Atlanticopristis

genre éteint de poissons préhistoriques

Atlanticopristis equatorialis

Atlanticopristis
Description de cette image, également commentée ci-après
Restitution paléoartistique d'Atlanticopristis equatorialis basée sur les taxons apparentés.
100.5–93.9 Ma
1 collection
Classification IRMNG
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Chondrichthyes
Ordre Rajiformes
Famille  Sclerorhynchidae

Genre

 Atlanticopristis
Pereira (d) & Medeiros (d), 2008

Espèce

 Atlanticopristis equatorialis
Pereira (d) & Medeiros (d), 2008

Atlanticopristis (littéralement « scie de l'Atlantique ») est un genre éteint de raies rajiformes ayant vécu durant le Crétacé moyen (Cénomanien) dans ce qui est aujourd'hui la région Nord-Est du Brésil, il y a entre 100,5 et 93,9 millions d'années. Une seule espèce est connue, Atlanticopristis equatorialis, décrite en 2008 à partir de quatorze dents fossiles découvertes dans la formation d'Alcântara, qui furent précédemment référées à l'étroitement apparenté Onchopristis en 2007.

Comme les poissons-scies, il aurait eu un long museau armé d'écailles modifiées en forme de « dents ». Une des particularités anatomiques de cette espèce est que ces « dents » sont barbées de chaque côté. Atlanticopristis habitait des estuaires d'eau douce à saumâtre près de grandes forêts de conifères et vivait aux côtés de nombreuses espèces de poissons osseux, de poissons cartilagineux et de poissons à nageoires charnues, ainsi que de certains crocodiliens et plusieurs dinosaures. De nombreux taxons présents dans la formation d'Alcântara sont également connus des lits des Kem Kem du Crétacé moyen de l'actuel Maroc, en raison de la connexion passée entre l'Amérique du Sud et l'Afrique du supercontinent Gondwana.

Description

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Au cours de leur évolution, les poissons-scies ont développé de longs museaux armés de rangées de dents des deux côtés, bien que ces épines ne soient pas de véritables dents, mais des écailles modifiées de même nature que les denticules dermiques ou écailles placoïdes qui protègent les poissons cartilagineux[1]. Cette adaptation pourrait être liée à leurs habitudes alimentaires, comme celle de passer au crible le sable ou la boue pour chercher de la nourriture ou celle de tailler une proie. Comme chez les requins-scies existants, ces épines sont attachées au rostre des sclérorhynchidés comme Atlanticopristis à l'aide de ligaments, par rapport aux poissons-scies modernes dont les dents sont attachées via des alvéoles dentaires. Les nervures longitudinales, ou crêtes, de l'émailoïde présent sur les dents des sclérorhynchidés auraient aidé à la fixation de ces ligaments[2].

Dans leur description des dents rostrales d'Atlanticopristis, Pereira et Medeiros mentionnent, sur les bords arrière et avant de ces dents, la présence d'un nombre variable d'aspérités qu'ils qualifient de « barbelures », terme utilisé par les archéologues pour décrire les pointes de flèches[3] ou de harpons[4].

Ces barbelures sont également comprimées latéralement, les deux côtés présentant de fines crêtes d'émail s'étendant vers l'extérieur à partir de la base de la dent, formant un éventail.

Certaines dents ont également des rainures sur toute leur longueur des deux côtés. La base de la dent est élargie et couverte de crêtes irrégulières ; le fond est généralement concave, ayant une forme sous-rectangulaire ou ellipsoïde[2].

Les dents spécimens varient en taille de 11,5 à 18,8 mm. L'holotype (CPHNAMA-VT 1174) mesure 15 mm de longueur, en incluant la base de la dent. À lui seul, il mesure 6,3 mm de large et 3 mm de long et a une épaisseur de 3 mm. Le nombre de barbelures varie selon les fossiles de deux à quatre barbelures sur le bord avant et de quatre à cinq à l'arrière. Certains spécimens comme CPHNAMA-VT 1085 ayant des bosses résiduelles qui pourraient être considérées comme des barbelures supplémentaires[2].

