Apollinaire Morel (Prez-vers-Noréaz, - Paris, est un capucin fribourgeois martyr sous la révolution française et reconnu bienheureux par l'Église catholique.

Apollinaire Morel
Image illustrative de l’article Apollinaire Morel
Bienheureux
Naissance 12 juin 1739
Prez-vers-Noréaz
Décès 2 septembre 1792  (53 ans)
Paris
Nom de naissance Jean-Jacques Morel
Nationalité Confédération des XIII cantons
Ordre religieux Frères mineurs capucins
Béatification 17 octobre 1926
par Pie XI
Fête 2 septembre

Biographie

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Il est originaire de Posat. Une chapelle conserve aujourd'hui son portrait. Il vécut vivant à Seedorf à Noréaz. Le bienheureux Apollinaire est baptisé le à l'église de Prez-vers-Noréaz sous le nom de Jean-Jacques Morel. Son oncle, curé de Belfaux à partir de 1752, lui enseigne probablement les bases. Ces études lui permettent de fréquenter le collège Saint-Michel de Fribourg.

Jean-Jacques manifeste le désir d'entrer chez les capucins, ordre fortement implanté en Suisse à cette époque. Il fait son noviciat à Zoug et prononce ses vœux le . Un an plus tard, il devient prêtre. Après ses études à Lucerne puis à Sion, il change souvent de couvent : Sion, Porrentruy, Bulle et Romont, comme ses frères en religion. Ses compétences intellectuelles le font nommer professeur de théologie et de philosophie à Fribourg (1774-1780) puis vicaire à Sion et à Bulle.

A Bulle, il est nommé précepteur des enfants du bailli. Sa nouvelle charge déplait aux bourgeois de la ville, peut-être remontés contre le gouvernement cantonal – on est au lendemain de l'insurrection Chenaux menée contre les patriciens de Fribourg.

Mais c'est à Stans que les tensions furent à leur comble. Apollinaire Morel y dirige l'école latine du bourg, le futur collège des capucins. Un groupe de citoyens lui reprochent son hostilité à la philosophie des Lumières. Deux pièces de théâtre données lors du carnaval 1787 se moquent des capucins et présentent Apollinaire comme "Maître oreille d'âne". Diverses calomnies sont émises contre lui. Le religieux est marqué par ces attaques. En 1792, dans des lettres écrites depuis Paris peu avant sa mort, on sent que la blessure est restée vive.

Ces événements l'amènent à quitter la Suisse. Au couvent des capucins de Lucerne, Apollinaire rencontre le provincial des capucins de Bretagne. Les religieux de la province de Bretagne avaient la responsabilité de diverses résidences au Liban et en Syrie. A presque 50 ans, Apollinaire décide de de refaire sa vie dans cette lointaine mission.

Il vient à Paris, au couvent du Marais, pour préparer son voyage. Ses projets sont contrariés : d'abord, à cause de la réforme de la province des capucins de Paris, à laquelle il est associé ; ensuite à cause de la Révolution. Les couvents sont fermés ; le capucin suisse se charge de l'aumônerie des catholiques de langue allemande en résidence à Paris. Il rassemble ses ouailles dans une chapelle de l'église Saint-Sulpice.

Apollinaire Morel refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Il vit dans une semi-clandestinité, jusqu'en été 1792. La guerre est déclarée contre l'Autriche. On se méfie des prêtres insermentés considérés comme une prêts à collaborer avec l'ennemi. La monarchie est à l'agonie. Le mois d'août voit le massacre de la Garde suisse et l'incarcération de nombreux prêtres insermentés.

Dans la nuit du 13 au , Apollinaire est au chevet d'un mourant. Il est découvert par des révolutionnaires qui le laissent tranquille. Ayant accompagné le moribond jusqu'à la fin, Apollinaire gagne une église pour y célébrer une messe, « afin de faire provision de nouvelles forces pour livrer courageusement le combat des martyrs. » écrit-il dans sa dernière lettre

Le religieux, sans illusion, veut éviter des ennuis aux personnes qui le logeaient, et se présente de lui-même aux commissaires du quartier.

Il est enfermé dans l'ex-église des carmes devenue prison. Selon les dispositions de l'Assemblée nationale, les prêtres insermentés sont condamnés à l'exil. Dans le climat insurrectionnel, les mauvaises nouvelles arrivant des frontières, les autorités légitimes n'ont pu ou n'ont pas voulu empêcher des lynchages. Le dimanche 2 septembre, plus de 110 hommes sont tués à la prison des carmes.

En 1926, le pape Pie XI, après enquête sur les victimes de septembre à la prison des carmes et ailleurs, déclare martyrs et bienheureux 191 d'entre elles.

Bibliographie

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  • Candide Clerc, Le bienheureux Apollinaire Morel : capucin martyr (1739-1792), Fribourg, 1945
  • J. Niquille, La famille du bienheureux Apollinaire Morel, Revue d'histoire ecclésiastique suisse, 28 (1934), 198-213 (article en ligne [1])
  • Ch. Schweizer, Notice du Dictionnaire historique de la Suisse, en ligne [2]
  • Ch. Schweizer, Der Schulpräfekt Apollinaris Morel. Von Jesuitenschüler zum Kapuzinergelehrten, R. Sdzuj & H. Marti edd, Dichtung - Gelehrsamkeit - Disputationskultur : Festschrift für Hanspeter Marti zum 65. Geburtstag, Cologne, 2012, 231-240
  • J. Rime, Bienheureux Apollinaire Morel martyr, Disciples aujourd'hui, sept. 2018, 14-15