Attaque de Cuzco
La première attaque de Cuzco oppose en 1438 les Chancas aux Incas. Elle est également appelée bataille de Carmenca[1] ou bataille de Jaquixahuana.
Date | |
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Lieu | Cuzco et ses environs |
Issue | Victoire des Incas et retrait des forces Chanca du territoire Cusquénien |
Chancas | Incas |
Longtemps après, on pouvait encore y voir les « tombes » que les Incas avaient édifiées pour les Chancas morts au combat. Elles servaient d’avertissement. Les vaincus avaient été écorchés, leurs peaux bourrées de cendre et de paille; des centaines de positions différentes avaient été données à ces formes humaines : certaines avaient eu la peau de l’estomac étirée comme un tambour, les autres semblaient jouer de la flûte[réf. souhaitée].
Ces macabres trophées restèrent en place jusqu’à la conquête espagnole du Pérou[réf. souhaitée].
Situation de Cuzco
modifierLe prince Urco avait été nommé co-régent et successeur de Viracocha, ce qui provoqua la colère et la jalousie de Cusi Yupanqui, le futur grand empereur Pachacútec, le neuvième Sapa Inca[2],[3]. Tandis que les forces Chancas étaient en train de se scinder en trois armées, deux pour conquérir l’est du Pérou, et la dernière pour conquérir Cuzco[4]. À Cuzco, on ne se doute pas du tout que les Chancas auraient pu organiser une telle attaque, d’ailleurs les nobles cusquéniens n’étaient pas du tout au courant que les Chancas avaient l’intention de les attaquer. Les Chancas étaient sûrs que la conquête de Cuzco serait très facile. Ce qui, en quelque sorte, fut le cas[5].
L’attaque
modifierLes Chancas arrivent dans les villages autour de Cuzco[2]. Dès qu’ils apprirent par des espions que les Chancas étaient en désordre aux pieds des montagnes de Carmenca brandissant leurs armes et criant leur victoire, et s’approchaient dangereusement de Cuzco, les nobles cusquéniens fuirent aussitôt la ville, y compris Viracocha et Urco, qui se réfugièrent avec leurs cours dans la forteresse de Chita, sise au-dessus du village de Calca[6]. Ce même jour, Urco se maria avec sa femme principale, comme le veut la coutume inca. Urco n’eut pas une seconde l’intention de protéger Cuzco. Cusi Yupanqui prit alors en charge la défense de la ville[7]. Les faibles effectifs de Cuzco creusèrent alors des trous et des pièges pour l’arrivée des Chancas[8]. Le lendemain soir une armée Chancas attaque Cuzco de tous les côtés en désordre, peu tombèrent dans les pièges édifiés par les incas. Cependant, contre toute attente, les Incas repoussèrent les Chancas jusqu’au village d’Ichupampa[9]. Peu après les Incas donnèrent le coup de grâce aux puissants Chancas lors de la bataille de Yahuar Pampa[10].
Conséquences
modifierSuivant la bataille de Yahuar Pampa Cusi Yupanqui retourna à la forteresse de Chita, là où se réfugièrent Viracocha et Urco. Là, il demanda à Viracocha de cueillir le fruit de la victoire. Mais ce dernier considérait que cette tâche revenait à Urco, dans la qualité de co-régent de celui-ci, ce qui déplut aux incas. Cusi Yupanqui repartit à Cuzco furieux, mais il n’avait pas dit son dernier mot. Viracocha non plus n’avait pas dit son dernier mot : il envoya ses officiers pour aller tuer Cusi Yupanqui. Cusi Yupanqui, connaissant les mauvaises intentions de son père, vaincra l’embuscade. C’est alors qu’Urco, motivé par l’envie, leva une armée à Yucay pour renverser son frère. Une armée fut détachée de Cuzco pour vaincre le co-régent. Durant la bataille qui se déroula Urco fut capturé et ses restes furent jetés dans le fleuve Tambo[11]. Apprenant la nouvelle, Viracocha retourna à Cuzsco avec sa cour, et désigna finalement Cusi Yupanqui comme son successeur[9].
Il est important de dire que l’historienne et archéologue María Rostworowski a émis la thèse que Cusi Yupanqui n’était en effet pas le fils de Viracocha mais qu’il appartenait au panaca (lignage) d’Iñaca Panaca, un ancien panaca fondé par Mama Huaco. Dans ce cas l’attaque des Chancas et les événements qui suivirent ressemblent plus ou moins à un coup d’état classique. L’historienne considère que les chroniqueurs espagnols ont changé ce fait puisqu’à leurs yeux cela ferait de Pachacútec un souverain illégitime, ce qui ne correspond pas, selon elle, au concept de légitimité dans les Andes. En effet la légitimité fut plus basée sur les capacités militaires que sur le droit d’aînesse ou l’ascendance[12]’[13],[14].
Notes et références
modifier- Rostworowski 2008, p. 71-73.
- Espinoza 1997.
- Rostworowski 2008.
- (es) Juan de Betanzos, Summa y Narración de los Incas
- Favre 2020, p. 18-19.
- Alfred Métraux, Les Incas, Éditions du seuil (ISBN 978-2-7154-0360-4)
- (de) Ulrike Peters, Die Inka, marixwissen, p. 98-99
- Pedro Cieza de León, El Señorio de los Incas
- César Itier, Les Incas, Paris, Les belles lettres
- Favre 2020, p. 20.
- Espinoza 1997, p. 71-72.
- Rostworowski 2008, p. 259-262.
- Henri Favre, Les Incas, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? »
- Alfred Métraux, Les Incas, Paris, Édition du Seuil (ISBN 9-782020-064736), p. 73
Bibliographie
modifier- (es) Waldemar Espinoza, Los Incas, Lima, Amaru Editores,
- María Rostworowski, Le Grand Inca Pachacútec Inca Yupanqui, Paris, Tallandier, (ISBN 978-2-84734-462-2)
- Henri Favre, Les Incas, coll. « Que sais-je ? », , p.18-19
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
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