L’alphabet maltais est l’alphabet utilisé pour écrire le maltais. C’est le seul exemple d'alphabet permettant d'écrire une langue sémitique qui soit fondé sur l’alphabet latin moderne. Pour cela, il comprend, outre les lettres de l'alphabet latin, des lettres diacritées qui l’enrichissent afin d’exprimer le plus correctement possible les phonèmes, les sonorités et intonations sémitiques.

Il a fallu environ deux siècles et plus de douze versions différentes pour que l’alphabet actuel fût finalement fixé officiellement le . La création de cet alphabet était indispensable pour permettre à la langue maltaise de ne plus être seulement une langue parlée.

Cette entreprise s’est heurtée à de nombreuses difficultés : d'ordre technique afin d'adapter l'alphabet latin à une langue sémitique ; d’ordre politique, car sur ce terrain de l’écriture s’affrontaient les indépendantistes maltais, les partisans de l’irrédentisme italien et l’occupant anglais ; enfin, les religions et les traditions s’opposaient aussi sur ce sujet, certains n’acceptant pas de reconnaître l’origine arabe de la langue.

La création de cet alphabet est due surtout à la volonté d’un petit nombre de lettrés maltais.

L’alphabet maltais comprend 25 lettres composant 30 graphèmes

Alphabet maltais
A B Ċ D E F Ġ G H Ħ I IE J K L M N O P Q R S T U V W X Z Ż
a b ċ d e f ġ g h ħ i ie j k l m n o p q r s t u v w x z ż


Création de l'alphabet 1750 - 1934

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Le maltais est très longtemps resté une langue uniquement parlée ; la population communiquait en maltais mais les lettrés utilisaient le sicilien pour tous les écrits. En fait, du siculo-arabe au maltais, le parlé et l’écrit suivront sur l’archipel maltais une évolution parallèle à celle de la Sicile, celle-ci allant du siculo-arabe vers le sicilien.

Si l'on peut estimer les origines du maltais vers le XIe siècle[1], c'est seulement au XVe siècle qu'apparaissent dans des actes notariés les premières traces écrites du maltais. Ces actes sont rédigés en sicilien, mais les noms de personne et de lieu sont souvent écrits en maltais avec une transcription phonologique ou phonétique. L'alphabet n'étant pas adapté, cette transcription est aléatoire, et, à un phonème maltais correspondent des graphèmes siciliens souvent différents (la transcription du son « k » ou « ch » et « i » ou « j » donne la graphie plutôt maltaise « knisja » ou plutôt sicilienne « chnisia » pour transcrire « église »)[2].

Nous ne savons pas si le maltais, avant le XVe siècle, a pu être écrit avec l’alphabet arabe, aucun texte n’est connu, si ce n'est quelques rares cas d’expériences plus récents non significatifs[3].

Phonétiquement, les consonnes latines b, d, f, l, m, n, p, r, s, t ne posent pas de problèmes aussi bien pour le maltais que pour le sicilien. En revanche, les lettres c, g, h, j, k, q, v, x, z, prononcées à la sicilienne, ne peuvent retranscrire correctement les phonèmes maltais. Ils seront, entre autres, transcrits plus tard par « ċ », « ġ », «  », « ħ » ou « ż »[3].

Premières tentatives 1750 - 1841

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Tableau extrait de l’Alfabeto maltesereprésentant sur deux colonnes à les lettres de l'alphabet en capitale et minuscule et en regard le nom de chaque lettre. La colonne de gauche va de A alef à M mim et la colonne de droite de N num à une lettre de l'invention de Vassalli qui est représentée par une lettre m minuscule disposée verticalement, surmontée d'un point et appelée gbaó
Premier alphabet de Mikiel Anton Vassalli publié dans Alfabeto maltese en 1788

Le premier à s’intéresser au problème de transcription du maltais est le chanoine Gian Pietro Francesco Agius de Soldanis qui écrit en 1750 un livre en deux parties : Descrizione della Lingua Punica (Description de la langue punique) et Nuova Scuola di Grammatica (Nouveau Cours de grammaire). Mais comme le phénicien est une langue encore pratiquement inconnue, la première communication de Jean-Jacques Barthélemy ne date que de 1854[4], Soldanis pense que le maltais est d'origine punique, dans son esprit non arabe ou sémitique, il fait donc de sa grammaire, une grammaire latine inspirée du sicilien[3]. Elle commence par la définition d’un alphabet spécifique au maltais. Il sera le premier à poser le principe, pour le maltais, d'un seul graphème pour un seul phonème :

  • a, b, c (pour ċ actuel), d, e, f, gk (pour g), g (pour ġ), ch (pour ħ), i, j, k, l, m, n, o, p, k (pour q), r, s, t, u, v, sc (pour x), z[3].

Pratiquement en même temps, Dom Frangisk Wizzino écrit en 1752 Tagħlim Nisrani (Apprentissage chrétien), moitié en maltais, moitié en italien. A-t-il eu connaissance du principe établi par de Soldanis ? En tout cas, il ne respecte pas la correspondance d'un graphème pour un phonème :

  • a, b, ce/ci (pour ċ actuel), ca/co/cu (pour k), d, e, f, ge/gi (pour ġ), ga/go/gu (pour g), hh (pour ħ), i, j, k (pour q), l, m, n, o, p, r, s, sch (pour sk), t, u, v, w, sc (pour x), z[5].

Celui qui plus tard sera appelé « le père de la langue maltaise », un patriote maltais, Mikiel Anton Vassalli étudie de façon plus scientifique le parler du peuple et principalement celui de Żebbuġ, sa ville natale, qu’il estime être le maltais le plus pur. En effet, il considère que l’écriture du maltais doit refléter le plus précisément possible le parler populaire. En 1788, Vassalli publie dans Alfabeto Maltese (Alphabet maltais) son premier alphabet connu qui n’est encore qu’une transcription utilisant un alphabet latin augmenté de dix autres signes. Ce qui lui permet de transcrire les dix phonèmes qu’il a identifiés comme étant différents des sonorités italiennes.

