Amon Göth
Amon Leopold Göth (ou Goeth), né le à Vienne en Autriche-Hongrie et exécuté par pendaison le à Cracovie en Pologne, est un SS-Hauptsturmführer. Il a notamment commandé le camp de concentration de Płaszów, près de Cracovie ; ses méthodes dans ses fonctions et sa brutalité lui ont valu le surnom de « boucher d'Hitler ».
Commandant de camp de concentration nazi |
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Naissance | |
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Décès |
(à 37 ans) Cracovie |
Nom de naissance |
Amon Leopold Göth |
Surnom |
Le boucher d'Hitler |
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Activité | |
Période d'activité |
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Famille |
Épouses : Olga Janauschek (1934) puis Anny Geiger (1938–1944) |
Enfant |
Monika Hertwig (d) |
Partis politiques | |
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Condamné pour | |
Distinction | |
Archives conservées par |
Oskar Schindler Archive (d) |
Biographie
modifierDébuts
modifierNé dans une famille d'industriels de l'impression, Amon Göth devient membre en 1930 (avec le numéro 510764) de la branche autrichienne du parti ouvrier allemand national-socialiste. La même année, il rejoint les SS autrichiens (numéro de membre : 43673).
Ses premières activités en tant que SS sont mal connues, essentiellement parce que la section SS autrichienne est restée illégale et clandestine jusqu'à l’Anschluss (1938). Entre 1932 et 1938, il est membre de l’Allgemeine-SS à Vienne.
Sa progression au sein de l'organisation est rapide : Oberscharführer (c'est-à-dire adjudant) en 1937, il atteint le grade d’Untersturmführer (sous-lieutenant) le . Göth acquiert de l'expérience dans les centres de mise à mort nazis de Bełżec, Sobibor et Treblinka.
Liquidation des ghettos
modifierEn , Göth quitte Vienne et rejoint l'état-major SS de Cracovie. Officier SS préposé au service des camps de concentration, il est envoyé le à Płaszów pour y établir et diriger un camp de travail obligatoire. Soumis à un rythme forcené, les prisonniers achèvent la construction du camp un mois plus tard. Le ghetto de Cracovie est fermé le , et ses survivants emprisonnés dans le nouveau camp. Près de 2 000 personnes meurent au cours de l'évacuation, certaines d'entre elles exécutées de la main de Göth lui-même.
En , Mieczysław Pemper[1] fut témoin dans le ghetto de Cracovie de scènes où Göth lâchait ses chiens sur les habitants et leur tirait dessus.
En , il est chargé de fermer le ghetto de Tarnów. On ignore combien de personnes ont été exécutées sur place à cette occasion. Le , il fait évacuer le camp de concentration de Szebnie, ordonnant que les détenus qui ne sont pas tués sur-le-champ soient déportés vers d'autres camps. Cette nouvelle opération se solde par plusieurs centaines de morts.
Ayant reçu une double promotion qui lui permet de sauter le grade d’Obersturmführer, Göth est élevé le au rang de Hauptsturmführer et devient également officier de la Waffen-SS. Son assignation au poste de commandant du camp de travail à Plaszow est reconduite, cette fois sous l'autorité directe des services économiques et administratifs SS.
