Amphithéâtre des Trois Gaules
L’amphithéâtre des Trois Gaules de Lugdunum (l'actuelle ville de Lyon) est un élément du sanctuaire fédéral des Trois Gaules dédié au culte de Rome et d’Auguste célébré par les soixante nations gauloises réunies à Lugdunum. Les vestiges de l'amphithéâtre font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1].
Amphithéâtre des Trois Gaules | ||||
L'amphithéâtre des Trois Gaules restauré. Au premier plan à gauche, reconstitution de gradins avec le canal qui entourait l'arène. | ||||
Lieu de construction | Lugdunum (Gaule lyonnaise) |
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Date de construction | 19 apr. J.-C. (1e état) | |||
Sous le règne de | Tibère | |||
Dimensions externes | 81 m × 60 m (1er état) 143 m x 117 m (2e état) |
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Dimensions de l’arène | 67,6 m × 42 m (1er et 2e état) | |||
Capacité | 1800 places (1er état) 20000 places (2e état) |
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Rénovations | vers 50/100 apr. J.-C. (2e état) | |||
Protection | Classé MH (1961) | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 45° 46′ 14″ nord, 4° 49′ 50″ est | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : métropole de Lyon
Géolocalisation sur la carte : Lyon
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Liste d'amphithéâtres romains | ||||
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Premier amphithéâtre
modifierL’amphithéâtre se situe au pied de la colline de La Croix-Rousse au confluent du Rhône et de la Saône de l’époque. Une inscription gravée sur des blocs trouvés sur place en 1957 permet de le rattacher au sanctuaire de Rome et d’Auguste, et d’identifier son origine[2]:
« […]E TI(beris) CAESARIS AVG(vsti) AMPHITHEATR
[…]ODIO C IVL C[?] RVFVS SACERDOS ROM(ae) ET AVG(vsti)
[…]FILII F. ET NEPOS [-]X CIVITATE SANTON. D(e) S(ua). P(ecunia).FECERVNT »
Qui peut être complété ainsi :
« [… Pro salvt]/e Ti(beri) Caesaris Avg(vsti) amphitheatr[-…]
[……… cvm] pod/io C(aivs) Ivl(ivs) C(aii) f(ilivs) Rvfvs sacerdos Romae et Avg(vsti)
[…… C(aivs) Ivlivs C(aii) ?] filii f(ilivs) et nepos ex civitate Santon(orvm) d(e) s(va) p(ecvnia) fecervnt. »
« Pour le salut de Tibère César Auguste, C. Julius Rufus, citoyen de la cité des Santons, prêtre de Rome et d’Auguste, [et Caius Julius ?…] son fils et son petit-fils ont construit à leurs frais cet amphithéâtre et son podium »
La datation retenue pour ce don est de 19 apr. J.-C.. Les personnages qui financent la construction appartiennent à une vieille famille d'aristocrates gaulois de Saintes ayant reçu très précocement la citoyenneté romaine. La formule « filii f(ilius) » renvoie peut-être au désir d'affirmer l'ancienneté et la continuité de leur lignage, bien attestée sur l'arc de Germanicus de Saintes où une inscription fait connaître les ancêtres de Rufus.
D’autres pierres portant gravés les noms de nations gauloises (Arvernes, Tricasses, Bituriges) confirment l’attribution comme sanctuaire fédéral.
Les fouilles ont repéré un soubassement formé de trois murs elliptiques reliés par des murs de traverses et un canal entourant l’arène centrale ovale. Le terrain étant en légère pente, une voûte, aujourd’hui disparue, soutenait la partie sud de l’édifice. Les dimensions de l’arène, 67,6 mètres sur 42 mètres, sont analogues à celles des arènes de Nîmes ou celles d'Arles, en revanche le nombre réduit de gradins (probablement quatre niveaux) donnait à l’amphithéâtre des dimensions extérieures de 81 mètres sur 60 mètres, très inférieures à celles de l’amphithéâtre de Nîmes (133 mètres sur 101 mètres).