Photo représentant une page interne du livre sur laquelle entre deux paragraphe en italien décrivant ce nouvel alphabet, est inséré ce troisième alphabet de Vassilli d'abord sur trois ligne en lettres d'imprimerie et en dessous sur une ligne les douze nouvelles lettres en écriture cursive
Troisième alphabet de Mikiel Anton Vassalli tiré de l'édition originale de 1796 du Lexicon.

Pendant son exil à Rome, il publie en 1790 Alfabett Malti Mfisser bil-Malti u bit-Taljan (Alphabet maltais défini avec le maltais et avec l’italien). Il y complète l’alphabet latin avec dix lettres qui donnent au maltais une sonorité plus sémitique. Il en emprunte au grec, au russe et à l’arabe, tandis que, en 1791, trois lettres sont de sa création (ⵖ, ⵄ, ʓ) :

  • a, b, c, ɥ (pour ċ actuel), d, e, f, ɣ. (pour ġ), ɣ (pour g), ع (pour għ), غ (pour gḥ), h, ⵖ (pour ħ), ⵄ (pour ḥ), i, у (pour ie court), ў (pour ie long), j, k, l, m, n, o, p, ¢ (pour q), r, s, t, u, v, w, ɰ (pour x), z, ʓ (pour ż)[6].

En 1796, dans Lexikon (Lexique), il simplifie une première fois son alphabet en remplaçant les graphèmes arabes par d'autres signes et en introduisant un digramme æ pour transcrire le phonème « ie » long :

  • a, b, ɥ (pour ċ actuel), d, e, f, Г (pour ġ), ⴳ (pour g), h, ɸ (pour ħ), 7 (pour għ), 3, (pour gḥ), ∩ (pour kh), i, y (pour ie court), æ (pour ie long), j, k, l, m, n, o, p, ¢ (pour q), r, s, t, u, v, w, ɰ (pour x), z, ʓ (pour ż)[6].

Pendant son long exil en France ou après son retour à Malte, où il enseigne à la première chaire de maltais à l’université, il travaille à sa grammaire qu’il publie en 1827, et, pour rendre l’écriture du maltais plus accessible au peuple, il simplifie son alphabet. Même en réintroduisant deux lettres arabes, il passe de 34 lettres pour son deuxième alphabet, à 33 au troisième, et à 27 dans ce quatrième :

  • a, b, c, d, e, f, ع (pour għ), غ (pour gḥ), ĥ (pour ħ), ɣ (pour ie), ie (pour ā), j, ẖ (pour kh), l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, z[6].

De son côté, à partir de 1822, un certain Gużeppi Martin Cannolo, habitant de La Valette, fait de nombreuses traductions, comme l’Évangile de saint Jean, en utilisant un alphabet dans lequel il introduit le premier la barre inscrite comme signe diacritique pour la lettre « ħ » :

  • a, b, d, e, f, g, h, ħ, i, j, c (pour k actuel), l, m, n, o, p, ḱ (pour q), r, s, t, u, v, w, ŝ (pour x), z[7].

Un premier manuel de lecture pour les enfants des écoles est édité en 1824 à Livourne par Francesco Vella, Chiteb i-Kari Malti yau Dahla al llsien Malti (en maltais moderne Ktieb il-Qari Malti jew Daħla għall-Ilsien Malti – Livre de lecture pour la langue maltaise, introduction au maltais). L’alphabet qui y est utilisé fait de fines distinctions :

  • a, b, ça/ço/çu (pour ċ actuel), ce/ci (aussi pour ċ actuel), d, e, f, ge/gi (pour ġ), gja/gjo/gju (aussi pour ġ), h, i, j, ch (pour k), l, m, n, o, p, k (pour q), r, s, t, u, v, w, x, y, z[7].

Le docteur Stefano Zerafa, pour éditer en 1827 une importante étude sur la botanique maltaise Florae Melitensis Thesaurus (Trésor de la flore maltaise), fait des recherches poussées pour écrire, de la meilleure façon possible, le nom des plantes maltaises. Son alphabet s'inspire de celui de Vassalli, en le simplifiant encore :

  • a, b, c (pour ċ actuel), d, e, f, ɣ (pour g), غ (pour gḥ), h, i, y (pour j), k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, z[8].

En 1831, Francis Vella (peut être le même que Francesco Vella) publie aussi à Livourne, une grammaire Maltese Grammar for the Use of the English (Grammaire maltaise à l'usage des Anglais) avec un alphabet proche de celui de Francesco Vella. C’est lui qui introduit la digraphe « gh` » avec un « h` » au lieu du « ħ », ainsi que des graphèmes caractéristiques de l’alphabet maltais :

  • a, b, ça/ço/çu (pour ċ actuel), ce/ci (aussi pour ċ actuel), d, e, f, ge/gi (pour ġ), ḡa/ḡo/ḡu (aussi pour ġ), gh` (pour għ), ġh` (pour gḥ), h, h` (pour ħ), ḣ (pour kh), i, j, l, m, n, o, p, k (pour q), r, s, t, u, v, w, x, z[8].

En 1838, l’alphabet de Francis Vella fait son entrée dans les écoles avec Abbecedario al Kadi tas Schejel ta Taghlim Xilxjeni (en maltais moderne Abbecedario għall-Qadi ta' l-Iskejjel ta' Tagħlim Xilxien - Abécédaire pour le service mutuel de l'apprentissage scolaire). Mais un an plus tard, il est remplacé par English and Maltese Reading Lessons for the Use of Government Primary Schools (Leçons de lecture anglaise et maltaise à l'usage des écoles primaires publiques), le gouvernement colonial anglais ayant fait le choix d’une prononciation plus arabisante car il ne veut pas favoriser un manuel qui faciliterait en même temps l’apprentissage de l’italien. En réponse, Francis Vella publie un fascicule Inconvenienti di un Alfabeto AraboRomano (Inconvénients d’un alphabet arabo-romain)[9].

C’est la même année que le gouvernement décide de la liberté de la presse, ce qui va multiplier les journaux de langue maltaise. Mais la recherche par les journalistes d’une orthographe stable ne suffira pas à unifier les différents alphabets[9].

