Alternatiba (mouvement écologiste)

mouvement français de mobilisation face au défi du changement climatique
Alternatiba
Logo d'Alternatiba
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Objet social
Coordonner les activités citoyennes pour promouvoir des politiques publiques prenant en compte les risques et les mesures à adopter qu'impliquent le réchauffement climatique , l'urgence écologique et la justice sociale aux niveaux local, régional, français, européen et internationalVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
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Alternatiba (« Alternative », en basque[1]) est un mouvement citoyen de mobilisation sur le dérèglement climatique[2].

Alternatiba utilise plusieurs modes de mobilisation différents : « villages des alternatives », tour à vélo pour valoriser les initiatives locales[3], ou encore actions de désobéissance civile non violente[4].

Historique modifier

Vue de l'édition 2015 d'Alternatiba à Caen.

Premier village des alternatives modifier

En , l'organisation écologiste basque Bizi ! annonce à la presse le premier projet d'un village écologique à Bayonne pour célébrer une « journée d'appel international contre le réchauffement climatique » avec le patronage de la militante altermondialiste Susan George. Ce projet vise à réunir « des exemples d'actions quotidiennes pour lutter contre le réchauffement climatique »[5]. Le premier « Alternatiba, village des alternatives » se déroule à Bayonne les 5 et et accueille plus de 12 000 visiteurs[6].

Ce premier village comprend de nombreuses conférences[7], des stands, des ateliers[8], des animations réparties en une quinzaine d'espaces thématiques. L’événement reçoit le soutien de « 90 organisations – citons en vrac la Fédération syndicale unitaire (FSU), les Amis de la Terre, Greenpeace, SUD solidaires, Attac, Biocoop ou encore la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l'homme [et a] mobilis[é] un millier de bénévoles »[a],[Note 1]. Il est parrainé par le militant politique Stéphane Hessel dès décembre 2012, puis par Christiane Hessel après le décès de son mari[9]. Celle-ci conclu l'événement par un discours appelant à la construction d'autres Alternatiba ailleurs dans le monde[Note 2].

Considérant la conférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques comme un échec, le mouvement déclare l’intention de créer une mobilisation auprès des citoyens européens en les poussant à s’investir dans des initiatives telles que l'éco-habitat, les circuits courts, l'énergie renouvelable, l'agriculture biologique, la monnaie locale[10] L'objectif promu par l'association fondée à ce moment-là est de ne pas attendre le changement de la part des organisations gouvernementales mondiales ou européennes, mais de l'initier à un niveau local[11].

Stand Alternatiba à Chambéry, Ecofestiv' Alternatiba 2015.

Construction d'autres Alternatiba modifier

À la suite de l'appel terminant le premier événement[Note 3], d'autres collectifs Alternatiba sont constitués en 2013, notamment à Paris, puis Bruxelles, Bilbao[12]. La coordination européenne des collectifs Alternatiba est fondée le [13].

En 2018, des groupes sont actifs hors d'Europe à Haïti[Note 4],[Note 5] et au Sénégal[Note 6].

Alternatiba Léman à Genève, 2022.

Après l'organisation d'ateliers formant aux actions de désobéissance civile en avec le soutien de la Ville et l’agglomération de Poitiers à hauteur de 15 000 euros à l’association, le préfet de la Vienne dépose deux recours devant le tribunal administratif de Poitiers pour réclamer l’annulation des subventions accordées par les deux collectivités locales[14]. La justice donne raison en à la ville et au Grand Poitiers[15].

En , les antennes locales de Paris, Lyon et Montpellier se scindent et fondent Action Justice Climat (AJC) qui a une vocation à embrasser des thèmes plus larges[16].

Méthodes et moyens modifier

L'expérience accumulée par Bizi ! à Bayonne lors de la construction du premier Alternatiba, laquelle avait été formalisée dans un kit méthodologique, s'est traduite dans les méthodes d'organisation très voisines des différents collectifs Alternatiba[réf. nécessaire].

Tours Alternatiba modifier

Tour Alternatiba 2015 modifier

Tour Alternatiba à Paris le 26 septembre 2015.

Au cours de l'été 2015, Alternatiba lance une manifestation à vélo, le Tour Alternatiba[b]. Il est effectué par des équipages en vélos tandem de 3 et 4 places pour symboliser la transition écologique, la solidarité et l’effort collectif. Partis de Bayonne, ils sont accompagnés de cyclistes lors de chaque arrivée d'étape, et traversent 6 pays d'Europe, soit un périple de 5 000 km[c]. La manifestation est accompagnée d'évènements locaux pour populariser les diverses initiatives d'Alternatiba et d'associations partenaires dans les villes participant au mouvement, et continuer la mise en avant d'alternatives concrètes réalisables dès aujourd'hui[17].