Le plus ancien amphithéâtre de Gaule ne sert, à l'origine, qu'aux délégués des soixante peuples qui se réunissent chaque année : il convient de leur offrir des distractions et, en politique prévoyant, Rufus tient à se faire bien voir. comme l'époque raisonne de plus en plus en termes de dynastie familiale, il associe son fils à cette œuvre[3].
L’amphithéâtre dans cette version sert aux jeux qui accompagnent le culte impérial, sa capacité réduite estimée à 1 800 places suffit pour les délégations des soixante nations gauloises.
Agrandissement de l’amphithéâtre
modifierL’amphithéâtre est agrandi à une date inconnue (voir ci-dessous), deux galeries sont ajoutées autour de l’ancien amphithéâtre, portant ses dimensions à 143,30 m x 117,35 m [4], ce qui est comparable a celles de l'amphithéâtre de Nîmes ou à celui d'Arles. Cette transformation porte sa capacité à environ 20 000 places et en fait un édifice ouvert à toute la population de Lugdunum et des environs. Les historiens situent ici le supplice de six martyrs de Lyon (sur 47), (dont Sainte Blandine et Saint Pothin) durant l'été 177 apr. J.-C..
Ancienne hypothèse d'un agrandissement sous Hadrien
modifierL'amphithéâtre est, par convention, daté du règne d'Hadrien après la découverte d'une inscription en 1957 près du canal qui entoure l'arène. Selon Jules Guey et Amable Audin, cette inscription fait indirectement référence à Caius Julius Celsus, procurateur de la Gaule lyonnaise en poste entre 130 apr. J.-C. et 136 apr. J.-C.. Ils reconstituent alors une inscription monumentale:
« [(vide) D]ILECTALORI•PER•AQUITANICAE XI(?)•POPULOS•CURATORI•VI]AE•LIGN[IARAE TRIOMPHALIS »
Critique de cette hypothèse
modifierLe faible nombre de lettres conservé rend l'interprétation délicate. Le rapprochement avec la carrière de Caius Iulius Celsus est audacieuse. Même si cette identification est juste, plusieurs points imposent la prudence. La réalisation du mur de podium en choin est datée - à juste titre ou non - dans la seconde moitié du Ier siècle. Il n'est pas sûr, par ailleurs, que Caius Iulius Celsus soit procurateur précisément sous Hadrien. Même si on lit Caius Iulius Celsus, rien n'indique que l'inscription commémore le financement de la réfection de l'amphithéâtre. D'autres inscriptions, monumentales ou non, peuvent célébrer les largesses d'un bienfaiteur. Une inscription mentionne ainsi un certain Caius Vlattius, membre d'une riche famille lyonnaise. En outre, un fragment de chaperon en choin, attribué indûment à la balustrade du podium de l'amphithéâtre, présente une inscription en lettres monumentales. Il ne reste que deux lettres, NV, et sans doute le début d'un S, mais leur hauteur est de 17,5 cm[5].
« [(...) D(...)]
[(...)AE•LIGN(...)] »
Selon Djamila Fellague, la pièce serait le chaperon d'un mur de parapet, mentionnant une évergesie ou des places réservées, avec la dernière ligne qui est probablement ajoutée dans un second temps[5].
Redécouverte de l’amphithéâtre
modifierTransformé en carrière après son abandon, le site est représenté dans un plan de Lyon du XVIe siècle qui indique la présence encore visible de quelques arcs (probablement des substructions) et d’un creux (l’arène) dit « Corbeille de la Déserte ».
Les érudits de la Renaissance et de l'époque moderne connaissent l'existence de l'amphithéâtre via plusieurs sources littéraires. Suétone fait allusion[6] aux jeux organisés dans l'amphithéâtre, Juvénal fournit[7] un élément topographique, Tacite rapporte[8] lors de son récit du passage de Vitellius à Lyon de l'exécution de l'insurgé boïen Mariccus et enfin Eusèbe de Césarée reprend une lettre des chrétiens lyonnais narrant le martyre de 177[9].