Classification

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Atlanticopristis n. gen. (litt. « nouveau genre Atlanticopristis ») et Atlanticopristis equatorialis n. sp. (litt. « nouvelle espèce Atlanticopristis equatorialis ») sont décrits en 2008 par Agostinha Pereira et Manuel Medeiros[2].

Taxonomie

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Le nom scientifique complet (avec auteur) du genre est « Atlanticopristis Pereira & Medeiros, 2008 », et celui de l'espèce est « Atlanticopristis equatorialis Pereira & Medeiros, 2008 »[5].

La hiérarchie taxonomique du genre, telle que donnée par ses auteurs[2], est la suivante :

Découverte et nommage

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Carte du [[Gondwana]] où le [[Craton]] de Sao Luiz fait face au [[Métacraton du Sahara]]
Les cratons sont de vastes portions de territoire à l'écart des zones de formation des montagnes, où affleurent des formations géologiques parfois très anciennes.

Les premiers fossiles d'Atlanticopristis ont été découverts dans l'État de Maranhão au nord-est du Brésil, dans la formation d'Alcântara. Cette formation est composée de sédiments datant du Crétacé. Elle fait partie du craton de São Luís, où les paléontologues ont documenté la séparation de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, grâce à une grande quantité et variété de vertébrés continentaux et marins[6].

Les paléontologues brésiliens Agostinha Pereira (d) et Manuel Medeiros (d) ont décrit le matériel fossile en 2008. Le genre Atlanticopristis contient une espèce connue, Atlanticopristis equatorialis. Le nom du genre fait référence à l'océan Atlantique, dans lequel la plupart des sédiments de la formation d'Alcântara ont été déposés, et πρίστις / pristis étant le mot grec pour scie. L'épithète spécifique equatorialis est choisi en raison de la proximité du site de sa découverte avec l'équateur terrestre[2].

Classification révisée

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Photo d'un requin-scie japonais.
Les pristiophoridés, comme ce Requin-scie japonais, ont une dentition similaire aux sclérorhynchidés du Mésozoïque, mais ne sont pas des proches parents.

Depuis la révision de la nomenclature opérée en 2021, Atlanticopristis appartient aux Ganopristidae (en)[7], appelés par le passé Sclerorynchidae. Il s'agit d'une famille possiblement monophylétique[8] de chondrichtyens ressemblant à des poissons-scies datant des époques précoces à tardives du Crétacé. Les dents fossilisées d'Atlanticopristis avaient dans un premier temps été attribuées à une espèce indéterminée d'Onchopristis en par Pereira et Medeiros, sur la base de la forme de la base de la dent, de la présence de multiples barbes et des nervures d'émail[9]. En 2008, les dents sont réattribuées à un nouveau genre en raison de l'absence de forme intermédiaire entre Atlanticopristis et Onchopristis, ainsi que des différences morphologiques qui la distinguent des autres sclérorhynchidés. Pereira et Medeiros déclarent également qu'Atlanticopristis est si étroitement lié à Onchopristis que « toute autre interprétation subjective pourrait les considérer comme des synonymes ». Le nombre de barbes sur les épines d''Atlanticopristis ressemble plus à celui d'Onchopristis dunklei qu'à Onchopristis numidus, car ce dernier n'a généralement pas plus d'une seule barbe, tandis qu'O. dunklei en a toujours plus d'une. Le sclérorhynchidé Borodinopristis, a également des dents présentant de multiples barbelures, mais est trop distinct dans tous les autres aspects pour suggérer une relation étroite[2].

La formation de plusieurs barbelures des deux côtés des dents est une caractéristique également observée chez un requin-scie australien également éteint Ikamauius (en). Si les Ganospristidae ont tous développé une dentition plus proche de celle des requins-scies que des poissons-scies actuels, ils restent plus étroitement liés à ces derniers dans la classification philogénétique. La similitude de la forme des dents avec d'espèces non apparentées est un cas d'évolution convergente[2].

