Alan Odle

illustrateur britannique

Alan[2] Elsden Odle est un artiste peintre, graveur et illustrateur britannique né en 1888 et mort en 1948.

Alan Odle
Dorothy Richardson et Alan Odle, photo publiée dans Everyman Magazine[1], 28 octobre 1931.
Biographie
Naissance
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Nationalité
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Fratrie
E. V. Odle (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint

Il fut l'époux de l'autrice Dorothy Richardson.

Biographie

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Couverture de The Gypsy (no 1, 1915), revue publiée à Londres.

Rétrospectivement considéré comme un précurseur du surréalisme par les critiques britanniques[3], Alan Odle invente très tôt une imagerie subversive et grotesque dans un style graphique d'une grande modernité, qui l'inscrit dans la filiation d'un Aubrey Beardsley : proche ami de John Archibald Austen (1886-1948), Odle fut sans doute l'un des derniers excentriques et décadents britanniques issus de la mouvance proche d'Oscar Wilde.

Odle est, selon Dorothy Richardson, fils d'un banquier. Vers 1910, révélé précocement comme doué pour le dessin, il fréquente différentes écoles d'art : la Sidney Cooper School of Art à Canterbury, et la St John's Wood Art School (en) située à St John's Wood (Londres) : excellent dessinateur, Odle est aussi bien peintre, que graveur (bois, lithographie)[4]. Il est possible qu'il effectua un bref séjour à Paris dans une école privée : l'un de ses premiers dessins, The Bibliophilist, daterait de 1910 et représenterait Gertrude Stein[5]. Odle devient un client assidu du célèbre Hotel Café Royal (en) de Londres et passait pour un personnage extravagant, il était très grand et très maigre, avec des cheveux longs enroulés autour du crane, portant une canne à pommeau et ses mains montraient des ongles jamais coupés. Membre du Camden Town Group, le peintre anglais Adrian Allinson (1890-1959) peignit dans ce café un portrait d'Odle qui fut acheté à Paris dans les années 1920 par Evan Morgan, vicomte Tredegar. Ce dernier affirmait connaître Alan Odle comme se faisant passer alors pour un certain « Mr Watkins »[6].

Dessin préparatoire à une édition illustrée de Candide (Routledge, 1922).

Fin 1916, Alan Odle est appelé pour être incorporé dans l'Armée britannique, mais il est réformé quelques jours plus tard après avoir été diagnostiqué tuberculeux, et déclaré « condamné à une mort certaine d'ici six mois »... Toujours est-il qu'il partit fêter sa libération et en 1917, demanda Dorothy Richardson en mariage : elle l'avait rejetée deux fois, mais cette fois-ci, l'accepta. Elle le soutiendra financièrement toute sa vie, car Odle n'arrivera jamais à faire une véritable carrière à la mesure de son talent. Il reste aujourd'hui largement méconnu[7].

Il est publié dans diverses revues : The Gypsy (1915), Fanfare (Goodwin & Tabb, 1921), The Golden Hind (Chapman & Hall, 1922-1924), fondée par Clifford Bax (en) et Austin Osman Spare[4], Vanity Fair,... The Studio se fait l'écho de son travail, mais il n'est en définitive que peu apprécié des éditeurs de livres et de journaux, qui sont nombreux à le refuser. Dans les années 1920-1930, il tentera de faire publier ses éditions illustrées du Gulliver de Jonathan Swift, de certains contes de Lewis Carroll, de nouvelles de Balzac et du Gargantua de Rabelais.

Une suite de gravures érotiques exceptionnelles lui a été réattribuée pour The Mimiambs of Herondas, publié par Fanfrolico Press vers 1929 par deux éditeurs australiens, Jack Lindsay et John Kirtley[8].

Il exposa ses dessins à la St George’s Gallery[9] en 1925 et à la Godfrey Philips Galleries en 1930.

Odle est admiré par quelques critiques et collectionneurs d'imagerie atypique comme Horace Gregory, qui dans The Atlantic Monthly, en octobre 1934, lui prédit une gloire éternelle[10], et plus tard, le galeriste Claude Givaudan (1977)[11], le réalisateur Terry Gilliam ou le musicien Geff Rushton du groupe Coil.

Son plus jeune frère, Edwin Vincent Odle (1890-1942), publia le roman de science-fiction The Clockwork Man (1923), l'histoire d'un cyborg qui remonte le temps et fut aussi l'éditeur de la version britannique du magazine The Argosy où il commanda des illustrations à son frère[12] entre 1926 et 1935.

Ouvrages illustrés

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On lui doit les illustrations des éditions anglaises suivantes :

  • Backwater de Dorothy Richardson, jacquette, Knopf, 1917.
  • Candide de Voltaire, Routledge, 1922[13].
  • The Dust, de Dorothy Richardson, jacquette, Duckworth, 1925.
  • The Mimiambs of Herondas, Sydney/Londres, The Fanfrolico Press, [1929].
  • The Last Voyage de James Hanley, Joiner & Steele, 1931.
  • Men in Darkness. Five Stories de James Hanley, John Lane at The Bodley Head, 1931.
  • Ebb and Flow de James Hanley, Londres, John Lane at The Bodley Head, 1932.
  • Mammon de Robert Neumann, trad. par D. Richardson, Londres, Peter Davies, 1933.
  • 1601. A Tudor Fireside Conversation de Mark Twain [Samuel Langhorne Clemens], Londres, Backside-in-Maiden Lane, 1936.

Notes et références

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  1. (en) How Writers Work: An Interview with Dorothy Richardson from 1931, 22 novembre 2022.
  2. Avant 1915, il signe Allan (avec deux "l") E. Odle.
  3. Notamment lors d'une exposition : « High Art and Low Life: The Studio and the Artists of the 1890s », Victoria and Albert Museum, 1993.
  4. a et b (en) « The Golden Hind - Lithographs of Alan Odle », notice de The University of Winsconsin-Milwaukee Special Collections.
  5. (en) Stephen J. Gertz, Is the Bibliophilist a Man, a Woman, or Gertrude Stein?, Booktryst, 14 décembre 2011.
  6. « Mr Watkins », reproduction photographique du tableau [1914], notice du catalogue en ligne du V&A.
  7. (en) « The Golden Hind - The pen drawings of Alan Odle », notice de The University of Winsconsin-Milwaukee Special Collections.
  8. (en) The Mimiambs of Herondas, notice sur For My Sir.
  9. Avec trois autres illustrateurs : Harry Clarke (1889-1931), Austin Osman Spare (1886-1956) et John Archibald Austen (1886-1948) — cf. « An Exhibition by Three Book Illustrators: John Austen, Harry Clarke and Alan Odle », in: The Studio, Londres, 15 mai 1925, vol. 89, no 386, p. 261.
  10. (en) The Atlantic Monthly, oct. 1934, p. 429 — sur Archive.org.
  11. Il publia de Alan Odle, Gargantua, contes drolatiques de Balzac (Genève, Claude Givaudan).
  12. Alan Odle publia des illustrations dans les nos 91 (décembre 1933), 92 (janvier 1934), 94 (mars 1934), 96 (mai 1934), 98 (juillet 1934) et 101 (octobre 1934).
  13. lire en ligne, sur Archive.org.

Annexes

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Bibliographie

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  • Dorothy Richardson, March Moonlight, dernier chapter de la série romanesque Pilgrimage, Londres, Dent, 1967 — Odle y apparaît sur le nom de « M. Noble ».
  • Martin Steenson, The Life and Work of Alan Odle, Stroud, Books & Things, 2012. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes

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