En 1841, George Percy Badger, rédacteur en chef du premier journal de langue maltaise, publie dans son journal A Letter on the Eligibility of the Maltese Dialect as a Written Medium of Instruction in the Government Primary Schools (Une lettre sur l'éligibilité du dialecte maltais comme support écrit de l’instruction dans les écoles primaires publiques). Francis Vella lui répond aussitôt dans une brochure Scoperta di cinque nuove vocali di G.P. Badger (Découverte de cinq nouvelles voyelles de G.P. Badger)[10]. Ces échanges de libelles sont caractéristiques de la guerre linguistique qui s'établit alors à Malte entre les tenants de la langue italienne, futurs supporters de l'irrédentisme italien et les tenants d'un nationalisme maltais, appuyés, plus ou moins ouvertement, par le pouvoir colonial anglais.

Presque un siècle après les premiers essais de Soldanis, aucun alphabet ne s’est véritablement imposé. La diversité de l’écriture de la langue prédomine, et une même lettre peut représenter diverses prononciations.

Rationalisation des efforts 1841 - 1920

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Photographie représentant la page de couverture de l'édition originale en bon état. Le titre principal est en latin sur trois ligne avec en dessous sur neuf lignes le sous titre. Séparé du titre par un trait le nom de l'auteur et sur quatre lignes ses titres et qualification en latin. En dessous encadré de deux traits dessus et dessous une maxime en latin Privatas quaerimus opes. Au-dessus d'une couronne de feuillage l'indication du facicule, ici Facilicus L en dessous de la couronne la date d'édition en chiffres romains. En bas de page l'adresse de l'auteur éditeur
Édition originale de 1827 du Florae Melitensis Thesaurus de Stephano Zerafa

L’alphabet de Stefano Zerafa créé en 1827, va connaître un certain succès dans les milieux scientifiques puisqu’il est adopté en 1840 par la Socjetà Ekonomika Agraria (Société économique agraire) et en 1841 par la Socjetà Medica (Société de médecine)[8]. Une réunion du de la Société de médecine lance l’idée d’une commission qui prendrait en charge la réflexion et la création d’un alphabet maltais unique. Cette commission remet son rapport le , elle retient l’alphabet de Zerafa et insiste sur la nécessité d’un graphème pour un phonème et des orientations arabisantes prônées par Vassalli[9].

À la suite de quoi, un théologien familier des langues sémitiques, Dom Salv Cumbo, à l'aide d'une liste de mots maltais, hébreux, araméens et arabes, démontre la grande similitude entre ces différentes langues[11].

En réaction, se crée en 1843 l-Accademia Filologica (Académie philologique), qui défend l’idée que l’alphabet maltais devait servir aussi l’enseignement de l’italien. Elle édite un livre Taghlim il-Kari Malti (L’apprentissage de la lecture maltaise), publie la revue Il-Malti (Le Maltais) et propose un alphabet où les graphèmes recouvrent plusieurs phonèmes en opposition avec l’alphabet de la Société de médecine :

  • a, b, ce/ci (pour ċ actuel), ca/co/cu/ch (pour k), d, e, f, g (pour għ), h, i, j, l, m, n, o, p, k (pour q), qw (pour kw), r, s, t, u, v, x, z[12].

Après être passé du plan linguistique au plan politique et même nationaliste, la religion fit son introduction dans le débat : en 1845, la Society for the Promotion of Christian Knowledge (Société pour la promotion de la connaissance chrétienne) avec le pasteur Mikiel Ang. Camilleri, catholique devenu protestant anglican, traduit en maltais les livres sacrés, supprimant toutes les lettres doubles et utilisant un alphabet se rapprochant le plus possible de l’anglais :

  • a, b, ch (pour ċ actuel), d, e, f, g, h, i, j (pour ġ), k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, sh (pour x), y (pour j), z[13].
Alphabet de Panzavecchia (1845)

La même année, le chanoine Fortunat Panzavecchia fit une proposition très proche du troisième alphabet de Vassalli.

Alphabet de Falzon (1845)

Giovanni Battista Falzon proposa un alphabet très similaire à l’alphabet actuel dans son Dizionario Maltese-Italiano-Inglese (Dictionnaire maltais-italien-anglais). C’est lui qui introduit le point suscrit comme signe diacritique sur le « ġ ». Alphabet Falzon:

  • a, b, c (pour ċ actuel), d, e, f, g, ġ, h, ħ, ḣ, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, x, z, ∩(ajn), ∩̇ (ghajn)[14].

En 1866, l'alphabet suivant fut proposé:

  • a, b, ċ/ce/ci, d, e, f, ġ/ge/gi, g/ghe/ghi, h, ħ, i, ie, j, c/che/chi, l, m, n, o, p, k, r, s, t, u, v, (u), x, z, ż [15]

En 1876, vit le jour la Società per la Coltura (Société pour la culture) pour promouvoir la langue maltaise en reprenant l’alphabet de l’Académie philologique[16].

En 1880, fut fondée la Xirka Xemia (Société sémitique) dont beaucoup de membres vinrent de la Société pour la culture, tel Napuljun (Napoléon) Tagliaferro ou Annibale Preca. Ses membres prirent le parti de faire un alphabet phonétique, un graphème pour un phonème, mais aussi chaque graphème une seule lettre, au risque d'introduire des graphèmes polyvalents [un graphème = plusieurs phonèmes] :

  • a, b, c (pour ċ actuel), d, e, f, j (pour ġ), ḡ (pour għ), h, i, y (pour j), k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, z[17].

C’est certainement l’alphabet le plus simple jusqu'alors proposé pour écrire le maltais. Sigismondo Savona, directeur de l’instruction publique l’introduit dans les écoles publiques dès la fin de 1882. Le , Preca présenta son alphabet devant le personnel enseignant. Cet alphabet fut vigoureusement combattu par tous les partisans de l’italien qui y voyaient un lien trop proche avec l’anglais. Il ne sera utilisé que jusqu’à la démission de Savona en 1887. Cette opposition était de motivation plus politique que linguistique[17].