Cortège complet Tour Alternatiba à La Villette à Paris 26 septembre 2015

Il s'est conclu en Île-de-France par une vélorution rassemblant 1 500 cyclistes jusqu'à la place de la République, où s'est tenu l'événement Alternatiba Paris[d].

Un documentaire relate cette manifestation : Irrintzina.[réf. nécessaire]

Difficultés modifier

Malgré le refus de la Mairie de Marseille[18], le tour arrive à Marseille, sans encombre, et fait étape dans la ville, en coordination avec le démarrage de l'Alternatiba local, « Alternabaioli », pourtant interdit par la municipalité[19]. Inversement, l'hebdomadaire Télérama note que :

« À Grenoble, où les triplettes ont fait halte le 2 juillet, c'est au contraire avec le sourire complice du maire écolo Eric Piolle qu'elles ont été reçues[e]. »

Le , après avoir parcouru 2 300 km, alors que les cyclistes arrivaient près de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne, la police allemande exige, sous peine d’arrestation, le contrôle d’identité de toutes les personnes présentes sur le lieu[20].

Tour Alternatiba 2018 modifier

Un second Tour Alternatiba débute le de Paris[21],[22]. Le parcours de 5 800 km en 200 étapes traverse 200 territoires jusqu'au , en passant notamment par Orléans, Lille, Bruxelles, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse et arrivant à Bayonne[23]. L'arrivée à Bayonne coïncide avec la parution du rapport spécial du GIEC sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 °C[24] et célèbre l'ouverture du village des alternatives de Bayonne, qui marque les 5 ans de la dynamique citoyenne. Cette édition est parrainée par le sociologue et philosophe Edgar Morin et l'anthropologue sénégalaise Mariama Diallo[Note 7]. Le village se conclut avec la lecture par deux adolescents d'un manifeste intitulé « Le temps de l'espoir et de l'action »[25].

Engagements politiques modifier

Dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle française de 2017 qui oppose Marine Le Pen et Emmanuel Macron, Alternatiba appelle dans une tribune avec soixante autres associations à faire barrage à la candidate du Front national[26].

Une manifestation organisée le , soit quatre ans après la mort d'Adama Traoré, découle de l'appel commun du Comité Adama et Alternatiba. Elodie Nace, porte-parole d'Alternatiba, indique qu'ils partagent les « mêmes combats »[27].

Notes et références modifier

Notes modifier

Générales modifier

Sur le mouvement en général modifier

  1. Cf. L'Humanité du 4 octobre 2013.
  2. Cf. Politis du 6 mars 2014.
  3. Pierre Crépel, « Le Tour Alternatiba, bilan et perspectives, Entretien avec Txetx Etcheverry* » Accès libre, La Revue du projet, sur Parti communiste français, (consulté le )
  4. « 5000 kilomètres en vélo... et 1000 manières de soutenir le Tour Alternatiba ! », sur Basta!, (consulté le )
  5. Cf. l'article « Climat : vive la vélorution ! » dans le numéro du 26 juillet 2015 de Télérama.

