Alice Heine

seconde épouse du prince Albert Ier de Monaco

Alice Heine, née Marie Alice Heine le [1] à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) et morte le dans le 8e arrondissement de Paris[2], est duchesse de Richelieu puis princesse consort de Monaco.

Alice Heine
Description de cette image, également commentée ci-après
La princesse Alice en 1910.

Titre

Princesse de Monaco


(32 ans, 7 mois et 27 jours)

Prédécesseur Antoinette de Merode
Successeur Ghislaine Dommanget
Biographie
Dynastie Famille Heine
Nom de naissance Marie Alice Heine
Naissance
La Nouvelle-Orléans (États-Unis)
Décès (à 68 ans)
Paris 8e (France)
Sépulture Cimetière du Père-Lachaise (Paris)
Père Michel Heine
Mère Marie Amélie Miltenberger
Conjoints Armand Chapelle de Jumilhac, duc de Richelieu (1875-1880)
Albert Ier de Monaco (1889-1922)
Enfants Armand de Richelieu
Odile de Richelieu
Religion Catholicisme romain

Description de l'image Wappen Heine.jpg.

Biographie

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Origines familiales

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Catholique d'origine française et allemande, Alice Heine est la fille de Michel Heine (1819-1904), richissime homme d'affaires français naturalisé américain puis grand banquier parisien (régent de la Banque de France de 1890 à sa mort et cousin germain du poète Heinrich Heine[3]), et de son épouse (issue d'une riche famille de Louisiane et de souche alsacienne), Marie Amélie Miltenberger (1832-1915)[4].

Alice Heine naît dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans, au no 900, rue Royale, où se trouvaient les hôtels particuliers de sa famille maternelle[5], lieux dans lesquels elle passe une partie de son enfance.

Ses parents deviennent des habitués de la cour impériale française et font partie de l'entourage proche de l'empereur Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, lesquels font office de parrain et marraine pour elle[6].

Duchesse de Richelieu

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Elle épouse à Paris le (civilement) et le (religieusement) Armand Chapelle de Jumilhac (1847-1880), futur 7e duc de Richelieu (1879), petit-fils de Sigismond du Pouget de Nadaillac. Ils ont deux enfants :

  • Marie Odet Jean Armand ( - ), 8e et dernier duc de Richelieu, sans postérité ;
  • Odile Marie Auguste Septimanie Chapelle de Jumilhac de Richelieu ( - ), par son mariage comtesse Gabriel de La Rochefoucauld et 2e princesse de La Rochefoucauld (titre du royaume de Bavière), d'où Anne de La Rochefoucauld, mariée deux fois (au comte Armand de Gontaut-Biron, puis au marquis de Amodio) et morte sans postérité[7].

Le duc de Richelieu meurt le lors d'un voyage à Athènes, laissant une veuve de 22 ans et deux enfants en bas âge.

Princesse de Monaco

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Alice, princesse de Monaco.

Neuf ans plus tard, le , la duchesse se remarie avec le prince Albert Ier de Monaco, dont le premier mariage a été annulé en 1880 à la demande de sa femme Mary Victoria, fille du duc de Hamilton, 1er pair d'Écosse, et petite-fille de Stéphanie de Beauharnais, adoptée par Napoléon Ier.

« Albert Ier épouse une blonde américaine de 32 ans, Marie Alice Heine (qui) a tenu à Paris un salon où elle a reçu ce qu'il y avait de plus brillant dans le monde et parmi les écrivains et les artistes. Elle va attirer les uns et les autres sur le Rocher […] Le moment est venu où elle s'est lassée de voir son mari voguer toujours plus loin sur les mers et les océans. Le , un jugement a séparé officiellement les époux[8]. »

Le prince Albert, passionné d'océanographie, lance à Liverpool, le , un navire laboratoire, baptisé le Princesse Alice en l'honneur de son épouse[9].

« C'est à bord de la Princesse Alice II que Richet et Portier découvrent un phénomène considérable : l'anaphylaxie, qui ouvre la voie aux recherches sur l'immunité[10]. »

Alice Heine est la première américaine à devenir princesse de Monaco ; son premier époux est l'héritier du cardinal de Richelieu, son second époux celui du cardinal Mazarin.