Il y eut encore en 1894, une proposition de Anton Muscat Fenech, puis en 1902 de Ganni Vassallo qui sera à l’origine de l’orthographe mais pas de l’alphabet de la Għaqda tal-Kittieba tal-Malti (Association des écrivains maltais), et, en 1903, de Anton Manwel Caruana, un écrivain connu, avec son dictionnaire Vocabolario della Lingua Maltese (Vocabulaire de la langue maltaise)[18].

Dans le même temps, Dimech dénonçait régulièrement dans son journal Il-Bandiera tal-Maltin (Le drapeau de Malte) les manœuvres partisanes opposant les partisans de la langue anglaise à ceux de la langue italienne, au détriment de la langue maltaise[18].

Le maltais, langue nationale 1920 - 1934

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Photographie représentant la page de couverture de l'édition originale comportant en haut à gauche et en bas sur toute la largeur des traces de mouillure. Le titre est indiqué sur deux lignes avec en dessous le nom de l'association des écrivains maltais, en dessous encore la date de parution et en bas de la page de couverture les indications de l'éditeur
Édition originale de 1924 de Tagħrif fuq il-Kitba Maltija, les premières règles d'écriture du maltais comprenant l'alphabet officiel

Pour relancer le débat, il faudra l’appel d’un jeune homme de 21 ans, Franġisk Saver Caruana, dans le journal Il-Habib, le , demandant la création d’une nouvelle union des écrivains maltais. Pendant deux mois, des échanges épistolaires auront lieu par journaux interposés, échanges auxquels prendront part, entre autres, Ġużepp Farrugia, Ġużè Micallef Goggi, Ġużè Muscat Azzopardi, Pawlu Bellanti, Pietru Pawl Grima, Nerik Bonnici ou encore C. Sant[18].

Enfin, le , paraît un avis : « Nhar il-Hadd li ġej, 14 ta' Novembru, fi-għaxra u nofs ta' filgħodu, issir l-ewwel laqgħa ta' din l-Għaqda fiċ-ċirkolo ta' l-Unjoni ta' San Ġużepp il-Belt, Strada San Paolo 266 » (Le prochain dimanche, , à 10 h 30 du matin, se tiendra la première réunion de la Société du cercle Saint-Joseph à La Valette, 266, rue Saint-Paul). Plus de trente personnes y sont présentes : Ġużè Muscat Azzopardi est nommé président et Franġisk Saver Caruana, secrétaire. Il est décidé de former une commission pour organiser l’alphabet et l’orthographe avec Azzopardi, Pawlu Galea, Ninu Cremona et Dun Karm Psaila, qui recevra plus tard le titre de poète national en écrivant le texte de l'hymne national maltais. Cette commission est rapidement élargie à Ġanni Vassallo, Ġużè Micallef et P. Cauchi. Elle prend le nom de Għaqda tal-Kittieba tal-Malti (Association des écrivains maltais)[19].

Le , après 17 séances de travail, l’Association remet ses travaux, et, à quelques détails près, c’est l’alphabet actuel qui est proposé. Cette proposition recueille rapidement l’assentiment de tous, après des échanges menés par Dun Karm Psaila, Ġanni Vassallo et Ninu Cremona, toujours dans les colonnes de Il-Habib. Le est élu le premier comité de l’association des écrivains maltais avec le professeur Themistocles Zammit, président d’honneur, Ġużè Muscat Azzopardi, président, Pawlu Galea, vice-président, Franġisk Saver Caruana, secrétaire et Dun Karm Psaila, Ninu Cremona, Ġużè Demajo, Ġużè Micallef Goggi, Rogantin Cachia et Vinċenz Misfud Bonnici, comme membres[19].

Photographie en noir et blanc représentant les écrivains, de face, sur deux rangs, ceux du premier étant assis, ceux du deuxième étant debout. Tous sont en costume cravate sauf Dun Karm Psaila qui porte l'habit de prêtre et la croix.
Ghaqda tal-Kittieba tal-Malti (Association des écrivains maltais) de 1924 de gauche à droite, 1er rang : Guzè Darmanin Demajo, Dun Karm Psaila, Guzè Muscat Azzopardi, Ganni Vassallo, Ninu Crémona ; 2e rang : Guzè Micallef, Rogantin Gachia, A.M. Borg, Frangisk Saver Caruana, Guzè Micaleff Goggi.

La commission avec Cremona, assisté de Vassallo, travaille pendant deux ans pour présenter les règles de grammaire et d’orthographe. La commission, manquant de fonds, demande au gouvernement de les publier ; ce qui sera fait en 1924 sous le nom de Tagħrif fuq il-Kitba Maltija[20] (Information sur l’écriture du maltais). En pleine guerre linguistique qui oppose italianisants et maltaisants, l’Association sollicite le le gouvernement pour qu'il reconnaisse officiellement l’alphabet, la grammaire et l’orthographe de l’association des écrivains.

En 1932, le ministre de l'éducation publique est Enrico Mizzi, connu et condamné pendant la Première Guerre mondiale pour son attachement à l'Italie. Il prend, le , des directives qui imposent, dans l'enseignement, l'utilisation du maltais, dans le but d'aider à l'apprentissage de l'italien. Ces directives modifient assez profondément les règles de l'Association et se basent sur un alphabet purement phonétique. Pietru Pawl Saydon, professeur à l'Université et président de l'association des écrivains, s'élève contre ces directives. Une association des professeurs d'université, qui soutient l'association des écrivains, est évincée de l'Université. Devant la fronde des élites maltaises, le gouvernement colonial britannique reprend les choses en main, retire les directives Mizzi, et introduit les règles de l'Association dans les écoles publiques[21],[22].

Enfin, le , le gouvernement colonial met fin à la guerre linguistique en faisant paraître dans la Gazzetta tal-Guern (La Gazette du Gouvernement, le journal officiel maltais) un avis qui précise que l’alphabet et l’orthographe de la société des écrivains maltais sont officiellement adoptés, et que la langue maltaise est déclarée langue officielle avec l’anglais à la place de l’italien[23]. Enfin, la langue maltaise dispose d'un alphabet, d'une grammaire et de règles d'orthographe :

  • a, b, ċ, d, e, f, ġ, g, għ, h, ħ, i, ie, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, z, ż

Il faudra attendre 1956 pour que ces dispositions soient pratiquement généralisées à l’ensemble des institutions. Enfin, le , la société des écrivains maltais est transformée en Akkademja tal-Malti (Académie maltaise) responsable de la langue. Cette responsabilité est transférée par le gouvernement au Kunsill Nazzjonali ta’ l-Ilsien Malti (Conseil national de la langue maltaise) qu'il crée en 2005[24].