Références modifier

  1. Définition d'alternatiba dans le dictionnaire Elhuyar
  2. Coralie Schaub, « Alternatiba, noyau durable » Accès libre, Libération, (consulté le )
  3. Gabriel Siméon, « Climat Alternatiba pousse à la roue » Accès libre, Libération, (consulté le )
  4. Marie-Noëlle Bertrand, « Agir pour le climat, y compris par la désobéissance civile », L'humanité.fr, (consulté le )
  5. Pierre Penin, « Bienvenue au village de l'écologie puissance 10 » Accès libre, sur Sud Ouest, (consulté le )
  6. « Entre 12 000 et 15 000 personnes dans les rues du Petit-Bayonne et des alentours – le centre historique de la ville –, des centaines d’ateliers et d’animations, des dizaines d’associations nationales représentées, etc. Les 5 et 6 octobre, la réussite d’Alternatiba, le « village des alternatives contre le changement climatique a dépassé les prévisions les plus optimistes des organisateurs ». » Cf. Politis du 19 décembre 2013.[réf. souhaitée]
  7. Selon La Vie du 7 octobre 2013, « [Le plateau rassemblé par Alternatiba avait] de quoi impressionner : il y a eu aussi bien les compagnons d'Emmaüs de Lescar, pionniers de l'éco-habitat que le réseau des magasins Biocoop, les altermondialistes d'Attac que France Nature Environnement, le CCFD du pays basque que les décroissants de S!lence. Même éclectisme avec la liste des personnalités qui soutiennent ce rassemblement qui vont d'Edmond Maire, l'ancien secrétaire général de la CFDT, à Pierre Larrouturou, le promoteur de la semaine de quatre jours, en passant par Nicolas Hulot, Pierre Rabhi, Susan George, Edgar Morin, Michel Rocard. »
  8. Pierre Penin, « Bayonne : une fête des alternatives » Accès libre, sur Sud Ouest, (consulté le ) : « « à travers quinze espaces “thématiques” Alternatiba proposera des animations de rues comme un marché paysan, des mutxikos, des chants, une visite de la ville par l'historien Claude Labat, une information sur la fabrication d'une bière locale, des “conférences gesticulées”, des jeux pour enfants, une bourse aux vélos et atelier de réparation… » »
  9. Pour Sud Ouest du 7 octobre 2013 « Christiane Hessel, la femme de Stéphane Hessel, était hier l'invitée du forum Alternatiba. Son mari, ancien résistant, diplomate et intellectuel, avait accepté de parrainer la manifestation. Après son décès, l'année dernière, sa veuve a confirmé ce parrainage. Devant le public d'Alternatiba, elle a lu un appel à la mobilisation contre le réchauffement climatique. Lors de cette soirée, hommage a été rendu à son défunt mari. »
  10. Cf. les déclarations d'un des organisateurs, le 6 octobre 2013 à La Vie du 8 octobre 2013.
  11. Philippe Bach, « Le futur s'invente aujourd'hui », Le Courrier,‎ 18, 19 et 20 septembre 2015, p. 1
  12. « Con el fin de reflejar dicha adhesión, han convocado la movilización del próximo 14 de marzo. «El actual modelo no nos sirve y con la movilización nacional reivindicaremos un modelo social alternativo». Del mismo modo, han dado a conocer que realizarán una segunda iniciativa denominada ‘Alternatiba’ el 24 de octubre de 2015 en Bilbo, para «dar pie a una gran movilización ante el COP-21», cumbre sobre el clima organizada por la ONU. » Cf. Naiz le 19 novembre 2014.
  13. Barnabé Binctin, « Alternatiba grandit et se coordonne » Accès libre, Reporterre, (consulté le )
  14. Eugénie Boilait, « Écologie : à Poitiers, une association prônant «la désobéissance civile» face à la justice administrative » Accès libre, Le Figaro, (consulté le )
  15. Subventions à Alternatiba : le préfet de la Vienne perd son bras de fer contre Poitiers et Grand Poitiers, France Bleu, Anne-Lyvia Tollinchi, 30 novembre 2023
  16. Laury-Anne Cholez, « Alternatiba : des désaccords stratégiques mènent à la scission », Reporterre,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « Reportage : Alternatiba, Lyon 2015 (par Dens, et Dan’s) » (consulté le )
  18. « Né à Bayonne, le concept Alternatiba n'est pas bienvenu à Marseille », Sud Ouest, (consulté le )
  19. Cf. article « Alternatiba interdit à Marseille », Politis, 19 juin 2015.
  20. C.O., « Alternatiba contrôlé par la police allemande » Accès libre, sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, (consulté le )
  21. « Tour Alternatiba : le grand tour de France pour le climat » Accès libre, sur Radio France internationale, (consulté le )
  22. « Alternatiba prépare un grand tour vélo pour 2018 » Accès libre, Reporterre, (consulté le )
  23. P.P., « Climat : le Tour Alternatiba repart pour 5800 km de Paris à Bayonne » Accès libre, sur Sud Ouest, (consulté le )
  24. Rémi Barroux, « Climat : Alternatiba, une génération militante qui n’entend pas se résigner » Accès libre, Le Monde, (consulté le )
  25. Sophie Chapelle, « Réchauffement : « Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir » » Accès libre, sur Basta !, (consulté le )
  26. « "Le pire est malheureusement possible!" : l’appel de 61 associations et ONG avant le second tour » Accès libre, Le Journal du dimanche, (consulté le )
  27. Benoît Jourdain et Pierre Godon, « Adama Traoré : la marche a rassemblé environ 2 700 personnes, selon les gendarmes » Accès libre, sur France Info, (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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