Anne Peyroche

biologiste et généticienne française

Anne Peyroche, née Anne Marthe Alice Smal[1], est une biologiste et généticienne française. Du au , elle a assuré l'intérim de la présidence du Centre national de la recherche scientifique. Depuis le 23 janvier 2023, elle est vice-présidente de l'ENS Paris-Saclay.

Biographie modifier

Ancienne élève de l'École normale supérieure de Cachan[2], Anne Peyroche est reçue major de l'agrégation de biochimie et génie biologique en 1994. En 1995, elle obtient un DEA de biologie cellulaire et moléculaire. Elle rejoint l'université Pierre-et-Marie-Curie et en 1999, elle soutient une thèse sur les facteurs d'échanges de la protéine G ARF impliqués dans le trafic intracellulaire[3].

La même année, elle entre au CEA et mène d'abord des recherches sur le trafic intracellulaire des protéines, puis sur les réponses aux dommages de l'ADN et enfin sur l'assemblage du protéasome. En 2013, elle devient directrice adjointe du laboratoire génétique moléculaire et destin cellulaire (CNRS/CEA/université Paris-Sud)[4]. Elle dirige l'équipe « Protéasome et réponses aux dommages de l'ADN »[5].

Fonctions administratives modifier

En , elle entre au secrétariat d'État à l'Enseignement supérieur et à la recherche en tant que conseillère chargée de la recherche[6]. Elle est conseillère des ministres Geneviève Fioraso et Thierry Mandon[7]. Elle est nommée directrice adjointe de cabinet chargée de la recherche en [8], directrice générale déléguée à la science du CNRS le [9], et présidente du CNRS par intérim en remplacement d'Alain Fuchs le [4]. Quelques semaines seulement après sa nomination, son travail réalisé entre 2001 et 2012, quand elle était employée par le CEA, est mis en cause dans des commentaires sur le site PubPeer[10]. Antoine Petit, président de l'Inria, est alors désigné pour la remplacer à la tête du CNRS[11],[12].

Depuis le 23 janvier 2023, elle est vice-présidente de l'ENS Paris-Saclay, chargée de la stratégie et des moyens[13].

Fraude scientifique modifier

Le , elle fait l'objet d'une enquête interne au CEA liée aux soupçons de manipulations dans les figures de cinq de ses articles scientifiques[14],[15],[16],[17],[12]. En , les cahiers de laboratoires et les disques durs sont expertisés et les experts du CEA concluent que certaines allégations sont sérieuses[18]. En , le CEA désigne l'immunologiste Jean-François Bach, membre du comité consultatif national d'éthique, comme président de la commission d'enquête chargée d'évaluer à titre consultatif les cinq articles incriminés[19]. Début , L'Express[20] et Le Monde [18],[21] révèlent que le rapport de l'Académie des sciences qui confirme les soupçons d'inconduite scientifique est « enterré » depuis le mois de mai. Le , L'Express publie de nouveaux rapports concluant à la fraude scientifique[7]. Le CEA considère que la procédure est suspendue en attendant d'auditionner la chercheuse[19],[18]. Neuf mois après le début de la procédure disciplinaire, le CEA prend la décision de ne pas appliquer de sanction disciplinaire[22]. Le ministère « dément les allégations de L’Express, qui affirme que la ministre Frédérique Vidal aurait demandé de ne pas sanctionner Anne Peyroche »[18], alors que Sylvestre Huet, membre du Conseil de l’intégrité scientifique, écrit à Frédérique Vidal que pèse un « soupçon intolérable d'intervention » et d'entrave au processus de traitement de la faute commise, ce qui envoie « un message désastreux à la communauté scientifique »[23]. Le CEA publie en 2020 l’intégralité du rapport du Comité présidé par Jean-François Bach et mis en place pour instruire ce dossier[24],[25]. Elle est sanctionnée par deux semaines de mise à pied[26], le CEA concluant à des « négligences fautives constitutives de manquements à l’intégrité scientifique de nature à porter atteinte à l’image de l’organisme et plus généralement de la recherche ».