Composition

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L’alphabet maltais comprend 30 graphèmes, composé de :

Il existe un autre signe diacritique, l'accent grave, qui est utilisé sur la dernière syllabe des mots généralement d'origine sicilienne ou italienne (toscan), mais jamais sur les mots d'origine sémitique. Il n'y a pas d'accent sur les mots ne comportant qu'une seule syllabe : à, è, ì, ò et ù.

Déjà peu utilisé, l'accent circonflexe est supprimé de l'écriture de la langue maltaise[25] en par décision du Kunsill Nazzjonali tal-Ilsien Malti (Conseil national de la langue maltaise).

Il faut remarquer que la lettre diacritée « ċ » existe alors que la lettre « c » ne fait pas partie de l’alphabet.

La seule lettre de l’alphabet classique latin non reprise dans l’alphabet maltais est la lettre « y » qui ferait double emploi avec la lettre « j ».

Écriture

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Les deux digrammes għ et ie étant considérés comme deux lettres à part entière, les dictionnaires maltais les écrivent en grande majuscule avec deux lettres capitales GĦ et IE, mais la typographie respecte rarement cette présentation. Dans ces mêmes dictionnaires nous trouvons la typographie Għarbi (arabe) et non GĦarbi. La presse écrite n'utilise qu'exceptionnellement, sans raison apparente, les doubles capitales. Le nom des villes comme Għajnsielem, Għajn Tuffieħa, Għarb, Għargħur, Għasri et Għaxaq est toujours écrit avec une seule lettre capitale, aussi bien dans les journaux de langue maltaise que ceux de langue anglaise.

L’analyse des copies des étudiants de maltais à l’université tend à montrer la disparition du signe diacritique sur le « ċ » car il ne peut y avoir de confusion orthographique et phonétique avec la lettre « c » inexistante dans l'alphabet maltais[26].

Ordre alphabétique

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À la différence d’autres alphabets, l’alphabet maltais considère ses 30 graphèmes comme des lettres d’alphabet à part entière et donc prises en compte dans l’ordre de classement alphabétique. Les dictionnaires maltais classent le vocabulaire suivant les 30 combinaisons dans l’ordre suivant :

A a, B b, Ċ ċ, D d, E e, F f, Ġ ġ, G g, GĦ għ, H h, Ħ ħ, I i, IE ie, J j, K k, L l, M m, N n, O o, P p, Q q, R r, S s, T t, U u, V v, W w, X x, Z z, Ż ż.

Il faut remarquer que la place des lettres diacritées varie en fonction des lettres, le « ċ » se trouve normalement entre le « b » et le « d », le « ġ » est classé avant le « g » alors que le « ħ » est classé après le « h ». Le digramme « għ » est logiquement placé entre le « g » et le « h » et le digramme « ie » est placé après le « i ». Dans le cas de tri informatique le digramme « Ie » est considéré comme étant deux lettres séparées, à la différence de « Għ » qui reste indissociable. La lettre « ż » pose un problème, les dictionnaires la classent traditionnellement en fin d'alphabet après le « z », mais l'organisme de normalisation maltais Malta Standards Authority classe maintenant la lettre « ż » avant le « z »[27].

Les mots comportant des voyelles accentuées, ou commençant par une majuscule, sont classés comme si ces voyelles n'étaient pas accentuées, ou que ces mots ne comportaient pas de majuscule. Si deux mots diffèrent uniquement par l'accentuation, la lettre accentuée suit la lettre non accentuée : papa (« pape ») précède papà (« père »), et si deux mots sont identiques à la majuscule près, le mot avec majuscule précède le mot sans : Marsa (la ville de Marsa) précède marsa (« port, baie »)[28].

Quand l'alphabet anglais est combiné avec l'alphabet maltais, l'ordre devient[27] :

  • A, B, Ċ, C, D, E, F, Ġ, G, Għ, H, Ħ, I, Ie, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Ż, Z.

Si le classement est alphanumérique, les chiffres arabes sont classés dans l'ordre numérique, avant les caractères alphabétiques[27].

Épellation

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À la différence de l'alphabet grec, l'alphabet maltais, comme tout alphabet latin[Quoi ?], n'a pas de nom pour appeler les graphèmes qui le composent. En fait les lettres s'appellent comme elles se prononcent et pour épeler un mot, les Maltais prononcent la lettre avec un allongement permettant de faire une distinction nette entre les phonèmes. Hormis les voyelles, les consonnes nécessitent le support d'une ou plusieurs voyelles pour être prononcées :

  • les six voyelles : a, e, i, ie, o et u se prononcent donc a, e, i, ie, o et u ;
  • quinze consonnes nécessitent adjonction de la voyelle e à la suite : b, ċ, d, ġ, g, ħ, j, k, p, q, t, v, w, z et ż s'épellent be, ċe, de, ġe, ge, ħe, je, ke, pe, qe, te, ve, we, ze et że ;
  • sept consonnes se nomment à l'aide de la voyelle e en début et en fin : f, l, m, n, r, s et x s'épellent effe, elle, emme, enne, erre, esse et exxe ;

Seules deux consonnes portent en fait un nom :

  • la lettre h totalement muette, donc imprononçable, s'appelle et s'épelle à l'aide de la voyelle a : akka ;
  • la lettre għ a gardé le nom de son origine arabe : ajn (à rapprocher de la lettre arabe ع, utilisée par Mikiel Anton Vassalli, et qui se nomme aussi ajn).

