Alliance des États du Sahel

Alliance militaire interétatique de défense collective fondée par les États du Niger, du Burkina Faso et du Mali
Alliance des États du Sahel
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Idéologie

L'Alliance des États du Sahel (AES)[2] encore appelé Liptako-Gourma est un pacte de défense mutuelle conclu entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso le [3],[4]. L'accord est signé à la suite du coup d'État du au Niger, contre lequel la CEDEAO menaçait d'intervenir militairement[5].

L'AES a été créée pour aider à contrer d'éventuelles menaces de rébellion armée ou d'agression extérieure, en soulignant que « toute attaque contre la souveraineté et l'intégrité territoriale d'une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties »[3],[6]. Liptako-Gourma est la francisation de ‘’Liba’’ qui signifie ‘’terrasser’’ en peulh et de ‘’Ta-a-ko’’ dont la signification est ‘’on ne peut pas’’. Etymologiquement, "liptako" est ce qu’on ne peut pas terrasser.

Contexte modifier

La région du Sahel est le théâtre d'une insurrection djihadiste en cours depuis 2003. Cette situation a conduit à de nombreux conflits dans la région, tels que la guerre du Mali et l'insurrection de Boko Haram. Les trois États membres ont connu des coups d’État militaires ces dernières années, provoquant une détérioration des relations avec le reste de la CEDEAO et la communauté internationale. Chacun des pays est désormais gouverné par une junte militaire, dans le cadre de la ceinture de coups d’État[7].

Lors d'un coup d'État militaire en 2021, Assimi Goïta prend le pouvoir au Mali, succédant à Bah N'Daw qui est lui-même arrivé au pouvoir lors d'un précédent coup d'état en 2020, renversant le dernier président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keïta, et instaurant un Comité national pour le salut du peuple[8].

Quelques mois plus tard, lors du coup d'État de 2021 en Guinée, le Comité national du rassemblement pour le développement nomme Mamadi Doumbouya président de la Transition, destituant le précédent président Alpha Condé[9].

À la suite du coup d'État de septembre 2022 au Burkina Faso, l'armée renverse le précédent gouvernement militaire, installant Ibrahim Traoré à la place de Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir lors du coup d'État de janvier 2022, qui remplace le gouvernement du président Roch Marc Christian Kaboré et instaure le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration[10].

Plus récemment, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie est instauré après le coup d'État de 2023 au Niger, renversant le gouvernement de Mohamed Bazoum et plaçant Le Général Abdourahamane Tiani au pouvoir[11].

Les quatre États, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, sont membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et sont tous suspendus en raison de la prise de pouvoir des juntes militaires. À la suite du coup d'État au Niger, la CEDEAO a menacé d'intervenir militairement et de rétablir le gouvernement du président Bazoum. Le gouvernement nigérien bénéficie du soutien du Mali et du Burkina Faso qui ont promis une aide militaire au Niger en cas d'intervention, ainsi que de la Guinée qui offre un soutien diplomatique. Les promesses d’aide militaire ont abouti à la création de l’Alliance des États du Sahel comme bloc de défense mutuelle pour les trois nations dans le but de contrer une intervention éventuelle de la CEDEAO[12].

L’alliance des États du Sahel ambitionne de créer une union économique et monétaire et une monnaie baptisé Sahel[13].

En février 2024, Le chef du régime militaire au Niger Abdourahamane Tiani à évoquer la possible création d’une monnaie commune entre le Niger, Burkina Faso, Mali. «La monnaie est une étape de sortie de cette colonisation», a déclaré le général nigérien Abdourahamane Tiani, en référence au franc CFA et à la France, ex-puissance coloniale. l’Alliance des Etats du Sahel (AES), «ont des experts (monetaires) et au moment opportun, nous déciderons», a-t-il poursuivi. «La monnaie c’est un signe de souveraineté», a poursuivi le général Tiani, et les Etats de l’AES sont «engagés dans un processus de recouvrement de (leur) souveraineté totale». Il assure qu'«il n’est plus question que nos Etats soient la vache à lait de la France»[14].

L'AES quitte la CEDEAO modifier

Le dimanche 28 janvier 2024 Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) quittent la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’annonce a été lue conjointement au journal de 13 dans les télévisions nationales : Au Burkina par le ministre de la Communication, le porte-parole du gouvernement[15]; au Mali par le Ministre d'Etat, Ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement[16] et au Niger par le ministre de la jeunesse, des sports, des Arts et de la Culturelle, porte-parole du gouvernement[17]

La CEDEAO rejette totalement la décision de l'AES car celle-ci ne peut s'appliquer qu'au bout d'un an en vertu du traité de l'organisation sous-régionale. La CEDEAO se dit préoccupée par cette décision dont elle n'a pas été informée au préalable et prête à tenter une discussion pour négocier une solution[18].

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. (en) « Military-ruled former French colonies forge NATO-style Alliance of Sahel States », WION, (consulté le )
  2. « Le Burkina Faso,la République du Mali et la République du Niger créent l'Alliance des Etats du Sahel », YouTube, Radio Télévision du Burkina (consulté le )
  3. a et b (en) « Mali, Niger and Burkina Faso sign Sahel security pact », Reuters, (consulté le )
  4. (en-US) Report, « Mali, Niger, Burkina juntas sign mutual defence pact », Punch Newspapers, (consulté le )
  5. (en) « Mali, Niger and Burkina Faso establish Sahel security alliance », www.aljazeera.com (consulté le )
  6. « L'Alliance des États du Sahel, un tournant dans la sous-région ? | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le )
  7. (en) « ECOWAS Unity Put to Test as West African Coup Crisis Deepens », VOA, (consulté le )
  8. (en) Associated Press, « Global Leaders Condemn Mali Coup Amid Worry About Extremists » [archive du ], sur The New York Times, (consulté le )
  9. (en) Saliou Samb, « Elite Guinea army unit says it has toppled president », sur Reuters, (consulté le )
  10. « Burkina : Ibrahim Traoré proclamé président, Damiba destitué », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  11. (en) « Niger general Tchiani named head of transitional government after coup », sur Al Jazeera, (consulté le )
  12. (en) « Mali, Niger and Burkina Faso sign Sahel security pact » [archive du ], sur Reuters, (consulté le )
  13. « ÉCONOMIE AFRIQUE DE L’OUEST Mali, Burkina, Niger : une monnaie commune est-elle crédible ? », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  14. Le Temps avec AFP, « AFRIQUE Le Niger évoque une possible monnaie commune avec le Burkina et le Mali, pour sortir du franc CFA et de la «colonisation» », sur letemps.ch, Le Temps, (consulté le ).
  15. « Afrique de l'Ouest : Le Burkina Faso, le Mali et le Niger quittent la CEDEAO sans délai (communiqué conjoint) - leFaso.net », sur lefaso.net (consulté le )
  16. « Le Burkina Faso, le Mali et le Niger se retirent de la Cédéao », sur RFI, (consulté le )
  17. « L'Alliance des Etats du Sahel (AES) quitte la CEDEAO | Agence Nigérienne de Presse », sur www.anp.ne (consulté le )
  18. « Retrait du Mali, Burkina Faso, Niger de la Cédéao : ce qu'il faut savoir | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le )

Liens externes modifier