Marcel Proust s'en inspire pour créer le personnage de la princesse de Luxembourg dans À la recherche du temps perdu.

Tombe d'Alice Heine à Paris au cimetière du Père-Lachaise.

Elle est inhumée à Paris au cimetière du Père-Lachaise (94e division)[11].

Témoignages

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Alice Heine est évoquée ainsi par Gabriel-Louis Pringué :

« La princesse Alice me disait en descendant chaque marche de l'escalier monumental [lors de la fête inaugurale de l'hôtel parisien que venait d'acheter une Américaine richissime] : « Quelle belle soirée, on connaissait tout le monde, sauf la maîtresse de maison ». […] Veuve du duc de Richelieu, elle faisait pour sa santé de longs séjours à l'île de Madère où elle rencontra le prince Albert de Monaco. […] L'ascendance américaine de La Louisiane lui avait légué une grande beauté et un immense charme. […] Désormais elle vécut une partie de l'année à Londres, étant une amie de la famille royale et personnellement de la reine Alexandra. Elle y habitait l'hôtel Claridge's, où elle avait loué à l'année un grand appartement [et] passait l'été dans son château de Haut-Buisson près de La Ferté-Bernard […], petit château du dix-huitième siècle, aménagé avec le dernier confort anglais. Dans les boiseries du grand salon se trouvaient encastrés les portraits en pied du Cardinal de Richelieu, par Philippe de Champaigne, du Maréchal par Van Loo, et du Duc par Lawrence. Dans la bibliothèque, on pouvait admirer un très beau portrait de femme par Clouet. […] Les serres étaient magnifiques et la princesse y cultivait ces orchidées roses, dons de la reine Alexandra qui lui avait fait parvenir de Sandringham. […] Le cuisinier se montrait particulièrement remarquable. Très instruite, la princesse aimait s'entourer d'esprits cultivés, de littérateurs (Pierre Loti en ), d'artistes et de politiciens […], je rencontrai chez elle beaucoup de Britanniques. […] Le grand financier et politicien Joseph Caillaux venait souvent pour déjeuner de Mamers[12]. »

Paul Morand décrit ainsi vers 1910 la nombreuse domesticité d'Alice de Monaco :

« Chez la princesse Alice de Monaco […] où mon père m'avait introduit, Loti, Bourget et Maupassant avaient eu, à Paris, leur couvert mis pendant dix ou quinze ans […]. On y voyait, à table, le maître d'hôtel derrière sa maîtresse, ne servant qu'elle, et derrière chaque invité un valet, perruque passée au blanc d'Espagne. Même spectacle sur le yacht Princesse Alice, qui parfois, de Madère ou de Monaco, venait mouiller devant Saint-Marc : la gouvernante en noir des pieds à la tête, la première femme de chambre en chapeau et voilette, le valet privé en jaquette, les filles de cuisine en tablier à barrette, les maids, pour le service du salon, avec bonnet de dentelle, les filles de chambre en soie noire, les blanchisseuses en toile blanche, comme dans les romans de Mrs Humprey Ward. »

— Venises, Gallimard, 1971, p. 65.

Le château du Haut-Buisson

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Le château du Haut-Buisson à Cherré (Sarthe) est une folie de style néo-Louis XV bâtie en 1847, où la princesse reçoit avec faste ses amis.

Dans ses mémoires intitulés 30 ans de dîners en ville, Gabriel-Louis Pringué en rappelle la grandeur : « Haut-Buisson était un petit château du XVIIIe siècle [mais en cela l'auteur se trompe], aménagé avec le dernier confort anglais. Dans les boiseries du grand salon se trouvaient encastrés les portraits en pied du cardinal de Richelieu par Van Loo, et du duc de Richelieu, ministre de la restauration par Lawrence. Dans la bibliothèque, on pouvait admirer aussi un très beau portrait de femme dû à Clouet, qui me captivait. Les serres de Haut-Buisson étaient magnifiques et la princesse Alice y cultivait des orchidées roses dont la reine Alexandra [d’Angleterre] lui avait fait parvenir de Sandringham. »

D'autre part, les chambres de maîtres et d'invités, les salles de bains, l'office et les pièces de service sont dotés de penderies, de lavabos et de lieux d'aisance en faïence anglaise qui témoignent d'un cadre de vie moderne extrêmement raffiné pour l'époque.