Płaszów, apogée d'une carrière
modifierEn tant que commandant du camp de Płaszów, où l'espérance de vie moyenne était de quatre semaines, Göth était redouté des prisonniers, qu'il soumettait à divers mauvais traitements, et qu'il exécutait même parfois par balles. Ses deux chiens Ralf et Alf, qu'il lançait sur les détenus, avaient une sinistre réputation. Poldek Pfefferberg, l'un des juifs de Płaszów sauvés par l'industriel Oskar Schindler, témoigna en ces termes : « Voir Göth, c'était voir la mort[2]. »
Lors du procès de Göth en 1946, Henryk Bloch rapporte les faits suivants :
« […] Göth ordonna que chacun reçoive cent coups [de fouet], mais tout le monde en reçut plus de deux cents, voire trois cents. Chaque prisonnier devait compter les coups à voix haute ; si une erreur était commise, alors les coups recommençaient à partir de zéro. […] Après avoir été retiré de la table, le prisonnier était littéralement une masse sanglante aux chairs coupées. […] Pendant tout ce temps, un homme criait horriblement. Göth hurla, lui demandant de se calmer et de compter. L'homme ne se calma pas. Göth s'approcha, prit la moitié d'une brique au sol, vint vers la table sur laquelle on était en train de battre l'homme et lui asséna un coup avec la brique, lui fendant la tête en deux. [...] Couvert de sang, le crâne fendu, l'homme se leva de la table, s'approcha de Göth et lui dit qu'il avait reçu sa punition. On lui ordonna de partir et lorsqu'il se tourna, Göth sortit son revolver et lui tira une balle dans la tête. »
À Płaszów, l'industriel allemand Oskar Schindler entretient avec Göth des relations amicales mais non désintéressées. Schindler se sert de ses relations cordiales avec le commandant de Płaszów pour lui faire épargner des Juifs rattachés à un camp secondaire et travaillant dans ses entreprises. Le , alors que les Soviétiques approchent de Cracovie, les autorités nazies ferment ce camp secondaire et les détenus juifs sont transférés à Auschwitz. Pour maintenir en vie ses ouvriers, Schindler les « rachète » à Göth contre de l'argent et des produits du marché noir.
Retour en Allemagne
modifierLe , Göth est relevé de ses fonctions et assigné au bureau administratif et économique des SS. Peu après, en , il est accusé d'avoir détourné à son profit, lors de la liquidation des ghettos, des biens appartenant au Reich (la législation nazie a placé les propriétés des juifs sous le contrôle de l'Allemagne). Arrêté par la Gestapo, il doit comparaître devant la Cour de la police SS, mais les défaites allemandes qui se succèdent et l'approche d'un dénouement à la guerre monopolisent l'attention de ses supérieurs. Les charges contre lui sont finalement abandonnées. Pour les mêmes faits, deux commandants de camps, Karl Otto Koch et Hermann Florstedt, avaient été exécutés par les SS.
Göth est affecté à Bad Tölz en Allemagne, où les médecins de la SS l'examinent et diagnostiquent des troubles mentaux, ainsi que du diabète. Il est alors transféré dans un sanatorium ; c'est là que les troupes américaines l'arrêtent en .
Après la guerre
modifierExtradé vers la Pologne après la guerre, Amon Göth est reconnu coupable par le Tribunal national suprême de Pologne, à Cracovie, de l'exécution de milliers de personnes. Le jugement se déroule en deux temps, du 27 au , puis du 2 au . Il est condamné à mort pour les charges suivantes extraites du compte rendu du procès (traduction libre[3]) :
- L'accusé, en tant que commandant du camp de travail forcé de Plaszow (Cracovie) du au , provoqua la mort d'environ 8 000 prisonniers en ordonnant l'extermination d'un grand nombre d'entre eux.
- En tant que SS-Sturmführer, l'accusé s'occupa, sur l'ordre du SS-Sturmbannführer Willi Haase (pl), de la fermeture définitive du ghetto de Cracovie. Cette opération, commencée le , priva de la liberté 10 000 personnes, qui furent internées dans le camp de Plaszow, et causa la mort d'environ 2 000 d'entre elles.
- En tant que SS-Hauptsturmführer, l'accusé s'occupa de la fermeture du ghetto de Tarnów, le . Le résultat de cette action fut qu'un nombre inconnu de personnes périrent, tuées sur-le-champ à Tarnów ; d'autres moururent par asphyxie pendant le transport par rail ou furent exterminées dans d'autres camps, en particulier à Auschwitz.
- Entre et le , l'accusé ferma le camp de travail forcé à Szebnie, près de Jasło, et ordonna que les prisonniers soient tués sur-le-champ ou déportés vers d'autres camps, ce qui provoqua la mort de plusieurs milliers de personnes.
