Angelica Kauffmann
Angelica Catherina Kauffmann, née le à Coire (ligue de la Maison-Dieu, aujourd'hui en Suisse) et morte le à Rome, est une artiste peintre autrichienne.
Naissance | |
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Période d'activité |
- |
Nom dans la langue maternelle |
Maria Anna Angelika Kauffmann |
Nationalité | |
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Mouvement | |
Père |
Johann Joseph Kauffmann (en) |
Conjoint |
Antonio Zucchi (de à ) |
Parentèle |
Rudolf-Alois Kauffmann (d) (cousin germain) |
Elle est l'une des femmes peintres et portraitistes les plus célèbres du XVIIIe siècle. Son style est à mi-chemin entre le néoclassicisme et l’Empfindsamkeit. Connue pour ses portraits et ses autoportraits, Kauffmann se spécialise également dans la représentation de thèmes mythologiques tels que Zeuxis et Pygmalion[1]. C'est également une des premières et rares femmes peintres à avoir connu de son vivant un succès international[2], et l'une des plus éminentes représentantes de l'autoportrait féminin en peinture.
Biographie
modifierAngelica Kauffmann est la fille du peintre autrichien Joseph Johann Kauffmann (en) (1707–1782). Originaire du Voralberg[3], il était installé à Coire, en tant que peintre de la cour de l'évêque de Coire. Elle s'exerce fort jeune à la peinture. En 1752, sa famille s'installe à Côme, où le père devient peintre du comte de Salis, noble famille d'origine suisse.
Formation
modifierElle développe ses talents d'enfant prodige et apprend son art au bord du lac de Côme et à Milan, où elle se spécialise dans les portraits et s'instruit en musique. C'est son père qui se charge de son éducation et sa mère de l'allemand, de l'italien et plus tard du français. Elle peint son premier autoportrait en 1753. De 1754 à 1757, la famille voyage en Italie et s'arrête à Milan chez un gouverneur-général autrichien (Milan appartenait alors à l'empire d'Autriche) et au palais du duc de Modène d'Este.
Lorsque sa mère meurt à Milan en 1757[4], la jeune fille s'installe au pays natal paternel dans la forêt de Brégence, près de Schwarzenberg, où son père décore tout l'intérieur de l'église, endommagée après un incendie. De cette époque datent plusieurs tableaux de jeunesse de l'artiste, et c'est elle également que son père charge de peindre à l'église les personnages des apôtres — son unique travail de fresque —, d'après Piazzetta.
Une fois cette tâche accomplie, elle part entre 1757 et 1759 pour Meersburg et Tettnang, afin, entre autres portraits, de peindre ceux du prince-évêque de Constance, le cardinal von Rodt, et des membres de la famille du comte de Montfort. Elle retourne en Italie avec son père en 1760 pour étudier les antiques et l'art de la Renaissance. Ils séjournent à Milan, Modène et Parme, et le arrivent à Florence. Le , elle est nommée membre d'honneur de l'Académie des beaux-arts de Bologne et, cinq jours, plus tard, obtient le diplôme de l'Accademia di Disegno. De janvier 1763 à 1766, le père et sa fille se fixent à Rome. Elle y fait de nombreux portraits dont celui du fameux Johann Joachim Winckelmann qui habitait alors à Rome. Entretemps, elle entreprend un voyage à Naples et à Ischia entre le et le . Elle peint plusieurs copies au palais Capodimonte et remercie le roi de Naples, encore enfant, par un portrait. Elle est lancée à Naples par les nombreux Anglais qui s'y trouvent. Elle exécute le portrait de l'acteur David Garrick en séjour à Naples, qui est tellement satisfait du tableau qu'il permet au père d'Angelica de l'envoyer à Londres à l'exposition de la Society of Artists. Ce tableau fit le début de sa renommée à Londres.
Le , elle est acceptée comme membre de l'Accademia di San Luca de Rome. Le , elle se rend à Venise en passant par Bologne.
