Agrégation de grammaire
Le concours d’agrégation de grammaire est organisé, avec les concours d'agrégation de lettres modernes et de lettres classiques, pour le recrutement des professeurs agrégés enseignant le français, le latin et le grec ancien. Au contraire des concours cités précédemment, celui-ci n'est ouvert que par la voie externe.
Il est créé à l'origine pour recruter les professeurs des classes de grammaire, correspondant aujourd'hui à la 6e, la 5e et la 4e, le diplôme requis n'étant jusqu'en 1861 que le baccalauréat ès lettres.
Il se différencie de l'agrégation de lettres classiques, anciennement de lettres, par la prédominance de la grammaire et de la linguistique, tandis que l'autre concours fait prévaloir la littérature. Il présente deux options : français ancien et moderne ; latin et grec ancien.
Il se distingue également par le fait qu'il y ait une épreuve orale de traduction sans dictionnaire. Il fait ainsi partie des deux seuls concours avec une épreuve de version de langue ancienne sans dictionnaire, avec le concours d'entrée à l'École nationale des chartes.
Concours
modifierLe concours est ouvert aux personnes titulaires d'un master ou diplôme équivalent[1],[2].
Épreuves
modifierComme la plupart des concours, il est constitué de deux phases : l'admissibilité et l'admission ; la première se déroule à l'écrit et détermine l'accès à la seconde qui a lieu à l'oral le cas échéant. Elles comptent chacune pour la moitié de la note finale[3].
La dissertation de littérature française et l'explication d'un texte français portent sur un programme d'auteurs français. Les épreuves de langues anciennes sont hors-programme à l'écrit, et à l'oral une seule sur les deux porte sur un texte au programme, selon un tirage au sort. Le candidat choisit une option, entre « français ancien et moderne » et « latin et grec ancien », qui détermine laquelle prédomine dans les épreuves de grammaire et linguistique[3].
Nature | Intitulé | Durée | Coefficient |
---|---|---|---|
Épreuves écrites d'admissibilité | Dissertation de littérature française | 7 h | 9 |
Composition principale de grammaire et linguistique[a] | 4 h 30 | 8 | |
Thème latin | 4 h pour chacune de ces trois épreuves | 5 | |
Version latine | 5 | ||
Thème grec | 5 | ||
Composition complémentaire de grammaire et linguistique[b] | 2 h 30 | 4 | |
Épreuves orales d'admission | Explication d'un texte de français moderne[c] suivie d'une interrogation de grammaire et d'un entretien | 2 h de préparation et 50 min de passage pour chacune de ces trois épreuves | 12 |
Explication d'un texte latin ou grec sur programme suivie d'une interrogation de grammaire et d'un entretien | 9 | ||
Exposé de grammaire et linguistique suivi d'un entretien[a] | 9 | ||
Explication improvisée d'un texte grec ou latin hors-programme suivie d'une interrogation de grammaire et d'un entretien | 45 min de préparation et 30 min de passage | 6 |
Programme
modifierLe programme du concours est constitué, d'une part, de six auteurs français (Moyen Âge, XVIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle et XXe siècle), et d'autre part de quatre auteurs latins ainsi que quatre auteurs grecs. Le programme de littérature française, renouvelé intégralement chaque année, est commun avec les agrégations externes de lettres modernes et de lettres classiques, en plus du programme de littérature antique pour cette dernière qui est renouvelé par moitié chaque année. Un programme limitatif est également publié pour les épreuves de grammaire et linguistique.
Historique
modifierTitulaires célèbres
modifier- Salomon Reinach (1879, reçu 1er) ;
- Ferdinand Brunot (1882, reçu 1er) ;
- Auguste Salles (1886) ;
- Charles Rinn (1894) ;
- Maurice Rat (1919) ;
- Émile Benveniste (1922) ;
- Pierre Chantraine (1922) ;
- Régis Messac (1922) ;
- Henri Seyrig (1922) ;
- Robert Flacelière (1925) ;
- Jean Daniélou (1927) ;
- Michel Lejeune (1929, reçu 1er) ;
- René Étiemble (1932) ;
- Roger Ikor (1935) ;
- Léopold Sédar Senghor (1935) ;
- Roger Caillois (1936) ;
- Henri Bonnard (1937) ;
- Gérald Antoine (1939) ;
- Pierre Larthomas (1939) ;
- Gilbert Lazard (1946, reçu 1er du concours spécial) ;
- Roger Quilliot (1949) ;
- Alain Hus (1950, reçu 1er) ;
- Paul Veyne (1955) ;
- Michel Arrivé (1958) ;
- Serge Koster (date ?) ;
- Alain Frontier (1965) ;
- Dominique Briquel (1968) ;
- Jean-Pierre Bobillot (1982) ;
- Pascale Hummel (1986, reçue 1re) ;
- Marie-Hélène Lafon (1987) ;
- Alexandre François (1995, reçu 1er).
Dans la culture
modifier- Dans le chapitre 1 du livre III Les Amours enfantines () des Hommes de bonne volonté de Jules Romains, Jerphanion s'adresse à Caulet en sa qualité de grammairien pour savoir si ça l'étonne qu'un même mot puisse avoir plusieurs sens et s'il s'agit de pauvreté de la langue ou non ; ce à quoi Caulet proteste : « Ne te perds pas en conjectures. J'ai choisi la grammaire, parce que c'est l'agrégation de grammaire qui passe pour la plus facile. S'il y avait eu une agrégation d'alphabet, j'aurais choisi l'agrégation d'alphabet. »
- Ce passage est, en outre, cité par Jean d'Ormesson dans une interview pour Propos et confidences à propos de sa vie à l'École normale supérieure[4].
- Dans le chapitre 7 du livre III Les Amours enfantines () des Hommes de bonne volonté de Jules Romains, Jerphanion s'interroge quant aux débouchés de l'École normale supérieure : « Jerphanion était surpris. On parlait assez souvent, dans les thurnes, de ceux des Normaliens qui, au sortir de l'École, ou plus tard, avaient pris des directions insolites. Leur destinée, quelle qu'en fût la valeur propre, avait le mérite de mettre dans l'image d'un avenir hélas ! trop prévisible, un peu de hasard et de romanesque. On se consolait de préparer l'agrégation de grammaire, en se disant qu'on serait peut-être un jour non point proviseur du Lycée de Vesoul, sous un parapluie, mais Directeur des tabacs en Perse, ou administrateur de théâtre. »
Notes et références
modifierNotes
modifier- Cette épreuve porte sur l'option choisie par le candidat : français ancien et moderne ; latin et grec ancien.
- Cette épreuve porte sur l'option non-choisie par le candidat : latin et grec ancien ; français ancien et moderne.
- Il s'agit d'un des textes du programme postérieurs à 1500.
Références
modifier- « Enseigner dans les classes préparatoires, au collège ou au lycée et dans les établissements de formation : l'agrégation », sur devenirenseignant.gouv.fr (consulté le )
- Aghilas, « Tout savoir sur l’agrégation : interne, externe, salaire... », sur Groupe Réussite, (consulté le )
- « Les épreuves de l'agrégation externe section grammaire | devenirenseignant.gouv.fr », sur www.devenirenseignant.gouv.fr (consulté le )
- Radio-Canada Archives, « En 1987, l'écrivain et journaliste Jean d'Ormesson se raconte (épisode 2) », sur Youtube, (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Agrégation de lettres
- Agrégation de lettres classiques
- Agrégation de lettres modernes
- Agrégation de littérature ancienne et moderne
- CAPES de lettres
Liens externes
modifier- Site officiel des agrégations du second degré.