Arthur Looss

zoologiste allemand (1861-1923)
Arthur Looss
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GießenVoir et modifier les données sur Wikidata
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Leipziger Universitäts-Sängerschaft zu St. Pauli in Mainz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Abréviation en zoologie
LoossVoir et modifier les données sur Wikidata

Arthur Looss est un zoologue allemand, né le à Chemnitz et mort le à Giessen. Universitaire expert de la parasitologie tropicale, il exerça en Égypte jusqu'à son expulsion par les autorités britanniques au mois d'août 1914.

Biographie modifier

Ce fils d’un manufacteur[Quoi ?] entre en 1880 à l’université de Leipzig où il étudie l’histoire naturelle durant quatre ans notamment auprès de Rudolf Leuckart (1822-1898). Il obtient son doctorat en 1885 avec une thèse portant sur les trématodes.

Il enseigne à l’université de Leipzig durant quelques années et devient Privatdozent à la faculté de philosophie. En 1891, il se marie avec Elise Lohse.

Après un premier voyage en Égypte en 1893, il accepte en 1896, la chaire de biologie et de parasitologie qui venait d’être créée spécialement pour lui à l’école gouvernementale de médecine du Caire. Il reste dans ce pays jusqu’à la Première Guerre mondiale, et y découvre le mode de contamination de l'intestin des mammifères supérieurs par la douve Ancylostoma duodenale. Expulsé par les Britanniques lorsqu'éclate la Grande guerre, il sert quelque temps dans l'armée allemande sur le front de Belgique avec le grade de capitaine. Démobilisé en 1919, il accepte faute de mieux un poste d’assistant à l’Institut de zoologie de Gießen. L'université lui décerne en 1921 un titre de docteur honoris causa, sans toutefois le promouvoir au rang de professeur[1]. Il meurt dans la misère en 1923.

D’un caractère dogmatique, il est entré en conflit avec les principaux parasitologistes de son époque comme Sir Patrick Manson (1844-1922), Robert Thomson Leiper (1881-1969), Charles Wardell Stiles (1867-1941), Louis Westenra Sambon (en) (1866-1931) ou Alcide Louis-Joseph Railliet (1852-1930).

L'anémie des mineurs modifier

Le chef-d'œuvre de Looss est son traité en deux volumes consacré au parasite provoquant l'« anémie des mineurs » (Grubenwurm en allemand) : Ancylostoma duodenale. Ce trématode était vers 1900 un fléau parmi les populations des régions tropicales. On ne peut qu'estimer le nombre des victimes ; mais la Commission Rockefeller (1909) rapportait qu'aucun pays situé entre les latitudes de 35° de part et d'autre de l'Équateur (ce qui représentait 55 états, et environ un tiers de la population mondiale) n'en était exempt[2]. Des millions de personnes infectées, la plupart étaient des ouvriers agricoles mais aussi, curieusement, des mineurs : ainsi, cette affection a décimé les ouvriers commis au creusement du Tunnel ferroviaire du Saint-Gothard[3],[4]. Chez les patients les plus sévèrement touchés, on a pu estimer la contamination à 3 000 parasites environ. Comme l'a résumé le parasitologue hambourgeois Bernhard Nocht (1857-1945), « les dommages sanitaires, culturels et économiques infligés par l'Ankylostomose à l'Humanité sans sans doute plus considérables encore que ceux de la Malaria et de toutes les autres maladies tropicales réunies[2]. »

Le ver adulte, d’une longueur pouvant atteindre 20 mm, se fixe sur la paroi abdominale du côlon par ses crocs et suce le sang de son hôte en détruisant la muqueuse de l’intestin. Les mouvements incessants du ver dans l’intestin provoquent une multitude d’hémorragies, se soldant chez le sujet infecté par de l’anémie, des œdèmes et une péricardite qui peuvent entraîner la mort. Le mérite essentiel de Looss est d’être parvenu à démontrer expérimentalement que l'infection se faisait, non par voie orale, comme les médecins l’imaginaient alors, mais par la peau. Il ne dut cette découverte qu’au hasard : un jour qu'il manipulait des larves d’Ancylostoma, une gouttelette de son bouillon de culture, déposée sur sa peau, lui occasionna une brûlure vive et un érythème. Après biopsie, il observa au microscope une multitude de vermicules sur le fragment d’épiderme qu’il avait prélevé. Répétant la contamination par dépôt cutané sur des chiens et des singes, il démontra son hypothèse[5].

Bibliographie modifier

  • David I. Grove (2000). A History of Human Helminthology. Red-c2.com. (ISBN 1-876809-08-6).

Notes modifier

  1. (de) Wilfrid Ehlert, « Ein Gießener wider Willen : Zum 125. Geburtstag von Arthur Looss », Gießener Universitätsblätter, vol. 20, no 1,‎ , p. 45 - 50
  2. a et b (de) Hayo Bruns, « Ancylostomiasis als Berufskrankheit. », Zentralblatt für Gewerbehygiene und Unfallverhütung, no 3,‎ , p. 302- 308 et 326- 332.
  3. La cause de ces morts mystérieuses n'a été éclaircie qu’a posteriori ; les journaux parlaient à l'époque de Tunnelkrankheit : cf. (en) R Peduzzi et J C Piffaretti, « Ancylostoma duodenale and the Saint Gothard anaemia. », BMJ, vol. 287, no 6409,‎ , p. 1942–1945 (ISSN 0959-8138 et 1468-5833, PMID 6418279, PMCID PMC1550193, DOI 10.1136/bmj.287.6409.1942, lire en ligne [PDF], consulté le )
  4. (en) E. Bugnion, « On the Epidemic Caused by Ankylostomum among the Workmen in the St. Gothard Tunnel », BMJ, vol. 1, no 1054,‎ , p. 382–382 (ISSN 0959-8138 et 1468-5833, PMID 20749811, PMCID PMC2263460, DOI 10.1136/bmj.1.1054.382, lire en ligne, consulté le ).
  5. H. Glaue, « Die Wurmkrankheit der Bergleute und ihr Erreger », Kosmos, no 7,‎ , p. 419-422.

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