Prononciation

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Prononciation comparative

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Prononciation comparative maltaise/française
Lettre
Itra
Nom en
maltais
API exemple
de vocabulaire
Prononciation française approchée
A    a a /ɐ/ Alla (Dieu) a comme dans fada
B    b be /b/ Banda (bande) b comme dans bébé, p en fin de mot comme dans bip
Ċ    ċ ċe /t͡ʃ/ ċensura (censure) tch comme dans tchin-tchin
D    d de /d/ dwellist (duelliste) d comme dans dédit mais, t en fin de mot comme dans kit
E    e e /ɛ/ eċċess (excès) è comme dans cèpe
F    f effe /f/ fosfàt (phosphate) f comme dans fée
Ġ    ġ ġe /d͡ʒ/ ġazz (jazz) dj comme dans djinn, tch en fin de mot comme dans quetsche
G    g ge /ɡ/ gas (gaz) g comme dans gaga, k en fin de mot comme dans coq
GĦ  għ ajn /ʕː/, /ħː/ Għarab (Arabe) ne se prononce pas mais allonge la voyelle suivante en la pharyngalisant
H    h akka /  / hallow (Allô !) ne se prononce pas
Ħ    ħ ħe /ħ/ ħelikopter (hélicoptère) ne se prononce pas mais provoque une pharyngalisation sourde
I     i i /ɪ/ imàm (iman) i comme dans ici
IE   ie ie /iɛ/, /iː/ ieqaf ! (halte !) yè comme dans miette ou i long comme dans crise
J    j je /j/ jot (yacht) y comme dans yoyo
K    k ke /k/ kafè (café) k comme dans kaki
L    l elle /l/ lift (ascenseur) l comme dans elle
M   m emme /m/ medikament (médicament) m comme dans mime
N    n enne /n/ nanna (grand-mère) n comme naine
O    o o /ɔ/ Olanda (Hollande) o ouvert comme dans porte
P    p pe /p/ papa (pape) p comme dans pépé
Q    q qe /ʔ/ qadim (ancien) correspond à un coup de glotte
R    r erre /r/ radar (radar) r roulé comme en espagnol, inexistant en français standard mais peut s'entendre dans certaines prononciations régionales
S    s esse /s/ sultan (sultan, roi) s comme dans sas
T    t te /t/ tortura (torture) t comme dans table
U    u u /ʊ/ urna (urna) ou comme dans toutou
V    v ve /v/ volum (volume) v comme dans veuve, f en fin de mot comme dans veuf
W   w we /w/ wiski (whiski) w comme dans ouate
X    x exxe /ʃ/, /ʒ/ xarada (charade) ch comme dans chat, j comme dans jeu à l'intérieur d'un mot
Z    z ze /t͡s/, /d͡z/ zalza (sauce) ts comme dans tsar ou dz comme dans dzêta
Ż    ż że /z/ żona (zone, région) z comme dans zinzin, s en fin de mot comme dans tasse

Phonétique

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Consonnes

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Schéma représentant en coupe verticale l'appareil phonologique humain sur lequel sont disposés à l'endroit de leur production phonique les consonnes de l'alphabet maltais. Le couple de nasales m et n dans la fosse nasale, les occlusives p et b entre les lèvres, t et d entre les dents, k et g à l'arrière de la voute du palais et q au niveau des cordes vocales. Le couple de fricatives f et v au niveau du palais, s et ż sur la langue, x à l'arrière du palais et ħ dans le pharynx. Enfin la roulée r au niveau de la luette.
Articulation des consonnes maltaises
Articulation des consonnes
Point d'articulation
Mode d'articulation
Bilabiale Labio-
dentale
Alvéolaire Post-
alvéolaire
Palatale Vélaire Pharyngale Glottale
Nasale m (m) n (n)
Occlusive sourde p (p) t (t) k (k) ʔ (q)
sonore b (b) d (d) ɡ (g)
Affriquée sourde t͡s (z) t͡ʃ (ċ)
sonore d͡z (z) d͡ʒ (ġ)
Fricative sourde f (f) s (s) ʃ (x) ħ (għ, ħ)
sonore v (v) z (ż) ʒ (x) ʕ (għ)
Latérale l (l)
Roulée r (r)
Spirante w (w) j (j)
Dans ce tableau, les phonèmes notés à l'aide de l'alphabet phonétique international (API) sont suivis entre parenthèses du graphèmes alphabétiques

L'alphabet maltais se compose de 24 consonnes, b, ċ, d, f, ġ, g, għ, h, ħ, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, w, x, z et ż retranscrites par 25 contoïdes permettant la transcription phonétique des sons du langage parlé maltais : /b/, /t͡ʃ/, /d/, /f/, /d͡ʒ/, /g/, /ħ/ et /ʕ/, / /, /ħ/, /j/, /k/, /l/, /m/, /n/, /p/, /ʔ/, /r/, /s/, /t/, /v/, /w/, /ʃ/ et /ʒ/, /t͡s/ et /d͡z/, /ż/.

La consonne h, ne se prononçant pas, n'a pas de retranscription API. Deux consonnes, x et z, ont une prononciation différente suivant leur place dans le mot ainsi que le diagramme għ qui peut, au centre de mots, produire le même son que ħ. Ils ont donc chacune une double transcription phonétique.

Deux lettres, j et w, sont des consonnes spirantes qui se comportent comme des semi-consonnes (appelées aussi semi-voyelles). Elles forment avec des voyelles syllabiques des diphtongues (voir ci-dessous).

Voyelles

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La langue maltaise comporte :

Elle comporte également :

  • huit diphtongues :
    • aj → /ɐi/, aw → /ɐʊ/, ej → /ɛi/, ew → /ɛʊ/, iw → /ɪʊ/, oj → /ɔɪ/, ow → /ɔʊ/ et aussi ie → /iɛ/ qui se comporte dans certains mots comme une diphtongue.

Encodage de l'alphabet

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Photo représentant un clavier d'ordinateur sur lequel sont indiquées les touches spécifique au maltais. Premier rang de touche en haut du clavier, la touche de gauche pour la lettre ċ. Deuxième rang et en partant de la gauche, quatrième touche è, septième touche y, huitième ù, neuvième ì, dixième ò, douzième ġ et treizième ħ. Troisième rang, deuxième touche à et enfin quatrième rang, deuxième touche la lettre ż. Toutes les autres touches sont les touches traditionnelles d'un clavier Qwerty.
Clavier informatique anglo-maltais.
en rouge : touche pour lettres spécifiquement maltaises
en bleu : touche pour voyelles accentuées maltaises
en vert : touche pour lettres anglaises.

