Agitprop
L’agitprop, ou agit-prop ou encore agit'prop (troncation de agitation-propagande, traduction du russe агитации и пропаганды), est un procédé de communication politique.
Étymologie
modifierAgitprop est l'abréviation de « отдел агитации и пропаганды » (phonétisé en « atdel aguitatsi i propagandi »), c'est-à-dire « Département pour l'agitation et la propagande ». Il s'agit de l'organe des comités centraux et régionaux du Parti communiste de l'Union soviétique, qui sera ultérieurement rebaptisé « Département idéologique ».
Acception historique
modifierLe terme « propagande » ne porte pas en russe la connotation péjorative qu'il a acquise en français et en anglais. Il signifie simplement « diffusion d'idées » et recouvre la diffusion de toutes sortes de savoirs utiles, comme des méthodes agronomiques. L'Agitprop, au sens de « diffusion d'un petit nombre d'idées à un grand nombre de personnes », recouvre en revanche la notion de communication monopolistique et est conçu pour diffuser les idées du marxisme-léninisme, et autres explications de la politique menée par le parti unique. Elle enjoint aux citoyens d'agir conformément aux aspirations des dirigeants soviétiques.
En d'autres termes, la propagande est censée agir sur les esprits individuels quand l'agitprop joue sur les émotions des foules, bien que les deux soient utilisées ensemble, notamment dans l'expression « propagande et agitation ».
Acceptions contemporaines
modifierMouvements gauchistes et trotskistes
modifierL'agitprop prend aussi la forme d'un théâtre imaginatif sans moyens, pour produire des saynètes sur des thèmes tirés de l'actualité, avec des slogans martelés par les acteurs et dans une langue directe et crue, facile à comprendre. Forme de « journal vivant », ces représentations sont jouées dans la rue ou à l’usine, partout où il est possible de toucher le « peuple » comme le fait le groupe Octobre dans les années 1930 autour de Jacques Prévert.
Le terme est aujourd'hui utilisé par extension pour tout « média de masse » qui vise à influencer l'opinion à des fins politiques, commerciales, etc., et particulièrement s'il tente d'« agiter » les esprits à l'aide d'une rhétorique émotionnelle. Il concerne aussi l'art d'utiliser les mêmes « médias de masse » en se faisant remarquer par des actions spectaculaires relevant de la provocation.
Dans l'art
modifierCertain créateurs conçoivent un lien très étroit entre la performance (art) et l'agitprop, tels le poète Thomas Clerc[1]. Il relate ces "actions" en particulier dans Paris, musée du XXIe siècle. Le dix-huitième arrondissement[2].
Notes et références
modifier- en-attendant-nadeau.fr, 10 septembre 2024, Hugo Pradelle, "« Tout voir en nouveauté » : entretien avec Thomas Clerc" : « Et quand j’agis, au gré des performances, je propose une intrusion, un dévoiement qui a aussi une dimension politique. Celle de l’intervention artistique, agit-prop (qui a une longue histoire). » [1]
- Les éditions de Minuit, Paris, 2024, 624 p.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Richard Bodek, Proletarian performance in Weimar Berlin: Agitprop, chorus and Brecht, (ISBN 1-57113-126-4).
- (en) Martin Ebon, The Soviet Propaganda Machine, McGraw-Hill, (ISBN 0-07-018862-9).
- (en) Peter Kenez, The Birth of the Propaganda State: Soviet Methods of Mass Mobilization, 1917–1929, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-31398-8, lire en ligne), p. 342.
- (en) K. A. Rusnock, « Agitprop », dans Encyclopedia of Russian History, Gale Group, (ISBN 0-02-865693-8, lire en ligne).
- (en) VV. AA., « agitprop », dans Encyclopædia Britannica, (lire en ligne).
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :