Alphabet ougaritique

abjad

L'alphabet ougaritique est une forme d'abjad (ou alphabet consonantique) attesté dans la ville d'Ougarit (Syrie), entre le milieu du XIIIe et le début du XIIe siècle av. J.-C.

Ougaritique
Image illustrative de l’article Alphabet ougaritique
L'alphabet ougaritique
Caractéristiques
Type Abjad
Langue(s) Ougaritique, hourrite
Historique
Époque Vers 1250-1185 av. J.-C.
Codage
Unicode U+10380 à U+1039F
ISO 15924 Ugar

Alors que la plupart des tablettes sont écrites en cunéiforme syllabique notant la langue akkadienne (langue sémitique) ou hittite (langue indo-européenne), quelques-unes le sont dans une nouvelle écriture cunéiforme, dite « alphabet ougaritique », servant à noter une langue sémitique cananéenne (ainsi que des textes hourrites). Cette écriture est parmi les tout premiers abjads connus, avec les écritures sinaïtiques. Il atteste pour la première fois l'ordre des lettres encore utilisé de nos jours dans la plupart des alphabets modernes (alphabet latin, alphabet grec, alphabet étrusque, mais aussi alphabets sémitiques comme les alphabets phénicien et hébreu), l'ordre dit « levantin ».

L'alphabet ougaritique a été déchiffré en 1929-1931 par Hans Bauer, Édouard Dhorme et Charles Virolleaud[1].

Composition de l'alphabet

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L'existence d'un classement alphabétique nous est connue par plusieurs tablettes abécédaires. Des tablettes plus rares, trouvées à Beth Šemeš, classent cependant les lettres dans l'ordre sud-arabique. L'abécédaire ougaritique le plus courant donne vingt-sept lettres (suivies de trois additionnelles) dans cet ordre (transcription traditionnelle des langues sémitiques) :

ʾa, b, g, ḫ, d, h, w, z, ḥ, ṭ, y, k, š, l, m, ḏ, n, ṯ̣, s, ʿ, p, ṣ, q, r, ṯ, ǵ, t, ʾi, ʾu, s̀

Note : la lettre transcrite par ṯ̣ l'est par dans l'article de O'Connor (cf. bibliographie infra).

La première lettre n'est pas la voyelle /a/ mais le coup de glotte (une consonne) suivi de la voyelle /a/, car cet abjad — qui n'écrivait normalement pas les voyelles — ne servait pas à noter ce coup de glotte seul : en effet, ʾi et ʾu (coup de glotte suivi de /i/ ou /u/) semblent avoir été ajoutés à la fin de l'alphabet, donc tardivement. Il est possible qu'à l'invention de cet abjad il désignât le coup de glotte vocalisé (quel que soit le timbre de la voyelle) et ne se soit spécialisé que plus tard pour le coup de glotte suivi de /a/ et non pas d'une autre voyelle, d'où l'ajout des deux autres formes dans une période plus tardive.

La présence de quelques graphèmes syllabiques (dont ʾi et ʾu ajoutés à la suite) est un emprunt au modèle akkadien, d'où la présence d'un , servant à transcrire une consonne non sémitique de valeur inconnue et vraisemblablement utilisée pour les textes écrits en hourrite. Le tracé de certains caractères varie selon les sources de documentation. Il n'y a en effet pas de modèle archétypal réel et les inscriptions peuvent être de styles très différents.

Codage informatique

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L'ougaritique a été ajouté aux caractères d'Unicode à partir de la quatrième version (avril 2003). Il se trouve dans le bloc du même nom qui s'étend des emplacements U+10380 à U+1039F. Ces caractères étant situés hors du plan multilingue de base (PMB), tous les systèmes d'exploitation et les navigateurs ne sont pas capables de les afficher ou de les manipuler.

En 2012, peu de polices de caractères contiennent les œils nécessaires[2] :

  • Aegean,
  • ALPHABETUM Unicode,
  • Andagii,
  • Code2001,
  • Everson,
  • Free Sans (licence libre),
  • MPH 2B Damase,
  • Ugaritic 3.03 Unicode.

Voici les caractères prévus par Unicode (leur affichage correct dépend de votre système) :

nom d'Unicode glyphe Unicode valeur entité HTML
Lettre ougaritique alpa 𐎀 10380 ʾa 𐎀
Lettre ougaritique bêta 𐎁 10381 b 𐎁
Lettre ougaritique gamla 𐎂 10382 g 𐎂
Lettre ougaritique kha 𐎃 10383 𐎃
Lettre ougaritique delta 𐎄 10384 d 𐎄
Lettre ougaritique ho 𐎅 10385 h 𐎅
Lettre ougaritique wo 𐎆 10386 w 𐎆
Lettre ougaritique dzêta 𐎇 10387 z 𐎇
Lettre ougaritique hota 𐎈 10388 𐎈
Lettre ougaritique tèt 𐎉 10389 𐎉
Lettre ougaritique yod 𐎊 1038A y 𐎊
Lettre ougaritique kaf 𐎋 1038B k 𐎋
Lettre ougaritique chîn 𐎌 1038C š 𐎌
Lettre ougaritique lambda 𐎍 1038D l 𐎍
Lettre ougaritique mém 𐎎 1038E m 𐎎
Lettre ougaritique dhal 𐎏 1038F 𐎏
Lettre ougaritique noûn 𐎐 10390 n 𐎐
Lettre ougaritique zou 𐎑 10391 𐎑
Lettre ougaritique samka 𐎒 10392 s 𐎒
Lettre ougaritique ’aïn 𐎓 10393 ʕ 𐎓
Lettre ougaritique pou 𐎔 10394 p 𐎔
Lettre ougaritique çadé 𐎕 10395 𐎕
Lettre ougaritique qopa 𐎖 10396 q 𐎖
Lettre ougaritique racha 𐎗 10397 r 𐎗
Lettre ougaritique thanna 𐎘 10398 𐎘
Lettre ougaritique ghaïn 𐎙 10399 ǵ 𐎙
Lettre ougaritique to 𐎚 1039A t 𐎚
Lettre ougaritique i 𐎛 1039B ʾi 𐎛
Lettre ougaritique ou 𐎜 1039C ʾu 𐎜
Lettre ougaritique ssou 𐎝 1039D s2 𐎝
Séparateur ougaritique de mots 𐎟 1039F - 𐎟

Notez bien: Ces noms d'Unicode ne sont pas utilisés dans les textes ougaritiques eux-mêmes, et ont été créés à partir des noms de lettres dans différentes écritures (alphabet grec, abjad arabe, etc). Le code 1039E n’est pas attribué.

Notes et références

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  1. Pierre Bordreuil, « L'alphabet ougaritique », dans Brigitte Lion, Cécile Michel (dir.), Histoires de déchiffrements : Les écritures du Proche-Orient à l'Égée, Paris, Errance, , 206 p. (ISBN 9782877723831), p. 129-138.
  2. Cf. les pages site d'Alan Wood ou du site www.fileformat.info.

Bibliographie

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Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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