À Londres
modifierÀ l'invitation de Lady Wentworth, son père et elle se rendent à Londres[2], où ils arrivent le , et disposent d'un appartement donnant sur Suffolk Street à Charing Cross. Elle rend visite à Reynolds à son atelier le suivant. Les deux artistes se feront mutuellement leurs portraits par la suite. Elle acquiert une grande réputation comme portraitiste[2]. Cependant, elle a le malheur d'être dupée par un homme d'origine suédoise qui prenait le titre de comte de Horn, et qu'elle épouse. Il s'enfuit quelques mois plus tard avec la fortune de sa femme. Le mariage fut invalidé par un jugement de l'Église anglicane du .
Elle fut un des membres fondateurs de la Royal Academy en 1768[6],[2]. Lors de ses débuts à Londres, Kauffmann bénéficie du patronage de plusieurs femmes pour lesquelles elle réalise des portraits dont Anne Seymour Conway qui deviendra plus tard sculptrice. Parmi ses commanditaires d'influence se démarquent également des membres de la famille royale[2] tels que la princesse Augusta Charlotte de Hanovre, mère de George III, ainsi que la reine Charlotte de Mecklembourg-Strelitz qui aida Kauffmann à établir sa réputation[7].
À Londres, elle épouse en le peintre vénitien Antonio Zucchi (1726-1795) qui, comme elle, a connu le succès en Angleterre avant de se retirer dans les États pontificaux. Elle repasse après son mariage à Schwarzenberg, dans les Flandres, à Padoue, à Vérone et à Venise, et confirme sa réputation en Italie par plusieurs ouvrages très remarqués. Son père meurt en .
Installation à Rome
modifierEn , elle et son mari achètent un atelier à Rome, près de la Trinité-des-Monts. L'ancienne maison du peintre Anton Raphael Mengs au 72 de la Via Sistina devient le lieu de rencontre des artistes de la Ville éternelle et également celui de leurs commanditaires issus de la haute aristocratie[8]. Elle est une des personnes exceptionnelles à Rome à la fin du XVIIIe siècle avec ses relations internationales étendues et un grand cercle d'amis. L'empereur Joseph II est venu en invité d'honneur, ainsi que le prince héritier de Bavière, la duchesse de Saxe-Weimar (l'un des esprits les plus éclairés de son temps). L'autoportrait de Munich a été commandé en 1784 par le comte Franz Laktanz Firmian (1712-1786) de Salzbourg pour sa collection de portraits d'artistes au palais Leopoldskron, dissoute après sa mort en 1786[9]. Goethe en 1787, ou encore Herder en 1788 et 1789, lui rendirent visite. Ce dernier qualifia Angelica Kauffmann de « femme la plus cultivée d'Europe. » Une amitié étroite la lie jusqu'à la mort avec Johann Friedrich Reiffenstein (de) (1719-1793), acheteur d'art pour les grands collectionneurs.
En 1794, elle présente un autoportrait magistral où elle se représente à la croisée des chemins entre les allégories de la Musique et la Peinture[10]. Cette œuvre représente un point tournant de la vie de l’artiste, lorsqu'elle choisit de mettre en avant sa carrière de peintre au détriment de ses talents musicaux[7]. Son mari Antonio Zucchi meurt en 1795. Par la suite, elle vit retirée, peignant de plus en plus de toiles à sujets religieux. Gravement malade depuis 1802, elle meurt le . Elle est enterrée à Rome à l'église Sant'Andrea delle Frate.
Postérité
modifierUn musée porte son nom à Schwarzenberg[11].
Œuvres
modifier- Portrait de Winckelmann, 1764, huile sur toile, Zurich, Kunsthaus Zürich.
- Cléopâtre ornant le tombeau de Marc Antoine, 1770, huile sur toile, The Burghley House, Stamford.