Les premières fouilles entre 1818 et 1820 révélent le pourtour de l’arène. On rebouche en 1820, et on laisse les aménagements urbains du XIXe siècle détruire la partie sud des vestiges de l’amphithéâtre.
À partir de 1956, des fouilles sérieuses sont entreprises, suivies de campagnes de fouilles en 1966-1967, 1971-1972 et 1976-1978, pour obtenir les indications exposées ci-dessus. Les modestes vestiges qui subsistent (des murs de soutien pour une moitié de la superficie de l’amphithéâtre) sont intégrés au jardin des Plantes et se visitent.
En 1965, la reprise des fouilles organisées par l'archéologue Amable Audin dégage la portion sud de l'amphithéâtre, sous la chaussée de la rue Lucien-Sportisse. Son conseil de la garder en l'état n'est cependant pas suivi.
Notes et références
modifier- Notice no PA00117781, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Inscription latine des Trois Gaules, no 217 L'Année épigraphique, 1959, no 61.
- Jean ETEVENAUX, Les grandes heures de Lyon, Paris, PERRIN, , 576 p. (ISBN 978-2-262-07636-8), p. 40
- admin, « Le sanctuaire fédéral des trois Gaules à Lyon », sur lyon.fr (consulté le ).
- Djamila Fellague, « La difficulté de datation des monuments : à propos des monuments de Lugudunum, en particulier ceux considérés comme hadrianiques », Revue archéologique de l’Est, no tome 65, , p. 187–214 (ISSN 1266-7706, lire en ligne, consulté le )
- Caius, 20 et 35, I.
- Juvénal, I, 43-44.
- Histoire, II, 61.
- CAG69/2, p. 288.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Jules Guey et Amable Audin, « L'amphithéâtre des Trois-Gaules à Lyon [Rapport préliminaire aux fouilles (Première partie)] », Gallia, t. 20, no 1, , p. 117-145 (lire en ligne).
- Jules Guey et Amable Audin, « L'amphithéâtre des Trois-Gaules à Lyon [Rapport préliminaire aux fouilles (Deuxième partie)] », Gallia, t. 21, no 1, , p. 125-154 (lire en ligne).
- Jules Guey et Amable Audin, « L'amphithéâtre des Trois-Gaules à Lyon. Rapport préliminaire aux fouilles. (Supplément: inscriptions, monnaies) », Gallia, vol. 22, no 1, , p. 37–61 (lire en ligne).
- Amable Audin, « L'amphithéâtre des Trois Gaules à Lyon. Nouvelles campagnes de fouilles (1971-1972, 1976-1978) », Gallia, t. 37, fascicule 1, , p. 85-100 (lire en ligne)
- André Pelletier, André Blanc, Pierre Broise et Jean Prieur, Histoire et Archéologie de la France ancienne, Rhône Alpes, Le Coteau, éditions Horvath, , 264 p. (ISBN 2-7171-0561-1)
- Pierre Gros, La France gallo-romaine, Paris, Nathan, , 200 p. (ISBN 2-09-284376-1)
- Maria Letizia Caldelli, « Inscriptions sur les gradins et fragments du mur du podium de l'amphithéâtre des Trois Gaules à Lyon », Cahiers du Centre Gustave Glotz, no 12, , p. 275-286 (lire en ligne).
- Anne-Catherine Le Mer (dir.) et Claire Chomer (dir.), Carte archéologique de la Gaule : Lyon 69/2, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, , 883 p. (ISBN 978-2-87754-099-5 et 2-87754-099-5)
- « Amphithéâtre des Trois Gaules : Déterré après des siècles », La Ficelle, , p. 6-9 (lire en ligne [PDF])
- Djamila Fellague, « La difficulté de datation des monuments : à propos des monuments de Lugudunum, en particulier ceux considérés comme hadrianiques », Revue archéologique de l’Est, vol. 65, , p. 187-214 (lire en ligne).
Article connexe
modifierLiens externes
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