Agences administratives temporaires établies par la Russie en Ukraine

Lors de l'invasion russe de l'Ukraine à partir de février 2022, la Russie met en place une série d'agences administratives temporaires pro-russes sur le territoire ukrainien qu'elle occupe. Elle visent à consolider son contrôle sur les zones occupées.

Territoire ukrainien occupé par la Russie.

Le , des référendums en Ukraine occupée, largement considérés comme fantoches, mènent à l'annexion russe du Sud et de l'Est du pays, qui a lieu officiellement trois jours plus tard.

Dans les régions illégalement occupées, la Russie a recours à la violence pour réprimer les mouvements de résistance pro-ukrainiens.

Mise en place de l'occupation

modifier

Le 27 février, le maire de Koupiansk, dans l'oblast de Kharkiv, Guennadi Matsegora remet la ville à l'armée russe sans résistance, et est retenu comme maire[1]. Le 12 mars, l'armée russe met en place une agence administrative temporaire à Melitopol et nomme Halyna Danyltchenko (en) comme maire de la ville, l'ancien maire Ivan Fedorov ayant été arrêté par l'armée russe[2]. Le , les autorités de la république autonome de Crimée occupée par la Russie annoncent que la Russie a créé une « agence administrative militaire-civile de Kherson » dans l'oblast occupé de Kherson. L'homme politique pro-russe Vladimir Saldo est nommé gouverneur.

Le 22 avril, Dmitri Belik, membre de la Douma d'État, déclare qu'après la fin de « l'opération militaire spéciale », la Russie rétablira le district fédéral de Crimée pour annexer le sud de l'Ukraine à la Russie[3]. Auparavant, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la Russie n'a pas l'intention d'occuper l'Ukraine[4].

Vie des habitants des zones occupées par la Russie

modifier

Selon Sergueï Tsekov (en), membre du Conseil de la fédération de Russie, le but de l'établissement par l'armée russe de branches administratives dans les zones occupées est de maintenir les moyens de subsistance de la population et d'optimiser la gestion des colonies et des territoires (activité des hôpitaux, logement et services à la personne et services d'urgence). Le gouvernement du territoire occupé doit fournir de la nourriture, recevoir et organiser l'aide humanitaire et, dans certains cas, remplir les fonctions d'un organisme chargé de l'application de la loi[5].

Cependant, un enseignant de l'Académie militaire de l'état-major russe[1] déclare à BBC News Russian que les autorités militaires russes ne réalisent pas un bon travail pour gérer les villes occupées. Il révèle que les habitants et responsables des zones occupées ont signalé des pénuries de produits alimentaires et agricoles locaux[6],[7],[8].

Afin d'intimider les civils et d'affaiblir leur volonté de résistance, l'armée russe enlève régulièrement des responsables locaux[9]. Après le début de l'occupation de l'oblast de Kherson par les troupes russes, presque la moitié des habitants quittent la ville de Kherson, et un cinquième fuit même au-delà de l'oblast de Kherson. Ceux qui restent participent d'abord à des rasssemblements pro-ukrainiens. Par la suite, l'armée russe impose un pouvoir de terreur et l'État signale un grand nombre d'enlèvements, de cas de torture, de pillages et de viols[10]. L'armée russe interdit aux personnes des zones occupées de se rendre dans les zones contrôlées par les forces ukrainiennes, et emmène près de 900 000 citoyens ukrainiens en Russie[11],[12]. Les autorités russes retiennent aussi des civils ukrainiens prisonniers dans des camps de filtration[13].

En outre, l'armée russe intimide ou kidnappe régulièrement des journalistes, les forçant à faire de la propagande au profit de la Russie[14],[15]. La commissaire ukrainienne aux droits de l'homme de la Rada, Lioudmyla Denissova, accuse l'armée russe « d'instaurer la terreur et la censure » dans les territoires occupés[7]. Selon certaines informations, l'armée russe aurait forcé des étudiants universitaires, dans les zones contrôlées par la république populaire autoproclamée de Donetsk (RPD) et la RPL à donner leur sang collectivement pour les soldats russes blessés. De tels actes violeraient les onventions de Genève s'ils sont avérés[16].

Les forces russes retirent le drapeau ukrainien dans la zone occupée. À Iakymivka, dans l'oblast de Zaporijjia, ils forcent un habitant local qui a décroché le drapeau russe à s'excuser auprès de la caméra. L'administration d'occupation tente de remplacer la hryvnia ukrainienne par le rouble russe[17], et délivre également des passeports russes dans le territoire occupé[18]. En matière de culture, les chaînes en langue ukrainienne sont interdites de diffusion dans les zones occupées et les chaînes de télévision remplacées par des chaînes en langue russe et des stations d'information contrôlées par le gouvernement russe[19],[20].