Distinctions modifier

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Décret du portant promotion et nomination
  2. « Les prix Irène Joliot-Curie décernés », Europe 1,‎ (lire en ligne)
  3. Peyroche, Anne, « Les protéines à domaine Sec7 chez Saccharomyces Cerevisiae : Gea1p, Gea2p et Sec7p, facteurs d'échange pour ARF et cibles de la Brefeldine A / Anne Smal-Peyroche ; sous la direction de Catherine Jackson » [livre], sur theses.fr, Paris 6, (consulté le ).
  4. a et b « Anne Peyroche est nommée présidente du CNRS par intérim - Communiqués et dossiers de presse - CNRS », sur www2.cnrs.fr (consulté le ).
  5. « Anne Peyroche, Prix Irène Joliot-Curie 2010 - Vidéo Dailymotion », sur Dailymotion, (consulté le ).
  6. Arrêté du portant nomination au cabinet de la secrétaire d’État chargée de l'enseignement supérieur et de la recherche
  7. a et b Anne Jouan, « De nouveaux rapports chargent l'ex-patronne du CNRS », L'Express,‎ (lire en ligne)
  8. Arrêté du portant cessation de fonctions et nomination au cabinet du secrétaire d’État chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche
  9. « Anne Peyroche nommée directrice générale déléguée à la science du CNRS - Communiqués et dossiers de presse - CNRS », sur www2.cnrs.fr, .
  10. « Le CNRS veut en finir avec la fraude scientifique », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  11. Arrêté du 17 janvier 2018 portant attribution de fonctions au Centre national de la recherche scientifique
  12. a et b Tristan Vey et Cyrille Vanlerberghe, « Changement de présidence précipité à la tête du CNRS », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  13. « Nomination ENS Paris-Saclay 2023 » [PDF], (consulté le ).
  14. Seraya Maouche, « Les affaires Jessus et Peyroche: Règlements de comptes ou fraude scientifique? (1) », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne)
  15. Seraya Maouche, « Les affaires Jessus et Peyroche: Règlements de comptes ou fraude scientifique? (2) », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne)
  16. Hervé Morin et David Larousserie, « Enquête sur l’ex-présidente du CNRS Anne Peyroche », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  17. (en) Elisabeth Pain, « Computer scientist to lead French research giant; interim head leaves amid misconduct allegations », Science | AAAS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. a b c et d David Larousserie, « L’intégrité scientifique de la biologiste Anne Peyroche mise en question », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  19. a et b Hervé Ratel, « Jean-François Bach : "Nous assistons à une évolution défavorable en ce qui concerne les publications scientifiques" », sur sciencesetavenir.fr, (consulté le ).
  20. Anne Jouan, « Le rapport accablant contre l'ex-patronne du CNRS », L'Express,‎ (lire en ligne)
  21. David Laroussserie, « La biologie française minée par l’inconduite scientifique », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. Anne Jouan, « L'ex-patronne du CNRS ne sera pas sanctionnée », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  23. Sylvestre Huet, « Intégrité scientifique : lettre ouverte à la ministre de la recherche », {Sciences²},‎ (lire en ligne)
  24. « Mission et organisation de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (I.G.A.E.N.R.) », sur Ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (consulté le ).
  25. « RAPPORT FINAL SUR CINQ ARTICLES PUBLIES PAR Mme ANNE PEYROCHE », CEA,‎ (lire en ligne [PDF])
  26. Hervé Morin, « Deux semaines de mise à pied pour l’ex-présidente du CNRS », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. « Prix Victor Noury, Thorlet, Henri Becquerel, Jules et Augusta Lazare » [PDF], sur academie-sciences (consulté le ).
  28. « Remise du prix Irène Joliot-Curie 2010 », sur enseignementsup-recherche (consulté le ).

Liens externes modifier