Alice Mathieu-Dubois

médecin française
Alice Mathieu-Dubois
Biographie
Naissance
Décès
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ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Alice MailleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Distinction

Alice Maille, Alice Mathieu-Dubois ou Alice Sollier, née le à Compiègne et morte à Paris le , est une médecin française.

Première bachelière noire[1] et première Française noire à devenir docteure en médecine, elle est également la première médecin française directrice d'un établissement de santé privé.

Biographie modifier

La dentition chez les enfants idiots par Mme Sollier au sommaire de L'Art dentaire, mai 1888

Alice Mathieu-Dubois est la fille de Flore-Hortense Maille et de Mathieu Victoire dit Dubois, un esclave de Guyane affranchi qui parvint à devenir dentiste[2]. Le couple se marie le 8 mai 1867 et la reconnait. Elle porte alors le nom de Mathieu-Dubois construit sur le prénom de son père et d'une partie de son nom. Sa mère meurt six mois après le mariage. Son père va alors pourvoir seul à son instruction[3].

Elle obtient son baccalauréat es-sciences à Paris en 1879 puis es-lettres en 1880 (rhétorique) et 1881 (philosophie). Elle s’inscrit alors à la Faculté de médecine de Paris où elle est locataire du père de Blanche Edwards qui devient son amie, et qui première femme à avoir passé le concours de l'internat de médecine en France[3].

Elle épouse Paul Sollier le . Le couple a deux deux enfants : René Victor, né le 3 novembre 1886 qui meurt trois jours plus tard et Suzanne, née le 8 novembre 1887, quinze jours après la soutenance de thèse de sa mère[3].

Alice Mathieu-Dubois obtient son doctorat en 1887 avec la thèse L’état de la dentition chez les enfants idiots et arriérés : contribution à l’étude des dégénérescences dans l’espèce humaine, illustrée de 32 figures[4],[5]. Après avoir penché pour la médecine dentaire comme son père, elle finit par se tourner vers les maladies nerveuses.

La presse relève sa soutenance en remarquant ses origines : « La femme-médecin n’est déjà plus un objet de curiosité. Ce qui est plus rare, c’est la doctoresse nègre. Une de ces dernières, Mme Sollier, vient de passer avec succès sa thèse pour la médecine »[6]. Bien qu'inscrite au concours de l'internat en même temps que Blanche Edwards, elle ne se présente pas aux épreuves, mais il se peut qu'elle ait découragée par les manifestations organisées contre la présence des femmes le jour du concours par de nombreux étudiants, mais aussi par des remarques racistes, de nombreux étudiants l’appelant Bamboula[6].

De 1889, à 1897, elle dirige avec son mari la clinique Villa Montsouris, rue de la Santé, à Paris. Elle devient ainsi la première femme à diriger un établissement de santé privé consacré aux maladies nerveuses[3].

Alice Mathieu-Dubois fonde en 1897 et dirige jusqu'en 1921 le sanatorium de Boulogne-sur-Seine[7]. Elle exerce son activité médicale jusqu’en 1935 à la Clinique de Saint-Cloud et au Sanatorium de la Malmaison à Rueil-Malmaison.

Après le décès de son mari, le , elle demeure à Saint-Cloud jusqu'à la réquisition de sa maison et de la clinique par les Allemands. Elle habite chez sa fille à l'hôpital Sainte-Anne où l'époux de celle-ci travaille, puis rue d'Alésia où elle meurt le [3].

Distinction modifier

Alice Mathieu-Dubois est faite chevalier de la Légion d’honneur le 24 octobre 1925 sous le nom de Mme Sollier née Alice Dubois[8],[9].

Notes et références modifier

  1. Le Gaulois du 12 décembre 1880, p. 2
  2. Julien Bogousslavsky, Following Charcot: A Forgotten History of Neurology, 2011, p. 106
  3. a b c d et e Pierrette Caire Dieu, Le docteur Alice Mathieu-Dubois épouse Sollier (1861-1942). Un destin d’exception, in Carnets d'histoire de la médecine, Société française d’histoire de la médecine, avril 2020, p. 1-20 (Lire en ligne)
  4. Sollier, Alice (1861-....), IdRef - Identifiants et Référentiels pour l'ESR https://www.idref.fr/07588481X.
  5. Alice (née Mathieu-Dubois) Sollier, L'état de la dentition chez les enfants idiots et arriérés., (lire en ligne)
  6. a et b Gérard Noiriel, « Comment a-t-on pu oublier Alice Sollier ? », sur radiofrance.fr, (consulté le )
  7. Roger Teyssou, Paul Sollier contre Sigmund Freud: l'hystérie démaquillée, 2013, p. 16
  8. Étienne Vaissière, Mathieu-Dubois, un remarquable destin familial, Généalogie et Histoire de la Caraïbe pdf
  9. « Cote 19800035/310/41735 », base Léonore, ministère français de la Culture

Bibliographie modifier

  • Pierrette Caire Dieu, « Le docteur Alice Mathieu-Dubois épouse Sollier (1861-1942). Un destin d’exception », Carnets d’histoire de la médecine, vol. 2020-4, p.1-19.
  • Josette Dall'Ava-Santucci, « Au XIXe siècle, les femmes à l'assaut de la médecine », La Revue du praticien, 2005, 55.
  • Le Maléfan, Pascal. « La psychothérapie naissante au sanatorium du Dr Sollier (1861-1933). À propos de Cam. S., délirante spirite », Bulletin de psychologie, vol. 516, no. 6, 2011, pp. 559-571.

Liens externes modifier