- Amusement du matin, 1773, huile sur toile, Moscou, musée Pouchkine.
- Portrait d'une dame en vestale (dernier quart du siècle), huile sur toile, 92 × 72 cm, Dresde, Gemäldegalerie.
- Ariane abandonnée par Thésée, 1774, huile sur toile, Houston, musée des Beaux-Arts de Houston.
- Mary, Duchess of Richmond, 1775, huile sur toile, Goodwood Collection.
- Hector appelant Pâris au combat, 1775, huile sur toile, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
- Léonard de Vinci expirant dans les bras de François Ier, 1778, acheté à Venise en 1781 par le grand-duc Paul de Russie[12].
- Arminius vainqueur de Varus[13].
- Les trois Grâces, œuvre interprétée en gravure par Charles-François-Adrien Macret.
- La Nymphe endormie, observée par un berger, vers 1780, huile sur cuivre, 45,72 × 52 cm, Victoria and Albert Museum[14].
- La Beauté guidée par la Prudence et couronnée par la Perfection, 1780, 65,5 × 65,5 cm, Tallinn, musée d'art d'Estonie.
- Autoportrait, 1780-1785, huile sur toile, 76,5 × 63 cm, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
- La Séparation d'Abélard et d'Héloïse (1780), huile sur toile, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
- Télémaque et les nymphes de Calypso, 1782, huile sur toile, 82,6 × 112,4 cm, New York, Metropolitan Museum of Art.
- Le Chagrin de Télémaque, 1783, huile sur toile, New York, Metropolitan Museum of Art.
- Portrait de la famille de Ferdinand IV, 1783, huile sur toile, 310 × 426 cm, Naples, musée national de Capodimonte.
- Autoportrait, 1784, huile sur toile, 64,8 × 50,7 cm Munich, Neue Pinakothek, Inv. Nr. 1056.
- Portrait de Madame de Krüdener et de son fils Paul, 1786, huile sur toile, Paris, musée du Louvre.
- Autoportrait (1787), huile sur toile, 128 × 93 cm, musée des Offices, Corridor Vasari, Florence[15].
- Virgile lisant l'Énéide à Auguste et Octavie (1788), huile sur toile, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
- Portrait de la duchesse de Saxe-Weimar-Eisenach, 1789, huile sur toile, Weimar, Klassik Stiftung.
- Vénus persuadant Hélène d'aimer Pâris, 1790, huile sur toile, 102 × 128 cm, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
- Autoportrait (1792), huile sur toile, Moscou, musée Pouchkine.
- Jésus et la Samaritaine au puits de Jacob, 1796, huile sur toile, 123,5 × 158,5 cm, Munich, Neue Pinakothek.
- Le Général Augustin de Lespinasse, 1798, Paris, musée de l'Armée.
- Allégorie chrétienne, 1798, huile sur toile, 154,5 × 121,5 cm, musée des Beaux-Arts de Brest[16].
- La Pompe funèbre de Pallas, d'après l'Énéide[réf. nécessaire].
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Portrait du 12e comte de Derby, avec sa première épouse Elizabeth Hamilton et leur fils Edward (vers 1776), New York, Metropolitan Museum of Art.
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Sarah Harrop (Mme Bates) en muse (1780-1781), musée d'Art de l'université de Princeton.
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Télémaque et les nymphes de Calypso (1782), New York, Metropolitan Museum of Art.
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Le Chagrin de Télémaque (1783), New York, Metropolitan Museum of Art.
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La Beauté guidée par la Prudence et couronnée par la Perfection (1780), Tallinn, musée d'Art d'Estonie.
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La Poésie et la Musique (1782), Londres, collection particulière.
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Hommage à Goethe (1792), localisation inconnue.
Exposition
modifier- « Retrospektive Angelika Kauffmann », Düsseldorf, Kunstmuseum, - ; Munich, Haus der Kunst, - ; Coire, Bündner Kunstmuseum, -.
