre Abiy Ahmed justifie cette décision en expliquant qu'il était devenu « nécessaire de déclarer l’état d’urgence » en raison de la difficulté de contrôler la situation avec la « loi actuelle »[18]. À cette date, les troupes éthiopiennes semblent avoir perdu le contrôle de la majorité de la région à l'exception des villes où elles sont assiégées[19].

Le directeur général de l'Agence de sécurité des réseaux d'information, Temesgen Tiruneh, déclare le 6 août que les miliciens amharas ont capturé des villes, libéré des prisonniers et pris le contrôle d'institutions gouvernementales[6]. Le 7 août, le gouvernement éthiopien reconnaît avoir perdu le contrôle de certaines villes et districts de la région[19]. Le 8 août, la compagnie aérienne Ethiopian Airlines interrompt ses liaisons vers Gondar, Lalibela, Dessie, et Baher Dar en raison des combats qui ont lieu dans ces villes[20]. Dans le même temps les forces de sécurités éthiopiennes procèdent à plusieurs arrestations de personnes liées à la « crise sécuritaire »[21].

Contre-offensive des Forces de défense nationale éthiopiennes modifier

Après plusieurs jours de combats entre l’armée fédérale et les insurgés, le gouvernement éthiopien annonce le 9 août que les grandes villes de la région Amhara ont été « libérées de la menace des bandits ». Cette déclaration est confirmée par des habitants de diverses villes de la région, interrogés par l'AFP, qui font également état de la progression des forces éthiopiennes[9]. Le gouvernement éthiopien ne communique aucun bilan officiel des combats mais deux médecins de Baher Dar et de Gondar font état de nombreux civils tués ou blessés dans les récents combats[22].

Un milicien de Fano déclare à Reuters que les FDNE étaient accompagnés de la police antiémeute et de miliciens pro-gouvernementaux et avaient notamment fait usage de blindés pour reprendre la région[23]. Le 9 août, Ethiopian Airlines annonce reprendre les vols en direction de la région Amhara. Plusieurs habitants de la région déclarent que la situation est redevenue calme mais signalent tout de même que, bien que chassés des villes, les miliciens Fanos restent présent dans les campagnes, notamment dans les zones du Debub Wollo et du Semien Gondar[24].

Réactions modifier

Les États-Unis se disent « profondément préoccupés » par la violence dans la région Amhara[Quand ?]. En parallèle, l'Espagne et le Royaume-Uni déconseillent à leurs citoyens de rendre dans la région[25]. Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom, déclare le 7 août que, dans la région, « l'accès humanitaire est difficile en raison du blocage des routes et la communication difficile en raison de la suspension d'Internet ». Il appelle à « un accès et à une protection ininterrompus des soins de santé à Amhara, afin que l'OMS et ses partenaires puissent poursuivre leur travail. », et conclut en réclamant la paix[26].

Références modifier

  1. « En Éthiopie, le gouvernement affirme avoir « libéré » six grandes villes de la région Amhara de la « menace des bandits » », sur Le Monde
  2. « Éthiopie : le gouvernement démantèle des forces militaires des régions », sur Le Figaro
  3. « De violentes manifestations en Éthiopie contre la dissolution des forces armées régionales »
  4. « Éthiopie: malgré les résistances, le gouvernement veut démanteler les forces spéciales régionales »
  5. a et b « En Ethiopie, la région Amhara théâtre d’affrontements entre des milices et l’armée nationale », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b « Éthiopie : Les affrontements s'intensifient dans la région d'Amhara », sur www.aa.com.tr (consulté le )
  7. « L'Éthiopie déclare l'état d'urgence après des affrontements en région Amhara », sur LEFIGARO, (consulté le )
  8. a et b « L’Ethiopie au bord d’un nouveau conflit après des affrontements en Amhara », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b « L’Ethiopie dit avoir repris six grandes villes de l’Amhara - Le Temps », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  10. « Éthiopie : le gouvernement démantèle des forces militaires des régions »
  11. « En Ethiopie, le gouvernement décrète l’état d’urgence après des affrontements armés en région Amhara »
  12. « Éthiopie: un «nettoyage ethnique» continue dans l'ouest du Tigré malgré l’accord de paix, selon HRW »
  13. « En Ethiopie, la région Amhara se révolte contre le démantèlement de sa force spéciale régionale », sur Libération (consulté le )
  14. « Ethiopie : des victimes signalées lors de manifestations dans la région d’Amhara »
  15. « Éthiopie : la fièvre meurtrière en pays amhara emporte deux humanitaires »
  16. (en) Dawit Endeshaw, « Ethiopian military clashes with militia in Amhara, injuries reported », Reuters,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  17. AfricaNews, « Ethiopie : annulation des vols vers l'Amhara, en proie à des combats », sur Africanews, (consulté le )
  18. « Affrontements armés en Amhara, l’Éthiopie déclare l’état d’urgence – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  19. a et b (en) Cara Anna, « Ethiopia's government says it lost control of some areas in the Amhara region to militia fighters », sur AP News, (consulté le )
  20. « Éthiopie: Les derniers vols vers la région Amhara annulés », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. (en) « Ethiopia Announces Arrests in Tense Amhara Region », sur VOA, (consulté le )
  22. « Éthiopie: l'armée a «libéré» plusieurs grandes villes en Amhara, selon le gouvernement », sur RFI, (consulté le )
  23. (en) « Ethiopian forces push Fano fighters from Amhara’s Gondar city », sur www.aljazeera.com (consulté le )
  24. « Éthiopie: Le « calme » est de retour dans la région d’Amhara », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. (en) « Ethiopia Announces Arrests in Tense Amhara Region » [archive du ], VOA, (consulté le )
  26. « WHO expresses concern, calls for uninterrupted access and protection of health care in Amhara region » [archive du ], Addis Standard, (consulté le )