Alteromonas infernus

Alteromonas infernus est une espèce de bactéries extrêmophiles à Gram négatif découverte par l'Ifremer en 1997 sur des fonds marins près des sources hydrothermales océaniques profondes dans le Pacifique[2]. La souche GY785 de ce micro-organisme produit un polysaccharide particulier qui est envisagé dans des applications médicales de reconstruction osseuse, dentaire et de cartilage, ainsi que d'autres types de tissus.

Caractéristiques modifier

La bactérie, de dimensions de 0,6 à 0,8 par 1,4 à 2 µm, se déplace à l'aide d'un flagelle polaire. Elle est encapsulée, non-pigmentée, anaérobie et exprime la cytochrome c oxydase et la catalase. Elle ne dénitrifie pas et son ADN a une teneur en G + C de 48,1 % et possède 52 % de similarité avec l'ADN de A. macleodii subsp. macleodii et 33 % avec l'ADN de A. macleodii subsp. fijiensis.

Applications médicales modifier

Le polysaccharide GY785 produit par Alteromonas infernus, obtenu par précipitation à l'éthanol peut réparer une lésion de tissu humain en complément de l'injection de cellules souches du patient[3]. Le recours a des greffes exogènes peut être évité ainsi que les risques de rejet et d’interventions chirurgicales invasives[4].

Régénération de cartilage modifier

« Les cellules souches prélevées sur le patient sont mises en culture avec des facteurs de croissance spécifiques qui conditionnent la transformation de ces cellules en cellules de cartilage appelées chondrocytes. »[5]. Mais le processus est rarement stable et les nouveaux chondrocytes peuvent régresser à l’état de cellules souches. La présence du polysaccharide exprimé par Altermonas infernus GY785 améliore drastiquement la prolifération et la transformation des cellules-souche en chondrocytes[6].

« Facile à cultiver, elle produit des quantités importantes de GY785, un PS [polysaccharide] original et biologiquement actif grâce à son groupe sulfate. »[5].

Autres applications modifier

En parallèle, l’équipe de l'Ifremer prend part au projet européen Biocare marine[7] pour mettre au point de pansements « intelligents » contenant des polysaccharides et des peptides marins, de sorte à favoriser la réparation de la peau des grands brûlés.

Références modifier

  1. (en) G. H. Raguénès, A. Peres, R. Ruimy et P. Pignet, « Alteromonas infernus sp. nov., a new polysaccharide-producing bacterium isolated from a deep-sea hydrothermal vent », Journal of Applied Microbiology, vol. 82, no 4,‎ , p. 422–430 (ISSN 1364-5072, PMID 9134716, DOI 10.1046/j.1365-2672.1997.00125.x, lire en ligne, consulté le )
  2. « Souche bactérienne marine du genre alteromonas, exopolysaccharides hydrosolubles produits par cette souche, et leurs utilisations », sur Ifremer (consulté le )
  3. (en) C. Ruiz Velasco, M. Baud'Huin, Corinne Sinquin et M. Maillasson, « Effects of a sulfated exopolysaccharide produced by Altermonas infernus on bone biology », Glycobiology, vol. 21, no 6,‎ , p. 781–795 (ISSN 0959-6658, DOI 10.1093/glycob/cwr002, lire en ligne, consulté le )
  4. « Des bactéries pour réparer nos tissus », Ça m'intéresse, no 462,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a et b Sylvia Colliec-Jouault, chercheuse en biochimie à l’Ifremer de Nantes, conférence au Sea Tech Week en octobre 2018
  6. « Une bactérie marine au service de la santé », SCIENCES OUEST, no 325,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Projet Interreg porté par l’Université de Brighton (Grande-Bretagne), l’Université de Gand (Belgique), l’Ifremer (laboratoire EM3B, unités RDT et BOME) et l’entreprise finistérienne Polymaris.