Atlanticopristis et Onchopristis présentent des traits morphologiques similaires à ceux d'une espèce bolivienne de ganospridae nommée Pucapristis branisi (en), comme les nervures d'émail et la formation d'une barbelure sur la marge postérieure, cependant, les pédoncules de leurs dents diffèrent grandement[2].

Paléoécologie

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Atlanticopristis est originaire de la formation d'Alcântara, qui est datée de l'étage Cénomanien du Crétacé moyen, il y a entre 100,5 et 93,9 millions d'années[10]. Comme la plupart des poissons-scies actuels[11], il habitait un environnement estuarien d'eau douce à saumâtre. Atlanticopristis provenait probablement des régions marines peu profondes du sud de l'océan Atlantique et pénétrait périodiquement dans les eaux estuariennes. La zone qui est actuellement la localité de Laje do Coringa incluait des estuaires de marée de rivières et de lagunes, auquel existaient à proximité de grandes forêts de conifères, de prêles et de fougères. L'animal aurait partagé son habitat avec des poissons d'eau douce, marins et estuariens comme le sclérorhynchoïde étroitement apparenté Onchopristis numidus, le grand cœlacanthe Mawsonia gigas, des espèces incertaines du genre de raies Myliobatis ainsi que de nombreuses espèces de poissons osseux, de poissons à nageoires rayonnées et de dipneustes. Les invertébrés marins étaient prédominants dans la région, comme en témoignent les nombreux genres de mollusques découverts dans les gisements. Des restes d'Atlanticopristis ont également été trouvés en association avec ceux d'animaux terrestres comme les crocodiliens et les dinosaures[10],[2] ; parmi ceux-ci figurent deux membres des Spinosauridae, Oxalaia et un spécimen attribué à Spinosaurus. Un spécimen attribué à Carcharodontosaurus est connue des gisements, ainsi que d'autres théropodes de petite à moyenne taille et le mésoeucrocodylien Coringasuchus[10].

Inventaire et état de conservation des fossiles

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Les fossiles de la formation d'Alcântara sont très divers et abondants, mais souvent fragmentaires[2],[9],[10],[12]. Atlanticopriostis n'échappe pas à cette règle : on ne possède que quatorze dents rostrales de ce poisson, ramenées de l'île de Cajual[13]. En effet, de manière générale, comme les poissons-scies ont un squelette formé de cartilage (et non d'os), ils ne se fossilisent pas facilement, de sorte que la plupart des restes retrouvés sont constitués de leur mâchoire et de leur museau.

Les restes d'Atlanticopristis sont actuellement conservés au centre de recherche en archéologie et d'histoire naturelle du Maranhão (centro de pesquisa de história natural e arqueologia do Maranhão) à São Luís[2].

La dent holotype (CPHNAMA-VT 1174) est le spécimen le plus complet et le mieux conservé. Plusieurs spécimens ont été attribués à la même espèce comme paratypes : CPHNAMA-VT 1086, une dent unique et le plus grand spécimen ; CPHNAMA-VT 1085, deux dents complètes ; CPHNAMA-VT 1088 et CPHNAMA-VT 1173, deux groupes de quatre dents incomplètes chacun, car il leur manque le bout de la couronne ; et CPHNAMA-VT 1173, deux spécimens partiels qui ont conservé la majeure partie de leur couronne[2].

Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Atlanticopristis » (voir la liste des auteurs).

