Attaque de missiles iraniens contre le Pakistan

Le , l'Iran a mené une série de frappes aériennes et de drones au Pakistan, affirmant avoir visé le groupe séparatiste baloutche Jaish ul-Adl (en). L'incident a eu lieu un jour après que l'Iran a mené une série similaire de frappes aériennes et de drones en Irak et en Syrie. L'Iran affirme avoir visé le quartier général régional du Mossad et plusieurs bastions de groupes terroristes en réponse aux attentas de Kerman le 3 janvier, dont l'État islamique a revendiqué la responsabilité. Le gouvernement pakistanais a condamné l'attaque et a déclaré qu'elle avait provoqué la mort de deux enfants dans une « violation gratuite » de l'espace aérien du Pakistan.

Attaque de missiles iraniens contre le Pakistan

Informations générales
Date 16 janvier 2024
Lieu Iran, Pakistan
Belligérants
Drapeau de l'Iran Iran Jaish ul-Adl
Pertes
9 morts, dont 3 femmes et 4 enfants 2 enfants morts

Coordonnées 27° 10′ nord, 64° 16′ est

Contexte modifier

Insurrection au Baloutchistan modifier

Depuis 2004, la province du Sistan-et-Baloutchistan en Iran, dans le sud-est du pays, est embourbée dans un conflit avec des groupes séparatistes baloutches, dont Jaish ul-Adl. Le 15 décembre 2023, une attaque de Jaish ul-Adl dans la ville iranienne de Rask a fait 11 policiers morts, selon les médias iraniens[1]. Une autre attaque du groupe en 2019 a tué 27 membres du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran[2].

Frappes de missiles iraniens en Irak et en Syrie modifier

L'attaque est survenue un jour après une frappe de missile iranienne en Irak et en Syrie, officiellement contre des groupes terroristes en réponse aux attentas de Kerman de 2024[3]. Elle a également eu lieu le jour même où le Premier ministre par intérim du Pakistan Anwaar ul-Haq Kakar et le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian se rencontraient lors du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, et pendant que des exercices conjoints étaient menés par les marines iranienne et pakistanaise dans le golfe Persique[4].

Attaque modifier

La télévision d'État iranienne a déclaré que le CGRI[2] avait utilisé des missiles de précision et des frappes de drones pour détruire deux bastions de Jaish ul-Adl, dans la province du Baloutchistan, au sud-ouest du Pakistan. L'attaque visait des maisons dans le village de Koh-e-Sabz dans le district de Panjgur[5], à environ 50 kilomètres de la frontière entre l'Iran et le Pakistan. Le Pakistan a déclaré que deux enfants avaient été tués dans l'attaque et quatre autres blessés[6]. Il a également indiqué qu'entre trois et quatre drones avaient frappé une mosquée, une maison et d'autres bâtiments[2].

Jaish ul-Adl a affirmé que six drones et roquettes avaient frappé les résidences des familles de ses combattants, tuant deux enfants et blessant trois femmes, dont une adolescente[2].

Conséquences modifier

Le lendemain de l'attaque, le colonel Hossein Ali Javadanfar du CGRI a été assassiné par un tireur non identifié dans la province du Sistan-et-Baloutchistan[7]. Jaish ul-Adl a revendiqué la responsabilité de l'assassinat, selon des rapports des médias iraniens[8].

Frappes pakistanaises en Iran modifier

Le 18 janvier, le Pakistan a mené des frappes militaires en Iran, en affirmant avoir visé des militants baloutches. Un site dans la ville de Saravan (en) a été touché. Les responsables iraniens ont affirmé que sept ressortissants étrangers avaient été tués, dont trois femmes et quatre enfants. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères l'action militaire est nommée Opération Marg Bar Sarmachar[9] (Urdu : آپریشن مرگ بر سرمچار, lit. 'Mort aux insurgés') et à employé des drones, des lance-roquettes multiples et des munitions rôdeuses.

Réactions modifier

Pakistan modifier

Le Pakistan a condamné ce qu'il a appelé une « violation délibérée de son espace aérien par l'Iran » et a déclaré qu'il était « d'autant plus préoccupant que cet acte illégal ait eu lieu malgré l'existence de plusieurs canaux de communication entre le Pakistan et l'Iran »[4]. Le 17 janvier, le Pakistan a rappelé son ambassadeur en Iran. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que l'attaque constituait une violation flagrante et « inacceptable » de la souveraineté du Pakistan, ajoutant que le Pakistan se réservait le droit de répondre à cet acte « illégal ». Le Pakistan a également interdit aux ambassadeurs iraniens de retourner à Islamabad.

Iran modifier

Le ministre de la Défense Mohammad-Reza Gharaei Ashtiani a déclaré dans un discours télévisé que « Peu importe d'où la République islamique est menacée, nous aurons une réaction proportionnée, décisive et ferme. »[10].

Le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a précisé que les frappes visaient un « groupe terroriste iranien » et que « aucun des ressortissants du pays ami et frère du Pakistan n'a été ciblé par les missiles et drones iraniens ».

Fin de l'incident modifier

Le 22 janvier 2024, le Pakistan et l'Iran conviennent de rétablir leurs ambassadeurs dans les deux pays respectifs. Les ambassadeurs des deux pays pourraient reprendre leur poste d'ici le 26 janvier[11].

Autres pays modifier

Drapeau de la République populaire de Chine Chine : La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning a exhorté l'Iran et le Pakistan à faire preuve de « retenue » et à « éviter des actions qui pourraient conduire à une escalade de tension », tout en ajoutant que les deux pays sont considérés comme des « voisins proches » de Pékin[4].

Drapeau de l'Inde Inde : Le ministère des Affaires étrangères a publié une déclaration officielle déclarant la neutralité du pays envers « une affaire entre l'Iran et le Pakistan » et a également souligné la position « intransigeante » du gouvernement indien de tolérance zéro envers le terrorisme, tout en expliquant qu'il comprend « les actions que les pays mènent pour leur propre défense » contre des entités terroristes[12].

Notes et références modifier

  1. « 11 killed in Baluch militant attack on Iranian police station: state media », sur www.rudaw.net (consulté le )
  2. a b c et d (en) « Pakistan recalls its ambassador to Iran over airstrikes by Tehran that killed 2 people », sur AP News, (consulté le )
  3. (en) A. B. C. News, « US condemns Iran for missile strikes in Iraq and Syria », sur ABC News (consulté le )
  4. a b et c (en-GB) « Iran admits carrying out deadly strike on Pakistan territory », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Saleem Shahid, « Iran ‘attacks militant bases in Panjgur’ », sur DAWN.COM, (consulté le )
  6. (en) Jonny Hallam, Helen Regan, « Pakistan condemns deadly Iranian missile strike on its territory as tensions spike across region », sur CNN, (consulté le )
  7. (en) « IRGC colonel martyred in assassination move in SE Iran », sur Mehr News Agency, (consulté le )
  8. (fa) « جیش الظلم مسئولیت ترور شهید جاودان‌فر را برعهده گرفت », sur ایسنا,‎ (consulté le )
  9. (en-GB) Our Foreign Staff, « Pakistan carries out strikes on militant groups inside Iran », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Iran Strikes Militants in Pakistan as Regional Tensions Soar », sur Bloomberg News (consulté le )
  11. Muhammet Nazım Taşcı, « Le Pakistan et l'Iran conviennent de rétablir leurs ambassadeurs », journal,‎ (lire en ligne)
  12. « We understand actions taken in self-defence: India on Iran airstrike on Pakistan », The Times of India,‎ (ISSN 0971-8257, lire en ligne, consulté le )