Aris Alexandrou

écrivain grec
Aris Alexandrou
Description de l'image Aris Alexandrou (sketch).svg.
Nom de naissance Aristotelis Vassiliadis
Naissance
Pétrograd
Décès (à 55 ans)
Paris 13e
Activité principale
romancier, poète, traducteur
Auteur
Langue d’écriture grec moderne

Œuvres principales

La Caisse

Aris Alexandrou (en grec moderne : Άρης Αλεξάνδρου), de son vrai nom Aristotelis Vassiliadis (Αριστοτέλης Βασιλειάδης ; né à Pétrograd le et mort à Paris le ) est un écrivain et traducteur grec, principalement connu pour son unique roman La Caisse.

Bibliographie modifier

Né à Pétrograd en 1922, le jeune Aris Alexandrou suit son père grec et sa mère russe dans leur exil en Grèce en 1930[1]. Parallèlement à son activité de traducteur, notamment du russe (Vladimir Maïakovski, Fiodor Dostoïevski, Anton Tchekhov, Anna Akhmatova), mais aussi du français (Voltaire) et de l'anglais, il s'engage dans le parti communiste, ce qui lui vaut des années de persécution, dont l'internement au camp de Makronissos de 1947 à 1951[2]. Il se réfugie en France en 1967 après le coup d'État des colonels. Il meurt à Paris en 1978.

La Caisse modifier

L'unique roman d'Aris Alexandrou, composé entre 1966 et 1972, est paru en Grèce en 1974.

Résumé modifier

Le roman prend la forme d'une suite de dix-huit lettres, datées du au , adressées au juge d'instruction chargé de son affaire par un prisonnier, qui reçoit chaque jour quelques feuillets pour écrire sa déposition ; le gardien emporte les feuilles écrites chaque jour, mais le prisonnier ne reçoit jamais de réponse. Au cours de la guerre civile grecque le narrateur est choisi pour participer, avec une trentaine de camarades, à une mission-suicide organisée par le parti communiste : les hommes doivent apporter de la ville de N. à la ville de K. une caisse fermée, dont le contenu leur est inconnu. De la réussite de leur mission dépend entièrement l'issue de la guerre contre les forces gouvernementales.

Dès son arrivée à N., le narrateur reçoit, avec les autres membres choisis pour la mission, un entraînement militaire spécial déguisé en entraînement de football. Dans cette ville occupée par les forces communistes, la suspicion est partout et les exécutions pour l'exemple fréquentes. Mais enfin l'expédition part ; la progression est difficile : le Commandement impose un parcours plein de détours, des attaques et de nombreux accidents se produisent, les blessés sont exécutés, si bien que le narrateur se retrouve bientôt seul pour apporter la caisse à K.

Analyse modifier

Alexandrou utilise son expérience pour décrire une vie coincée entre un communisme intransigeant et une dictature étouffante, qui créent l'un comme l'autre un monde militarisé où fleurissent les prisons[3]. Le Parti communiste déshumanise ses adhérents en les soumettant à une logique hiérarchique suicidaire : « la discipline de fer [...] rend [les hommes] indifférents à leur propre mort autant qu’à celle des autres[4]. »

Le récit est pourtant loin d'être linéaire : les retours en arrière sont fréquents, y compris pour conter des événements datant de l'Occupation et sans rapport clair avec l'opération Caisse. Ces reprises de détails antérieurs au fil de l'histoire sont l'occasion pour le narrateur de retoucher son récit en y ajoutant des détails, en y incluant des épisodes qui avaient été omis, mais aussi en donnant une nouvelle version de certains événements et en infirmant clairement ce qu'il avait mis précédemment sur le papier. Il est donc bien difficile pour le lecteur de savoir si la confession représente un « plaidoyer sincère [ou un] réquisitoire ironique[1]. »

Œuvre poétique modifier

  • Ακόμη τούτη η άνοιξη / Akómi toúti i ánixi (1946)
  • Η Άγονος Γραμμή / I Ághonos Ghrammí (1952)
  • Ευθύτης Οδών / Efthítis odhón (Voies sans détours, 1959)

Notes et références modifier

  1. a et b Pascal Paillardet, « La Caisse », Le Matricule des anges, no 45,‎ (lire en ligne)
  2. Véronique Vassiliou, « Aris Alexandrou : Voies sans détour », Cahier critique de poésie,‎ (lire en ligne)
  3. « Aris Alexandrou. La Caisse », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. Jacques Lacarrière, « Aris Alexandrou », Les Hommes sans épaules, no 40,‎ (lire en ligne)

Bibliographie modifier