Notes et références
modifier- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Angelika Kauffmann » (voir la liste des auteurs).
- Tobias G. Natter (ed.), Angelica Kauffman : a woman of immense talent, Ostfildern, Hatje Cantz, , 286 p. (ISBN 978-3-7757-1984-1 et 3-7757-1984-9, OCLC 190797757, lire en ligne)
- Marianne Menzel, Les grandes femmes de l'histoire : de Hatchepsout à Diana, Books & Co, (ISBN 2-84584-055-1 et 978-2-84584-055-3, OCLC 47968720, lire en ligne)
- Silvia Meloni, « Notices biographiques », dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires, (ISBN 2-84459-006-3), p. 651
- Le .
- Catalogue Christie's
- (en) Notice sur le site de la Royal Academy of Arts.
- Bettina Baumgärtel (ed.), Alison Gallup et Bronwen Saunders, Angelica Kauffman, London, Royal Academy of Arts, , 207 p. (ISBN 978-3-7774-3462-9 et 3-7774-3462-0, OCLC 1140941443, lire en ligne)
- (en) Wendy Wassyng Roworth, « A Celebrity Artist’s Studio: Angelica Kauffman in Rome », Studies in Eighteenth-Century Culture, vol. 47, no 1, , p. 137–150 (ISSN 1938-6133, DOI 10.1353/sec.2018.0011, lire en ligne, consulté le )
- Autoportrait de Munich
- (en) National Trust, « Self-portrait of the Artist hesitating between the Arts of Music and Painting 960079 », sur www.nationaltrustcollections.org.uk (consulté le )
- Musée Angelica Kauffmann
- Encyclopédie Larousse
- Galerie des arts 1836
- V&A Museum, Nymphe
- Autoportrait, Offices
- Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p..
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (de) Bettina Baumgärtel, Retrospektive Angelika Kauffmann, Ostfildern-Ruit, Dusseldorf, Kunstmuseum/Munich, Haus der Kunst, (ISBN 978-3-7757-0756-5, BNF 37553903).
- Françoise Pitt-Rivers, Le destin d'Angelica Kauffmann, Éditions Biro, .
- (de + en) Bettina Baumgärtel, Angelica Kauffmann Research Project, [catalogue raisonné].
- Marianne Menzel, Les grandes femmes de l'histoire, Book and Co, 2000, 240 p. (ISBN 9782845840553) pp : 96-99.
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang, « Kauffmann (Angélique) », dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang, t. 2, Librairie Hachette, (lire sur Wikisource), p. 991.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- AGORHA
- Art Institute of Chicago
- Art UK
- Artists of the World Online
- Auckland Art Gallery
- Bénézit
- Bridgeman Art Library
- British Museum
- Collection de peintures de l'État de Bavière
- Galerie nationale de Finlande
- Grove Art Online
- Kunstindeks Danmark
- Musée du Prado
- Musée national du Victoria
- Musée Städel
- Musée Thyssen-Bornemisza
- MutualArt
- National Gallery of Art
- National Portrait Gallery
- Nationalmuseum
- Österreichische Galerie Belvedere
- RKDartists
- Royal Academy of Arts
- SIKART
- Tate
- Te Papa Tongarewa
- Union List of Artist Names
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
- Den Store Danske Encyklopædi
- Deutsche Biographie
- Dictionnaire historique de la Suisse
- Dictionnaire universel des créatrices
- Dizionario biografico degli italiani
- Enciclopedia delle donne
- Enciclopedia italiana
- Enciclopedia De Agostini
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Hrvatska Enciklopedija
- Internetowa encyklopedia PWN
- Nationalencyklopedin
- Oxford Dictionary of National Biography
- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Treccani
- Universalis
- (en + de) Angelica Kauffmann Research Project.
- [1] Timbre émis lors de l'exposition de 1968 à Bregenz (Vorarlberg)