Atelier de misère
Littérature et photographie
modifierDe nombreuses œuvres littéraires et artistiques ont évoqué le travail des enfants. Au XIXème siècle, en France, Victor Hugo a notamment écrit le poème Mélancholia dans lequel il dénonce ce fléau.
Émile Zola, dans son roman Germinal, décrit également les conditions de travail difficiles dans les mines de charbon[1].
Au cours de ce même siècle, en Angleterre, Charles Dickens a publié sous forme de feuilletons David Copperfield. Dans ce roman, il raconte les expériences de son enfance liées au travail, sous les traits du personnage éponyme[2].
Plus récemment, l'auteure de littérature jeunesse Marie-Christine Helgerson, originaire de Lyon, a dépeint le quotidien harassant de Claudine de Lyon, une fillette de 11 ans qui travaillait 10 heures par jour derrière un métier à tisser[3].
Après avoir enquêté sur ce sujet malheureusement toujours d'actualité, malgré la convention des Nations Unies relative aux droits des enfants, le journaliste Marc Hélary publie en 2009 Le Travail des Enfants.[4]
La photographie s'empare aussi de ce sujet. Dans les années 1920, sous l'impulsion de la révolution industrielle, Lewis Hine, pionnier de la photographie sociale, parcourt les États-Unis muni de son objectif afin de mettre en lumière l'exploitation des enfants dans les champs de coton et dans les mines[5].
Un atelier de misère[6] (anglais : sweatshop), également atelier d'exploitation ou atelier de pressurage[7]), est un terme péjoratif servant à désigner une manufacture, un atelier ou une usine — très souvent dans l'industrie textile — dans laquelle les employés sont exploités, travaillent trop longtemps ou de manière forcée, dans lesquels sévissent des abus physiques ou moraux, ou encore où l'on fait travailler des enfants.
Étymologie
modifierLe terme anglais « sweatshop » qui désigne ce type d'établissement est une combinaison de sweater (le contremaître, sweat signifiant aussi sueur) des ateliers textiles des années 1830-1840 aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, qui faisait transpirer les travailleurs, et de shop (magasin, mais aussi atelier dans les usines).
Contexte historique
modifierCes ateliers travaillent le plus souvent en sous-traitance pour une entreprise cliente.
Aujourd'hui
modifierActuellement, environ 150 pays à travers le monde accueillent des ateliers de misère où travaillent plus de 27 millions de personnes. On les retrouve principalement dans les zones franches des pays en développement. Toutefois, il en existe aussi en Europe, aux États-Unis et au Canada, qui emploient des travailleurs illégaux ou immigrants[8]. Au Mexique et en Amérique centrale, les « maquilas » ou « maquiladoras » sont souvent de tels ateliers.
Les conditions de travail dans un atelier de misère sont[8] :
- salaire en dessous du seuil de pauvreté ;
- longues heures de travail (temps de travail) et heures supplémentaires obligatoires, souvent non payées, pour répondre au quota imposé ;
- emploi d’enfants (travail des enfants) ;
- aucun accès aux soins de santé au travail ;
- travail précaire (aucune sécurité de l'emploi) ;
- dénégation du droit de s'organiser en syndicat (syndicalisme) ;
- utilisation limitée du cabinet de toilettes durant la journée de travail.
De nombreux acteurs industriels sont accusés d'employer des ateliers de misère (ex : Shein) et se défendent à coups d'opérations de communication[9].
Technologie
modifierDepuis l'ère du digital, les ateliers de misère ont massivement gagné le secteur des nouvelles technologies. La société Apple a été pointée du doigt pour faire fabriquer ses téléphones par la société taïwanaise Foxconn critiquée pour ses ateliers de misère à grande échelle[10]. Le développement de l'intelligence artificielle s'appuie sur une forte main d'œuvre exploitée et située dans des pays comme les Philippines[11].
Notes et références
modifier- Henri Mitterand, « Zola à Anzin : les mineurs de Germinal », Travailler, vol. 7, no 1, , p. 37–51 (ISSN 1620-5340, DOI 10.3917/trav.007.0037, lire en ligne, consulté le )
- « David Copperfield - Charles Dickens », sur Babelio (consulté le )
- Marie-Christine Helgerson, « Claudine de Lyon de Marie-Christine Helgerson - Editions Flammarion Jeunesse », sur www.flammarion-jeunesse.fr (consulté le )
- « « Le travail des enfants », un mal planétaire - Récidev », sur www.recidev.org (consulté le )
- Léonor Matet, « Lewis Hine, un regard sur l’injustice », La Cause du Désir, vol. 99, no 2, , p. 211–212 (ISSN 2258-8051, DOI 10.3917/lcdd.099.0211, lire en ligne, consulté le )
- (en + fr) « Traduction de « Sweatshop » », wordreference.com (consulté le )
- « Sweatshop », Grand dictionnaire terminologique, sur Office québécois de la langue française (consulté le )
- « Atelier de misère » [PDF], Université du Québec à Montréal (consulté le )[PDF]
- (en) Julie Fenwick, « How Do You Convince People Your Sweatshop is Cool? Pay an Influencer To Tour It. », sur Vice, (consulté le )
- (en-GB) Brian Merchant, « Life and death in Apple’s forbidden city », The Observer, (ISSN 0029-7712, lire en ligne, consulté le )
- (en) Jem Bartholomew, « Q&A: Uncovering the labor exploitation that powers AI », sur Columbia Journalism Review (consulté le )
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (en) Esbenshade, Jill L., Monitoring sweatshops : workers, consumers an the global industry., Philadelphie, Presse de l’Université Temple, , 272 p. (ISBN 978-1-59213-255-3, BNF 41116394)
- (en) Fung, Archon, Can we put an end to sweatshops?, Ann Arbor, Presses de l’Université du Michigan, , 396 p. (ISBN 978-0-472-10941-8, BNF 39904274)
- (en) Rosen, Ellen I., Making sweatshops, Berkeley (Californie), Presses de l’Université de Californie, (ISBN 0-520-23336-0)
- (en) Klein, Naomi, No logo : Taking Aim at the Brand Bullies, New York, St-Martin’s Press., 2000) (ISBN 0-312-20343-8 et 0-312-27192-1)
- (de) Werner, Klaus/Weiss, Hans, Schwarzbuch Markenfirmen. Die Machenschaften der Weltkonzerne, Vienne - Francfort-sur-le-Main, Deuticke,
- (de) Jean Ziegler, Die neuen Herrscher der Welt und ihre globalen Widersacher, Munich, C.Bertelsmann
Articles connexes
modifier- Travail forcé
- Esclavage salarié
- Conditions de travail, Santé et sécurité au travail
- Servitude pour dettes
Liens externes
modifier- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (fr) Vêtements Propres
- (fr) Organisation internationale du travail
- (en) Coop-America sur les « Sweatshop »
- (en) Histoire des « Sweatshops » aux États-Unis