Agences administratives temporaires créées par la Russie et leurs chefs

modifier

Oblast de Donetsk (République populaire de Donetsk)

modifier

Oblast de Lougansk (République populaire de Louhansk)

modifier

Références

modifier
  1. a b c et d (ru) Анастасия Лотарева, Андрей Захаров, « Экс-"регионал", бухгалтерша и горный инженер: кто стал новой властью на оккупированных украинских территориях »,‎ 1 avil 2022 (consulté le )
  2. a et b (en) By Helen Regan, Steve George, Maureen Chowdhury, Mike Hayes and Amir Vera, « March 13, 2022 Russia-Ukraine news / Treason investigation launched into newly installed mayor of Russian-occupied Melitopol » [archive du ], CNN, (consulté le )
  3. (ru) « «Важные истории» собрали главные новости дня » [archive du ], istories.media (consulté le )
  4. Путин врал, что войны с Украиной не будет. Хронология обмана президента РФ | Россия и россияне: взгляд из Европы | DW | 24.02.2022
  5. (ru) « В Крыму заявили о создании на юге Украины военно-гражданских администраций », sur ОБЪЕКТИВ,‎ (consulté le )
  6. (en) Shaun Walker et Isobel Koshiw, « ‘We’re living a nightmare’: life in Russian-occupied southern Ukraine » [archive du ], The Guardian, (consulté le )
  7. a et b (en) Guy Chazan et John Reed, « Life under occupation: how Ukrainians are resisting Russian rule », Financial Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Jamie Dettmer, « Life Under Russian Occupation: Hunger, Fear and Abductions » [archive du ], VOA (consulté le )
  9. (en) Katharine Fortin, « Abducting dissident: kidnapping public officials in occupied Ukraine » [archive du ], sur lieber.westpoint.edu, Lieber Institute | West Point, (consulté le )
  10. (ru) « «Имущество вывозят на «Камазах», насилуют даже девочек 11 лет». Исповедь жителей оккупированного Херсона » [archive du ], The Insider (consulté le )
  11. (ru) « Захарова: Киев продолжает препятствовать эвакуации мирных жителей в РФ » [archive du ], Российская газета (consulté le )
  12. (ru) « Украина обвиняет Россию в депортации 700 тысяч человек. Москва называет это эвакуацией. Люди рассказывают о фильтрационных лагерях » [archive du ], Meduza (consulté le )
  13. (ru) « Так страшно мне не было никогда «Медуза» рассказывает, как устроена система «фильтрационных лагерей» для украинцев, организованная российскими военными. И что происходит с теми, кто не смог пройти «фильтрацию» » [archive du ], Meduza (consulté le )
  14. (en) « Russians use abduction, hostage-taking to threaten Ukrainian journalists in occupied zones » [archive du ], sur Reporters sans frontières, (consulté le )
  15. (ru) « "Держат в каком-то подвале". Как в захваченных Россией регионах Украины похищают людей » [archive du ], BBC News Русская служба,‎ (consulté le )
  16. (ru) « Омбудсмен Украины: Студентов вузов в «ЛДНР» заставляют сдавать кровь для раненых российских военных » [archive du ], The Insider (consulté le )
  17. avec AFP, « Guerre en Ukraine. Le rouble pourrait bientôt être introduit dans la ville occupée de Kherson », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  18. « Guerre en Ukraine : la Russie facilite l’octroi de passeports aux habitants du sud de l’Ukraine », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. (ru) « "Скоро перестроитесь". Как Россия закрепляется на оккупированных украинских территориях » [archive du ], BBC News Русская служба,‎ (consulté le )
  20. « Ukraine : la télévision russe diffusée dans le sud de l’Ukraine », Le Parisien, (consulté le )
  21. (ru) « В Снигиревке в Николаевской области пройдет референдум о воссоединении с РФ », sur Tass,‎ (consulté le )
  22. (ru) « В Херсоне российских военных будут заселять в квартиры эвакуировавшихся украинцев », The Insider,‎ (consulté le )
  23. a et b « Российские оккупационные силы назначили своих «руководителей» в Херсоне и области » [archive du ] (consulté le )
  24. a b et c (ru) « Структура администрации Херсонской области »,‎ (consulté le )
  25. (ru) « Представитель «новой администрации» Херсонской области заявил РИА Новости, что ее возврат под контроль Украины «исключен» » [archive du ], Meduza (consulté le )
  26. a b c d e f et g (ru) « Винтовка родила власть. Кого Россия объявляет мэрами и губернаторами захваченных территорий » [archive du ], Медиазона (consulté le )
  27. « «Это новый Освенцим и Майданек». Российские военные начали сжигать тела погибших в Мариуполе в мобильных крематориях » [archive du ] (consulté le )
  28. (ru) Анна Тохмахчи, « "Сдаваться никто здесь не собирается". Начальник патрульной полиции Мариуполя – о происходящем внутри "Азовстали" » [archive du ], Настоящее Время,‎ (consulté le )
  29. (ru) « Голоса в обмен на кур » [archive du ], Важные истории,‎ (consulté le )
  30. a b et c (ru) « Гауляйтеры Купянска и Изюма сбежали в Россию », kh.vgorode.ua (consulté le )
  31. (en) « Former Russian mayor appointed head of Russian-occupied Kharkiv, TASS reports », sur Reuters, (consulté le )
  32. (en) « Leader of Russian-occupied Ukrainian town killed by car bomb -TASS », sur Reuters (consulté le )