Références

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  1. (en) Monique Welten, Moya Meredith Smith, Charlie Underwood et Zerina Johanson, « Evolutionary origins and development of saw-teeth on the sawfish and sawshark rostrum (Elasmobranchii; Chondrichthyes) », Royal Society Open Science, vol. 2, no 9,‎ , p. 150189 (PMID 26473044, PMCID 4593678, DOI 10.1098/rsos.150189 Accès libre, Bibcode 2015RSOS....250189W)
  2. a b c d e f g h i j k l et m (en) Agostinha Pereira et Manuel Medeiros, « A new sclerorhynchiform (Elasmobranchii) from the middle Cretaceous of Brazil », Revista Brasileira de Paleontologia, vol. 11, no 3,‎ , p. 207-212 (DOI 10.4072/rbp.2008.3.07 Accès libre, S2CID 131086486)
  3. Léon Coutil, « Étude sur les pointes de flèches de l'Âge du Bronze, munies de barbelures à la douille. Objets de l'Âge du Bronze trouvés dans les Sépultures Mérovingiennes », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 9, no 2,‎ , p. 128–134 (DOI 10.3406/bspf.1912.6393, lire en ligne, consulté le )
  4. « Harpon à double rang de barbelures », sur Muséum national d'Histoire naturelle (consulté le )
  5. Rees, T. (compiler). The Interim Register of Marine and Nonmarine Genera. Available from https://www.irmng.org at VLIZ, consulté le 29 août 2023
  6. « Evolution des continents », sur Geo-Ocean (consulté le )
  7. (en) Tyler Greenfield, « Corrections to the nomenclature of sawskates (Rajiformes, Sclerorhynchoidei) », Bionomina, vol. 22, no 1,‎ , p. 39–41 (ISSN 1179-7657, DOI 10.11646/bionomina.22.1.3, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Jürgen Kriwet, « The systematic position of the Cretaceous sclerorhynchid sawfishes (Elasmobranchii, Pristiorajea) », dans Gloria Arratia Fuentes et Andrea Tintori, Mesozoic Fishes 3 – Systematics, Paleoenvironments and Biodiversity, Munich, Verlag Dr. Friedrich Pfeil, , 649 p. (ISBN 978-3-89937-053-9, lire en ligne), p. 57-74
  9. a et b (en + pt) Manuel Medeiros, Pedro Carvalho Freire, Agostinha Pereira, Ronny Anderson Barros Santos, Rafael Lindoso, Ana Flávia Amaral Coêlho, Emanuel Brandão Passos et Emilio Sousa Melo Júnior, « Another African dinosaur recorded in the Eocenomanian of Brazil and a revision on the paleofauna of the Laje do Coringa site », dans Ismar de Souza Carvalho, Paleontologia: Cenários De Vida, vol. 1, Rio de Janeiro, Editora Interciência, (ISBN 978-8-571-93184-8, lire en ligne), p. 413–423
  10. a b c et d (en) Manuel Alfredo Medeiros, Rafael Matos Lindoso, Ighor Dienes Mendes et Ismar de Souza Carvalho, « The Cretaceous (Cenomanian) continental record of the Laje do Coringa flagstone (Alcântara Formation), northeastern South America », Journal of South American Earth Sciences, vol. 53,‎ , p. 50-58 (ISSN 0895-9811, DOI 10.1016/j.jsames.2014.04.002, Bibcode 2014JSAES..53...50M, S2CID 129390626)
  11. (en) Peter R. Last, William T. White, Marcelo R. de Carvalho, Bernard Séret, Matthias F. W. Stehmann et Gavin J. P. Naylor, Rays of the World, CSIRO, , 57-66 p. (ISBN 978-0-643-10914-8)
  12. (en) Alexander W. A. Kellner, Sergio A. K. Azevedo, Elaine B. Machado, Luciana B. de Carvalho et Deise D. R. Henriques, « A new dinosaur (Theropoda, Spinosauridae) from the Cretaceous (Cenomanian) Alcântara Formation, Cajual Island, Brazil », Anais da Academia Brasileira de Ciências, vol. 83, no 1,‎ , p. 99–108 (ISSN 0001-3765, PMID 21437377, DOI 10.1590/S0001-37652011000100006 Accès libre, S2CID 41196569, lire en ligne [PDF])
  13. « Fossilworks: Gateway to the Paleobiology Database », sur www.fossilworks.org (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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