Un autre type d'alphabet ou plutôt d'encodage a été créé pour la langue maltaise. Le développement, dans l'entre-deux guerres, du travail administratif et commercial révolutionne le travail de secrétariat. C'est en 1929 que George John Ransley adapte le système de sténographie de John Robert Gregg pour l'écriture sténographique du maltais[29]. Pour ce qui est de la dactylographie, les secrétaires maltaises héritent leurs machines à écrire du colonisateur anglais. C'était donc à l'origine des claviers dit QWERTZ avant de devenir QWERTY. Ils comprenaient les touches suivantes :

  • Q, W, E, R, T, Z (Y), U, I, O, P - A, S, D, F, G, H, J, K, L - Y (Z), X, C, V, B, N, M.

Quand l'alphabet maltais fut officialisé, il manquait les touches spécifiquement maltaises. Les claviers furent étendus au début du XXe siècle, par l'ajout de quatre touches supplémentaires, Ċ, Ġ, Ħ et Ż, pour permettre la dactylographie aussi bien en maltais qu'en anglais.

Au début de l'informatique, les ordinateurs étaient commercialisés avec des claviers anglais, puis des patchs ont été introduits pour émuler ces claviers. Aujourd'hui plusieurs autorités gouvernementales se sont impliquées pour que la langue maltaise soit traitée, en informatique, sur un pied d'égalité avec la langue anglaise. Les logiciels utilisés dans les services publics[30] ou par exemple à l'université[31] utilisent maintenant tous des claviers étendus[32] à l'alphabet simplifié anglo-maltais sans les digrammes Għ et Ie :

  • A, B, Ċ, C, D, E, F, Ġ, G, H, Ħ, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Ż, Z.

Codage informatique

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En 1961, le premier jeu de caractères ASCII (American Standard Code for Information Interchange), code américain normalisé pour l'échange d'information, comportait les seuls 95 caractères permettant l'écriture de l'anglais. Sa dernière version de 1986, normalisée par ANSI (American National Standards Institute ou Institut national américain de normalisation) n'offre pas plus de possibilité que la norme ISO 646 de l'Organisation internationale de normalisation de 1972. Mais l'extension à 128 caractères permet de créer des tables comportant 12 caractères nationaux.

Codage informatique
Codes Variante nationale maltaise ISO/CEI 646 MT
binaire déc. hexa Caractères compatibles maltais
010 0011 35 23 #
010 0100 36 24 $
100 0000 64 40 @
101 1011 91 5B ġ
101 1100 92 5C ż
101 1101 93 5D ħ
101 1110 94 5E ^
110 0000 96 60 ċ
111 1011 123 7B Ġ
111 1100 124 7C Ż
111 1101 125 7D Ħ
111 1110 126 7E Ċ

En 1999, une nouvelle norme ISO/CEI 8859 codant sur 8 bits permet la création de tables de caractères régionaux complets. la norme ISO/CEI 8859-3 permet le codage des caractères maltais. Vient ensuite la norme ISO/CEI 2022 qui code sur 8 ou 16 bits élargissant ainsi les possibilités de codage avant la création de la norme ISO/CEI 10646 et d'Unicode.

Les caractères de base de l'alphabet étendu anglo-maltais : Aa, Bb, Cc, Dd, Ee, Ff, Gg, Hh, Ii, Jj, Kk, Ll, Mm, Nn, Oo, Pp, Qq, Rr, Ss, Tt, Uu, Vv, Ww, Xx, Yy et Zz, se trouvent dans la table des caractères Unicode - latin de base[33]. Les claviers anglo-maltais comportent des touches permettant la frappe directe des caractères accentués : Àà, Èè, Ìì, Òò et Ùù, se trouvent dans la table des caractères Unicode - supplément latin-1[34].

Les caractères spécifiques à la langue maltaise se trouvent dans la table des caractères Unicode - latin étendu A. La lettre Ċ, appelée en français « lettre majuscule latine C point en chef » est codée 010A, ċ « lettre minuscule latine c point en chef » est codée 010B, Ġ « lettre majuscule latine G point en chef » est codée 0120, ġ « lettre minuscule latine g point en chef » est codée 0121, Ħ « lettre majuscule latine H barré » est codée 0126, ħ « lettre minuscule latine h barré » est codée 0127, Ż « lettre majuscule latine Z point en chef » est codée 017B et ż « lettre minuscule latine z point en chef » est codée 017C[35].