- En même temps qu'il se livrait aux activités décrites du point 1 au point 4, l'accusé retira aux prisonniers leurs biens, leur or et les sommes en liquide qu'ils avaient déposées, et s'appropria ces valeurs. Il vola des vêtements, des meubles et d'autres biens mobiliers appartenant à des personnes transférées ou internées, et les envoya en Allemagne. La valeur des biens volés, en particulier des liquidités, atteint plusieurs millions de zlotys selon le taux de change en vigueur à l'époque. Pour tous ces actes, l'accusé fut arrêté par les autorités allemandes le , mais ne comparut devant aucune cour allemande. Il fut plus tard extradé vers la Pologne par les autorités alliées en Allemagne.
Il est exécuté par pendaison à Cracovie, à proximité du site de Płaszów, à la prison de Montelupich[4]. Son corps a été incinéré.
Une vidéo supposée de son exécution montre le bourreau obligé de s'y reprendre à trois fois. Cependant, des analyses météorologiques, destinées à vérifier s'il avait pu neiger au moment de son exécution, ainsi que des comparaisons faciales informatiques réalisées pour National Geographic ont prouvé qu'il s'agit en réalité de l'exécution de Ludwig Fischer[5].
Notes et références
modifier- (de) "Schindlerjude" Mieczyslaw Pemper: Im Dienst von Massenmörder und Lebensretter - SPIEGEL TV - SPIEGEL ONLINE - Nachrichten.
- SS Amon Goeth.
- Trial of Amon Leopold Goeth, Commission des crimes de guerre des Nations unies, 1948.
- (pl) « Événements principaux après le 9 mai 1945 », sur Muzeum Wojska Polskiego (Musée de l'Armée polonaise) (consulté le ).
- Épisode « Accusé levez-vous ! » de l'émission Les Contes sanglants d'Europe, National Geographic Channel.
Voir aussi
modifierFilmographie
modifier- Le personnage d'Amon Göth apparaît dans le livre de Thomas Keneally et dans le film qui en a été tiré, La Liste de Schindler. Au cinéma, son rôle est interprété par Ralph Fiennes.
- Mon père, cet assassin, documentaire réalisé par James Moll (titre original Inheritance, USA 2006, durée 70 min) relatant la rencontre entre Monika Hartwig, fille de Amon Göth, et Helen Jonas-Rosenzweig, servante juive de Göth durant la guerre.
Bibliographie
modifier- (en) Thomas Keneally, Schindler's list, New York, Simon and Schuster, , 400 p. (ISBN 978-0-671-44977-3, OCLC 230326473)Publié en français sous le titre La Liste de Schindler, traduit par François Dupuis, Paris, Robert Laffont, 1994, (ISBN 978-2-221-07794-8), (OCLC 718009191)
- (de) Matthias Kessler et Monika Göth, « Ich muß doch meinen Vater lieben, oder? » : die Lebensgeschichte der Monika Göth, Tochter des KZ-Kommandanten aus "Schindlers Liste", Francfort-sur-le-Main, Eichborn, , 252 p. (ISBN 3-8218-3914-7)
- (de) Johannes Sachslehner, Der Tod ist ein Meister aus Wien : Leben und Taten des Amon Leopold Göth, Vienne, Styria, , 400 p. (ISBN 978-3-222-13233-9)
- (de) Jennifer Teege et Nikola Sellmair, Amon. Mein Großvater hätte mich erschossen, Rowohlt, , 271 p. (ISBN 978-3-498-06493-8)Publié en français sous le titre Amon : Mon grand-père m'aurait tuée, Paris, Plon, 2014, (ISBN 9782259223447).
Articles connexes
modifier- Płaszów, le camp de travail devenu camp de concentration en 1944 et dirigé par Göth.
- Karl Otto Koch
- Helen Jonas-Rosenzweig, déportée qui fut sa femme de ménage au camp de Płaszów
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) « Compte-rendu du procès d'Amon Göth »
- (en) « Photographies d'Amon Göth et du camp de Plaszow, United States Holocaust Memorial Museum » (taper « Goeth » dans le moteur de recherche puis « Search », photographies no 1 à 22)