Titulature

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Titulature simplifiée

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  • Mademoiselle Alice Heine (1857-1875)
  • La marquise de Jumilhac (1875-1879)
  • La duchesse de Richelieu (1879-1880)
  • La duchesse douairière de Richelieu (1880-1925)
  • S.A.S. la princesse de Monaco (1889-1922)
  • S.A.S. la princesse douairière de Monaco (1922-1925)

Titulature complète

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« Son Altesse Sérénissime Marie Alice Heine, princesse de Monaco, duchesse de Richelieu, de Valentinois, de Mazarin et de Mayenne, princesse de Château-Porcien, marquise de Jumilhac, des Baux-de-Provence, de Guiscard et de Chilly, comtesse de Carladès, de Thorigny, de Longjumeau, de Ferrette, de Belfort, de Thann et de Rosemont, baronne du Buis, de Saint-Lô, de la Luthumière, de Hambye, de Massy, du Calvinet et d'Altkirch, dame de Saint-Rémy, de Matignon et d’Issenheim ».

Iconographie

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Une photographie de groupe montrant la princesse dans le jardin du Haut-Buisson vers 1913 est reproduit hors-texte dans l'ouvrage de Gabriel-Louis Pringué[13].

Son portrait d'apparat par Louis Maeterlinck (palais de Monaco) est reproduit dans le livre d'Alain Decaux[14], en face de celui d'Albert Ier par Léon Bonnat, datant de 1894.

Notes et références

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  1. Acte de mariage enregistré par la mairie du 8e arrondissement de Paris le  : « Marie Alice Heine, née à La Nouvelle Orléans (Etats Unis d'Amérique) le dix février mil huit cent cinquante sept » ; Alice Heine est également baptisée en 1857 — acte catholique reproduit en page 4 dans : Xavier Maillart, Princess Alice of Monaco’s family background in Alsace (2008) — mais c'est l'année 1858 qui sera préférée par la suite. « Née le (3) dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans - (3) La quasi-totalité des sources biographiques la concernant, y compris sa pierre tombale au cimetière du Père-Lachaise, la rajeunissent d’un an », Alain Quella-Villéger in L'insaisissable portrait - La princesse Alice de Monaco vue par ses contemporains (page 348, « Annales Monégasques » - Revue d’histoire de Monaco, numéro 46, 2022).
  2. Acte de décès à Paris 8e, no 2471, vue 15/22.
  3. Marieke Touati, « Aux origines familiales de la princesse Alice de Monaco. L'émigration française à La Nouvelle-Orléans aux XVIIIe et XIXe siècles » (Annales Monégasques - Revue d’histoire de Monaco, numéro 42, 2018).
  4. Xavier Maillart, Origine alsacienne de la princesse Alice de Monaco (Laguna Niguel, 2008).
  5. Xavier Maillart, The first experience (1858) and last encounter (1879) of the Prince Imperial with the African world (French Presence in KwaZulu-Natal, Dundee, 2016).
  6. www.knowlouisiana.org.
  7. « HEINE Alice, princesse de Monaco (1857-1925) », sur Association des Amis et Passionnés du Père-Lachaise (version du sur Internet Archive).
  8. Decaux 1996, p. 114 et 118.
  9. Sous la mer : le sixième continent. Actes du colloque international tenu à l'institut catholique de Paris, 8-10 décembre 1999, Christian Buchet, éd. Presses Paris Sorbonne, 2001.
  10. Decaux 1996, p. 119.
  11. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 559.
  12. Gabriel-Louis Pringué, 30 ans de dîners en ville, éd. Revue Adam, 1948, p. 134 à 136.
  13. Gabriel-Louis Pringué, 30 ans de dîners en ville, éd. Revue Adam, 1948.
  14. Decaux 1996, p. 114.

Annexes

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Bibliographie

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  • Alain Decaux, Monaco et ses princes, sept siècles d'histoire, Librairie académique Perrin, (réimpr. France-Loisirs, 1997).

Articles connexes

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Liens externes

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