Table des caractères Unicode pour l'alphabet (Latin de base)
Code --- 0 --- 1 --- 2 --- 3 --- 4 --- 5 --- 6 --- 7 --- 8 --- 9 --- A --- B --- C --- D --- E --- F
000 -
001 -
002 - | ! " # $ % & ' ( ) * + , - . /
003 - 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 : ; < = > ?
004 - @ A[u 1] B[u 1] C[u 2] D[u 1] E[u 1] F[u 1] G[u 1] H[u 1] I[u 1] J[u 1] K[u 1] L[u 1] M[u 1] N[u 1] O[u 1]
005 - P[u 1] Q[u 1] R[u 1] S[u 1] T[u 1] U[u 1] V[u 1] W[u 1] X[u 1] Y[u 2] Z[u 1] [ \ ] ^ _
006 - ` a[u 1] b[u 1] c[u 2] d[u 1] e[u 1] f[u 1] g[u 1] h[u 1] i[u 1] j[u 1] k[u 1] l[u 1] m[u 1] n[u 1] o[u 1]
007 - p[u 1] q[u 1] r[u 1] s[u 1] t[u 1] u[u 1] v[u 1] w[u 1] x[u 1] y[u 2] z[u 1] { | } ~
Table des caractères Unicode pour l'alphabet (Supplément latin-1)
Code --- 0 --- 1 --- 2 --- 3 --- 4 --- 5 --- 6 --- 7 --- 8 --- 9 --- A --- B --- C --- D --- E --- F
008 -
009 -
00A - ¡ ¢ £ ¤ ¥ ¦ § ¨ © ª « ¬ ® ¯
00B - ° ± ² ³ ´ µ · ¸ ¹ º » ¼ ½ ¾ ¿
00C - À[u 3] Á Â Ã Ä Å Æ Ç È[u 3] É Ê Ë Ì[u 3] Í Î Ï
00D - Đ Ñ Ò[u 3] Ó Ô Õ Ö × Ø Ù[u 3] Ú Û Ü Ý Þ ß
00E - à[u 3] á â ã ä å æ ç è[u 3] é ê ë ì[u 3] í î ï
00F - ð ñ ò[u 3] ó ô õ ö ÷ ø ù[u 3] ú û ü ý þ ÿ
Table des caractères Unicode pour l'alphabet (Latin étendu A)
Code --- 0 --- 1 --- 2 --- 3 --- 4 --- 5 --- 6 --- 7 --- 8 --- 9 --- A --- B --- C --- D --- E --- F
010 - Ā ā Ă ă Ą ą Ć ć Ĉ ĉ Ċ[u 1] ċ[u 1] Č č Ď ď
011 - Đ đ Ē ē Ĕ ĕ Ė ė Ę ę Ě ě Ĝ ĝ Ğ ğ
012 - Ġ[u 1] ġ[u 1] Ģ ģ Ĥ ĥ Ħ[u 1] ħ[u 1] Ĩ ĩ Ī ī Ĭ ĭ Į į
013 - İ ı IJ ij Ĵ ĵ Ķ ķ ĸ Ĺ ĺ Ļ ļ Ľ ľ Ŀ
014 - ŀ Ł ł Ń ń Ņ ņ Ň ň ʼn Ŋ ŋ Ō ō Ŏ ŏ
015 - Ö ö Œ œ Ŕ ŕ Ŗ ŗ Ř ř Ś ś Ŝ ŝ Ş ş
016 - Š š Ţ ţ Ť ť Ŧ ŧ Ũ ũ Ū ū Ŭ ŭ Ů ů
017 - Ű ű Ų ų Ŵ ŵ Ŷ ŷ Ÿ Ź ź Ż[u 1] ż[u 1] Ž ž ſ

Légende :

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap aq ar as at au av aw ax ay az ba bb bc et bd Caractères de l'alphabet maltais (surlignés en rouge)
  2. a b c et d Caractères de l'alphabet étendu anglo-maltais (surlignés en vert)
  3. a b c d e f g h i et j Caractères de l'alphabet étendu maltais (surlignés en bleu)

Notes et références

modifier
  1. Vanhove 1994, p. 167.
  2. Cardona 1997, p. 85.
  3. a b c et d Cardona 1997, p. 86.
  4. A. Dupont-Sommer (1971) p. 712
  5. Cardona 1997, p. 87.
  6. a b et c Cardona 1997, p. 88.
  7. a et b Cardona 1997, p. 89.
  8. a b et c Cardona 1997, p. 90.
  9. a b et c Cardona 1997, p. 91.
  10. M. Cassar (2005), date 1841, consulté le 9 octobre 2010
  11. Cardona 1997, p. 91-92.
  12. Cardona 1997, p. 92.
  13. Cardona 1997, p. 92-93.
  14. (en) Dizionario Maltese-Italiano-Inglese ... preceduto da una breve esposizione grammaticale della lingua Maltese, , 340 p. (lire en ligne).
  15. (it) Nuova guida alla conversazione italiana, inglese e maltese ad uso delle scuole, , 226 p. (lire en ligne).
  16. Cardona 1997, p. 93-94.
  17. a et b Cardona 1997, p. 94.
  18. a b et c Cardona 1997, p. 95.
  19. a et b Cardona 1997, p. 96.
  20. Akkademja tal-Malti (1924) p. 2-3
  21. M. Cassar (2005) dates 1932 et 1934, consulté le 23 octobre 2010
  22. Vanhove 2002, p. 372 et 379
  23. Cardona 1997, p. 97-98.
  24. M. Cassar (2005) dates 1964 et 2005, consulté le 12 octobre 2010
  25. Kunsill Nazzjonali tal-Ilsien Malti (2008) p. 4
  26. Vanhove 2002, p. 373.
  27. a b et c Document MSA (2009) p. 7
  28. Document MSA (2009) p. 8
  29. M. Cassar (2005) date 1929, consulté le 1er novembre 2010
  30. information gouvernementale pour l'utilisation du maltais avec Windows
  31. Manwal L-Użu tal-Malti fil-Kompjuter manuel - L'usage du maltais en informatique
  32. User Guide Maltese Language Keyboard Driver, CIMU
  33. Table Unicode Latin de base
  34. Table Unicode Supplément Latin-1
  35. Table Unicode Latin étendu A

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (mt) Akkademja tal-Malti, Tagħrif fuq il-Kitba Maltija, Malte Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Cardona 1997] (mt) Tony Cardona, Introduzzjoi għal-Lingwistika Maltija, Malte, Mireva Publications, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (mt) Mario Cassar, L-Istorja tal-Ilsien Malti, 2005, consulté du 9 au Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (mt) Marisa Farrugia, L-Istotja ta' I-Alfabet Malti, Pubblikazzjonijiet Indipendenza (PIN), coll. Sensiela Kullana Kulturali no 62, Malte, 2004
  • (mt) Kunsill Nazzjonali tal-Ilsien Malti, Decizjonijiet-1, Malte, 2008 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Vanhove 1994] Martine Vanhove, « La langue maltaise : un carrefour linguistique », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, no 71,‎ , p. 167-183 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Vanhove 2002] Martine Vanhove, « La langue maltaise et le passage à l'écriture », dans Dominique Caubet, Salem Chaker et Jean Sibille, Les langues de France et leur codification : Écrits divers - Écrits ouverts, Paris, L’Harmattan, (lire en ligne), p. 369-381. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Malta Standards Authority, Maltese Data and Information Requirements on Information and Communication Technology, 2009, consulté le Document utilisé pour la rédaction de l’article

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles connexes

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Liens externes

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