Albéric (évêque de Langres)
Albéric ou Aubry, mort le , est un ecclésiastique français, abbé de Saint-Étienne de Dijon puis évêque de Langres de 820 à sa mort. Missus de l'empereur Louis le Pieux, il réforme les communautés religieuses de son diocèse.
Biographie
modifierUne famille épiscopale
modifierAlbéric ou Aubry est abbé de Saint-Étienne de Dijon quand il devient en 820 évêque de Langres. Selon la Chronique de Bèze, l'empereur Louis le Pieux le désigne comme successeur de l'évêque Betto[1].
L'historien Jean Marilier propose de l'identifier à un certain Albrich cité en 806 comme témoin d'une charte de donation de l'évêque Betto et de le rattacher à la famille bavaroise des Agilolfinges[2]. Albéric appartient à la famille des évêques de Langres qui tient aussi l'abbaye de Schäftlarn et qui est liée à l'abbé d'Ellwangen Wicterp d'Augsbourg[3],[4].
Évêque et missus
modifierAlbéric est cité pour la première fois comme évêque dans une charte de 821 qui concerne une donation à Saint-Étienne de Dijon[1],[5],[6]. Vers 825, l'empereur Louis le Pieux le nomme missus dominicus pour les provinces de Lyon, de Vienne et de Tarentaise[1],[7],[8],[9],[10], avec le comte Richard[8],[11]. Albéric est le premier évêque de Langres qui est nommé missus[8].
Albéric est l'auteur de deux lettres écrites vers 828 et destinées à l'évêque de Toul Frothaire[1], qui constituent les plus anciens écrits conservés des évêques de Langres[12].
En 830, Albéric reçoit dans sa ville de Langres Louis le Pieux et son fils Lothaire dans le cadre d'un concile provincial présidé par l'évêque Agobard de Lyon[1],[5].
En 835, Albéric participe au concile de Metz[1] et au concile de Thionville[1],[9] au cours duquel l'archevêque de Reims Ebbon est déposé[9]. En 838, Albéric fait partie des destinataires de l'acte d'accusation porté par Florus de Lyon contre le chorévêque Amalaire, chargé d'administrer le diocèse depuis la déposition d'Agobard. Toutefois, il ne participe pas au plaid tenu en à Quierzy pour étudier cette affaire[9].
Réformateur
modifierAlbéric réforme les communautés religieuses de son diocèse[13],[10]. En 827, il désigne son chorévêque Herlebert pour succéder à Herlegaut comme abbé de Saint-Bénigne de Dijon, dont il fait réparer l'église[1],[14].
Entre 829 et 836, Albéric est l'un des quatre missi dominici, avec l'évêque d’Autun Modoin, l’archevêque de Sens Aldric, et l’abbé de Fleury Boson, que Louis le Pieux charge de régler un différend qui concerne le partage des menses abbatiale et conventuelle à l'abbaye de Flavigny[9],[10]. Il s'agit aussi d'appliquer les dispositions de la réforme d’Aix de 816-817, qui prévoit l’unification de la vie régulière sous la règle de saint Benoît[10].
En 830, il réforme[9] et restaure complètement l'abbaye Saint-Pierre de Bèze[1],[14],[9],[10]. La Chronique de Bèze attribue cette action à une guérison miraculeuse de l'évêque mais retranscrit deux chartes qui montrent une action concertée de l'évêque, du chapitre et de l'empereur[10].
Dans les années 830, il ramène le chapitre de chanoines de Dijon à Langres[15], l'installe près de la cathédrale de Langres, et le dote de biens. C'est l'origine d'une circonscription juridique spéciale au sein de la cité de Langres qui, au XIIe siècle, est précisément délimitée[8]. Cette réforme du chapitre est rappelée dans un diplôme de Louis le Pieux donné à Langres le [9].
Albéric meurt le [1],[16],[4] à abbaye Saint-Pierre de Bèze[1] où il est inhumé[4]. Son successeur sur le siège épiscopal de Langres est Thibaut Ier, probablement son parent[16].
Références
modifier- Fournier 1912, p. 1403.
- Marilier 1986, p. 85-86.
- Oexle 1978, p. 164-165.
- Depreux 1997, p. 92.
- Oexle 1978, p. 171.
- Depreux 1997, p. 90.
- Oexle 1978, p. 173.
- Kaiser 1981, p. 615.
- Depreux 1997, p. 91.
- Deflou-Leca 2022.
- Depreux 1997, p. 362-363.
- Fournier 1912, p. 1404.
- Oexle 1978, p. 169-174.
- Oexle 1978, p. 172.
- Oexle 1978, p. 169.
- Marilier 1986, p. 86.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Noëlle Deflou-Leca, « Les évêques de Bourgogne et la réforme des communautés régulières (IXe siècle-début du XIIe siècle) », dans Noëlle Deflou-Leca et Anne Massoni (dir.), Évêques et communautés religieuses dans la France médiévale, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 185), , 416 p. (ISBN 979-10-351-0954-7, DOI 10.4000/books.psorbonne.113641, lire en ligne), p. 297–318.
- Philippe Depreux, Prosopographie de l'entourage de Louis le Pieux (781–840), Sigmaringen, Jan Thorbecke Verlag, coll. « Instrumenta » (no 1), , 496 p. (ISBN 978-3-7995-7265-1, lire en ligne).
- P. Fournier, « Albéric », dans Alfred Baudrillart, Albert Vogt et Urbain Rouziès (dir.), Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. 1, Paris, Letouzey et Ané, , 1744 p. (lire en ligne), p. 1403-1404.
- (de) Reinhold Kaiser, Bischofsherrschaft zwischen Königtum und Fürstenmacht : Studien zur bischöflichen Stadtherrschaft im westfränkisch-französischen Reich im frühen und hohen Mittelalter, Bonn, Ludwig Röhrscheid Verlag, coll. « Pariser Historische Studien » (no 17), (ISBN 978-3792804247, lire en ligne).
- Reinhold Kaiser, « Les évêques de Langres dans leur fonction de missi dominici », dans Aux origines d'une seigneurie ecclésiastique, Langres et ses évêques, VIIIe – XIe siècles : actes du colloque Langres-Ellwangen, Langres, 28 juin 1985, Langres, Société historique et archéologique de Langres, , 220 p., p. 91-111.
- Jean Marilier, « L'origine de quelques évêques de Langres aux VIIIe et XIe siècles. L'emprise de la noblesse bavaroise sur le siège épiscopal », dans Aux origines d'une seigneurie ecclésiastique, Langres et ses évêques, VIIIe – XIe siècles : actes du colloque Langres-Ellwangen, Langres, 28 juin 1985, Langres, Société historique et archéologique de Langres, , 220 p. (lire en ligne), p. 79-89.
- (de) Otto Gerhard Oexle, Forschungen zu monastischen und geistlichen Gemeinschaften im Westfrankischen Bereich, Munich, Wilhelm Fink Verlag, coll. « Münstersche Mittelalter-Schriften » (no 31), , 208 p. (lire en ligne).